Sommet de Manama : rien de nouveau sous le soleil !

 

Par le Professeur émérite Chems Eddine Chitour

«Les Arabes se sont entendus pour ne jamais s’entendre.»
(Ibn Khaldoun, l’inventeur de la sociologie 1332-1406)

«J’aimerais infiniment mieux un accord raisonnable avec les Arabes sur la base de vivre ensemble en paix, que la création d’un État juif.(..) J’ai peur des dégâts internes que cela entraînerait pour le judaïsme, et surtout du développement d’un nationalisme étroit dans nos propres rangs.»
(Albert Einstein)

Résumé
Au plus fort de la Seconde Guerre mondiale, des collaborateurs de Staline, l’ont informé que le Vatican n’était pas d’accord avec l’URSS. Il eut cette réponse sans
appel : «Le Vatican, combien de divisions ? Nous y sommes ! Les Arabes n’ont pas de forces de frappe pouvant rivaliser et pire, leurs visibilités scientifiques sont marginales. Israël publie beaucoup plus que tous les pays arabes réunis.»
Nous allons faire une rétrospective du calvaire palestinien en rappelant la Nakba. Nous donnerons ensuite quelques informations sur la Ligue arabe, organisme anachronique au service de l’Égypte avant tout. Nous rappellerons quelques «sommets arabes» pour en venir au sommet de Bahreïn qui a toute les caractéristiques d’un non-évènement, un de plus ; nous donnerons ensuite ce qui, à notre sens, pourrait être fait «sans tirer un coup de feu» mais en mettant l’humanité devant ses responsabilités qui est de punir un de ses membres qui bafouent les règles du vivre- ensemble planétaire. Ceci aura des chances d’aboutir par un engagement de chacun mais aussi pour les Palestiniens de voter pour de nouveaux dirigeants pour remplacer ceux qui les ont conduits dans cette impasse.

La Nakba depuis trois quarts de siècle
Ce mois de mai funeste pour l’Algérie pour avoir connu, en l’espace d’un siècle, 1845 (les enfumades du Dahra) et 1945, les massacres de masse de Sétif-Guelma- Kherrata, est aussi un jour funeste pour le peuple palestinien. Anniversaire de la Nakba : un rappel de la tragédie palestinienne.
«Le 14 mai, lit-on dans le journal Al Ahram, est une date qui rappelle la tragédie palestinienne. C’est l’occasion pour les Palestiniens de réaffirmer leur détermination à poursuivre leur lutte pour obtenir justice et récupérer leurs droits nationaux. Mercredi 15 mai marque le 76e anniversaire de la Nakba, une date commémorée par les Palestiniens à travers le monde. Nakba — ‘’catastrophe’’ — fait référence à l’expulsion et à la dépossession massive de centaines de milliers de Palestiniens en dehors de leurs terres dans la foulée de la création de l’État d’Israël en 1948. Une date qui rappelle la tragédie palestinienne qui perdure depuis plus de sept décennies.
En 1948, des centaines de milliers de Palestiniens ont été contraints de quitter leur foyer, souvent par la force, lors de combats qui ont suivi la ‘’déclaration d’indépendance’’ d’Israël. Des villes et des villages entiers ont été détruits, et des familles entières se sont dispersées à travers la région et au-delà.(1)
La Nakba a laissé une marque indélébile dans la mémoire palestinienne, qui continue d’en subir les conséquences jusqu’à ce jour. Des générations de réfugiés palestiniens vivent encore dans des camps, dans l’espoir de pouvoir retourner un jour dans leur pays d’origine, conformément au droit au retour reconnu par les Nations unies. Chaque année, l’anniversaire de la Nakba est marqué par des manifestations politiques et culturelles à travers le monde. C’est un moment pour les Palestiniens de se souvenir de leur histoire, de leur résilience et de leur détermination à poursuivre leur lutte pour obtenir justice et récupérer leurs droits nationaux.(1)

Les dates-clés du conflit israélo-palestinien
«Le 14 mai 1948 : David Ben Gourion proclame la création de l’État d’Israël, la première guerre israélo-arabe éclate et se solde par le déplacement de 760 mille Palestiniens.
1956 : la deuxième guerre israélo-arabe a eu lieu après la nationalisation du canal de Suez par l’Égypte. Israël, le Royaume-Uni et la France ont formé une alliance. L’armée d’occupation sioniste, sous la pression des États-Unis et de l’URSS, retirera plus tard ses troupes.
1959 : L’organisation palestinienne Fatah a été créée à Ghaza et au Koweït par Yasser Arafat et ses partisans.
1964 : création de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Elle regroupe sous son égide les factions palestiniennes de l’intérieur et des camps de réfugiés à l’extérieur.
1967 : la troisième guerre israélo-arabe, ou la guerre des Six-Jours, est déclenchée par Israël. Entre le 5 et le 10 juin, l’État hébreu occupe la bande de Ghaza, la péninsule du Sinaï, le plateau du Golan, la Cisjordanie et prit le contrôle de la vieille ville de Jérusalem.
1973, la guerre d’
Octobre. L’Égypte et la Syrie lancent une attaque surprise.
1987 : La première Intifada éclate dans la bande de Ghaza et ne tarde pas à s’étendre à la Cisjordanie. Surnommée la «guerre des pierres», cette révolte contre l’occupation israélienne se poursuit jusqu’en 1993, entraînant la mort d’au moins 1 000 civils palestiniens.
1987 : naissance du mouvement Hamas.
1993 : Yasser Arafat et le Premier ministre israélien Itzhak Rabin signent les accords d’Oslo. L’Autorité palestinienne prend le contrôle administratif de la Cisjordanie et de la bande de Ghaza. Arafat est élu à sa tête en 1996.
2000 : La seconde intifada, également appelée «l’intifada d’Al-Aqsa», éclate. Elle se poursuit jusqu’en 2005, faisant 3 000 morts côté palestinien et 1 000 morts côté israélien.
2002 : Israël entame la construction d’une barrière illégale pour séparer son territoire de la Cisjordanie.
2005 : Mahmoud Abbas est élu président de l’Autorité palestinienne. Après 38 années d’occupation, Israël se retire de la bande de Ghaza.
2007 : Hamas prend le contrôle de Ghaza.
2009 : Israël et le Hamas concluent un cessez-le-feu mettant fin à 22 jours de conflits ayant fait plus de 1 300 victimes palestiniennes.
Depuis le 7 octobre 2023 : Le Hamas lance une attaque éclair. Les forces israéliennes mènent des frappes aériennes et placent des renforts militaires à la frontière de Ghaza.

À quoi sert la Ligue arabe ?
La Ligue arabe, créée en 1945 par sept fondateurs (Arabie, Égypte, Irak, Jordanie, Liban, Syrie, Yémen) et comptant aujourd’hui 22 membres, a pour objet le développement de la coopération dans différents domaines, la coordination de l’action politique et la défense des intérêts des pays arabes. Au fil des ans, elle a dérivé, bloquée par le manque de consensus. Les pays du Golfe ayant en général une politique vassale vis-à-vis des États-Unis.
Pourquoi la Ligue arabe est toujours figée ? Souvenons-nous, en 1945, la création de la ligue avait pour but de lutter contre les ingérences franco-anglaises. Graduellement, la Ligue arabe a épousé toutes les querelles américaines. Elle n’a réglé aucune cause si ce n’est des vœux pieux. La seule fois où elle a fait preuve d’autorité, c’est contre les accords de Camp-David, en 1977, avec le Front du Refus avec notamment l’Algérie de Boumediene. Le siège fut transféré en Tunisie pendant quelques années. Le secrétaire général sera tunisien.
Dans les années 2010, elle s’est alignée sur l’Occident. Ainsi, comme l’écrit Favilla, «après avoir approuvé l’intervention militaire en Libye, la Ligue arabe a affecté d’en déplorer déjà les dégâts collatéraux éventuels. Aujourd’hui, si certains de ses membres lui reprochent une complicité avec le coup de force des ‘’croisés’’, d’autres ont confirmé y prendre part (le Qatar, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite). En fait, tout le monde a compris que sa principale utilité, aux yeux des Franco-Britanniques, était d’‘’arabiser’’ l’intervention. C’est fait. Ce n’est pas illégitime. À la vérité, cette organisation lâche a toujours gagné à se cantonner aux généralités. La diversité et, souvent, les conflits entre ses membres l’ont conduite à limiter la plupart du temps ses interventions à la fonction déclarative. Dans un premier temps, la dénonciation des ingérences post-coloniales, puis le soutien à la cause palestinienne, posture commode pour gommer les rivalités internes et réunir la famille contre Israël».(2)
Dans le même ordre : «Souvenons-nous lors des manifestations en Syrie en 2013 et dans la plus pure tradition de la violation de la légalité internationale, la République arabe de Syrie se voyait au sein de la Ligue arabe dépossédée de ses attributs en tant que membre de la Ligue arabe, depuis la suspension de Damas, en novembre 2011. (…) Commentant cette dérive du droit, le professeur des relations internationales de l’Université de Damas, Bassam Abou Abdallah, a indiqué à Al-Ahed News que la Ligue arabe était une ombrelle pour la mise en œuvre des politiques américaines dans la région. Il a rappelé que ce rôle de la Ligue avait commencé depuis l’invasion de l’Irak, depuis le début de la rébellion en Syrie, Damas accuse l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie voisine de financer et d’armer les rebelles, qualifiés de terroristes par Bachar al-Assad. Dans ces conditions, on peut se demander s’il y a une cohérence dans la politique arabe vis-à-vis de la ‘’défense’’ des Arabes au vu du fait qu’elle n’arrête pas de se déjuger en fonction des instructions reçues qui sont aux antipodes de l’émancipation arabe. C’est à se demander à quoi sert la Ligue arabe dans ce conclave de défaitistes qui n’a aucune influence et qui est, sans conteste, sous la coupe égyptienne (siège et secrétaire général à vie).»(3)
La question palestinienne, présente pratiquement à toutes les réunions, était sur le point d’être enterrée définitivement avec les accords d’Abraham : les pays arabes du Golfe un à un se bousculaient pour normaliser leur relation avec Israël. Après l’Égypte et l’échange d’ambassadeur, ce fut le tour de la Jordanie, et par la suite des Émirats, le Soudan, le Maroc qui devaient être suivis par la normalisation entre l’Arabie saoudite et Israël autour du 15 octobre 2023 qui, pour Israël, était le maillon fort. Le développement économique devait dissoudre la cause palestinienne à une dimension marchande. Par sa révolte du 7 octobre, le Hamas a brouillé les cartes. Il a empêché le comment trahir en rond !
On l’aura compris, la nécessité de réformer en profondeur la Ligue arabe, vieille de près de 80 ans, n’est plus d’actualité. Le monde se fait et défait, il n’est que de voir ce qui est advenu du Soudan, de la Libye, de la Syrie, voire du Yémen. La Ligue arabe continuera à avoir le même secrétaire général égyptien. Il est de tradition que le secrétaire général est un ancien ministre des Affaires étrangères égyptien. Tout est concentré au Caire. C’est de fait un ministère égyptien bis financé avec l’argent des 22 États.

Les précédents échecs des sommets
Akram Belkaïd résume le narratif des sommets arabes quelles que soient les époques. Il zoome sur celui du 11 novembre 2023 ; «(…) Mais l’intervention militaire israélienne à Ghaza invalide la maxime, tant cette fois les vingt-deux pays de la Ligue arabe s’accordent pour ne surtout rien faire. Chaque réunion ‘’urgente’’ de l’instance entérine son inaction, malgré quelques tirades grandiloquentes, en dépit d’un communiqué final pontifiant. On les imagine trop bien : autour d’une grande table ronde, excellences et ventripotences, maréchaux-présidents, anciens factieux devenus honorables, mâles trop bien ou très mal élus qui devisent d’un air grave avant de rejeter l’argument israélien de ‘’légitime défense’’ tout en exigeant, cela va de soi, ‘’l’arrêt immédiat’’ des combats. C’était le 11 novembre 2023».(4).
«Et quoi d’autre ? poursuit Akram Belkaïd. La perspective d’une riposte militaire ? Un appel à des sanctions internationales contre Israël comparables à celles infligées à la Russie après son invasion de l’Ukraine ? Une remise en cause radicale du processus de normalisation avec, pourquoi pas, une rupture des relations diplomatiques ? Une réduction des investissements des fonds souverains du Golfe aux États-Unis afin que cessent les livraisons de bombes et de munitions aux Israéliens ? Un embargo pétrolier comme en 1973 après la guerre du Kippour ? Lâ chay, rien de tout cela ! Si ce n’est un vague appui à la saisine sud-africaine de la Cour internationale de justice pour empêcher l’armée israélienne de commettre un génocide à Ghaza. La tendance à la dérobade n’est pas une franche nouveauté.»(4)

Le Sommet de Bahrein : un coup d’épée dans l’eau
Changement de décor, c’est un petit pays qui a eu le «privilège» d’abriter le 33e Sommet. Nous reproduisons, sans changer un mot, le communiqué. On y retrouve tous les attributs de la langue de bois, des circonvolutions elliptiques qui ont dû demander beaucoup de temps pour arriver au consensus. Chacun regardant le communiqué dans le sens où il ne doit pas lui nuire… Nous lisons : «Le Sommet arabe a souhaité jeudi le déploiement de Casques bleus dans les ‘’territoires palestiniens occupés’’ par Israël, dans un appel qui risque de rester un vœu pieux vu l’extrême complexité du conflit israélo-palestinien vieux de plusieurs décennies. Alarmés par la poursuite de la guerre entre le mouvement islamiste palestinien Hamas et Israël dans la bande de Ghaza avec son cortège de morts et de destructions, les dirigeants arabes ont également entériné un appel à ‘’une conférence internationale sous l’égide de l’ONU’’ pour régler le conflit ‘’sur la base de la solution à deux États’’. Ils ont demandé dans un communiqué final le déploiement de ‘’forces internationales de protection et de maintien de la paix de l’ONU dans les territoires palestiniens occupés’’ jusqu’à la mise en œuvre de la solution de deux États, israélien et palestinien, pour régler le conflit. Un tel déploiement nécessite un consensus international et l’acceptation d’Israël, ce qui risque, selon les spécialistes, d’être très difficile, voire impossible.»(5)
Ensuite, une lamentation cocnernant les faits et méfaits d’Israël qui n’a pas sa place dans le communiqué : «Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou est un opposant historique à la création d’un État palestinien, que l’administration américaine et les États membres de l’Union européenne considèrent comme la seule solution à long terme du conflit. Lors de la guerre israélo-arabe en 1967, Israël s’est emparé de la Cisjordanie, de la partie orientale de Jérusalem et de Ghaza. Les gouvernements israéliens successifs ont encouragé l’installation de colonies juives dans ces territoires palestiniens occupés. Au regard du droit international, les territoires palestiniens sont toujours considérés comme occupés et les colonies israéliennes jugées illégales. Dans leur communiqué, les dirigeants arabes ont réitéré leur condamnation de l’offensive d’envergure israélienne dans la bande de Ghaza dévastée et assiégée, exigé un accès ‘’sans restrictions’’ de la population palestinienne à l’aide humanitaire et appelé à un arrêt des hostilités. Leur rencontre a coïncidé avec l’annonce par Israël de son intention d’‘’intensifier’’ ses opérations au sol à Rafah, dans le sud de la bande de Ghaza, malgré les mises en garde internationales contre une offensive d’ampleur dans cette ville surpeuplée.»(5)
Enfin, dans le communiqué, courageusement, les dirigeants arabes ont tenu à impliquer le Secétaire des Nations unies qui lui-même est à plaindre . : «Invité au sommet, le chef de l’ONU, Antonio Guterres, a estimé que ‘’toute offensive à Rafah est inacceptable’’, réitérant son appel à la ‘’libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages’’ retenus à Ghaza et à un ‘’cessez-le-feu humanitaire immédiat’’. Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a, lui, pointé du doigt la responsabilité du Hamas, au pouvoir à Ghaza depuis 2007, qu’il a accusé d’avoir donné prétexte à la guerre en attaquant Israël le 7 octobre. ‘’L’opération militaire menée unilatéralement par le Hamas ce jour-là (…) a donné à Israël davantage de prétextes et de justifications pour attaquer Ghaza, tuant, détruisant et déplaçant des centaines de milliers de personnes’’, Israël a toujours cherché à conforter cette situation pour empêcher la création d’un Etat palestinien, a affirmé M. Abbas. Mais ‘’le refus du Hamas de mettre fin à la division (…) a servi ce plan israélien’’.»(5)
Pour rappel, d’après le journal français La Croix, de tendance chrétienne : «Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Ghaza dans le sud d’Israël ont mené une attaque qui a entraîné la mort de plus de 1 170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Plus de 250 personnes ont été enlevées durant l’attaque et 128 restent captives à Ghaza, dont 36 seraient mortes, selon l’armée.»(6)
Le journal explique la position d’Israël comme normale, il répond à une agression, oubliant d’une façon délibérée que l’attaque du 7 octobre n’est pas tombée du ciel. Elle est la conséquence de 76 ans de spoliation, de douleur, de larmes, de cortèges de suppliciés ; et dont le point d’orgue est le déchaînement bestial contre des êtres sans défense, près de 15 000 enfants, des femmes, des dizaines de milliers de blessés, Ghaza ramenée à l’âge de pierre sans compter les disparus repérés tous les jours dans des charniers. Pour le journal la Croix, il y a une symetrie entre agresseur séculaire impuni et un petit peuple sans défense.
Nous lisons ce morceau de bravoure tout à fait chrétien : «En riposte, Israël a promis d’anéantir le Hamas et lancé une vaste offensive qui a ravagé la bande de Ghaza et où 35 272 personnes ont été tuées, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas. »(6)
L’article termine sur une autre flèche, qui nous fait comprendre que la cause palestinienne est une cause parmi tant d’autres de l’ordre du jour du Sommet. Mieux, l’article cite le cas des Houthis et il affirme qu’ils ont été condamnés par le Sommet… pour avoir tenté, à leur façon, d’être solidaires de la cause palestinienne. Nous lisons : «Sur un autre plan, les participants au sommet ont condamné les attaques contre les navires marchands en mer Rouge et dans le Golfe d’Aden menées par les rebelles yéménites houthis, se disant attachés à « la liberté de navigation » dans les mers de la région.»(6)

L’énigme de la position égyptienne
Le problème de l’Égypte c’est qu’elle ne veut à aucun prix accepter les Ghazaouis, et c’est normal, ils ont leur territoire à reconquérir. Cependant, dans le même temps, elle n’ose pas trop braquer Israël si ce n’est dans des généralités. Elle accepte que des négociations se fassent sous son égide. Cependant, le terminal de Rafah est une pierre d’achoppement entre les deux pays. Israël se croit en pays conquis et distille à dose homéopathique les aides et les autorisations avec toujours la «promesse» d’éradiquer le Hamas en nettoyant Rafah. Wait and see.
Dans ces conditions, mesurons les termes pondérés du ministre des Affaires étrangères égyptien. «Nous nous sommes tournés vers la Cour internationale de justice dans le respect du droit international pour prévenir le génocide dans la bande de Ghaza.» «Nous appelons la communauté internationale à passer de la parole aux actes pour protéger les innocents en Palestine. Le peuple palestinien a droit à son État souverain, la poursuite des opérations militaires israéliennes et leur expansion jusqu’à Rafah causeront des dommages extrêmement graves qui ne seront pas acceptés par la communauté internationale. Il est impératif d’arrêter d’abord les hostilités avant de discuter d’une conférence internationale pour la paix. L’Égypte insiste sur un cessez-le-feu à Ghaza et rejette toute initiative visant à déporter les Palestiniens ou à liquider la cause palestinienne.» «Nous nous sommes tournés vers la Cour internationale de justice dans le respect du droit international pour prévenir le génocide dans la bande de Ghaza», a affirmé le chef de la diplomatie égyptienne. Comme si les organismes des Nations unies censés dire le droit avait une quelconque considération auprès de Netanyahou.

Ce que pensent les autres pays de ce qui se passe à Ghaza
Des pays de l’Amérique du Sud (Brésil, Colombie) ont dénoncé dans les termes les plus vifs le carnage de Ghaza. L’Afrique du Sud a eu le courage de dénoncer Israël et l’accuser de génocide. L’ambassade d’Afrique du Sud aux Pays-Bas, Cornelius Scholtz, et l’ambassadeur d’Afrique du Sud aux Pays-Bas, Vusi Madonsela, assistent à une audience de la Cour internationale de justice (CIJ) sur la situation à Rafah, dans le sud de la bande de Ghaza. Vaughan Lowe, avocat de l’Afrique du Sud, a déclaré jeudi devant la plus haute juridiction de l’ONU : «C’est la dernière étape de la destruction de Ghaza et de son peuple palestinien.» Il appelle les juges à protéger le peuple palestinien.(7)

Conclusion
On le voit, le Sommet de Manama, c’est un coup d’épée de plus dans l’eau. La semaine dernière, 95% des membres des Nations unies ont voté pour l’admission de la Palestine comme membre à part entière à l’ONU. Cela n’a rien changé car le veto des États-Unis bloque le mécanisme. Le Secrétaire général des Nations unies est aussi venu se lamenter mais ne propose rien. Pourtant, un peu ce courage aurait permis de reprendre confiance dans l’ONU, «ce grand machin», comme l’appelait De Gaulle qui a tout fait pour bloquer la visibilité de la cause algérienne, en vain, car les Algériens ont compris que seul le sort des armes permettrait d’arriver à l’indépendance.
Comment voulons-nous compatir avec la Palestine quand le président de l’OLP vient à Manama diaboliser le Hamas qu’il accuse d’avoir réveillé l’ogre? Il est temps que le personnel actuel de l’OLP, qui ne fait rien si ce n’est le service d’ordre pour le compte d’Israël, change. De nouveaux visages permettraient de donner une espérance au peuple palestinien. On se prend à rêver que les pays arabes retrouvent leur libre arbitre d’abord en rappelant leurs ambassadeurs accrédités en Israël et même dans les pays européens et auprès des États-Unis. Il s’agit d’une cause existentielle pour le peuple palestinien. Ils mettront ensuite des sanctions économiques énergétiques, culturelles contre Israël et tous les pays qui le soutiennent. Souvenons-nous comment l’Union européenne a décidé dans la semaine qui a suivi l’opération russe de protéger les populations russophones du Donbass, un paquet de sanctions suivies de 10 autres censées mettre à genou la Russie.
C’est toute l’humanité qui est interpellée. Nous devons faire quelque chose et nous adresser à toutes celles et ceux qui peuvent arrêter ce bain de sang, les deux organismes censés dire le droit devraient donner leur conclusion concernant les massacres de masse et mobiliser les 90% des pays qui ont voté pour l’admission de la Palestine à l’ONU pour qu’ils mettent en place un boycott solide avec des sanctions pour arriver à faire entendre raison à un gouvernement qui se croit au-dessus des lois du fait de la Shoah, fonds de commerce atemporel.
Heureusement qu’une prise de conscience planétaire commence à se faire, on le voit avec la mobilisation des jeunes dans le monde et qui disent non à ces massacres des innocents depuis 220 jours à une cadence de 150 morts par jour ! Le salut des Ghazaouis sera d’abord dû à ses dirigeants qui doivent s’unir. Il sera dû aussi à la conscience internationale qui commence à comprendre ce que c’est que le sionisme et le délire messianique des dirigeants israéliens actuels qui nous font considérer sympathiquement l’ancien négociateur avec Yasser Arafat des accords d’Oslo, Ytshak Rabin, qui aurait dit en 1992 : «La Bible n’est pas un cadastre ni une carte de géographie.» Il le paiera de sa vie. Ceci rejoint quelque part le sentiment du physicien Albert Einstein à propos de la coexistence côte à côte des deux peuples palestinien et israélien.
En définitive et pour reprendre la boutade de Staline à propos du Vatican, mutatis mutandis : «Les Arabes, combien de divisions ?» La question restera toujours posée.
C. E. C.

1. https://french.ahram.org.eg/News/46609.aspx
2. Favilla https ://www. lesechos .fr/2011/04/a-quoi-sert-la-ligue-arabe-390604 1 avr. 2011
3. Chems Chitour https : // www . lexpressiondz. com/chroniques/l-analyse-du-professeur-chitour/la-nuisance-des-roitelets-du-golfe-171551 01-04-2013
4.https://www.monde-diplomatique.fr/2024/03/ BELKAID/66684
5.https://french.ahram.org.eg/News/46655.aspx
6.https://www.la-croix.com/les-dirigeants-arabes-a-bahrein-pour-un-sommet-domine-par-la-guerre-a-gaza-20240516
7.https: // french. ahram .org.eg/News/46658.aspx

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