Crimes sionistes : que faire ?

par Ibrahim Taouti

Les criminels ne sont pas les juifs mais des sionistes. Beaucoup de juifs, intellectuels et rabbins orthodoxes, s’entendent sur le fait que le sionisme est la négation de la tradition juive.

Yosef Salmon, expert de l’histoire du sionisme, estime qu’il pose «la plus grave des menaces», car il vole à la communauté de la diaspora et en Israël son patrimoine et l’objet de ses attentes messianiques. Dans ‘’Au nom de la Torah», Yakov M. Rabkin, raconte la résistance à cette menace «implacable»1. Les sionistes qualifient ces résistants, rabbins compris, d’antisémites ! L’historien Noah J. Efron affirme que la société israélienne adopte des attitudes ouvertement antisémites à l’égard des juifs traditionnels2 ; à la menace sioniste, on doit opposer «un rejet sans compromis»3. La discrimination des Ashkénazes (juifs des pays du Maghreb et du Moyen-Orient) par les Séfarades (juifs de Russie, d’Europe et des USA) au pouvoir est connue. Ce qui l’est moins, c’est qu’à sa naissance, au XIX siècle, le concept de nation «sioniste» avait été rejeté par la majorité des juifs, car, pour le rabbin Isaac Breuer (1883-1946), penseur de l’orthodoxie moderne, il «est l’ennemi le plus terrible qui ait jamais existé pour le peuple juif».

La thèse sioniste est que les juifs de la terre sont étrangers partout dans le monde, sauf en Israël. Ils soutiennent l’identité sionisme-sémitisme pour amalgamer l’antisioniste identifié à l’antisémite ! Or, l’Arabe est tout aussi sémite si on accepte qu’il descende de Sem le fils de Noh ! La thèse sioniste signifie que l’État d’Israël est celui des juifs du monde et prône leur attachement à Israël. Les sionistes redoutent que la population juive ne soit minoritaire, d’où l’apartheid, l’humiliation, les crimes de masse contre les non sionistes ; le mécanisme de l’Aliya (facilitant l’émigration des juifs vers Israël) ne fonctionne que par l’entretien, par la propagande sioniste, de l’antisémitisme. Le judaïsme, religion juive monothéiste, n’est pas le fondement de l’État sioniste d’apartheid. Il le récuse ! L’Histoire enseigne que lors du siège de Jérusalem par les Romains au 1er siècle, le peuple juif s’était divisé. Les rabbins voulaient négocier alors que ceux prônant la violence voulaient riposter, prenant leur propre camp en otage et brûlant ses vivres qui, selon le Talmud, auraient suffi à leur subsistance des années durant. La tradition juive condamne les adeptes de la violence et loue ceux qui s’en séparent. C’est clairement et maintes fois affirmé par leurs Livres sacrés : «Dieu ne nous a pas envoyés en exil parce que nous n’avions pas d’armée, mais parce que nous avons péché». Et le Coran : «Nous les avons répartis en communautés sur la terre. Il y a parmi eux des gens de bien, et d’autres qui le sont moins (…) peut-être reviendraient-ils au droit chemin»4 (traduction libre). Le concept judaïque de «nation» est basé sur l’allégeance à la Torah et pas sur l’appartenance à l’ethnie ou à un territoire.

La politique de l’entité sioniste est conçue et appliquée pour être source d’actes antisémites, afin que tout juif dans le monde soit assimilé automatiquement à Israël. Toute manifestation «antisioniste» devient appel à la haine, à l’antisémitisme ! Durant la guerre de libération de l’Algérie, l’avocat d’un fidaï condamnait cette bionomie : “être anticolonialiste, c’est être antifrançais”. Attal, le footballeur algérien de Nice fût condamné sur la base de l’assimilation: l’antisioniste est un antisémite ! Or, les sionistes ont pris la Palestine pour ériger un Etat d’apartheid ; en Palestine, les Arabes avaient cohabité durant des siècles avec chrétiens et hébreux. Les Palestiniens majoritaires n’y ont pas de droits désormais. La fiction de la «diaspora» multi-nationalités, que les sionistes alimentent par la chimère de l’État «démocratique», sont deux assertions entretenues pour cacher leur terrorisme.

Des milliers de Palestiniens sont enfermés sans jugement ; des mûrs de séparation sont érigés pour contenir la majorité des habitants dans des enclaves; des colons sont armés pour les terroriser; l’armée et la police tirent à balles réelles sur les manifestants et sur les enfants jetant des cailloux. Des entraves sont systématiquement érigées pour empêcher l’Autorité palestinienne de fonctionner. Israël nie à ce peuple son droit à l’autodétermination, énoncé dans de très nombreuses résolutions de l’Assemblée générale de l’ONU, notamment la résolution 67/19 accordant à la Palestine le statut d’État observateur et qui: «réaffirme le droit du peuple palestinien à l’autodétermination et à l’indépendance dans un Etat de Palestine situé sur le territoire palestinien occupé depuis 1967». Les Palestiniens, enfants, femmes, vieillards ne sont pas épargnés par la terreur conçue, planifiée et appliquée à leur encontre, car formant la majorité des habitants de la Palestine historique; l’objectif est de les éradiquer, les contraindre à émigrer, à abandonner leur terre ancestrale ! Et si Israël ne reconnaît aucune frontière à la Palestine, Israël n’a donc pas de frontières ! Personne ne connaît ses limites territoriales, sauf les sionistes avec des lignes imaginaires que représente leur emblème : l’étoile de David entre les deux traits bleus symbolisant le Nil et l’Euphrate !

Le soutien occidental inconditionnel à Israël trouve sa source dans leur mauvaise conscience. Au contraire des pays arabo-musulmans où les juifs trouvaient refuge, à toutes les époques de l’histoire, ailleurs, les juifs ont été massacrés depuis des temps immémoriaux, accusés au Moyen-Âge de déicide (ils auraient tué le Christ) et de tous les maux de la terre ! Leur soutien aux crimes d’Israël soulage leur conscience collective d’antisémites de l’Histoire et l’explique. Le sionisme devient, par magie, l’objet de leur amour qu’explique le Syndrome de Lima (envers de celui de Stockholm), avec la non-reconnaissance de l’État palestinien en prime !

Les USA veulent reconfigurer le Moyen-Orient sous leur hégémonie avec Israël, dans une Union se substituant à la Ligue arabe et à l’Organisation des pays musulmans, d’où la propagande pour la division arabes/non arabes, musulmans sunnites/chiites, en soutenant les guerres entre eux ! En proposant l’accord dit d’Abraham avec les sunnites, acceptant que Jérusalem soit la capitale d’Israël. Or, ce sont les chiites qui ont soutenu et soutiennent le peuple sunnite de Ghaza ; et avec force.

Que faire ? L’Afrique du Sud a montré le chemin aux Etats par sa plainte contre Israël à la Cour internationale de justice. Or, si la CPI avait réagi très vite à la plainte contre la Russie, à qui des crimes en Ukraine sont attribués, ne nous étonnons pas qu’elle n’aura pas le même empressement contre Israël. Des plaintes lui avaient été déjà soumises par des ONG, en janvier 2009, sans résultat. La politique des deux poids, deux mesures existe en droit pénal international !

Or, il existe une autre solution.

Israël commet un terrorisme d’État contre une population enclavée dans deux régions séparées l’une de l’autre et dont les frontières sont sous son contrôle absolu. Son armée se compose principalement par des binationaux. On peut utiliser le Principe de Compétence universelle là où il est admis et mis en œuvre, c’est-à-dire dans la quasi-totalité des pays de l’Union européenne. Il permet aux ONG de défense des droits de l’homme de soumettre des plaintes aux procureurs des pays admettant ce principe pour les crimes imprescriptibles, et ce, contre, d’une part, les responsables d’Israël en visite dans l’un de ces pays et, d’autre part, contre les binationaux sionistes ayant fait leur service militaire en Israël, participé aux guerres contre les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, de décembre 2008 à janvier 2009 (opération israélienne Plomb durci), en été 2014 (opération Bordure protectrice), en 2018 (Opération marche pour Gaza) au cours de laquelle les soldats ont ouvert le feu et tué plus de 200 civils palestiniens et blessé de nombreux autres et depuis le 7 octobre 2023 (opération Plomb durci) qui continue de faire des victimes au grand jour, au vu et au su du monde.

Leurs crimes imprescriptibles sont de la compétence des juridictions nationales des pays de résidence de ces binationaux sionistes. Ils ont commis ou ont été complices de génocide (visant un groupe choisi pour son ethnie ou sa religion)5, de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre ciblant civils, journalistes, médecins…, détruit des bâtiments civils, hôpitaux, ambulances, etc.6 Si leur défense soutient, comme le fait Israël, qu’ils ont répondu à l’attaque du Hamas, mouvement politique de résistance qualifié de terroriste, il est admis qu’Israël a participé à son financement, l’a opposé à l’Autorité palestinienne pour maintenir l’occupation et que RIEN ne justifie l’attaque disproportionnée d’Israël contre tout un peuple, enclavé de surcroît par la force.

*Juriste

Notes

1- Yakov M. Rabkin, Au nom de la Torah. Une histoire de l’opposition juive au sionisme, Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 2004

2- Noah J. Efron, Real Jews. Secular versus ultra-Orthodox and the Struggle for Jewish Identity in Israel, New York, Basic Books, 2003

3- Yosef Salmon, Zionism and Anti-Zionism in Traditional Judaism in Eastern Europe, in Shmuel Almog, Jehuda Reinharz, Anita Shapira (eds), Zionism and Religion, Hanover (NH), Brandeis University Press / University Press of New England, 1998, p. 25.

5- Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (article VII)

6- Les 4 Conventions de Genève, art. commun 49/50/129/146)


     Guerre Israël – Gaza : le jeu trouble et dangereux des États-Unis


            Ghaza: Le carnage continue

   par Mohamed Mehdi

Au 141e jour de l’agression israélienne contre Ghaza, le bilan a atteint, samedi, 29.606 martyrs et 69.737 blessés, a indiqué le ministère de la Santé de l’enclave. La même source a précisé que l’armée de l’occupation israélienne a commis 8 massacres durant la journée de vendredi, faisant 92 martyrs et 123 blessés. Depuis le 7 octobre 2023, Israël a commis 2573 massacres à Ghaza. En Cisjordanie occupée, les massacres de l’armée sioniste et des colons juifs ont fait 406 martyrs, et 4600 blessés, selon un bilan établi par Al Jazeera English (AJE). Hier, samedi, les bombardements de l’armée sioniste ont ciblé particulièrement des villes et des quartiers du centre et du sud de Ghaza y compris Rafah où des raids ont visé des maisons et des tentes faisant de nombreux martyrs, tous des femmes et des enfants.

Hier vers 12h30 GMT, AJE annoncé au moins 7 martyrs et plusieurs blessés lors d’un bombardement à Rafah. La même source a ajouté que le carnage a ciblé une zone qui se trouve sur une route très fréquentée menant à un marché.

Les victimes de ce bombardement à Rafah ont été « brûlées au point d’être méconnaissables », indique le journaliste Hani Mahmoud d’AJE. « La zone a tremblé comme si un tremblement de terre la frappait. Il y avait une destruction totale et des incendies partout. Des voitures ont été réduites en cendres et des personnes se trouvant sur les trottoirs ont été grièvement blessées. Des victimes ont également été extraites des décombres du bâtiment », ajoute le correspondant d’Al Jazeera English.

Selon lui, le bombardement a fait 7 martyrs, dont cinq ont été identifiés. « Deux autres n’ont pu être identifiés car ils ont été calcinés au point de devenir méconnaissables », ajoute-t-il. Relatant un massacre commis la veille à Rafah, des citoyens racontent à AJE : « Nous avons collecté des parties du corps de femmes et d’enfants », a rapporté également AJE relatant un bombardement de la veille (nuit de vendredi à samedi) contre une habitation à Deir Al-Balah, dans le centre de Ghaza, où « plus de 150 personnes déplacées se sont réfugiés dans une maison familiale ». « Vous pouvez voir par vous-même les corps. Tous les martyrs sont des femmes et des enfants. Il n’y a pas d’endroit sécurisé où aller. Nous avons tous été déplacés, nous avons tous perdu notre maison. Où voulez-vous qu’on aille ? Le monde entier nous regarde. Ayez pitié de nous », a déclaré une femme à Al Jazeera. Décrivant les détails du massacre, la même source fait parler des proches de victimes : « Nous avons collecté des parties de corps de femmes et d’enfants. Je jure devant Dieu qu’ils étaient tous des femmes et des enfants âgés de 7, 8 et 12 ans. Qu’ont-ils fait pour mériter de mourir ainsi ? Qu’a fait cette jeune fille à Israël pour être démembrée ainsi?». Par ailleurs, un correspondant d’Al Jazeera a rapporté hier le martyr d’un enfant et plusieurs autres personnes ont été blessées dans un bombardement israélien qui a visé une mosquée dans la ville d’Al-Zawaida, dans le centre de Ghaza. A l’ouest de Khan Younes, au sud de Ghaza, un bombardement israélien a fait un martyr et plusieurs blessés qui ont été transportés à l’hôpital des Martyrs d’Al-Aqsa à Deir al-Balah, dans le centre de l’enclave, selon un correspondant d’Al Jazeera. La même source a également indiqué que plusieurs frappes aériennes de l’occupation israélienne ont ciblé la ville de Khuza’a, à l’est de Khan Younes. Toujours à Khan Younes, des citoyens ont retrouvé les corps de 2 martyrs victimes de tirs de soldats de l’armée israélienne, selon un correspondant d’Al Jazeera.

Une famine programmée

Dans tout Ghaza, mais surtout dans les zones du nord de l’enclave, la famine prend de l’ampleur et touche particulièrement les enfants et les femmes, enceintes et allaitantes surtout. Le porte-parole du ministère de la Santé à Ghaza a déclaré hier à Al Jazeera que « plus d’un million de personnes souffrent de malnutrition sévère dans la bande de Ghaza », ajoutant que « l’occupation refuse de livrer des fournitures médicales et du carburant au nord de la bande de Ghaza, notant que l’occupation a détruit 150 établissements médicaux et mis 32 hôpitaux hors service ». Dans le camp de Jabalia, au nord de Ghaza, des habitants dont des enfants ont organisé une manifestation au cours de laquelle ils ont affirmé qu’ils souffraient d’une véritable famine et que l’empêchement de l’aide humanitaire par l’occupation visait à les pousser à fuir vers le sud de l’enclave.

Selon AJE, des images satellites, enregistrées le 21 février, montrent « plus de 1000 camions d’aide humanitaire, la plupart d’entre à l’intérieur de la zone logistique en cours de construction du côté Egyptien, attendant d’entrer par le point de passage de Rafah ». La même source a indiqué que l’Égypte a entamé les travaux de construction de cette zone le 7 février dernier, sur une superficie d’environ 16 km². « Le 17 février, le gouverneur du Nord-Sinaï, le général Mohamed Abdel Fadil Shousha, a annoncé que les travaux de construction – qui, selon de nombreuses hypothèses, devaient servir de zone tampon pour accueillir les réfugiés palestiniens de Rafah, en cas d’assaut terrestre israélien – de la zone en cours de création et d’équipement, comprend des aires de stationnement pour les camions, des entrepôts sécurisés, des bureaux administratifs et des logements pour les chauffeurs, ainsi que des moyens de subsistance et de l’électricité », indique la même source. De son côté, Tor Wensland, envoyé spécial de l’ONU pour la paix au Moyen-Orient, a déclaré jeudi que les personnes déplacées à Ghaza « sont confrontées à une grave pénurie d’abris, de nourriture et de médicaments ». Ajoutant : « Notre capacité à fournir de l’aide à Ghaza dépend des conditions de sécurité et de l’approbation d’Israël ».

Cisjordanie occupée: 7.210 détenus depuis le 7 octobre

« Les forces d’occupation israéliennes ont arrêté au moins 22 Palestiniens au cours de la nuit (de vendredi) en Cisjordanie occupée, dont un journaliste et deux enfants », a indiqué hier la Société des Prisonniers Palestiniens (PPS).

La même source précise que ces arrestations « portent à 7210 le nombre de Palestiniens arrêtés dans les territoires occupés depuis le 7 octobre ». « Les forces israéliennes ont mené des raids et procédé à des arrestations dans de nombreuses régions au cours de la nuit, notamment à Al-Khalil, à Tulkarem, dans la ville de Beit Furik et dans plusieurs villages au nord-est de Jénine, ajoute PPS. Samedi, dans la ville de Ariha, « les colons ont pris d’assaut la communauté bédouine d’Arab Al-Mleihat au nord-ouest de la ville », a indiqué l’agence palestinienne Wafa.

« La violence des colons israéliens contre les Palestiniens et leurs biens est courante en Cisjordanie occupée et rarement poursuivie par les autorités israéliennes. Cela inclut des incendies de biens et des mosquées, des jets de pierres, le déracinement des cultures et des oliviers, des attaques contre des habitations vulnérables », ajoute Wafa. Hier également, les forces sionistes « ont pris d’assaut la localité d’Asira et Beit Umarin, au nord de la ville de Nablous », écrit encore l’agence, qui ajoute que l’occupation a « fermé l’entrée du village de Brizalia au nord-ouest de la ville, par des remblais ». A Jénine, foyer d’une importante résistance palestinienne armée, les forces de l’occupation israélienne « ont pris d’assaut la localité de Ya’bad au sud-ouest de la ville, et ont intensifié les mesures militaires dans les villages et localités dans », ajoute l’agence Wafa, qui rapporte aussi un « assaut sur plusieurs quartiers des fouilles dans les maisons »


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