Le Conseil mondial de la diaspora algérienne est né

      De notre correspondante à Paris Maya Zerrouki

Le 8 mars 2024 actera la naissance du Conseil mondial de la diaspora algérienne à l’Hôtel Intercontinental de Paris face à une assemblée composée de plus de 400 personnes venues des quatre coins du monde en réponse à l’appel lancé, il y a cinq semaines, par son fondateur, Karim Zeribi. Connu pour son franc-parler et ses prises de position courageuses, Zeribi revient au-devant de la scène en portant cette fois-ci le projet de regrouper les Algériens du monde. Il ouvrira la cérémonie par un magnifique clip montrant la beauté de l’Algérie, rappelant ses multiples potentiels sociologiques et économiques.
Après un long plaidoyer pour le rassemblement des forces algériennes positives et de l’intérêt de se constituer en lobby, notre hôte rappellera l’origine de ce conseil, dont l’idée est née autour d’une émission télévisée avec le député algérien de l’immigration, Mohamed Henni.
Une minute de silence en solidarité avec le peuple palestinien s’ensuivra dans une communion à laquelle s’est jointe l’assemblée avec grande émotion.
D’entrée de jeu, Karim Zeribi donne les grandes lignes directrices de son conseil, ses objectifs et ses méthodes. Principalement : contribuer au développement de l’Algérie par tous les moyens et tous les canaux. Des tables rondes s’ensuivent avec des thématiques autour des objectifs du conseil : créer un réseau diaspora mondial à travers un annuaire digital, organiser de grands évènements où les Algériens se retrouvent, créer un guichet-comptoir à Alger et à Paris qui réceptionnerait les projets et les ferait suivre aux experts, aux fonds d’aide, etc. À titre d’exemple, deux projets ont été exposés durant la soirée, celui d’une clinique cardiologique en cours d’achèvement à Tipaza et celui d’un éco-complexe touristique à Djanet.

Karim Zeribi, fondateur du CMDA, au Soir d’Algérie :
«Notre rôle ? Défendre l’Algérie»

Rencontré le soir du lancement du CMDA, Karim Zeribi nous livre ses projections.

Le Soir d’Algérie : Nous venons d’assister à la naissance du CMDA. Qu’en attendez-vous exactement ?
Karim Zeribi :
 L’idée première du Conseil mondial de la diaspora algérienne est de réunir les compétences algériennes qui sont dispersées dans le monde. C’est une diaspora qui ne se connaît pas, qui ne se rencontre pas assez et qui ne s’est pas encore identifiée. On ne travaille pas suffisamment ensemble. Dans un deuxième temps, pour contribuer au développement économique de l’Algérie avec beaucoup d’humilité parce que l’Algérie possède des entrepreneurs, des universitaires, des gens brillants qui n’attendent pas la diaspora pour exister mais nous avons une pierre à apporter à l’édifice de l’Algérie nouvelle. Dans cette optique, nous souhaitons faire en sorte que des projets économiques tous secteurs confondus soient portés par la diaspora à travers un comptoir d’accueil de ces projets qui seront traités et orientés vers les investisseurs intéressés.

Comment mesurez-vous la réactivité de la diaspora algérienne face à votre appel ?
Nous avons fait salle comble ce soir. Nous avons reçu plus de 400 personnes alors qu’on en attendait 200 après 5 semaines de communication seulement ! Nous aurions pu en accueillir 1 000 ou 2 500 même si la salle s’y prêtait ! Cela veut dire qu’il y a un engouement autour de la diaspora et que cet engouement-là, il faut qu’on le structure aujourd’hui. Il y a des associations qui existent déjà et qui font un travail remarquable mais nous, nous avons une identité internationale et c’est ça qui est important. On dépasse les frontières et dans un monde ouvert où la mondialisation crée des interdépendances, il nous fallait une diaspora à l’international qui soit forte.

Vous donnez une forme d’entreprise au conseil. Pourquoi ?
En effet, c’est une société qui va être montée et dont le siège sera à Bruxelles, le cœur du Parlement européen. Cette société va avoir des abonnés à l’annuaire international de la diaspora algérienne et ce sont ces abonnés-là qui vont pouvoir participer aux événements que nous allons organiser. Il y en aura 3 cette année. Celui d’aujourd’hui à Paris, Alger les 27 et 28 avril prochain et enfin Bruxelles. Il faut qu’on parle de l’Algérie positivement, on a trop d’«Algérie bashing», les gens critiquent l’Algérie sans la connaître. Notre rôle en tant que diaspora, c’est de défendre l’Algérie aussi quand elle est attaquée. Nous ne sommes pas un mouvement politique, la politique fait son travail et elle le fait bien. Et pour paraphraser le président Kennedy, je dirai, ce soir on se demande ce qu’on peut faire pour l’Algérie.

Quels échos avez-vous reçus de l’État algérien sur le CMDA ?

Les autorités algériennes voient positivement la création de ce Conseil mondial de la diaspora parce qu’il correspond aux appels lancés par le président de la République. Nous avons bien entendu cet appel auquel nous répondons aujourd’hui. Nous allons participer à la construction de l’Algérie nouvelle.

Rétrospectivement, qu’est-ce qui a manqué à la communauté algérienne de l’étranger pour s’organiser plus tôt ?
Aujourd’hui, je dirai qu’il y a un contexte favorable à la naissance du CMDA. Il y a les appels lancés par le président de la République à la diaspora qui, elle-même, est arrivée à maturité. Nous avons une communauté de belles réussites dans le monde culturel, sportif, économique, universitaire et scientifique. Il y a comme un alignement favorable des planètes et c’est le bon moment pour agir. Ernest Hemingway a dit «la terre ne ment jamais» et c’est l’appel des racines que j’entends. C’est l’évolution aussi des sociétés.
L’Algérie est aussi notre pays d’origine et nous voulons créer des ponts là où certains veulent élever des murs.
M. Z.

Impressions des personnalités présentes

Sabrina Sebaihi, députée Europe Écologie les Verts : «C’est très important qu’il y ait ce genre de rencontres et d’échanges entre Algériens. Cela va permettre de faire grandir la diaspora qui pourra ainsi être d’un apport positif pour le pays d’origine.»

Samy Naceri, comédien : «J’ai répondu présent à l’invitation de Karim car c’est important pour moi de contribuer au développement du pays de nos parents et grands-parents. Ce serait magnifique qu’il y ait des co-productions entre l’Algérie et la France ou la Belgique par exemple. Mon cheval de bataille a toujours été l’accès à la culture et je serai là si on me le demande.»

Zinedine Soualem, comédien : «Il est temps que les Algériens s’unissent et soient solidaires. Cette initiative est louable et je suis plutôt confiant quant à son évolution. Les choses bougent des deux côtés et il est temps de créer notre lobby algérien à l’instar des autres communautés. Je suis né en France, est-ce que le mot diaspora s’adapte à moi ? Je ne sais pas mais je sais que je peux apporter ma contribution à mon pays d’origine et ce serait avec plaisir.»

Smail Chikhoune, président du conseil d’affaires algéro-américain : «C’est une excellente initiative, je crois que la diaspora algérienne est plus mûre maintenant qu’il y a 12 ans lorsque j’avais créé l’association AIDA. Je pense que les choses n’étaient pas encore au point à ce moment-là. J’espère que le CMDA réussira à rassembler les Algériens hors de France et hors d’Europe. Nous avons 50 000 Algériens aux USA, ils sont 15 000 en Californie dont beaucoup d’entre eux sont à la Silicon Valley à des postes clés. Je souhaiterais qu’il y ait des Business Angeles algériens pour accompagner les projets comme ça a été le cas pour Yassir par exemple puisque son fondateur a bénéficié d’un fonds d’investissement d’un Business Angels algéro-américain pour créer son VTC en Algérie. C’est l’exemple le plus parlant pour moi.»

Rafik Temghari, président du cercle Émir-Abdelkader : «En tant que président des élus franco-algériens, je ne peux que me réjouir de cette initiative. C’est une belle soirée de lancement où on assiste à la fusion des énergies positives et constructives. Il faut encourager ce genre d’initiatives qui visent à développer notre pays d’origine. Karim Zeribi a une bonne connaissance du terrain algérien et français. Je suis convaincu qu’il saura développer notre diaspora et la faire évoluer comme il se doit. Nous devons effectivement constituer à notre tour un réseau fort d’entraide et de lobbying.»

Eddine Belmahdi, couturier : «C’est une soirée très enrichissante. Il était temps qu’on se constitue en conseil mondial et être une force à notre tour. Cela répond à un besoin de créer un lobby algérien afin de mettre nos talents et nos réseaux pour aboutir à ce soft power algérien. Je le fais déjà en revisitant le costume traditionnel algérien et en le présentant sur les podiums internationaux. Je me sentirai moins seul à présent.»
M. Z.


Économie, rôle de la diaspora, climat des affaires, relations Algéro-Françaises, Palestine…autant de sujets abordés avec les deux invités de Nabila Hocine, Karim Zeribi éditorialiste et ancien député européen, et Mohamed Hani, député, membre de la Commission AE.


 

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