Écrits par le professeur Mostéfa Khiati et édités par l’Enag : Quatre nouveaux livres consacrés à l’Émir Abdelkader

     Mostefa Khiati est un écrivain prolifique. Professeur en pédiatrie à l’université d’Alger, médecin-chercheur ainsi que président et fondateur de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et du développement de la recherche (la Forem) en Algérie. Le professeur Khiati est l’auteur de plus de 80 livres qui embrassent plusieurs domaines: la médecine, l’Histoire, l’enfance, l’éthique, le droit international humanitaire, etc. Il a également à son actif de nombreuses publications. Actuellement, il est membre et président de la commission santé et territoire du Conseil National Economique et Environnemental Cnese.


Les Éditions Enag viennent d’éditer quatre nouveaux livres du professeur Mostéfa Khiati consacrés à l’Émir Abdelkader. Dans ces livres, l’auteur aborde des aspects inédits dans la vie et l’oeuvre de l’Émir.
Le premier de ces livres est «L’Émir, prisonnier de la France». Il réserve bien des surprises car la version en vogue jusqu’à présent provient principalement d’auteurs français. L’histoire de la captivité de lÉmir Abdelkader et de ses compagnons durant cinq ans (1848-1852) en France est en fait peu connue. L’Émir s’est-il rendu aux militaires français comme l’accréditent certains livres? Y-a-t-il eu parjure de la part des dirigeants français? L’Émir a-t-il été otage, captif ou prisonnier de la France? Quelles étaient les conditions de sa détention et de celle de ses compagnons? Pourquoi plusieurs haltes carcérales: le lazaret de Toulon, fort Lamalgue à Toulon, le château d’Henri IV à Pau, le château d’Amboise? Quelle a été la vie intellectuelle de l’Émir au cours de ces années de détention? Quelles ont été ses relations avec les autorités françaises? Pourquoi le lourd silence de la classe intellectuelle française durant tout le temps qu’a duré l’emprisonnement de l’Émir? Entre l’arrivée du prince-président Napoléon au pouvoir et la libération de l’Émir, quatre années se sont écoulées, une trop longue période pour un prisonnier fut-il prisonnier d’État ou ‘’illustre prisonnier » comme le désignaient les correspondances de l’époque. Pourquoi le futur Napoléon III a-t-il attendu autant de temps pour ‘’laver l’affront national »? L’aurait-il fait sans les pressions de l’opinion publique française et internationale?

«L’Émir Abdelkader et les minorités»

Le deuxième livre traite des relations de l’Émir avec le juifs et les chrétiens «L’Émir Abdelkader et les minorités». Bien avant les Conventions internationales qui protègent le droit des minorités, l’Émir Abdelkader a donné l’exemple de sa sollicitude envers les non-musulmans minoritaires en Algérie. Il se comportait avec eux comme avec les musulmans, voire un peu mieux étant donné leur statut de minorité. À titre d’exemple, l’Émir n’a jamais contraint une personne d’une autre confession à embrasser l’Islam, qu’il soit prisonnier ou déserteur. L’Émir jugeait les gens selon leurs compétences et non selon leur religion. Bien qu’il n’existât pas, à proprement parlé, une minorité chrétienne dans le camp arabe, l’arrivée des déserteurs en assez grand nombre, les relations commerciales, diplomatiques ou militaires nouées avec quelques personnages de confession chrétienne ont multiplié les relations de l’Émir avec les chrétiens. Pour mieux les protéger, l’Émir a publié un édit en plusieurs règles définissant le comportement des Arabes, qu’ils soient soldats ou citoyens, vis-à-vis des déserteurs rencontrés. Les relations de l’Émir avec les juifs n’étaient pas différentes de celles avec les chrétiens, elles étaient même plus cordiales eu égard au voisinage ancestral commun, alors même que les Français les méprisaient. Des communautés juives étaient présentes dans toutes les villes d’Algérie. Elles s’auto-organisaient, obéissaient à leurs lois intérieures, géraient leur justice, leurs écoles…, sans immixtion des autorités arabes. Les relations de l’Emir avec les juifs ont été particulièrement denses dans le domaine du commerce, de diplomatie, du renseignement…, où excellaient les juifs.
«L’Émir Abdelkader et ses prisonniers» est le troisième des livres parus tout récemment. Le nombre de prisonniers français tombés entre les mains de l’Emir pourrait dépasser les deux mille, ils ont connu les villes de Tlemcen, Mascara, Médéa, Nédroma, Tagdemt, Miliana ou Taza. Comment ont-ils vécu? Comment étaient-ils traités par le camp arabe? Ont-ils laissé des témoignages? Les prisonniers de l’Émir Abdelkader, pendant sa longue résistance aux forces d’occupation, ont été unanimes à reconnaitre sa générosité et sa sollicitude envers eux. L’influence de ce comportement de l’Émir sur les prisonniers a été telle, qu’aucun ancien prisonnier n’est resté longtemps après sa libération en Algérie. Ils ont tous été renvoyés en France de peur de «contaminer», de bons sentiments envers les Algériens, le reste de la troupe.
Certains prisonniers sont allés le saluer dans sa captivité en France, d’autres se sont faits muter pour être à son service, d’autres enfin ont voulu le suivre en Orient. L’étude plus approfondie du sujet des prisonniers faits durant les quinze années de résistance de l’Émir contre la plus importante armée au monde de l’époque, montre de nombreux aspects humanitaires de la part de l’Émir, difficilement imaginables pour cette époque.

Des centaines d’articles et des dizaines de livres

Le quatrième et dernier livre parle de la généalogie de l’Émir: «L’Émir Abdelkader, ses origines, sa famille et ses descendants». Malgré les centaines d’articles et les dizaines de livres qui lui ont été consacrés, l’Émir Abdelkader reste à certains égards, un personnage peu connu. Ses enfants, ses petits-enfants et ses arrière-petits-enfants, sont encore moins bien connus que lui pour plusieurs raisons dont la plus importante est peut-être celle liée au fait d’être loin de leur pays, l’Algérie. Pourtant, certains de ses descendants ont reproduit son modèle et ont été à l’origine d’évènements exceptionnels qui méritent d’être connus: Mahieddine a été à l’origine du déclenchement de l’insurrection de 1870; Ali a lancé un appel au Djihed lors de l’occupation italienne de la Libye en 1910 faisant émerger Omar El-Mokhtar; Abdelmalek a rejoint l’insurrection de Bouamama dans le Sud-Ouest algérien en 1904, il a combattu pour la libération du Maroc et a été rejoint par Abdelkrim El-Khattabi; Amel, l’une de ses arrière- petites filles, dont Mohamed son fils aîné est le grand-père, a pu convaincre Nehru de se prononcer en faveur de la cause algérienne bien avant la Conférence de Bandung qui s’est tenue en avril 1955…
Mostéfa Khiati est professeur de pédiatrie à l’université d’Alger, il est bien connu du grand public en tant qu’acteur de la société civile, spécialiste de la santé et auteur prolifique. Il est, en effet, l’auteur d’une centaine de livres dans différents domaines: pédiatrie, histoire de la médecine, enfance, éthique, droit humanitaire…
Chercheur, il a à son actif une centaine de publications scientifiques et est membre de l’Académie des sciences du monde musulman (IAS) et du Comité international de Bioéthique de l’Unesco. Le professeur Khiati est en outre un acteur social, très présent dans le domaine de la lutte contre la pauvreté, la solidarité nationale, la promotion des droits des femmes et des enfants, la lutte contre les fléaux sociaux, la préservation de l’environnement, la formation et l’aide à la promotion de la recherche.
Le professeur Mostefa Khiati est membre et président de la commission santé et territoire du Conseil National Economique et Environnemental Cnese.


 

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