Du droit sacré du peuple palestinien de se défendre contre le projet terroriste sioniste

     Par Mourad Benachenhou

«La Convention des Nations unies sur le génocide définit le crime de génocide comme certains actes commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, en tant que tel. Ces actes incluent le meurtre de membres d’un groupe protégé ou le fait de causer de graves dommages corporels ou mentaux, ou encore le fait de soumettre délibérément le groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique en tout ou en partie. De nombreuses déclarations faites par de hauts responsables politiques israéliens affirment leurs intentions.

Le sionisme doit être évalué du point de vue de ses victimes et non de celui de ses bénéficiaires. Le sionisme peut être simultanément compris comme un mouvement national pour certains juifs et un projet colonial pour les Palestiniens. La création d’Israël en Palestine a pris la forme d’une consolidation de la vie nationale juive au détriment de la destruction de la vie nationale palestinienne. Pour ceux qui ont été déplacés, égarés, bombardés et dépossédés, le sionisme n’est jamais une histoire d’émancipation juive, c’est une histoire d’assujettissement palestinien.» (Harvard Law Review, Rabea Eghbariah (1).

L’accusation de génocide portée contre les dirigeants de la colonie de peuplement d’Israël n’a rien de vain ou d’infondé. Elle tire sa solidité non seulement de l’idéologie sioniste, qui refuse de reconnaître l’existence et même l’humanité du peuple palestinien, mais également des déclarations et paroles des dirigeants politiques, militaires et religieux de cette colonie, comme de la législation anti-palestinienne et de la violente et barbare répression qu’elle subit, non depuis 1948, mais depuis le mandat anglais établi en 1919 sur le territoire de la Palestine historique.

Une accusation de génocide contre Israël fondée et documentée dans le détail

Cette accusation de génocide a une fondation légale internationalement définie, reconnue et établie par la convention de 1948 définissant et réprimant ce type de crimes.

Nombre d’organisations non gouvernementales, d’associations de juristes, de même que des institutions internationales et des Etats ont reconnu que le peuple palestinien est menacé de génocide.

On aurait pensé, devant les faits établis à tous les niveaux, que les «démocraties avancées» qui décident des règles de l’ordre international, auraient pris une attitude attentive à ces règles qu’elles ont-elles-mêmes conçues et établies.

On ne peut que constater qu’elles ont préféré mettre de côté leurs propres lois et soutenir, sans réserves et sans limites, la nouvelle phase accélérée du génocide du peuple palestinien, à la suite de sa toute dernière tentative d’exercer son droit légitime à résister et à exister.

Il est évident que ce soutien direct au projet génocidaire sioniste n’a pu qu’accentuer le sentiment de haine à l’égard du peuple palestinien, dont la majorité est de confession musulmane.

La relation fusionnelle entre islamophobie et sionisme

L’hystérie islamophobe qui s’est emparée tant des dirigeants que des médias, depuis le 7 octobre, a-t-elle influencé les opinions publiques au point qu’au moins dans un pays, plus spécifiquement aux Pays-Bas, elle a conduit au triomphe électoral d’un candidat qui a fait tourner sa campagne autour de la criminalisation de l’islam ?

On ne peut que considérer cette supposition comme fondée, car ce candidat, qui prône tout simplement le retour au Moyen-Âge, n’est pas seulement islamophobe, mais n’a jamais non plus caché son profond attachement à l’entité sioniste, comme le précise sa biographie rapide dans le quotidien allemand Stern, du 24 novembre : «La rage de Geert Wilders contre l’islam s’est progressivement développée. Il a passé du temps en Israël dans un kibboutz et a vécu les tensions avec les Palestiniens. Lorsqu’il ne diffuse pas d’insultes islamophobes sur les réseaux en ligne, il aime poster des photos de ses chats.» (2)

On aurait pensé que le souvenir de la passivité de l’armée hollandaise, membre des Bérets rouges au cours du massacre de Srebenica, le 12 juillet 1995, lors de la tentative d’extermination du peuple bosniaque musulman par les forces serbes, qu’elle était supposée prévenir, était suffisamment ancré dans les esprits de la population de ce pays pour lui éviter d’embrasser une islamophobie primitive.

La preuve de la fusion entre sioniste et islamophobie est donnée une fois de plus à travers cette montée en puissance de ce courant, au point de conduire un de ses adeptes au pouvoir dans un pays supposé faire partie des «démocraties avancées», dont on aurait pensé qu’elles auraient saisi l’occasion du massacre actuellement en cours à Gaza et dans les territoires palestiniens occupés pour prouver qu’elle est du côté des victimes, non du bourreau sioniste. Elles ont perdu une occasion de prouver que leurs déclarations «humanistes» ne sont que des slogans trompeurs et cyniques.

Mais cette criminalisation de l’islam pour justifier la barbarie sioniste ne réduit, en aucun cas, la légitimité du droit du peuple palestinien à se défendre contre le sionisme, dont l’objectif ultime déclaré est l’extermination de ce peuple, qui a été enterré trop rapidement et son acte de décès trop précipitamment établi.

Une grave erreur de diagnostic

Les accords d’Abraham apparaissent, en particulier, pour ce qu’ils sont : la reconnaissance de la légalité internationale et de la légitimité du projet sioniste de génocide du peuple palestinien, et l’établissement conjoint de l’acte de décès de ce peuple.

Ceux qui l’ont signé n’ont pas pris la peine de palper le pouls de ce peuple héroïque qui se bat, faut-il encore une fois le rappeler et le souligner par un double trait, depuis 1919, pour la reconnaissance de ses droits exclusifs sur la terre historique de Palestine. Le 7 octobre est venu prouver à ces «entrepreneurs de pompes funèbres» pressés, et qui n’ont pas pris la peine de vérifier l’état du client de leurs œuvres, que sa mise en bière et son enterrement étaient prématurés, et qu’il était bel et bien encore vivant.

7 octobre 2023 : un tournant décisif dans l’histoire du Moyen-Orient

En fait, quels que soient les qualificatifs que les uns et les autres pourraient coller à l’opération du 7 octobre, elle n’en constitue pas moins une date historique. Elle a, en effet, rappelé au monde entier que le peuple palestinien existe encore, qu’il est prêt à consentir le sacrifice suprême pour assurer sa survie et qu’il n’acceptera pas de disparaître dans la poussière de l’histoire pour éviter de se voir qualifié de «terroriste» et recevoir l’ultime hommage post-mortem rendu au «dernier des Mohicans».

L’indignation feinte face aux dégâts causés à l’ennemi sioniste ne peut pas cacher le fait que cette opération est une grande victoire qui a peu d’égales dans l’histoire militaire du monde. Il n’y a rien de surprenant qu’on veuille, dans les milieux bien-pensants des «démocraties avancées», la réduire à une action marginale, sans autres effets que sécuritaires, et qui ne changerait pas le paysage tant politique que militaire de la région.

Le 7 octobre ne peut pas être assimilé à une série de faits divers «criminels»

On veut à tout prix la «barbariser», en faire une collection de crimes de «droit commun», qui mériteraient seulement la punition de ceux qui les ont «perpétrés» et qui ne pourrait s’achever que par leur mise à mort, en temps et en lieu adéquat.

Bref, on tente avec force de réduire le 7 octobre à des faits divers aux conséquences passagères. Mais la violence de la réaction de la part de l’agresseur sioniste apporte un démenti flagrant à cette représentation caricaturale d’une opération de «commando», soigneusement préparée. Une opération qui donne la preuve tant de la capacité de mobilisation et d’organisation de ses concepteurs, que de la compétence et du courage physique de ses combattants. Ces derniers se sont attaqués à une puissance, supposée être invincible, hypersophistiquée, superbement munie des technologies les plus modernes de la guerre, «championne toutes catégories» de la collecte et de l’analyse d’informations sur ses «ennemis», ayant l’œil et l’oreille partout, 24 heures sur 24, toujours en veille, assurée de l’appui illimité de la plus grande puissance du monde, à nulle autre pareille dans toute l’histoire de l’humanité, au summum de la puissance et de l’invincibilité.

Les grands stratèges de ce monde tournés en ridicule

Pourtant, voici qu’une bande de «bricoleurs», avec des ressources autrement plus restreintes que celles additionnées des deux Etats contre lesquels elle se bat, tous deux disposant d’un budget militaire global de plus de 900 milliards de dollars, réussit à narguer l’un et l’autre et à monter une opération que l’on peut comparer, sans exagérer, au débarquement allié du 6 juin 1944 sur les plages de Normandie, ou à l’offensive du Thet de 1967.

Que l’on ne se fasse pas d’illusion. Ceux-là qui tentent de minimiser le caractère sophistiqué de l’opération et la manifestation de génie militaire qu’elle a démontré, et qui ne cessent de répéter la qualification de «terroriste» accompagnant systématiquement le nom de «Hamas» et de «terrorisme» pour décrire le 7 octobre, sont en train d’étudier, détail par détail, non seulement la préparation de l’opération, mais également ses différentes phases, l’entraînement subi par les combattants qui y ont pris part. Sans oublier la stratégie générale dans laquelle elle s’est inscrite, la masse des renseignements collectés pour préparer les attaques, les tactiques utilisées, les moyens matériels et l’armement mobilisés, etc. Tout ce qui rend une opération de commando réussie et non un fiasco, comme cela s’est souvent passé, par exemple au cours de la Seconde Guerre mondiale, de la part de belligérants particulièrement bien entraînés, et malgré leur expérience militaire et les immenses ressources humaines et matérielles qu’ils pouvaient mobiliser.

Une manifestation de génie dans l’art militaire

Le 7 octobre est un cas d’école pour les stratèges du monde entier. Ils ne peuvent et ne sauraient faire la fine bouche, en traitant cette opération comme un simple fait-divers dramatique, rien de plus.

Les organisateurs de ce fait d’armes, que l’on peut qualifier de victoire militaire digne de figurer dans les manuels des écoles d’état-major, révèlent qu’ils ont réuni en eux toutes les caractéristiques qui distinguent les grands chefs militaires et les penseurs. Lesquels, au fil des millénaires, ont construit les doctrines qui donnent de la cohérence aux opérations de guerre, et en font des auxiliaires essentiels et indispensables pour l’atteinte des objectifs politiques sous-jacents, quels qu’ils soient.

On trouve dans cette opération la trace de quelques-uns de ces grands hommes, dont l’histoire a retenu les noms.

Sun Tzu, avec sa règle de base de n’attaquer l’ennemi que là et au moment où il s’attend le moins, et d’économiser au maximum ses moyens, tout en atteignant son objectif de déstabiliser l’ennemi pour qu’il déclare forfait.

Clausewitz, pour lequel la défense est préférable à l’attaque, ce qui était le cas le 7 octobre, puisque les hommes qui ont mené l’opération venaient d’un territoire, non seulement occupé selon la définition du droit international, mais également assiégé, faisant de l’occupant assiégeant l’agresseur.

Dwight Eisenhower, pour lequel la réussite vient d’abord et avant tout, et jusqu’au moindre détail, de la minutie de la préparation de la bataille décisive.

Giap, pour lequel la règle de base est de pousser l’ennemi à concentrer ses forces dans une position défavorable, tout en le laissant se bercer de sa puissance, puis de l’attaquer sur ce point qui apparaît le plus fort, et sans relâche jusqu’à ce qu’il perde pieds.

Mao Zedong et sa formule du «combattant parmi le peuple comme le poisson dans l’eau».

Une sophistication dans la planification et l’exécution

Grâce aux rapports de surveillance sionistes, on a une idée du caractère professionnel de la préparation de l’opération du 7 octobre, où rien ne semble avoir été improvisé. Voici ce que rapporte un quotidien allemand : «Les exercices de combat ont commencé un mois et demi avant la guerre entre Israël et le Hamas. Ils avaient construit un modèle exact d’un poste d’observation comme celui que nous utilisons, rapporte un militaire. Les attaques contre des véhicules blindés ont également donné lieu à entraînement à l’aide d’une imitation exacte du char de combat principal israélien, Merkava. Les combattants du Hamas ont également placé des engins explosifs dans des trous le long de la frontière, ont indiqué d’autres soldats.» (3)

On infère, de ce bref aperçu, que chacune des phases de cette opération a donné lieu à entraînement sur la base d’une connaissance détaillée du terrain ennemi, de ses positions et de ses armements comme de ses tactiques.


M. B.


1) https://www.thenation.com/article/archive/harvard-law-review-gaza-israel-genocide/

2) https://www.stern.de/politik/ausland/niederlande—geert-wilders-wuetet-sich-bis-zum-wahlsieg—34225098.html

3) https://www.fr.de/politik/warnings-hamas-ignoriert-israel-soldatinnen-sexismus-vorwuerfe-zr-92691065


 

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