Le meurtre est leur métier, le racisme leur religion

Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant (G) assis à côté du Premier ministre Benjamin Netanyahu (C) lors d’une cérémonie sur une base militaire – Photo : Réseaux sociaux

 

       Par Ramzy Baroud

Beaucoup semblent oublier que, bien avant la guerre de Gaza le 7 octobre, et même bien avant la création d’Israël en 1948, le discours sioniste-israélien a toujours été celui du racisme, de la déshumanisation, de l’effacement et, parfois, du génocide pur et simple, écrit Ramzy Baroud.

« Les Tutsis sont des cafards. Nous vous tuerons. »

Les Arabes sont comme des « cafards drogués dans une bouteille ».

La première citation est une phrase fréquemment répétée par la Radio Télévision Libre des Mille Collines, une station de radio rwandaise, qui est largement accusée d’inciter à la haine envers le peuple tutsi.

La seconde est celle de l’ancien chef d’état-major de l’armée israélienne, le général Rafael Eitan, qui s’exprimait en 1983 devant une commission parlementaire israélienne.

La station de radio rwandaise incitant à la haine n’a fonctionné qu’un an (1993-94), mais ses incitations à la haine ont abouti à l’un des épisodes les plus tristes et les plus tragiques de l’histoire moderne de l’humanité : le génocide des Tutsis.

Comparez « Radio Génocide » à la propagande massive israélo-américano-occidentale, qui déshumanise les Palestiniens dans un langage presque identique à celui utilisé par les médias hutus.

Beaucoup semblent oublier que, bien avant la guerre de Gaza, le 7 octobre, et même bien avant la création d’Israël en 1948, le discours sioniste-israélien a toujours été celui du racisme, de la déshumanisation, de l’effacement et, parfois, du génocide pur et simple.

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Si l’on choisit au hasard n’importe quelle période de l’histoire d’Israël pour examiner le discours politique émanant des officierls, des institutions et même des intellectuels israéliens, on arrive à la même conclusion : Israël a toujours usé d’un discours incitant à la violence et à la haine, justifiant ainsi constamment le génocide des Palestiniens.

Ce n’est que récemment que cette intention génocidaire est devenue évidente pour de nombreuses personnes.

« Il y a (…) un risque de génocide contre le peuple palestinien », ont déclaré les experts de l’ONU dans un communiqué du 19 octobre. Mais ce « risque de génocide » n’est pas né des événements récents.

En effet, les actions politiques ou militaires efficaces, où que ce soit dans le monde, n’ont guère lieu sans un édifice de textes et de langages qui facilitent, rationalisent et justifient ces actions. La perception qu’a Israël des Palestiniens illustre parfaitement cette affirmation.

Avant la création d’Israël, les sionistes niaient l’existence même des Palestiniens. Beaucoup le font encore.

Dans ces conditions, il est logique de conclure qu’Israël, dans son esprit collectif, ne peut être moralement coupable de tuer des personnes qui n’ont jamais existé.

Même lorsque les Palestiniens interviennent dans le discours politique israélien, ils deviennent des « animaux assoiffés de sang », des « terroristes » ou des « cafards drogués dans une bouteille ». *

Il serait trop commode de qualifier cette situation uniquement de « raciste ». Bien que le racisme soit à l’œuvre ici, ce sentiment de suprématie raciale n’existe pas simplement pour maintenir un ordre sociopolitique dans lequel les Israéliens sont les maîtres et les Palestiniens les serfs. C’est beaucoup plus complexe.

Dès que les combattants palestiniens de Gaza ont franchi la clôture au sud d’Israël, tuant des centaines de personnes, pas un seul politicien, analyste ou intellectuel israélien n’a semblé s’intéresser au contexte de cet acte plein d’audace.

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Le langage utilisé après le 7 octobre par les Israéliens, mais aussi par de nombreux Américains, a créé l’atmosphère nécessaire à la réponse israélienne des plus sauvages qui a suivi.

Le nombre de Palestiniens tués au cours des huit premiers jours de la guerre israélienne contre Gaza a déjà dépassé le nombre de victimes tuées au cours de la guerre israélienne la plus longue et la plus destructrice contre la bande de Gaza, baptisée « Bordure protectrice », en 2014.

Selon DCI-Palestine, un enfant palestinien est tué toutes les 15 minutes et, selon le ministère palestinien de la Santé, plus de 70 % de toutes les victimes de Gaza sont des femmes et des enfants.

Pour Israël, aucun de ces faits n’a d’importance. Pour le président israélien Isaac Herzog, souvent perçu comme un « modéré », la « rhétorique selon laquelle les civils ne sont pas impliqués est absolument fausse ». Ils sont des cibles légitimes, tout simplement parce qu’ils « auraient pu se soulever, ils auraient pu se battre contre ce régime diabolique », a-t-il déclaré en faisant référence au mouvement Hamas.

Par conséquent, « c’est une nation entière qui est responsable », selon Herzog, qui a promis une vengeance.

Ariel Kallner, membre du parti Likoud du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a expliqué l’objectif d’Israël derrière la guerre de Gaza. « Pour l’instant, un seul objectif : la Nakba ! Une Nakba qui éclipsera la Nakba de 1948 », a-t-il déclaré.

Le même sentiment a été exprimé par le ministre israélien de la défense, Yoav Gallant, l’homme responsable de la traduction de la déclaration de guerre d’Israël en un plan d’action : « Nous combattons des animaux humains et nous agirons en conséquence », a-t-il déclaré le 9 octobre.

L’expression « en conséquence » signifiait ici qu’ « il n’y aura pas d’électricité, pas de nourriture, pas de carburant. Tout est bloqué. Et, bien sûr, des milliers de civils sont tués ».

Étant donné que les principales autorités politiques israéliennes ont déjà déclaré que tous les Palestiniens sont collectivement responsables des événements du 7 octobre, cela signifie que tous les Palestiniens sont, dans la tête de Gallant, des « animaux humains » qui ne méritent aucune pitié.

Comme on pouvait s’y attendre, les partisans d’Israël aux États-Unis et dans d’autres pays occidentaux se sont joints au chœur, utilisant également le langage le plus violent et le plus déshumanisant, renforçant ainsi le discours politique israélien dominant.

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Nikki Haley, candidate à la présidence des États-Unis, a déclaré à Fox News le 10 octobre que l’attaque du Hamas ne visait pas seulement Israël, mais qu’elle était « une attaque contre l’Amérique ».

C’est alors qu’elle a fait sa sinistre déclaration, en regardant directement la caméra : « Netanyahu, liquide-les, liquide-les (…) liquide-les ! »

Bien que le président américain Joe Biden et son secrétaire d’État Antony Blinken n’aient pas utilisé exactement les mêmes termes, ils ont tous deux fait des comparaisons entre les événements du 7 octobre et les attaques terroristes du 11 septembre. La signification de ces propos n’a pas besoin d’être précisée.

Pour sa part, le sénateur américain Lindsey Graham a rallié les partisans conservateurs et religieux américains en déclarant le 11 octobre, toujours sur Fox News : « Nous sommes dans une guerre de religion. (…) Faites ce que vous avez à faire. (…) Nettoyez l’endroit ».

Des propos bien plus graves, tout aussi sinistres, ont été tenus – et continuent de l’être. Le résultat est diffusé en continu.

Israël « achève » la population civile de Gaza, « rase x des milliers de maisons, de mosquées, d’hôpitaux, d’églises et d’écoles. En fait, il produit un nouvel épisode douloureux de la Nakba.

De Golda Meir : « Les Palestiniens n’existaient pas » (1969) à Menachem Begin : « Les Palestiniens sont des bêtes qui marchent sur deux jambes » (1982), en passant par Eli Ben Dahan : « Les Palestiniens sont comme des animaux, ils ne sont pas humains » (2013), et de nombreuses autres références racistes et déshumanisantes, le discours sioniste reste inchangé.

Aujourd’hui, tout se rejoint, le langage et l’action sont en parfaite adéquation. Il est peut-être temps de commencer à prêter attention à la manière dont le langage génocidaire d’Israël se traduit par un véritable génocide sur le terrain.

Malheureusement, pour des milliers de civils palestiniens, cette prise de conscience est tout simplement trop tardive.

25 octobre 2023 – Transmis par l’auteur – Traduction : Chronique de Palestine – Lotfallah

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