L’État d’Israël est un crime contre l’humanité

 

Par Mourad Benachenhou

«Avec de plus en plus de preuves, il semble que la majorité des personnes tuées (lors de l’opération de Hamas le 7 octobre 2023) étaient en fait des réservistes en service actif ou de l’armée, des colons armés ou des membres des forces de sécurité et donc des cibles légitimes potentielles au regard du droit international. De même, les récits de première main de civils israéliens, de diverses sources militaires et de preuves médico-légales découvertes, dissipent davantage la réécriture calculée de ce qui s’est réellement passé le 7 octobre.»
(Stanley Cohen, «Coupables des crimes décrits par l’Accusation» Guilty as Charged – CounterPunch.org”

L’un des fondements de la déontologie qui doit guider le journaliste est, selon les «donneurs de leçons», dont les thuriféraires autoproclamés trouvent leur porte-voix dans l’association des «Reporters sans frontières», la distinction claire, nette et sans ambiguïté entre la présentation de l’information et l’opinion personnelle du professionnel dans ce domaine.

Un principe moral fondamental : distinguer l’information de l’opinion
Dans la présentation de l’information, il faut s’en tenir, insistent les «moralisateurs médiatiques», exclusivement à la présentation des faits, à tenter de donner une description, en termes neutres, sans accompagnement de qualificatifs qui pourraient exprimer une prise de position, où ne sauraient qu’être effacés les sentiments personnels du «rapporteur» qui doit systématiquement «rester au-dessus de la mêlée», même s’il ressent de la joie ou du dégoût face aux évènements qu’il couvre.
Il ne saurait y avoir aucun mélange entre la simple description des faits et l’opinion personnelle du journaliste. Il est, évidemment, en droit de donner son opinion, mais en la distinguant des faits, pour que le lecteur ou l’auditeur garde la liberté de se faire une opinion «informée» sur la base des faits bruts que lui présente le journaliste.
Dans le rapport qu’établit le journaliste, doivent être exclus tous les qualificatifs qui pourraient biaiser l’opinion du lecteur et le conduire à prendre position sur le fait rapporté sur la base des sentiments suscités en lui par les qualificatifs qui parsèment l’information donnée par le journaliste.
Le vocabulaire utilisé doit être vide de toute connotation pouvant conduire le lecteur à prendre position sur des bases affectives et à oublier le poids exclusif que les faits doivent avoir sur son jugement final. Tous les qualificatifs, verbes, expressions, tournures de phrases, etc. pouvant troubler son jugement devraient donc être exclus des écrits des journalistes voulant à tout prix entrer au paradis qui leur serait réservé dans l’Au-delà.

Un idéal, ou une simple déclaration de principe éloignée des pratiques quotidiennes ?
Il s’agit là loin d’être une caricature et les déclarations de principe reprenant cet idéal ne manquent pas : mais qu’en est-il de la réalité et de la pratique, même dans les médias des «démocraties avancées», qui se décrivent comme animées par des principes, et exclusivement des principes de «haute teneur morale», et «respectueuses de la dignité humaine» unies «par des principes universels» que tout le monde devrait adopter, et qui seraient les seuls moteurs de leurs politiques et de leurs entreprises, si destructives soient-elles, et si belliqueuses, si violentes et si barbares puissent-elles apparaître au reste des peuples du monde.
Il s’agit, pourtant, là, d’une description idéale de l’éthique journalistique que les médias des «démocraties avancées» prétendent suivre, et qu’ils accusent les médias du reste du monde de ne pas suivre. Ils se présentent comme modèles et affirment qu’ils respectent rigoureusement ce principe moral, et refusent de se prêter à toute propagande distordant les faits au profit d’un parti ou un autre, quelle que soit l’entité en cause.
Mais, à regarder de plus près, et à suivre la façon dont les évènements du monde sont couverts par ces «médias les plus moraux du monde», on constate que les affirmations de ces donneurs de leçons d’honnêteté médiatique ressortissent du cynisme le plus abject, et qu’on n’a nul besoin d’avoir pris un cours «d’analyse de contenu» pour constater, non seulement une prise de position sans nuances pour un parti au détriment de l’autre, mais même une rédaction présentant les évènements, et qui donne l’impression que ces médias ne prennent même pas la peine de faire preuve d’originalité, et qu’en fait, ils se plagient, toute honte bue, les uns les autres.
Les évènements qui ont finalement révélé au monde la barbarie sioniste ont permis, en même temps, de prouver que la liberté d’expression dans les «démocraties avancées» est aussi réelle que les contes des Mille et une Nuits, et probablement moins proches de la réalité que les récits de Shahrazade, qui, tout de même, sont parsemés de poèmes sublimes rapportant des sentiments humains réels.

La profession de foi de l’AFP dément les principes qu’elle affirme
L’agence de presse publique française, connue sous le sigle AFP, a atteint le summum du cynisme en présentant, sur son site officiel, une dissertation tentant de faire croire qu’elle s’efforce sérieusement de faire son métier honnêtement et de se présenter comme quasiment la seule source fiable d’informations sur le crime de génocide en voie d’achèvement par Israël contre le peuple palestinien.
Il est utile ici de citer la profession de foi de cette agence qui tient à tout prix à ce qu’on croie à son objectivité absolue et à sa virginité médiatique intacte, alors qu’elle est exactement dans la même ligne éditoriale que tous les médias du «monde libre» devenue une meute de chiens enragés aboyant exclusivement et uniquement pour couvrir les crimes sionistes et mettre le tort de l’extermination en cours des Palestiniens sur «une organisation qualifiée à l’emporte-pièce «d’organisation terroriste fanatique islamiste» et dont il est strictement interdit de dire du bien si on ne veut pas être frappé de toutes les foudres du système judiciaire du monde libre.
«Israël-Hamas : le conflit de tous les dangers» est le titre publié, en novembre 2023, du credo médiatique de l’AFP face à cette tragédie qui n’est qu’un des tout derniers épisodes d’un crime contre l’humanité qu’est la fondation de l’Etat d’Israël.
«L’AFP travaille 24h/24 pour suivre et décrypter une situation en constante évolution, ce qui l’expose à des accusations de partialité, tantôt pro-palestinienne, tantôt pro-israélienne. Chaque mot que nous écrivons est scruté à la loupe pour y détecter des signes de subjectivité. Nos journalistes sont confrontés à des insultes inacceptables. Dans ce contexte, produire du journalisme de qualité est extrêmement difficile.
Soyons clairs : l’AFP n’a pas de parti- pris. Elle respecte scrupuleusement ses statuts, qui l’obligent à couvrir les faits et à témoigner en toute indépendance. Et soyons clairs aussi : nous sommes très fiers de nos journalistes qui travaillent sans relâche pour couvrir cette guerre, parfois dans des conditions extrêmement périlleuses. Ils ont fait des choses extraordinaires.»(https://www.afp.com/fr/au-fil-de-lafp/israel-hamas-le-conflit-de-tous-les-dangers)
On aurait évidemment été disposé à croire à cette «profession de foi du journaliste savoyard» si le premier paragraphe de ce catéchisme médiatique ne donnait un démenti sans appel à sa proclamation d’absolue neutralité.
La désignation du conflit comme conflit «Israël-Hamas» est déjà une prise de position qui limite la crise actuelle à une affaire de simple police entre un «Etat organisé, sur la base de droits et privilèges d’un Etat souverain» face à «une organisation terroriste sans attaches politiques ou ethniques, mue par des motivations irrationnelles et un instinct destructif sans aucune légitimité ou justifications humainement acceptables, et ne représentant qu’elle-même».
L’AFP embrasse donc, dans le titre même de cette profession «d’objectivité et de neutralité», la position sioniste, qui, soit dit en passant, est exactement la ligne politique adoptée par les Etats partisans du génocide du peuple palestinien.
Voici ce que dit ce paragraphe, et le lecteur peut en juger directement, sans avoir à se référer au commentaire qui accompagnera cette citation :
«L’ampleur et la brutalité de l’attaque du Hamas du 7 octobre, et les questions existentielles qu’elle a fait surgir en Israël ont suscité une émotion considérable, tout comme les souffrances et les bombardements à Ghaza. Le débat au vitriol sur les réseaux sociaux, où foisonnent images violentes, propos haineux et désinformation, jette en continu de l’huile sur le feu.» On constate, avec horreur et stupéfaction que, dans ce paragraphe, l’AFP reprend, sans nuances, la thèse sioniste faisant d’Israël une «victime innocente» d’une agression particulièrement sauvage, pour ne pas dire barbare de la part de fanatiques religieux, qu’animerait une haine sans limites contre les tenants de la religion juive. Une guerre non provoquée aurait été déclarée par cette «organisation terroriste» contre des citoyens d’un pays pacifique qui n’aurait rien à se reprocher et qui aurait subi une attaque si vicieuse qu’elle justifierait non seulement l’indignation universelle, mais la réaction d’extrême violence qui, jusqu’à ce jour, a abouti au massacre de près de 30 000 Palestiniennes et Palestiniens, auxquels s’ajoutent des centaines de morts parmi les fonctionnaires internationaux et de journalistes, comme de travailleurs de la santé, sans compter l’équivalent d’une ville de cent mille habitants en nombre de blessés, à la destruction quasi totale de toutes les habitations et de l’infrastructure, comme des hôpitaux, des écoles, des lieux de culte, des bâtiments internationaux,  des cultures, rendant toute vie humaine quasiment impossible sur ce territoire de près de 3 millions d’habitants.

Un rappel de ce que l’AFP a omis dans sa profession de foi
L’AFP, qui en sait sans doute beaucoup plus que d’autres sur le système sioniste et ses exactions en flux continu, a tout simplement pris en charge la version israélienne, qui omet de mentionner que :
1- Le territoire de Ghaza est reconnu non seulement par les Nations unies, mais également par le gouvernement américain (voir le site internet du département d’Etat) comme territoire occupé militairement par Israël, ce qui veut dire que cette entité est considérée comme en état d’agression constante contre le peuple de ce territoire, ce qui justifie le droit du peuple agressé de se défendre contre cette agression même en portant la guerre sur le territoire de l’agresseur.
2- Que ce territoire est soumis, en violation des règles internationales en matière d’administration des territoires militairement occupés, à un état de siège total, terrestre, maritime et aérien, qui rendait toute possibilité de vie normale impossible même avant le début de la campagne d’extermination actuellement en cours sous les yeux attendris des «démocraties avancées» qui fournissent l’armement et les munitions, comme la couverture politique et médiatique permettant la légitimation de ce génocide.
En tant qu’assiégeant, Israël est en état de guerre permanente contre la population de Ghaza et ne peut se couvrir du voile de l’innocence «surprise»  et ayant un droit absolu à l’indignation sans nuances.
3- Qu’entre 2005 et octobre 2023, Israël a mené plusieurs guerres dévastatrices sur ce territoire occupé, guerres qui ont causé la mort de près de 7 000 Palestiniens et Palestiniennes, en majorité des femmes et des enfants, la destruction de 24 000 habitations et infrastructures socio-économiques, religieuses, éducatives, de santé publique, des pertes économiques d’une ampleur impossible à estimer, et plus de 5 milliards de dollars de dommages matériels.
4- Que le gouvernement sioniste lui-même, en menant une répression sans limites contre les populations palestiniennes du reste des territoires occupés, et en avançant la colonisation par le meurtre, les expulsions, les destructions de maisons, les confiscations de terres, et par ses propres déclarations appelant à l’usage de l’arme suprême contre le peuple palestinien, reconnaît que l’opération de Ghaza est loin d’être une réponse à une provocation, mais la poursuite d’une politique d’élimination physique de toute population non juive sur le territoire de la Palestine, en application même de l’idéologie sioniste, dont le noyau est d’essence génocidaire.
La profession de foi de l’AFP ressortit de la propagande
Faire croire que la guerre a commencé le 7 octobre 2023, du fait d’une attaque-surprise unilatérale et non provoquée, est tout simplement un mensonge, qui fait partie de la ritournelle dans la couverture de ce génocide par les médias du «monde libre» et l’AFP, loin d’adopter une position neutre, embrasse cette version des faits que dément la réalité des évènements. Israël est et reste la cause principale de la guerre actuelle, qui n’a pas commencé par «le massacre d’innocents» le 7 octobre 2023, comme elle le reprend, s’alignant totalement sur le reste des médias du «monde libre».
La profession de foi médiatique de l’AFP apparaît pour ce qu’elle est : une déclaration que l’on peut qualifier de pure propagande, destinée à faire croire que sa couverture des évènements serait crédible, parce qu’elle observerait une neutralité sans faille. «Croyez-moi, parce que je ne mens pas», affirme l’AFP. Agence de l’Etat français. Le problème est que les premiers mots, comme les premières lignes, tout comme le premier paragraphe de cette «profession de foi de sainteté médiatique» lui enlèvent toute crédibilité.
L’AFP a choisi son camp, et elle veut faire croire au «lecteur niais» exactement le contraire de ce qu’elle est : une agence officielle gouvernementale qui suit les directives de sa tutelle et appuie la position sans faille en faveur du massacre du peuple palestinien, avec quelques pleurs, par- ci, par-là, pour faire croire qu’elle est encore animée d’un brin microscopique de sentiments de pitié et de sympathie humaine à l’égard d’un peuple condamné à mort par les «démocraties avancées».
Il faut tout de même reconnaître que l’écrasante majorité des médias des «démocraties avancées» ne font que refléter les prises de position politiques aux plus hauts sommets des Etats en cause qui ont choisi d’encourager, sur la base de leurs propres objectifs, Israël, qui a trouvé en eux les complices actifs et intéressés.

En conclusion
Ce qui est dit de l’AFP peut donc être repris pour tous les médias des pays inclus dans la liste des «Etats dont le seul carburant qui les ferait mouvoir est la défense des principes, dont eux-mêmes se préservent le monopole de les définir et de décider quand et où il faut les respecter et quand et où ils doivent être bafoués et jetés aux orties.
Mais la question qui se pose face à une réalité qui est loin d’être un secret d’Etat bien gardé : pourquoi cet embargo total censurant toute information objective sur l’Etat d’Israël, ce refus de reconnaître que le sionisme est le problème, non le peuple palestinien ? Pourquoi ce refus de reconnaître qu’Israël est l’agresseur, le fauteur de trouble au Moyen-Orient, le seul barrage à toute paix dans cette région, la source et l’animateur du terrorisme sous toutes ses formes ? Pourquoi ce soutien inconditionnel au refus par les «démocraties avancées» de toute solution politique qui ne soit pas la simple reconnaissance du droit des sionistes à exterminer la population palestinienne ?
Pour une simple raison, quelles que soient par ailleurs les considérations géopolitiques qui pourraient la justifier aux yeux de certaines puissances hégémoniques signataires du traité de Versailles par lequel a été façonné le Moyen-Orient actuel : Israël, créé par une double invasion coloniale, fondé sur une idéologie génocidaire en voie de phase finale, est en lui-même un crime contre l’humanité, car sa réussite veut dire la disparition du peuple original au profit d’une population venue de l’étranger et qui prétend justifier son droit au génocide par un lien religieux indéfectible avec le sol de la Palestine occupée, droit qui ne lui donne aucune légitimité à sa présence, et qu’elle n’aurait jamais pu exercer sans l’appui des puissances coloniales qui ont trouvé, dans son dessein, la justification permanente qu’il leur faut pour continuer à dominer cette région stratégiquement placée sur la carte de la planète Terre.
M. B. 

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