par Chems Eddine Chitour*
Le pape François assistera à la zerda de la COP 28. Il ne reste plus que la foi pour sauver la Terre
A un mois de la COP 28 de Dubaï les pays pétroliers annoncent la couleur qu’ils ne freineront pas les investissements sur les énergies fossiles ! 27 COP au compteur et toujours les mêmes alarmes pour des décideurs autistes. La planète s’est déjà réchauffée de 1,1°C par rapport à l’ère préindustrielle. Rien de nouveau sous le soleil. «En nommant Sultan Al-Jaber, un pétrolier, à la tête d’une organisation censée tracer un chemin vers la sortie déterminée des énergies fossiles. C’est à croire, lit-on dans cette contribution, que les organisateurs de la COP28 ont voulu envoyer délibérément des mauvais signaux. Pourtant les combustibles fossiles, à savoir le charbon, le pétrole et le gaz, sont de loin les plus grands contributeurs au changement climatique mondial ; ils sont responsables de plus de 75 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et de près de 90 % de toutes les émissions de dioxyde de carbone. Le monde se réchauffe désormais à une vitesse jamais observée dans l’histoire documentée. Au fil du temps, les températures plus élevées entraînent des variations climatiques et déstabilisent l’équilibre habituel de la nature. Cette situation pose de nombreux risques pour les êtres humains et toute autre forme de vie sur Terre.
A la COP27, en Égypte, les représentants de 196 pays avaient trouvé un accord de principe pour créer un fonds destiné à financer les «pertes et dommages» dégâts causés par le changement climatique dans les pays les plus vulnérables, et alimenté par les pays les plus riches. Lors d’une session de négociation intermédiaire, qui s’est achevée le 22 octobre 2023, les pays du Nord et du Sud ont échoué à s’accorder sur les modalités. Les Occidentaux aimeraient abriter le fonds au sein de la Banque mondiale, les pays en développement réclament la création d’une nouvelle structure indépendante Qui devra payer ? Les Occidentaux aimeraient voir la Chine ou l’Arabie saoudite mettre, eux aussi. Les pays du Sud plaident, eux, pour un élargissement à l’ensemble des pays en développement.
Comment sait-on que le changement climatique est responsable
Canicules, sécheresses, incendies de forêt, tempêtes, inondations, coups de chaud comme coups de froid, on blâme aujourd’hui le changement climatique chaque fois que se produit un événement météorologique d’une intensité qui nous paraît anormale. Certains phénomènes restent des exceptions, comme il s’en est produit dans le passé préindustriel. Dans d’autres cas, le changement climatique ne fait qu’aggraver des événements météorologiques qui se seraient produits sans lui à une échelle un peu moindre.
«Pour les Nations unies, sept causes sont incriminées : La production d’électricité et de chaleur par la combustion de combustibles fossiles est à l’origine d’une grande partie des émissions mondiales. À l’échelle mondiale, un peu plus d’un quart de l’électricité provient de sources renouvelables qui ne rejettent que peu ou pas de gaz à effet de serre Le secteur manufacturier et l’industrie génèrent des émissions, principalement dues à la combustion de combustibles fossiles pour produire l’énergie nécessaire à la fabrication de produits tels que le ciment, le fer, l’acier, les composants électroniques, les matières plastiques, les vêtements et d’autres biens. L’exploitation minière et d’autres processus industriels libèrent également des gaz, tout comme l’industrie de la construction. L’industrie manufacturière est l’une des principales sources d’émissions de gaz à effet de serre dans le monde» (1).
L’abattage de forêts pour faire place à des exploitations agricoles ou à des pâturages, ou pour d’autres raisons, entraîne des émissions. En effet, les arbres, une fois coupés, libèrent le carbone qu’ils ont stocké. Chaque année, environ 12 millions d’hectares de forêt sont détruits. Les voitures, les camions, les navires et les avions sont pour la plupart alimentés par des combustibles fossiles. Les transports sont à l’origine de plus d’un quart des émissions mondiales de dioxyde de carbone La production de denrées alimentaires entraîne des émissions de dioxyde de carbone, de méthane et d’autres gaz à effet de serre, la production et l’utilisation d’engrais et d’effluents d’élevage pour les cultures, et l’utilisation d’énergie pour faire fonctionner les équipements agricoles, la production de denrées alimentaires constitue un facteur important du changement climatique» (1)
«À l’échelle mondiale, les bâtiments résidentiels et commerciaux consomment plus de la moitié de l’électricité. Étant donné que le charbon, le pétrole et le gaz naturel continuent d’y être utilisés pour le chauffage et la climatisation, ces bâtiments émettent des quantités importantes de gaz à effet de serre. Enfin le logement dans lequel on vit, l’énergie que l’on consomme, le mode de déplacement que l’on utilise, ce que l’on mange et la quantité de déchets que l’on met au rebut sont autant d’éléments qui contribuent aux émissions de gaz à effet de serre. Les personnes les plus riches portent la plus grande responsabilité : ensemble, celles qui constituent le 1% le plus aisé de la population mondiale sont à l’origine de plus d’émissions de gaz à effet de serre que les 50 % de personnes les plus défavorisées» (2)
«2023 est jusqu’ici 1,43 °C plus chaud qu’à l’ère pré-industrielle, et quasi-certain d’être le record annuel Juillet 2023 a bien été le mois le plus chaud jamais enregistré sur Terre, a confirmé mardi le service européen Copernicus, le mois de juillet 2023 a bel et bien été le mois le plus chaud jamais enregistré, toutes saisons confondues. Un sombre constat qui avait fait dire au Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, que l’humanité avait quitté l’ère du réchauffement climatique pour entrer dans celle de «l’ébullition mondiale». «Le changement climatique est là. Il est terrifiant. Et c’est juste le début. L’ère du réchauffement climatique est terminée, place à l’ère de l’ébullition mondiale», Concrètement, de quoi est-elle le nom ?» (3)
La Géo engineering est-elle la solution ?
Et si, après avoir déréglé le climat, on essayait de reprendre le contrôle du thermostat ? Telle est l’ambition de la géo-ingénierie, nom que l’on donne à l’ensemble des techniques destinées à redonner artificiellement un peu de fraîcheur à la planète. Naturellement, ce bidouillage à grande échelle du climat effraie, mais il est défendu par des chercheurs qui avancent que nous n’avons plus le choix.
Pour David Keith : «La géo-ingénierie est la moins mauvaise manière de refroidir la planète» C’est certainement le défenseur de la géo-ingénierie solaire le plus connu : le scientifique, universitaire et chef : «Refroidir la planète pour réduire la souffrance humaine au cours de ce siècle nécessitera l’élimination du dioxyde de carbone ou la géo-ingénierie solaire, ou les deux.» Il est trop tard pour résorber l’emballement climatique par d’autres moyens. Et la géo-ingénierie est la meilleure solution, de ce point de vue» (4).
«Un collectif de chercheurs et intellectuels du monde entier a fait paraître une tribune appelant à un «accord international de non-utilisation» de ces technologies, Wiley Interdisciplinary Reviews et les signataires pointent du doigt trois risques majeurs. 1) «Les risques de la géo-ingénierie solaire sont encore peu étudiés et compris et ne pourront pas être entièrement connus.» 2) «Les espoirs au demeurant spéculatifs que suscite le développement des technologies de géo-ingénierie solaire menacent les engagements en matière d’atténuation des parties prenantes aux négociations climatiques et peuvent dissuader les gouvernements, les entreprises et l’ensemble de nos sociétés de faire tout leur possible pour parvenir à la décarbonation ou à la neutralité carbone le plus rapidement possible.» (5)
Les Etats prévoient de produire deux fois plus de combustibles fossiles en 2030
Une mauvaise nouvelle. Il semble que les pays développés continuent à miser sur les énergies fossiles. Tout est réuni pour que l’opinion internationale ait l’impression que le défi climatique n’est pas un enjeu majeur pour nos dirigeants. Les Émirats, c’est 20 tonnes de CO2 par habitant par an, 20 fois plus que l’Africain. C’est le pays de l’hyper-consommation, des jets privés, de la climatisation à outrance. L’homme nommé à la tête de l’organisation censée trouver des compromis pour limiter le réchauffement est donc un lobbyiste du pétrole. C’est un peu comme si on nommait un trafiquant d’armes pour diriger des négociations de paix.» (6)
En contradiction avec toutes les promesses, un rapport des Nations unies et de différents organismes de recherche démontre à quel point les projets des principaux pays producteurs de charbon, de pétrole et de gaz sont en décalage avec les scénarios permettant de limiter le réchauffement à 1,5 °C. L’abandon des énergies fossiles pourrait être, pour la première fois, l’un des sujets centraux des négociations mondiales annuelles sur le climat. L’enjeu est immense : alors que 90 % des émissions de CO2 ont pour origine l’extraction et la combustion de charbon, de pétrole et de gaz, les Etats projettent toujours de produire, en 2030, plus du double de la quantité de fossiles compatible avec l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5 °C et donc d’éviter les effets les plus dévastateurs de la crise.» (7)
Le jour où… le dérèglement climatique aura atteint le point de non-retour
Plusieurs scénarios qui permettent d’affirmer ce qui se passera quand ont aura atteint le point de non-retour dont nous ne prenons pas conscience. Cinq scenarios de l’apocalypse ; des températures qui grimpent en flèche, des sécheresses, des incendies, une montée des eaux, des extinctions massives, une instabilité politique… le pire est-il vraiment à venir ? Imaginez un monde où la température moyenne est de 4degrés au-dessus de celle de la période préindustrielle. Un monde où les jours de pires canicules, telles que nous les avons vécues, ces dernières années, ne seraient que des journées ordinaires d’été, pouvant parfois frôler les 50 degrés à l’ombre, voire les dépasser dans certaines régions de la planète. Un monde de sécheresses, de nappes phréatiques anémiques. Un monde où les cyclones et tempêtes tropicales dévasteraient désormais des régions où ils étaient inconnus, où les gigantesques incendies de forêt se produiraient de manière quasi-routinière en chargeant l’atmosphère de particules venant s’ajouter à la pollution des villes. Un monde où le prix de l’électricité aurait grimpé en flèche est connu que l’accord de Paris est creux et sonore. Du fait qu’il ne soit pas contraignant, il a donné de fausses espérances» (8)»
«Pour situer la part de chaque pays, le site Global Carbon Budget 2022 liste les pays par leurs émissions de CO2, totales et par habitant, et de leur PIB. : «Le premier constat n’a rien d’étonnant : plus un pays est riche, plus ses habitants ont tendance à émettre de CO2. Ainsi, la plupart des pays d’Afrique sont à moins d’une tonne d’émissions de CO2 par habitant. A l’inverse, les pays du Golfe sont les plus émetteurs du monde. Le Qatar est à plus de 30 tonnes. Les Émirats sont à 20 tonnes de CO2. Pour maintenir le réchauffement en dessous des 2°C, comme s’y sont engagés les Etats dans l’accord de Paris, il faudrait faire baisser ce chiffre à 2 tonnes. Entre 20 et 45% des efforts à fournir sont à l’échelle individuelle (manger végétarien, se déplacer à vélo, isoler son logement. Aucun pays riche n’est proche de l’objectif de 2 tonnes d’émissions de gaz à effet de serre par personne, qui serait nécessaire pour atteindre une neutralité carbone, malgré quelques efforts réalisés ces dernières années. Les quelque 80 pays, plus de 3 milliards d’habitants, avec des émissions inférieures à cet objectif sont tous des États pauvres ou intermédiaires.» (8 )
Un prince du pétrole va présider la COP28 : pourquoi ce choix ?
Pourquoi un pétrolier connaissant ses inclinaisons pour le pétrole a été choisi pour présider la COP28 le Sultan Al Jaber qui est depuis quelques années, le P-DG de la compagnie pétrolière Abu Dhabi National Oil Company (Adnoc). Un prince du pétrole comme chef d’orchestre de négociations climatiques internationales…. Dubaï est loin d’être un modèle de développement durable… Récemment, les Émirats arabes unis – qui restent dans le top 5 des plus gros émetteurs de CO2, au monde avec plus de 20 tonnes émises par an et par habitant et un objectif climatique de 2… – ont d’ailleurs réaffirmé leur ambition d’augmenter leur production de pétrole et de gaz dans les décennies à venir. Adnoc, prévoit ainsi d’investir près de 130 milliards de dollars dans le secteur au cours des cinq prochaines années». (9)
Pour le Réseau Action Climat : «La réalité, c’est que les pourparlers sur le climat seront dirigés par le P-DG d’une entreprise pariant sur l’échec climatique, souligne Oil Change International. Cette nomination augmente les inquiétudes quant au fait que les Émirats arabes unis utiliseront leur présidence de la conférence sur le climat pour favoriser les intérêts de ceux qui exploitent les combustibles fossiles. Amnesty le souligne dans son rapport, les Emirats ne mènent pas une politique «qui vise à réduire la production de combustibles fossiles» Sultan Al-Jaber l’admet lui-même :«les énergies renouvelables ne peuvent pas être la seule réponse» (10)
Comment les géants du pétrole opèrent dans l’impunité
On le sait les géants du pétrole ont d’abord nié le changement climatique, ensuite ils on fait du greenwashing. Ils reviennent en force pour ignorer les convulsions climatiques :
«Les grands du pétrole et du gaz fossile ont fait beaucoup de promesses à ce sujet, ces dernières années. BP, par exemple, visait une réduction de ses émissions de gaz à effet de serre de 35 % d’ici 2030. Il y a quelques mois, alors que le changement climatique continuait de s’installer, cet objectif a toutefois été revu à la baisse. Une décision qui va tout à fait dans le sens de ce que soutenait récemment le P-DG de Shell. Selon lui, réduire la production de combustibles fossiles serait «dangereux et irresponsable». (11)
«En parallèle, Shell a annoncé sa décision de ne plus augmenter ses investissements dans les énergies renouvelables. Le Français TotalEnergies n’est pas en reste. Début juillet, Patrick Puoyanné expliquait que son entreprise continuerait à consacrer la majeure partie de son temps et de son argent aux énergies fossiles. «Notre société a besoin de pétrole et de gaz fossile» C’est pourquoi les experts s’entendent de plus en plus sur le fait que, s’ils veulent faire avancer les choses, les dirigeants de notre monde devraient arrêter au plus vite de croire que les grands du pétrole et du gaz fossile vont volontairement changer leurs modèles économiques pour le bien de l’humanité. Et imaginer des taxes ainsi que d’autres sanctions politiques qui les encourageraient à mettre enfin la Planète sur la bonne voie». (11)
«Je n’ai pas de baguette magique» affirme le président pétrolier et de la COP28
Sultan al-Jaber, a explicité les objectifs qu’il entend imposer à la COP28. La contribution suivante rapporte : «Quand on lui demande quand le monde brûlera sa dernière goutte de pétrole, Sultan al-Jaber a une réponse simple : quand il y aura assez d’énergies bas-carbone pour le remplacer. «Nous ne pouvons pas mettre fin au système énergétique actuel avant d’avoir construit le système énergétique de demain», répond-il dans un entretien à l’AFP, jeudi 13 juillet. Alors qu’un an plus tôt, le Giec alertait dans son rapport que «tout retard supplémentaire dans l’action mondiale (…) nous fera manquer la brève fenêtre d’opportunité que nous avons pour assurer un avenir viable et durable pour tous», Sultan al-Jaber défend que se passer du pétrole, du gaz et du charbon, responsables du réchauffement climatique, du jour au lendemain est irréaliste. Dans un discours à Bruxelles. A ceux qui espèrent que le monde appellera à la sortie du pétrole et du gaz, il répond que leur réduction est «inévitable» et «essentielle», mais qu’il n’a «pas de baguette magique». «Je ne veux pas inventer des dates qui ne sont pas justifiées». Les promesses n’engagent, dit-on, que ceux qui y croient. Encore une fois nous sommes enfumés par des vœux pieux des grands pollueurs.
Les engagements de L’Algérie
L’Algérie est un pays dont le développement principalement est lié au développement de l’industrie pétrolière. Si par le passé, les conditions d’une exploitation pérenne existaient, ce n’est plus le cas pour plusieurs raisons. Nous devons savoir que malgré tous nos efforts les réserves n’augmentent pas d’une façon significative. Ce qui veut dire que l’horizon de la fin des énergies fossiles exploitables en quantité bute sur un horizon de moins de vingt ans. Nous consommons près d’un milliard de m³ de gaz par semaine ! Et l’équivalent de 350.000 tonnes de carburants par semaine. La problématique de la gestion optima’ de nos ressources énergétiques fossiles nous indique la nécessité et l’urgence de la mise en place d’un modèle énergétique. C’est la clé de la réussite pour la mise en place de la transition énergétique De plus l’Algérie est déterminée à respecter ses engagements climatiques internationaux. Un travail important a été réalisé par l’Algérie par l’élaboration du Livre Blanc sur l’impact des changements et les efforts faits par l’Algérie pour en atténuer les effets. Elle avait sollicité l’accompagnement pour ses grands chantiers, le barrage vert, la plantation de 1 milliard d’arbres, l’hydrogène vert. L’Algérie pourra ainsi, graduellement, développer une politique de la justice énergétique et de la vérité des prix. Elle fera la chasse au gaspillage par la mise en œuvre de l’efficacité énergétique. Pour accélérer le plan renouvelable avec la dimension de l’hydrogène vert, la mise en place d’une taskforce regroupant les départements concernés, aura à cœur de continuer l’effort d’une sortie progressive des énergies fossiles avec un modèle de consommation à 50% en 2035 et une neutralité carbone en 2050. Elle attend de l’organisation onusienne de la COP28 la contribution pour la mise ne place d’une économie basée sur l’hydrogène et la plantation d’un milliard d’arbres sur dix ans
La seule voie possible de rendre efficaces les COP : faire payer les pollueurs
La grande tromperie fut de faire croire que l’Accord de Paris allait sauver la planète C’est faux ! J’étais intervenu en ce sens à Charm Echeikh pour en appeler à des accords contraignants. Les pays font des promesses et ne sont pas tenus de les tenir. Il était prévu de décroître de 32 milliards de tonnes de CO2 à raison de 1,5 milliard par an. Résultat des courses : au lieu de 20, nous sommes à plus de 40 milliards de tonnes ! Il est nécessaire que les engagements soient contraignants
Vidéo Mon intervention à Charm Echeikh novembre 2022 https://fb.watch/gWijbYsjhe/
Une façon de faire payer à chacun son dû proportionnellement à sa responsabilité dans la pollution est la tonne de CO2 qui permettrait de compenser les quantités de fossiles utilisées. En clair, le pollueur devrait payer à partir d’un quota compatible avec la capacité d’absorption de la Terre autour de 15 milliards de tonnes de CO2, soit l’équivalent de 5 milliards de tep. Le prorata de chacun en terme de pollution devrait être corrélé avec les dégâts planétaires immédiats de la planète et les dégâts à long terme et alimenter le Fonds vert de compensation des dégâts occasionnés par l’excès de consommation d’énergies fossiles. À seulement 10 dollars la tonne, l’excédent de pollution d’au moins 15 milliards de tonnes convertis permettra chaque année d’alimenter le Fonds vert de 150 milliards de dollars. Ce qui permettra aux pays faibles à la fois de lutter contre les convulsions climatiques mais aussi de mettre en place une stratégie de mise en place des énergies renouvelables.
Que voulons-nous en définitive pour la planète?
À l’échelle de la naissance supposée de la Terre, 5 milliards d’années, l’apparition de l’homme est tardive. Très tardive. Sa présence représente 2 à 3 minutes sur une horloge de 24 heures. La Terre a donc fonctionné sans l’homme. Elle s’en remettra après la sixième extinction qui ne serait pas due à un météore, mais à l’homme. L’énergie est un enjeu citoyen du monde. Devons-nous atteindre qu’il soit trop tard pour agir ? Comme le rappelle Albert Jacquart dans «l’équation du nénuphar» : «C’est la progression selon la raison géométrique et non arithmétique. Si un nénuphar est planté dans un lac, et se multiplie d’un facteur 2 tous les jours, que se passe-t-il? Disons par exemple qu’en 30 jours le lac sera entièrement recouvert de nénuphars qui se retrouveront privés d’espace et de nourriture, et ainsi mourront. (…) Le 28e jour c’est environ 25%, le 29e jour, 50% et la totalité le 30e jour. Ceci veut dire que la catastrophe ne devient évidente et inévitable que les derniers jours du cycle» (12)
Conclusion
Les COP ont terminé leur mission maintenant que le diagnostic est fait. Confier l’avenir de la planète à un pays pyromane les Emirats Arabes Unis- en ce sens qu’il continue à pomper avec frénésie et dans le même temps il joue au pompier. Ce n’est pas sérieux ! Il faut passer aux actes. Il n’y a qu’un gouvernement mondial, un conseil de sécurité de l’humanité. Il faut sortir de la culture du secret en posant sur la table l’avenir de la planète et définir enfin les conditions d’un débat mondial démocratique et informé, qui associe concrètement tous les humains, l’objectif étant triple, une justice climatique et énergétique, une énergie verte. Et, par-dessus tout, la conviction que nous sommes tous sur le même bateau Terre que nous devons mener à bon port. Nous n’avons pas de planète de rechange. Faisant en sorte que la sixième extinction promise par les collapsologues ne soit plus d’actualité sous la bienveillance d’un gouvernement éclairé des Nations enfin Unies.
Nous ne sommes pas à la hauteur des défis ! La civilisation du toujours plus, montra des pays développés, et l’ébriété énergétique sont à des années-lumière de la sobriété énergétique. Ils nous font aller vers une décroissance vertueuse qui puisse permettre à chaque habitant de la planète de prétendre à une vie digne avec des droits élémentaires au nom du développement humain durable qui ne laisse personne sur le bord de la route.
Il est plus que temps de donner corps à la nécessité d’un sauvetage de la planète par la mise en place, comme je l’ai proposé à Charm en novembre 2022, d’une instance spécifique par la mise en place d’un Conseil de sécurité de la vie sur Terre (CSVT, Earth Life Safety Advice (ELSA), composé de sages soucieux du bien-être à la fois de la Terre et de l’humanité dans son ensemble et qui décideront du seuil de pollution à ne pas dépasser et des espaces à protéger et responsabilisera, par ses décisions contraignantes, les efforts de chacun, notamment des pays développés. Cette réflexion est à mener hic et nunc (ici et maintenant). Le temps nous est compté.
Notes
1. Jean-Paul Fritz 29 mai 2022 Le nouvel Observateur
2. https://www.un.org/fr/climatechange/science/causes-effects-climate-change
3. Marin Daniel-Thézard C’est quoi «l’ère de l’ébullition», cette nouvelle phase qui vient après celle du réchauffement climatique ? (nouvelobs.com) 10 août 2023 à 14h25
4. Collectif : «Un accord international de non-utilisation de la géo-ingénierie solaire est désormais indispensable»
5. Octave Larmagnac-Matheron https://www.philomag.com/articles/la-geo-ingenierie-en-debat 28 janvier 2022
6. Perrine Mouterde https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/11/08/lutte-contre-le-dereglement-climatique-les-etats-prevoient-de-produire-deux-fois-trop-de-combustibles-fossiles-en-2030_6198913_3244.html
7. https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-monde-d-apres/le-monde-d-apres-de-jean-marc-four-du-jeudi-01-juin-2023-8317465
8 Jean-Paul Fritz Apocalypses | Le jour où… le dérèglement climatique aura atteint le point de non-retour (nouvelobs.com 30 07 2023
9.Julien Lecot https://www.liberation.fr/environnement/climat/pour-presider-la-cop-28-les-emirats-arabes-unis-pourraient-nommer-le-pdg-dune-entreprise-petroliere-20230106_V3OYCSH6MFHQ3ITLZFWXE6RZ6Y/ 6 janvier 2023
10. https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/rechauffement-climatique-prince-petrole-va-presider-cop28-ce-choix-102849/
11 . https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/rechauffement-climatique-geants-petrole-moquent-ouvertement-nous-106689/
12. Albert Jacquard et Hélène Amblard, Réinventons l’humanité. Postface de Serge Latouche, Editions Sang de la Terre 2013
*Professeur émérite – Ecole Polytechnique Alger