Dr. Youcef Abu Bakr, représentant du mouvement Hamas en Algérie : « L’opération Déluge d’Al Aqsa est une étape et un pas de plus vers l’indépendance et la libération de la Palestine »

 

      Le temps n’est plus aux tergiversations et aux « salamalecs » de mauvais aloi, Dr Youcef Abu Baker, représentant du mouvement Hamas en Algérie, ne mâche guère ses mots. Va droit au but. C’est, contraint et forcé, après des dizaines de mises en garde, que le Hamas a été amené à lancer Déluge d’Al Aqsa.

Il est question de voler au secours d’un peuple en danger d’extermination totale. Aussi, aucun recul n’est envisagé dans l’actuelle situation, qui a prouvé qu’Israël est vulnérable. Les partisans de la normalisation, avec les traitres du Makhzen en tête, en ont eu pour leurs frais. Passionnant et très instructif entretien, appelé à demeurer comme témoignage pour l’histoire. A lire et à faire lire. Avis !

« La situation s’est nettement aggravée depuis le mandat du gouvernement actuel de l’extrême droite. Il est donc inévitable et urgent pour nous de lancer cette attaque (opération) spectaculaire. Nous faisons bras de force face à notre ennemi qui ne comprendre que le langage de la force ». 

« Cette bataille est une réaction et réponse aux multiples crimes et exactions de forces d’occupation. Aux yeux du droit international, nous sommes en situation légitime de défense ».

« Ça ne fait aucun doute que la première manche de l’opération Déluge d’Al Aqsa a mené la question palestinienne aux devants des préoccupations de la communauté internationale, non pas seulement arabe ».

« Face à la stérilité du processus de paix, on a dû faire face à ce projet de normalisation des relations qui, pour nous, est synonyme de capitulation devant l’occupation israélienne. Cette normalisation vise à faire de notre ennemi sioniste un allié des pays arabes et musulmans ».

« L’entité sioniste est une tumeur cancérigène inoculée au Proche-Orient. Il est hors de question pour les Palestiniens que cette morbide greffe se fasse à leurs dépends ».

« Nous avons brisé le mythe d’invincibilité des forces d’occupation israéliennes ».

« L’armée israélienne est lâche. Elle évite d’affronter les combattants des brigades d’El Kassam. Elle se contente de s’en prendre aux civils, sans distinction d’âge et de sexe. Elle attaque les quartiers résidentiels, les écoles et même les hôpitaux ».

« Même les ministres des Affaires Etrangères des Etats membres de la Ligue Arabe n’ont pas été en mesure de lire et d’appréhender correctement ces spectaculaires changements stratégiques imposés par le mouvement Hamas sur le terrain ».

« Si Israël n’était pas en danger existentiel, les USA n’auraient pas pris la peine d’y envoyer d’impressionnants arsenaux militaires, y compris un porte-avions. Idem pour la France, le Royaume-Uni et tous les dirigeants occidentaux ».

« Le mouvement Hamas appelle l’Autorité et le Fatah à se ranger du côté du choix du peuple palestinien, qui est celui de la résistance jusqu’à la victoire finale ».

« Il n’est pas question de parler de trêve alors que le peuple palestinien continue de se faire massacrer. Notre revendication principale est que cesse cette occupation. Le reste, tout le reste, en est une résultante logique ».

« L’entité sioniste est une tumeur cancérigène inoculée au Proche-Orient ».

 Entretien réalisé par Mohamed Abdoun

La Patrie News : L’attaque du Hamas a surpris tout le monde : quelle en était la raison et quels étaient les objectifs visés ?

Dr. Youcef Abu Bakr : L’offensive du Hamas a en effet surpris tout le monde. Pour en comprendre les motifs et les objectifs, il faut se replacer dans le contexte qui a précédé l’opération « Déluge d’Al Aqsa ».

Je dois ainsi rappeler que le mouvement Hamas a maintes fois mis en garde contre les graves et criminelles atteintes à la sainte mosquée Al Aqsa de la part de l’occupant sioniste, et les tentatives de sa judaïsation. Les colons y accomplissent de plus en plus souvent et de plus en plus librement leurs rites païens et talmudiques. Les colons, sous la protection du gouvernement d’extrême droite et de l’armée d’occupation, agressent régulièrement et sauvagement les citoyens palestiniens. Nos détenus souffrent aussi le martyr dans les prisons des forces d’occupation.

La situation s’est nettement aggravée avec l’actuel gouvernement d’extrême droite. Il est donc devenu inévitable et urgent pour nous lancer cette attaque spectaculaire. Car, il faut dire que notre ennemi ne comprend que le langage de la force.

Les gouvernements israéliens successifs ont trahi l’ensemble de leurs engagements politiques en échange de toutes les concessions faites par l’Autorité palestinienne. Israël refuse aussi de se conformer au droit international, mais aussi d’appliquer les résolutions prises à son sujet. Or, la communauté internationale n’a jamais pu ou voulu forcer Israël à se plier au droit international, et à respecter ses propres engagements.

Ce gouvernement, bien plus que ceux qui l’ont précédé, ne respecte que ceux qui imposent leur volonté par la force. Il est de notre devoir de défendre le peuple palestinien, en même temps que ses valeurs sacrées.  Cette bataille est une réponse directe aux multiples crimes et exactions de forces d’occupation. Aux yeux du droit international, nous sommes en situation de légitime défense. Cette bataille est également motivée par le fait que nous croyons, au mouvement Hamas, que seule la résistance armée peut permettre la libération de notre nation. Tous les peuples sous occupation bénéficient du droit légitime, légal et moral de se défendre par la force, et de jeter à bas le joug colonial.

Cet effet de surprise est secondaire. Il relève juste d’une tactique suivie par nos dirigeants. Cela relève de la stratégie du mouvement Hamas pour libérer ses territoires. Il n’est pas du tout, question d’une prétendue paix qui prévalait avant le Déluge d’Al Aqsa.

Nous avons maintes fois mis en garde contre les exactions commises par ce gouvernement d’extrême droite. Il était impossible pour nous de rester silencieux et passifs face aux multiples exactions et agressions subies par notre peuple. L’opération Déluge d’Al Aqsa est une étape et un pas de plus vers la libération de la Palestine.

Quels avantages et quelles réalisations pensez-vous avoir retirés de cette attaque majeure qui a ramené la question palestinienne sur le devant de la scène médiatique et politique ?

Il ne fait aucun doute que la première manche de l’opération Déluge d’Al Aqsa a ramené la question palestinienne aux devants des préoccupations de la communauté internationale, et pas seulement arabe. Il est question d’imposer une solution définitive à la question palestinienne. Le processus de paix était arrivé face à un mur infranchissable.

Celui-ci n’a rien apporté de bon au peuple palestinien. Il a uniquement et exclusivement servi l’occupation israélienne à travers la prolifération des colonies illégales et de l’aggravation du processus insidieux de judaïsation d’Al Qods. En parallèle du stérile processus de paix, on a dû faire face à ce projet de normalisation qui, pour nous, est synonyme de capitulation devant l’occupation israélienne.

Cette normalisation vise à faire de l’ennemi sioniste un allié naturel des pays arabes et musulmans. Il nous fallait remettre les choses à leur situation originelle. L’entité sioniste est une tumeur cancérigène inoculée au Proche-Orient. Il est hors de question pour les Palestiniens que cette morbide greffe se fasse à leurs dépens.

Ici réside les principaux objectifs et acquis de l’opération Déluge d’Al Aqsa. Le second objectif consistait pour nous à prouver à ceux qui acceptent la présence et l’existence de cette entité comme une fatalité, nous avons les moyens de la vaincre, de l’ébranler et de récupérer l’intégralité de nos terres illégalement spoliées.

Nous avons déjà vécu et prouvé cela en 2005 à Ghaza, lorsque nous avions forcé l’ennemi à opérer un repli total. C’est également le cas présentement. Tous les colons présents à proximité de la bande de Ghaza. Nous avons brisé le mythe d’invincibilité des forces d’occupation israéliennes. Cette opération a prouvé que la résistance armée et la voie idoine, et que le processus de paix était une tromperie et une voie sans issue. Nous ne comptons pas nous arrêter en si bon chemin. Notre objectif est de récupérer toutes nos terres spoliées, depuis la mer jusqu’à l’océan.

Comment nos frères palestiniens survivent-ils ou survivent-ils aux représailles criminelles pratiquées par les forces d’occupation israéliennes contre les résistants et la population civile ?

Il va sans dire que le vaillant peuple de Ghaza souffre d’un crime de génocide de la part des forces d’occupation israéliennes. Ces dernières se vengent par rapport à l’humiliation  de leur fausse image d’invincibilité et d’infaillibilité.

L’armée israélienne est lâche. Elle évite d’affronter les combattants des brigades d’El Kassam. Elle se contente de s’en prendre aux civils, sans distinction d’âge et de sexe. Elle attaque les quartiers résidentiels, les écoles et même les hôpitaux.

Ces bombardements aveugles et terroristes, ajoutées aux coupures d’eau et de courant, ont causé le déplacement de plus d’un quart de million de Palestiniens. Des quartiers résidentiels entiers ont été rayés de la carte. Le blocus total dont  sont victimes les populations civiles est une infraction flagrante au droit international et à la convention de Genève. L’occupant et agresseur israélien s’en revendique même, assuré qu’il est de sa totale impunité. Nos souffrances et nos sacrifices nous renforcent dans nos choix et nos combats. L’occupant israélien n’a pas d’autre choix que de quitter nos terres ancestrales. C’est l’unique alternative que nous lui laissons.

Que pensez-vous des différentes réactions face à ce qui se passe en Palestine ? Je parle en particulier des pays arabes islamiques, de la Ligue arabe, de l’Occident et des Nations Unies.

Certains pays partisans de la normalisation, notamment arabes, avaient parié sur la prétendue expérience militaire et les armements sophistiqués des forces d’occupation israéliennes, avec leurs systèmes de renseignements censés être à la pointe. Or, cette armée d’occupation s’est montrée incapable de protéger ses colons et ses propres soldats.

Dès lors, on comprend aisément la confusion et la gêne des pays qui avaient joué à fond cette carte de la normalisation. Ces pays pensaient tirer des bénéfices politiques, militaires et géostratégiques de leur alliance avec Israël, cette tumeur cancérigène artificiellement implantée dans la région moyen-orientale.

Ces pays n’ont fait que suivre des mirages. Ils ont été sourds et aveugles face aux protestations de leurs peuples et de leurs consciences. C’est ainsi que nous interprétons les réactions des pays partisans de la normalisation.

Quant aux autres, ils en sont encore au stade oscillant entre le choc pour les uns et l’attentisme pour les autres. Rares sont les pays qui soutiennent clairement et courageusement le droit du peuple palestinien à l’autodétermination. Même les ministres des Affaires Etrangères des Etats membres de la Ligue Arabe n’ont pas été en mesure de lire et d’appréhender correctement ces spectaculaires changements stratégiques imposés par le mouvement Hamas sur le terrain. Si Israël n’était pas en danger existentiel, les USA n’auraient pas pris la peine d’y envoyer d’impressionnants arsenaux militaires, y compris un porte-avions. Idem pour la France, le Royaume-Uni et tous les dirigeants occidentaux. Ces dirigeants sentent que cette entité, enfant gâté des Occidentaux, est plus que jamais en danger d’existence.

Qu’en est-il de l’autorité palestinienne dirigée par Mahmoud Abbas ?

L’Autorité palestinienne a subi d’énormes pressions pour condamner la légitime résistance de notre peuple et de ses représentants. Celle-ci a au moins rappelé le droit du peuple palestinien à se défendre contre ses agresseurs.

Toutefois, nous avons besoin de voir évoluer les positions afin d’arriver à une stratégie nationale claire, basée sur le droit à la résistance et sa légitimité face à l’occupation israélienne. Tous doivent se rendre compte que l’action politique et le processus de n’apportent rien de bon au Palestiniens, mais servent grandement le statuquo entretenu par Israël qui, pendant ce temps, crée de nouvelles colonie, poursuit son insidieux processus de judaïsation d’Al Qods, tout en maintenant son embargo criminel contre Ghaza.

Le mouvement Hamas appelle l’Autorité et le Fatah à se ranger du côté du choix du peuple palestinien, qui est celui de la résistance jusqu’à la victoire finale. En ce virage historique, Il est demandé que l’Autorité tourne définitivement la page de sa coopération sécuritaire avec les forces d’occupation israéliennes.

Vous avez prouvé par votre comportement courageux et inattendu qu’Israël et le Mossad ne sont pas infaillibles. Qu’exigerez-vous en échange d’une éventuelle trêve, sachant que vous détenez un très grand nombre de soldats et de colons israéliens ?

Il n’est pas question de parler de trêve alors que le peuple palestinien continue de se faire massacrer. Notre revendication principale est que cesse cette occupation. Le reste, tout le reste, en est une résultante logique.

Avant l’opération Déluge d’Al Aqsa, nous n’avons eu de cesse d’exiger la fin de cette occupation, l’accaparement de nos symboles religieux et la judaïsation d’Al Qods, première Qibla, troisième lieu saint de l’islam, et antichambre vers les cieux. Si l’ennemi sioniste admet qu’il a été vaincu, nous pourrions entamer une phase de négociations, relatives notamment à la libération de nos prisonniers qui croupissent dans les geôles de l’occupant israélien.

Toute négociation doit chercher à renforcer les acquis obtenus grâce à l’opération Déluge d’Al Aqsa. Mais si l’occupant cherche à imposer ses points de vue et sa politique expansionniste d’apartheid, notre seule réponse sera la poursuite de la résistance. Déluge d’Al Aqsa noiera inchallah les armes criminelles et  destructrices des forces d’occupation.


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