Dénoncer le génocide du peuple palestinien : un blasphème dérogatoire à la religion juive ?

   

 

  Par Mourad Benachenhou

La crise dans les hôpitaux de Ghaza a été aggravée par le meurtre ou l’arrestation de centaines de travailleurs de la santé par l’armée israélienne. «Les troupes israéliennes ciblent systématiquement les établissements de soins de santé, le personnel de santé et démantèlent réellement l’ensemble du système de santé. Il ne s’agit pas seulement de cibler les bâtiments, il s’agit de détruire systématiquement l’infrastructure des hôpitaux. Détruire les réservoirs d’oxygène de l’hôpital al-Shifa, détruire délibérément les tomodensitométries et rendre la reconstruction de cette infrastructure beaucoup plus difficile. S’il ne s’agissait que de cibler les militants du Hamas, pourquoi détruisent-ils délibérément l’infrastructure de ces institutions ?» (Professeur Nick Maynard, ancien directeur des services de lutte contre le cancer à l’Université d’Oxford dans : Des médecins américains et britanniques à Washington pour avertir des «atrocités épouvantables» de Tsahal à Ghaza. https://www.msn.com/en-us/news/world/us-and-uk-doctors-in-washington-to-warn-of-idf-s-appalling-atrocities-in-gaza/ar-BB1kcUQy?ocid=hpmsn&cvid=a9ab8119f21844be99d25a9a900ae28e&ei=11
Quel que soit le mal que l’on puisse dire et écrire de l’idéologie sioniste, qui se veut représenter le point culminant du judaïsme, la plénitude de sa réalisation et la perfection de sa pratique, on sera toujours loin de mettre en mots son fanatisme et son rejet total de toutes valeurs humaines comme de tous principes moraux permettant l’émergence d’une société fondée sur la reconnaissance de l’autre et sur l’harmonie qui constitue la source de la paix.

Le sionisme, une idéologie génocidaire affirmée et confirmée, ennemi de l’humanité et belliciste
Le sionisme est une idéologie exclusiviste qui ne reconnaît le droit de vivre qu’aux Juifs sur le territoire qu’il contrôle et voue à la mort, à la misère et à l’exil tous ceux qui ne partagent pas ses croyances religieuses et sa conception du monde et des relations avec le Divin Créateur.
Rien dans le sionisme qui appelle à la paix et à la vie en commun dans la tolérance mutuelle des défauts et des qualités des uns et des autres, comme des divergences de croyances et de rituels.
Le seul être humain qui vaudrait la peine d’être respecté ne saurait être que Juif. Tout autre être humain vivant au milieu d’une société fondée sur le sionisme ne saurait être qu’un esclave soumis à l’arbitraire de ses propriétaires juifs, ne bénéficiant d’aucun des droits reconnus, de manière générale, à l’être humain : le droit à la dignité, le droit de se déplacer, le droit de fonder une famille, le droit à la sécurité, le droit de propriété, le droit à la justice équitable, le droit d’exercer, sur n’importe quelle partie du territoire où il se trouve, quelque profession que ce soit, le droit de circuler, le droit de prier en paix son Dieu, le droit de ne pas être condamné et ou exécuté sans jugement et sans preuves de sa culpabilité, le droit à la responsabilité personnelle de ses actes liant la sanction à la personne qui a commis le crime en cause, le droit de ne pas voir son domicile détruit sur sa tête, le droit à une vie familiale stable, le droit à la prospérité.
Bref, le sionisme rejette, en bloc, tous les privilèges que l’être humain est supposé avoir en tant qu’être humain et en tant qu’habitant ou citoyen d’un État moderne, à moins qu’il soit juif. Tous les crimes que l’État peut commettre contre ses administrés deviennent légaux dès lors que la personne en cause n’est pas juive. Elle ne doit s’attendre ni à pitié, ni à apitoiement, ni à aucun sentiment d’empathie ou de sympathie que ressent naturellement et de manière quasi instinctive un être humain à l’égard d’un autre être humain dans la souffrance.
Et, bien sûr, la notion de paix est aussi étrangère au sionisme que la notion des droits de l’Homme. Le sionisme est devenu tout naturellement synonyme de guerre permanente, d’agressivité sanguinaire contre toutes et tous ceux qui n’appartiennent pas à la religion juive.

Les kapos des camps de la mort nazis avaient plus de compassion et d’humanité pour leurs prisonniers
Même les gardes des camps de la mort ressentaient, de temps à autre, de la pitié à l’égard de leurs prisonniers. Et beaucoup de ceux-ci ont dû leur survie à ces rares manifestation d’humanité dans ces camps pourtant destinés à accomplir la folle idéologie nazie d’extermination des membres des races inférieures, sans considération autre que la nécessité d’aller jusqu’au bout de cette logique meurtrière.
Ainsi, Simone Weil, dans son ouvrage autobiographique intitulé Une Vie, raconte comment une de ses gardes — qui devait, à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, être condamnée à mort et pendue pour crimes contre l’humanité — s’est prise de sympathie pour elle et l’a fait transférer dans un autre camp pour lui éviter une mort certaine.
À noter que Simone Weil n’a pas manqué de donner son aval à l’entreprise sioniste, sous prétexte qu’Israël serait le «seul État démocratique du Moyen-Orient ! Peut-on être à la fois un Etat démocratique fondé sur un projet génocidaire ?
Simone Weil, la grande juriste, enterrée au Panthéon, ne s’est nullement posée la question ! Pas un mot sur le traitement du peuple palestinien par une dame décrite comme particulièrement attentive aux droits de l’homme comme de la femme, et représentait ce qu’il y aurait de mieux dans la civilisation occidentale !
Peut-on être sioniste et humain ? Il y a là contradiction dans les termes ! Ce qui compte, c’est ce qui fait le bonheur des Juifs ! Peu importe que ce bonheur se fasse au détriment des membres d’une autre ethnie ou d’une autre religion.
Simone Weil, la rescapée de l’Holocauste, a embrassé, sans la moindre hésitation, et sans réserve, l’entreprise génocidaire sioniste, paradoxalement au nom de la mémoire d’une entreprise génocidaire à laquelle elle a échappé parce qu’une de ses gardiennes avait eu un instant d’humanisme.
Elle ne représente nullement l’exception, car dès lors qu’on soutient le sionisme, parce qu’on appartient à la religion juive, on ne peut qu’adopter l’exclusivisme de cette doctrine et devenir insensible aux crimes qu’elle intègre dans son idéologie et dans sa pratique quotidienne.

Rien de surprenant dans l’extrême violence déclenchée contre le peuple palestinien depuis le 7 octobre 2023
La violence déchaînée à Ghaza n’a rien donc d’exceptionnel et ne fait que prouver que le sionisme reste égal à son idéologie génocidaire.
Les thuriféraires de cette idéologie religieuse fanatique extrémiste voudraient à tout prix établir une liaison de cause à effet entre les évènements du 7 octobre 2023, d’un côté, et de l’autre, l’ampleur des massacres et des destructions causés par l’armée sioniste dans cette bande, déjà sous état de siège et d’occupation ininterrompue depuis 1967.
Les sionistes, dans cette opération, visent tout simplement à mettre un point final à toute présence palestinienne sur le territoire de Ghaza, sous attaques jour et nuit depuis 5 mois, et maintenant soumis à une menace de famine planifiée par les agresseurs, et ont finalement dévoilé au monde entier leur vraie nature.

Une barbarie qui dépasse tout qualificatif
Ni le carton rouge de l’antisémitisme ni l’évocation de l’Holocauste ne sauraient réduire l’horreur du monde entier devant cette barbarie déchaînée contre un peuple palestinien qui défend son droit à continuer à vivre sur la terre de ses ancêtres.
Les crimes de guerre ne se comptent plus et on peut considérer que toutes les opérations menées sur ce territoire exigu et surpeuplé ressortissent de la Cour pénale internationale.

La guerre en Ukraine : une guerre «humaine» à faible intensité
La guerre «de haute intensité» qui se déroule actuellement sur le territoire européen depuis déjà plus de deux années n’a pas causé autant de destructions et de victimes civiles et militaires.
Ramenées à l’échelle de la population de l’Ukraine, estimée à 34 millions, ces pertes qui ne dépassent pas les
40 000 en 25 mois, ou 1 600 morts par mois, représentent environ 50 morts par jour, entre civils et militaires, c’est-à-dire légèrement plus d’un millième de la population de ce pays.
Pour Ghaza, dont la population est estimée à 2,4 millions d’habitants, le nombre de morts a déjà atteint 32 000, ou 6 400 morts par mois, en moyenne 210 morts par jour — dont 70% de femmes et d’enfants —, c’est-à dire 1,33% de la population, sans compter évidemment les blessés et les disparus.
Quant aux destructions frappant sans distinction hôpitaux, écoles, mosquées, églises, routes, ponts, centrales électriques, ports, champs, habitations, etc. etc., leur ampleur en Ukraine n’a rien de comparable avec le changement de paysage que les sionistes ont effectué à travers leurs bombardements insensés, barbares qui n’ont aucune justification militaire.

Exterminer le peuple palestinien : un devoir religieux, un pilier des croyances juives ?
Netanyahou, le maître d’œuvre de ce génocide en direct, largement couvert par les médias internationaux, a donné la justification religieuse de cette folie meurtrière.
Selon ce que rapportent les médias «dans son point de presse du 27 octobre, le Premier ministre israélien Netanyahou a cité une référence biblique à ‘’Amalek’’ dans le contexte de la ‘’destruction du Hamas’’ et pour ‘’éradiquer ce mal du monde’’».
Sa référence biblique dément la présentation de l’agression en cours contre le peuple palestinien comme une guerre dirigée exclusivement contre une «organisation terroriste», et prouve, s’il le fallait encore, qu’il s’agit bien d’un génocide qui touche toute la population palestinienne, à Ghaza ou sur le reste du territoire de la Palestine historique.

«Génocide : un commandement de la Torah»
Sous le titre «L’histoire dangereuse derrière la rhétorique Amalek de Netanyahou» (The Dangerous History Behind Netanyahu’s Amalek Rhetoric – Mother Jones, 3 novembre 2023), Noah Lanard a rappelé que «sa récente référence biblique a longtemps été utilisée par l’extrême droite israélienne pour justifier le meurtre de Palestiniens».
Lanard a ajouté : «Ce qui semblait bizarre à beaucoup, c’était une justification religieuse très intentionnelle pour le nettoyage ethnique par Israël des hommes, des femmes et des enfants palestiniens de Ghaza.»
Il continue : «Il y a plus de 23 000 versets dans l’Ancien Testament. Ceux vers lesquels Netanyahou s’est tourné, alors que les forces israéliennes ont lancé leur invasion terrestre à Ghaza, sont parmi les plus violents — et ont une longue histoire d’être utilisés par les Juifs d’extrême droite pour justifier le meurtre de Palestiniens.»
«Il demeure courant que les extrémistes israéliens considèrent les Palestiniens comme des Amalécites modernes. En 1980, le rabbin Israel Hess a écrit un article qui utilisait l’histoire d’Amalek pour justifier l’anéantissement des Palestiniens. Son titre a été traduit par «Génocide : un commandement de la Torah», ainsi que «La Mitzvah du génocide dans la Torah».

La fête juive du Pourim célèbre l’achèvement du génocide des Amalécites
Suivant Lanard, Shanes, professeur d’études juives au College de Charleston, a expliqué que l’animosité biblique envers les Amalécites «découle de ce qui est décrit comme l’embuscade impitoyable qu’ils ont lancée contre les Israélites vulnérables qui se dirigent vers la Terre promise.
L’attaque conduit Dieu à dire à Moïse d’anéantir Amalek. Des centaines d’années plus tard, Saül remplit presque le commandement en tuant tous les hommes, femmes et enfants amalécites».
Lanard ajoute :
«Les Juifs entendent traditionnellement l’histoire de l’embuscade d’Amalek et le décret de Dieu d’être éliminés au service du Shabbat avant la fête de Pourim. Shanes a dit que c’était peut-être la plus importante de toutes les lectures de la Torah.
Il établit ainsi la liaison entre le génocide des Amalécites et la commémoration juive, le Pourim, qui, cette année, se déroule du samedi 23 mars au soir du dimanche 24 mars.
À rappeler que les Amalécites étaient une tribu arabe qui habitait, du temps de Moïse, le Sinaï et le territoire de Ghaza.

En conclusion
1. La folie meurtrière qui s’est emparée des dirigeants sionistes depuis le 7 octobre 2023 n’a rien de surprenant. Ce n’est que la répétition des multiples massacres dont a été victime le peuple palestinien depuis l’invasion armée de son pays et son occupation manu militari, qui remonte à plus loin que la Seconde Guerre mondiale et les atrocités qui l’ont caractérisée, dont l’Holocauste des «races inférieures» qui n’a épargné aucun peuple classé comme tel dans Mein Kampf d’Adolph Hitler ;
2. Dans la guerre totale menée contre le peuple palestinien et plus spécifiquement à Ghaza, et qui a été qualifiée de «génocide» tant par des gouvernements à travers le monde, que par des personnalités politiques, intellectuelles et même artistiques, les sionistes ont non seulement utilisé les armes et munitions pour semer la mort et la destruction sur ce territoire exigu, n’épargnant aucun être vivant, mais également la famine, pour en finir une fois pour toutes avec le peuple palestinien ;
3. Le nombre de victimes, dont 73% sont des femmes et des enfants, tombés au cours de ces 5 mois, dépasse de loin, proportionnément aux populations touchées, le nombre de morts tombés en 26 mois dans la guerre en Ukraine, pourtant supposée être une guerre de haute intensité entre deux puissances bien armées.
4. La folie meurtrière qui s’est emparée des leaders sionistes, et ne pouvait être menée et se poursuivre avec l’intensité qu’elle connaît, que grâce au flot d’armes et de munitions qui sont mis à leur disposition par les «démocraties avancées» ;
5. Le génocide actuel a été justifié par Nétanyahou comme un «commandement divin» tiré de la Bible et «ordonnant le massacre par les Juifs des ‘‘Amalécites’’», ancienne tribu arabe localisée dans le Sinaï et à Ghaza, à l’époque de Moïse, c’est-à-dire il y a près de 4 000 années de cela ;
6. Ce génocide est rappelé lors de la fête juive de Pourim (23 et 24 mars 2024) qui en fête l’achèvement ;
7. Une question pertinente se pose alors : le génocide du peuple palestinien, assimilé aux Amalécites par Netanyahou, n’est-il que la répétition du génocide de ses ancêtres, et un devoir religieux, faisant partie des piliers de la religion juive ? Le dénoncer est-il un blasphème dérogatoire à la religion juive ?
8. Devant la barbarie «juive» qui a atteint une violence rare depuis le 7 octobre 2023, peut-on encore proclamer, comme le font les dirigeants «des démocraties avancées», qu’Israël partagerait avec elles «des valeurs, communes» qui justifieraient l’appui illimité, tant politiquement que militairement et sans réserve, qu’elles lui apportent, tout en multipliant les déclarations rhétoriques verbales et les gestes de commisération envers le peuple palestinien ?
9. Le comble de la cruauté, du cynisme et de l’hypocrisie «humanitaire» n’atteint-il pas des sommets qui enlèvent toute crédibilité à la gesticulation actuelle autour du drame du peuple palestinien et les appels à «une solution politique», alors qu’Israël insiste et persiste dans sa volonté d’achever, quoi qu’il en coûte, et quelles que soient les protestations timides des puissances de monde, le génocide programmé du peuple palestinien ?
10. Le temps n’est-il pas venu de proclamer qu’Israël est un État voyou, qui mérite d’être banni de la communauté internationale, et dont tous les dirigeants devraient faire l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par la Cour pénale internationale ?
11. Il est difficile de comprendre que le chef d’État d’une superpuissance soit l’objet d’un mandat d’arrêt international pour avoir sauvé des enfants en zone de guerre, tandis que les dirigeants sionistes, qui ont à leur actif le meurtre de plus de 12 000 enfants, sans compter les disparitions, la famine, l’épouvante qui fait partie du quotidien des survivants, continuent à perpétrer leur projet génocidaire — qu’ils ne cachent nullement — et sans relâche et insistent pour l’achever, sans doute avec la fête du Pourim qui célèbre la fin du génocide de l’antique tribu arabe des Amalécites ?


M. B.


 

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