L’Occident n’arrive pas à s’entendre sur l’intelligence artificielle

 

Les pays de l’UE et les États-Unis sont unanimes sur la nécessité de réguler le développement de l’IA, mais ils n’arrivent pas à s’entendre car chacun cherche à imposer son propre scénario.

L’intelligence artificielle (IA) évolue si rapidement que de nombreux acteurs impliqués dans son développement appellent désormais activement à réglementer ce secteur. Bien que l’IA offre de nombreux avantages, elle est également potentiellement dangereuse.

Non seulement les analystes, mais aussi les politiciens parlent ouvertement depuis longtemps de la menace que représente l’IA. Il semblait qu’il suffisait de se réunir et d’adopter les normes nécessaires pour établir des règles communes pour réguler ce domaine. Mais en réalité, les choses ne sont pas si simples. Et la raison principale en est que tous les acteurs clés de l’Occident veulent gagner dans la course à l’intelligence artificielle.

Les menaces provenant de l’intelligence artificielle étaient régulièrement au centre de l’attention des analystes et des médias ces derniers temps. Les sceptiques affirment que l’IA peut être utilisée pour créer des armes cybernétiques ou biologiques. De plus, si l’un des modèles d’IA est volé ou devient accessible au public, il sera impossible d’empêcher la diffusion de la technologie dans le monde entier. Les alarmistes prétendent même que l’intelligence artificielle pourrait échapper à tout contrôle et asservir le monde.

Tous ces avertissements ne sont pas dénués de fondement, mais dans la plupart des cas, il ne s’agit que d’une possibilité hypothétique dans le futur. Cependant, dans un domaine, la menace se réalise déjà. Il s’agit du fait que l’IA contribue à des campagnes de désinformation qui peuvent devenir massives.

Les fausses informations sur les réseaux sociaux étaient déjà répandues avant l’utilisation généralisée de l’IA. L’un des acteurs principaux de ce processus a été l’ancien président des États-Unis Donald Trump. Il continue de le faire: en mai 2023, le politicien a publié une fausse vidéo d’un extrait de CNN dans laquelle l’animateur prétend que Joe Biden « continue prévisiblement à mentir, mentir et mentir ».

Le problème est que l’IA a donné un nouvel élan à l’industrie de la désinformation, rendant le processus de génération de telles infox beaucoup plus simple. Désormais, quiconque peut instantanément devenir un créateur de contenu politique grâce à de nouveaux outils génératifs d’intelligence artificielle comme DALL-E, Reface ou FaceMagic.

Les Américains sont sérieusement préoccupés par ces technologies en rapport avec la présidentielle de 2024. Par exemple, l’ancien directeur de Google, Eric Schmidt, a averti que pendant la campagne électorale, « on ne pourra faire confiance à rien de ce que l’on voit ou entend ».

Les responsables de l’UE, des États-Unis et d’autres grandes économies du monde font activement des propositions pour réguler les développements dans le domaine de l’IA. En avril, une réunion des départements technologiques du G7 a eu lieu, où des idées générales de régulation ont été énoncées.

En même temps, ces contacts révèlent également des contradictions croissantes, car chacun promeut son propre modèle de solution. Bruxelles souhaite que la législation de l’UE sur l’IA, qui devrait être adoptée d’ici décembre, serve de base à des mesures collectives de la part de l’Occident. L’UE insiste sur des restrictions strictes de l’utilisation de l’IA, qui devraient être adoptées par les États du monde entier.

Néanmoins, les États-Unis et le Japon plaident pour une approche plus souple. Ils proposent que les entreprises permettent à des observateurs externes de vérifier leurs systèmes d’intelligence artificielle quant à la présence de parti pris ou d’autres violations.

De plus, le Royaume-Uni revendique également un rôle particulier dans le développement de mécanismes de réglementation et prévoit d’organiser son propre sommet sur l’IA en novembre à Londres. Le premier ministre britannique Rishi Sunak considère cet événement comme une occasion d’accroître le rôle du pays en tant qu’acteur mondial.

Quoi qu’il en soit, les chances que les pays occidentaux parviennent à un consensus sur l’intelligence artificielle cet automne sont minces. Les contradictions sont trop fortes, et chaque partie est prête à se battre pour son propre projet comme étant prioritaire. Dans le meilleur des cas, les États parviendront à un accord très vague, sans étapes ou mécanismes clairs, se contentant de généralités.


Alexandre Lemoine


 

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