Quand les dirigeants occidentaux et leurs médias-mensonges soutiennent le génocide commis par les sionistes contre les palestiniens

    par Abdelkader Khelil *

Fallait-il attendre que le chiffre de 700.000 colons atteigne le million, pour finir par voir les Palestiniens entassés dans des réserves similaires à celles des « Peaux Rouges », s’offrant en spectacle à quelques touristes en mal d’exotisme ? Non ! L’humiliation du peuple palestinien et la privation de ses droits n’ont que trop durées ! L’heure est au ras-le-bol que tout être humain normalement constitué ne peut que comprendre aisément, même s’il est affublé d’antisémite par le doigt inquisiteur et accusateur de cet Occident qui s’érige en soutien et en porte-voix du colonialisme sioniste abject qui bafoue impunément le droit international. Comment alors ne pas percevoir cette attitude du deux poids deux mesures, comme une félonie inadmissible et forcément injuste!

Eh bien, oui ! Soixante-quinze ans après la Nekba (catastrophe, en arabe) le peuple palestinien a compris que les politiques conduites à ce jour par ses dirigeants, celle de continuer à « jouer » la carte de la modération prônée depuis feu Yasser Arafat par Mahmoud Abbas et consorts, à la faveur de subsides versés en contrepartie de sa « soumission » aux lois dictées par Israël et ses mentors de l’Occident, avec la neutralité et la complicité bienveillante d’un monde arabo-musulman vassalisé, ne pouvaient plus constituer une solution à ses problèmes essentiels et existenciels. Lassée par les fausses promesses, la lâcheté des pays frères et les tergiversations de leurs dirigeants, une nouvelle génération de jeunes combattants et résistants bien déterminés à recouvrer au prix élevé du martyre, leur dignité de peuple libre et souverain, a fini par prendre le chemin de la guerre totale contre l’occupant sioniste en proclamant que la libération de toute la Palestine ne peut être et ne sera que l’œuvre des Palestiniens eux-mêmes.

De la sorte, ils s’inspirent du choix fait il y a près de 70 ans par les valeureux combattants et combattantes algériens durant la guerre de libération nationale, en cette date fatidique et historique du premier novembre 1954, alors qu’ils ne disposaient que de quelques moyens rudimentaires de combat (fusils de chasse et bombes artisanales), mais d’une volonté d’acier tant ils étaient convaincus de la justesse de leur cause. C’est ce qu’on appelle la détermination, cette fougue guerrière qui transcende la peur de l’autre, aussi puissant soit-il par les nombreux soutiens qu’il reçoit, les armes sophistiquées et la technologie de pointe dont-il dispose !

Ce choix s’est également imposé aux combattants du Hamas et aux autres composantes de la Résistance palestinienne, après qu’ils se soient aperçus qu’il n’y avait rien à attendre de l’arc anti-palestinien allant du Maroc à l’Arabie saoudite en passant par la Jordanie, le Bahreïn, le Soudan et l’Égypte… Tout cela pour dire que ce qui est qualifié par l’Occident et à sa traîne les pays « normalisés » de « terrorisme », n’est en fait, comme le précise à juste titre notre ami Nadir Marouf : « qu’un subterfuge occidental qui transforme la lutte contre la dépossession en Cisjordanie (comme ce fut le cas dans l’Algérie coloniale), en posture antisémite. »

Il estime que l’appel au rassemblement à Paris du 12 novembre 2023 est non seulement ridicule, mais brouille les pistes en voulant faire oublier à l’opinion mondiale qu’il est d’abord et avant tout une invention millénaire de l’Occident chrétien… À ce sujet, il importe aussi de lire l’ouvrage de cet autre ami, ancien ministre et non moins Moudjahed, Mourad Benachenhou, intitulé : « Le sionisme, théologie génocidaire » (Web : www. Mppfactory.com) qui explique que pour les sionistes : « mort ou vif, le Palestinien n’existe pas !» Nous voilà donc définitivement avertis et fixés sur les réelles intentions de l’État suprématiste, raciste et fasciste d’Israël, s’il fallait s’en convaincre à nouveau!

Alors, dites-moi ! N’est-elle donc pas piteuse, cette image de la France officielle représentée par la présidente de l’Assemblée nationale et le président du Sénat qui en serviteurs zélés des lobbies sionistes va-t-en-guerre, et adoubés par le président français, « sonnent trompettes et battent tambours » pour une marche contre l’antisémitisme, toute honte bue ? Tout ce cirque gaulois de la surenchère n’a dressé son chapiteau à Paris que pour montrer patte blanche et bénéficier des faveurs et bonnes grâces du gouvernement haineux d’extrême droite de Tel-Aviv ! N’est-ce pas honteux ? Nous sommes-là dans une sorte de : « M’as-tu vu que j’ai fait mon devoir envers Israël » ! Comme d’habitude, ces marcheurs ont compris qu’il faille soit se soumettre à la vision des dirigeants israéliens, soit s’abstenir de toute initiative non revêtue de leur aval.

Dans cette atmosphère de suivisme, en véritables « moutons de panurge », les dirigeants occidentaux complices laissent faire l’État sioniste qui viole allègrement depuis plus de 75 années le droit international et l’applique à ses fins stratégiques. Non seulement il s’en moque, mais pousse l’outrecuidance jusqu’à faire taire les voix discordantes traitées de porte-voix et d’adeptes du terrorisme islamiste, de par le fait qu’il dispose d’un blanc-seing de ses obligés qu’il manipule à souhait en leur indiquant la voie à suivre, pour façonner délibérément les esprits de leurs opinions publiques !

Cela veut dire clairement que tout dirigeant français qui accepte sans sourciller ce que veut Israël, est apprécié à Tel-Aviv et dans les médias français aux ordres. Si, au contraire, il se montre prudent, réservé, voire critique, il sera d’office suspecté, malmené, ostracisé et quelquefois détesté comme le sont actuellement, l’ex-Premier ministre Dominique De Villepin, ce politique fidèle à ses convictions d’homme d’État incorruptible et Jean-Luc Mélenchon, ce chef charismatique de La France Insoumise (LFI) bien droit dans ses bottes, qui ne décolère pas en restant égal à lui-même, lui, le tribun distingué qui ne mâche pas ses mots par intime conviction et quoi que cela lui coûte.

Mais dans tout cela, ce qui est le plus inquiétant pour nous, c’est ce silence sidérant « de nos intellectuels » ! Je veux parler principalement de ces larbins du syndrome de l’auto-flagellation à outrance qui ont vendu leurs âmes à l’idéologie sioniste régentant le monde dit « libre » et, pour ce qui les concerne directement, celui de l’édition et des médias qui leur font croire qu’ils appartiennent à la catégorie des écrivains et journalistes « hors-pair », dans leur rôle de supplétifs de la plume soumis aux diktats des lignes éditoriales sionistes de leurs employeurs,eux les esprits colonisés qui ne sont en fait que de sinistres i ndividus sans personnalité, sans honneur ni considération pour leur communauté d’origine. Honte à eux!

Prétendant être l’ami d’Emmanuel Macron pour l’avoir accompagné dans sa visite à Oran et faisant de surcroît la grosse tête en chef de file de cette bande de supplétifs, Kamel Daoud dans sa chronique dans un hebdomadaire de droite en date du 13 octobre 2023, intitulée : « Une défaite pour la cause palestinienne », précise tout de go comme s’il était une voix autorisée et un analyste émérite des stratégies militaires, que : « L’offensive sanglante du Hamas est la confirmation d’un messianisme antijuif. Désormais talibanisée nous dit-il, la cause palestinienne alimente une judéophobie strictement haineuse. » Tout cela est dit bien sûr, pour plaire par excès de zèle à ses commanditaires qui n’en attendaient pas moins de lui.

Quant à nous, nous savons que le vrai terrorisme n’est en fait que celui qui cherche à maintenir les bouches cousues des faiseurs d’opinions lucides et objectifs pour permettre à Israël de continuer sans coup férir à tuer en toute impunité des Palestiniens (femmes, jeunes, enfants et personnes âgées) qui ne demandent qu’à recouvrer leurs droits les plus élémentaires d’êtres humains et à vivre en paix, une fois le sionisme vaincu politiquement ou par la force des armes.

Nous le savons depuis fort longtemps qu’il y a comme une véritable psychose à oser parler sereinement de la cause de la Palestine et du sionisme en France. Nos pseudo-intellectuels qui vivent de leur larbinisme, le savent très bien. Il y a aussi de très fortes pressions dans les milieux politiques, médiatiques et universitaires quand il s’agit de traiter de la situation qui est faite aux Palestiennes et aux Palestiniens en Israël et en Palestine. Même les chefs d’État et de gouvernement qu’ils soient de pays arabes ou de pays occidentaux, ne sont pas à l’abri de ces pressions. C’est la loi du plus fort, me diriez-vous !

Eh bien, non ! Il faut bien que cela change ! Oui, les combattants palestiniens ont raison de s’insurger et de se rebiffer contre l’ordre établi par l’État fantoche de Tel-Aviv et ses mentors ! Il y va de leur honneur et de leur dignité d’hommes et de femmes libres, n’en déplaise à Kamel Daoud, à Boualem Sansal, à Mohamed Sifaoui, et bien d’autres planqués de l’Outre-mer qui ont peur de perdre leur nationalité française octroyée complaisamment dans les années 90, comme si elle était déterminante pour leur survie « littéraire » et/ou matérielle !

À contrario, aussi bien notre talentueux défenseur de l’équipe nationale Youcef Attal que Karim Benzema ont par leurs comportements dignes et humains envers la juste cause palestinienne montré combien ces « intellos » de la gamelle, sans étoffe ni personnalité, paraissent si minables aux côtés de ces deux professionnels de la balle ronde. Ces jeunes footballeurs qui méritent toute notre considération pour avoir su titiller notre fierté, ont su au péril de leurs carrières professionnelles et de leurs intérêts matériels se frayer une place dans l’Histoire. Cette place des gens d’honneur, assumant sans équivoque leur appartenance aux causes justes comme l’ont été de leur vivant, la grande militante et avocate du FLN, Gisèle Halimi et bien d’autres juifs qui ont soutenu vaillamment la Révolution algérienne et la lutte de l’Algérie contre la quatrième puissance militaire de l’époque soutenue par l’OTAN.

Il faut dire que notre problème à nous, peuples arabes, ce n’est pas avec les juifs mais plutôt avec les agents et militants du sionisme nationaliste actuel qui ne cessent d’enfumer le monde d’aujourd’hui et de le tromper par leurs mensonges, leur arrogance et leurs projets hégémonistes particulièrement dans la région du Moyen-Orient ! Oui ! Avec ceux qui n’entrevoient leur avenir qu’à travers l’exécution du projet du « Grand Israël » par la voie du génocide et du nettoyage ethnique, bien évidemment.

Dans un de mes articles paru dans le « Quotidien d’Oran » du 11 octobre 2016 sous le titre : « Trilogie pénalisante pour l’éveil d’une société d’un pays menacé dans son existence » et consacré à la Libye, j’avais précisé que ce projet né d’un fantasme sioniste comprend les territoires de toute la Palestine, l’ensemble du Liban, toute la Jordanie, la moitié de la Syrie, les deux tiers de l’Irak, un tiers de l’Arabie saoudite jusqu’à Médine la Ville sainte et la moitié du Sinaï égyptien.

Ce fantasme est tellement présent dans l’esprit des sionistes qu’il a été imprimé durablement dans une pièce de monnaie de 10 agorot qui montre : Le chandelier juif à sept branches sur fond d’une carte incroyable, celle du « Grand Israël ».

Qu’elle infamie pour ce fantomatique Monde arabe qui a perdu toute sa dignité, au point où un petit État artificiel d’environ neuf millions d’habitants (pas tous sionistes faut-il le préciser pour éviter l’amalgame) cherche à le démanteler, quand bien même soutenu par les États-Unis et les pays occidentaux. Ces derniers en acteurs directs ou indirects se culpabilisent de leur attitude face à la shoah. Cette posture de pays complexés est exploitée à outrance par les sionistes qui ont le sens mercantile et le flair du bon gisement pour leur propagande de peuple malaimé … Voyez-vous ça ! Nous sommes-là, en plein dans la moral de ce proverbe de chez nous qui dit : « Il m’a frappé et a pleuré ! Il m’a pris de vitesse et s’est plaint !» C’est là, toute la mentalité sioniste ainsi résumée !

Cette paix consignée vous l’aurez remarqué dans cette pièce de monnaie est insultante pour tout le Monde arabe ! Non ! Nous ne sommes pas dupes ! Nous manquons juste d’un peu de courage et de volonté politique pour défendre et restaurer collectivement notre dignité et notre honneur, en tant que peuples de paix que nous avons été tout au long de notre riche Histoire, faite de plusieurs siècles de cohabitation avec les juifs nos « cousins » hébraïques (Isaak et Ismaël étant frères), bien avant l’avènement de l’Islam, sans que nous songions à les chasser ou à les combattre ! Au contraire, celui qui leur avait rouvert les portes de Jérusalem, la ville sacrée pour les trois religions monothéistes, n’est autre que le Grand Salaheddine El Ayoubi qui a tenu tête aux croisés après avoir unifié les Musulmans. Ils nous le rendent bien, ces génocidaires, ces « Chayatine, Nekarin El Khir » ! N’est-ce pas ?

Cette pièce de monnaie est pour ses concepteurs une manière des plus didactiques que l’État sioniste d’Israël a trouvé pour ancrer dans l’imaginaire de sa population d’abord, et celle du reste du monde ensuite, sa volonté planifiée mais maladive, faite d’arrogance expansionniste fantasmée pour créer l’unité du peuple juif au sens le plus large, autour de ce rêve mythique en utilisant face aux Occidentaux, le chantage de l’antisémitisme et de la haine d’Israël, sans craindre l’overdose. Cela devrait se faire bien évidemment au détriment des intérêts actuels et futurs des peuples arabes du Moyen-Orient devenus des « moutons noirs », déjà domestiqués et avilis par la politique distillée par un certain Lawrence d’Arabie qui a réussi à leur inculquer le plaisir de la léthargie, de l’immobilisme et du suivisme, pour ne pas dire de l’aplaventrisme… Ces peuples sont alors tombés dans un sommeil profond à la limite de l’état comateux !

Voilà comment les stratèges sionistes israéliens en illusionnistes sont arrivés à faire d’un acte de pure agression et de spoliation des terres de Palestine au mépris du droit international, un rêve partagé par le plus grand nombre de sionistes en Israël et dans le monde. Il faut dire que l’État sioniste d’Israël tient sa force du soutien que lui apportent l’Amérique du Nord et l’Occident sous la houlette de la diaspora juive avec à sa tête la Fondation Rothschild, du nom de ce maître de la finance mondiale et roi des juifs.

Nous aurons alors compris à nos dépens que le changement attendu par les néoconservateurs du Pentagone et de la Maison Blanche (même si la répartition de la population israélienne sur tous les territoires arabes visés relève le l’impossibilité mathématique et du leurre), doit l’être au profit du seul État hébreu, érigé entité virtuelle et en appendice satanique de l’Occident source de pagaille, d’inégalités et d’injustice à travers le monde, au moment où les peuples arabes tenus par le ventre, par des dirigeants et gouvernants corrompus, autocrates, illégitimes et ayant surtout peur de perdre leurs intérêts matériels et moraux. Ils roupillent d’un sommeil profond entretenu à dessein, par lâcheté! Oui ! Ce n’est pas cette poignée de sionistes qui est forte ! C’est les dirigeants arabes corrompus et lâches, pratiquant le musèlement de leurs peuples qui sont faibles !! Ils finiront sans aucun doute dans les poubelles de l’Histoire !

*Professeur


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  Les médias d’entreprise censurent les manifestations de masse contre le génocide israélien à Gaza

Quelques-uns des participants à la manifestation de 20.000 personnes à Manchester, contre la guerre d’Israël à Gaza, le 28 octobre 2023.

L’escalade de la guerre génocidaire à Gaza, qui est entrée dans une nouvelle phase plus sanglante ce week-end, a provoqué une indignation massive dans le monde entier. Des millions de personnes sont descendues dans la rue pour exprimer leur colère et leur horreur devant un massacre qui a déjà fait des milliers de victimes dû aux bombardements israéliens, un siège qui provoque une famine massive et une invasion imminente qui menace carrément de détruire et de disperser toute la population du territoire assiégé.

Ces manifestations sont le verdict populaire jugeant les crimes de guerre perpétrés par Israël avec le plein soutien et la pleine participation des principales puissances impérialistes. Un immense fossé s’est creusé entre les gouvernements capitalistes, qui soutiennent unanimement l’État d’Israël, et les masses laborieuses.

La population mondiale assiste à des atrocités d’une ampleur stupéfiante: des bâtiments pulvérisés par des bombes et des missiles, des hôpitaux et des immeubles rasés, des enfants couverts de sang, extraits hurlants des décombres, des cadavres partout. Ces images de guerre génocidaire ont un effet profond sur la conscience, qui ne peut effacé par les mensonges des médias ou la propagande des gouvernements.

Ce week-end, un demi-million de personnes ont participé à une manifestation à Londres. Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dans d’autres villes d’Europe, des centaines de milliers dans les pays arabes et dans d’autres pays à majorité musulmane. Aux États-Unis, des dizaines de milliers de gens ont défilé à New York, Washington, Detroit, Chicago, San Francisco et Los Angeles ; des centaines d’autres villes petites ou grandes ont connu une participation importante.

L’un des aspects les plus significatifs de ces manifestations a été la participation de milliers de juifs, en particulier de jeunes juifs. L’expression la plus spectaculaire de ce fait a été l’occupation de la gare Grand Central à Manhattan vendredi soir, à l’occasion d’un sit-in réunissant plusieurs milliers de personnes à l’appel de Jewish Voice for Peace, sous le slogan « Not in Our Name » (Pas en notre nom).

L’explosion de la colère populaire en réponse aux crimes de guerre commis à Gaza a ébranlé les classes dirigeantes et leurs serviteurs médiatiques. Ils ont tellement peur qu’ils ont décidé que la seule façon de réagir était de l’ignorer et de créer une contre-réalité, fabriquée par les médias, dans laquelle le public soutient Israël et sa guerre génocidaire contre Gaza, et où l’expression de l’horreur et de la révulsion de masse n’a tout simplement pas lieu.

Les organes d’information qui donnent le ton aux médias américains ont imposé un «black-out» virtuel sur les manifestations, limitant leurs reportages à une poignée de références en ligne qui sont noyées dans le déluge de la couverture favorable à la guerre, qui occupe des pages et des pages de papier journal et d’interminables heures de télévision. Rien n’est dit sur les millions de gens qui ont déclaré leur opposition à la guerre contre Gaza, alors qu’on parle sans interruption du raid du Hamas sur Israël le 7 octobre, des préparatifs israéliens pour la guerre, de la campagne de bombardement et des visites des principaux dirigeants occidentaux — Biden, Sunak, Scholz, Macron et autres — à Jérusalem pour déclarer leur solidarité indéfectible avec Netanyahou et Israël.


Ce week-end, par exemple, le New York Times n’a même pas parlé des manifestations dans le monde entier contre la guerre dans ses éditions imprimées, se contentant d’un petit article dans son édition en ligne sur une marche pro-palestinienne sur le pont de Brooklyn. Cet article a été relégué dans la section «New York» de l’édition en ligne, qui ne contient que des informations d’intérêt local.

Le Washington Post a adopté une politique similaire. Il a publié une synthèse des manifestations mondiales dans une colonne d’opinion en ligne qui n’a pas été publiée dans l’édition imprimée. CNN a publié un seul article de moins de 600 mots sur son site web, alors que d’interminables heures d’émission ont été consacrées aux opérations militaires israéliennes et au raid du Hamas.

Il y a vingt ans, des millions de gens ont manifesté à travers le monde pour protester contre l’invasion imminente de l’Irak par les États-Unis, qui était largement — et à juste titre — considérée comme un crime de guerre éhonté. Le gouvernement Bush a utilisé les attaques terroristes du 11 septembre pour donner une justification bidon de plans préparés de longue date pour s’emparer de Bagdad et piller les vastes ressources pétrolières du pays.

À l’époque, le New York Times notait, avec grand étonnement: «La rupture de l’alliance occidentale sur l’Irak et les énormes manifestations anti-guerre dans le monde entier ce week-end nous rappellent qu’il y a peut-être encore deux superpuissances sur la planète: les États-Unis et l’opinion publique mondiale». Traduis en termes de classe, il s’agissait de reconnaître que l’impérialisme américain était confronté à un adversaire plus puissant que n’importe quel État: les masses de travailleurs du monde entier qui détestent la guerre et l’oppression sous toutes leurs formes.

Mais aujourd’hui, le Times et les médias qui le suivent n’osent même pas parler de l’opposition naissante aux plans de guerre de l’impérialisme américain et de ses complices sionistes. Ce n’est pas parce que la position de Washington est plus forte, bien au contraire: c’est une démonstration de faiblesse et d’une crise extrême.

Cette faiblesse et cette crise se manifestent également par la criminalisation pure et simple des manifestations contre la guerre de Gaza. Ce n’est pas assez de supprimer les nouvelles sur les manifestations, il faut encore étouffer les manifestations mêmes. En Europe occidentale, des efforts considérables ont déjà été déployés pour restreindre l’expression de slogans pro-palestiniens ou pour interdire l’affichage du drapeau palestinien, voire pour interdire purement et simplement les manifestations.

Des mesures similaires sont en cours aux États-Unis. Une résolution adoptée par le Sénat américain en est une préfiguration. Celle-ci fut rédigée et présentée par le républicain fasciste Josh Hawley et condamne les manifestations étudiantes à Harvard et dans plusieurs autres universités, au motif qu’elles étaient «pro-Hamas» et «pro-terroristes». Elle fut adoptée à l’unanimité jeudi, aucun démocrate, ni même le sénateur «socialiste» auto-proclamé Bernie Sanders, n’ayant formulé la moindre objection.

La résolution-même n’est qu’une déclaration d’opinion sans valeur juridique. Mais Hawley l’a accompagnée d’une lettre adressée au ministère de la Justice, qui demande au FBI d’enquêter sur les groupes et individus impliqués dans ces manifestations. «Étant donné l’ampleur potentielle de cette menace, je vous demande instamment de déployer immédiatement les ressources du ministère de la Justice pour enquêter sur les sources de financement de ces organisations», écrit-il. «Le premier amendement protège le droit de manifester. Mais il ne protège pas l’apport d’un soutien matériel à des organisations terroristes».

Malgré la censure des médias et les mensonges des gouvernements, les morts en masse à Gaza sont bien réelles, tout comme la révolte populaire contre elles. Les médias impérialistes ne créent pas la réalité, ils ne peuvent que la déformer et la dissimuler.

La classe dirigeante est terrifiée parce que le caractère spontané de ces manifestations montre qu’elles sont le produit d’un processus sous-jacent de radicalisation de grandes masses de gens, qu’elle ne peut pas contrôler. Elle ne contrôle pas non plus les réseaux sociaux qui ont donné au monde un flux ininterrompu d’images et de reportages sur place depuis Gaza. Ils peuvent se livrer à la censure et à la répression, mais ils ne sont pas omnipotents.

Le soutien apporté aux Palestiniens montre à quel point le récit de la propagande impérialiste est en train de s’éroder. Mais les manifestations de masse n’ont toujours pas de programme politique clair.

La question décisive est d’introduire dans ce mouvement une compréhension politique plus large qui place la guerre à Gaza dans son contexte mondial, comme l’un de plusieurs fronts dans une campagne impérialiste de plus en plus intense vers la troisième guerre mondiale. Une campagne où la guerre en Ukraine est liée, dans un front unique au plan mondial, à celle au Moyen-Orient et aux préparatifs de guerre visant la Chine.

Dans sa déclaration publiée samedi, le comité éditorial international du World Socialist Web Site a appelé à l’élargissement et au développement du mouvement contre la guerre à Gaza, à «des grèves et d’autres actions de protestation de la classe ouvrière » dans tous les pays. « Nous appelons à l’organisation de manifestations de masse dans chaque ville et de manifestations de solidarité d’urgence par les étudiants et les lycéens…»

«La force et le succès du mouvement anti-guerre », explique le WSWS, « dépendent de son développement dans le monde entier en tant que mouvement de la classe ouvrière et du socialisme».

L’occultation des manifestations de masse par les grands médias exprime la peur et l’hostilité de la classe dirigeante face à l’opposition des travailleurs et des jeunes du monde entier au génocide israélien. Le développement de ces protestations en un mouvement capable de mettre fin à la guerre impérialiste nécessite la mise en place d’une direction socialiste. Telle est la tâche essentielle.


(Article paru d’abord en anglais le 30 octobre 2023)


 

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