Algérie / Zoubida Assoul annonce sa candidature à la présidentielle de décembre prochain : «Je veux mobiliser et proposer une alternative»

Zoubida Assoul affirme vouloir «proposer une alternative» et «tenter de changer les paradigmes de la gouvernance en Algérie» – Photo : El Watan/archives

 

Zoubida Assoul insiste sur l’impératif de mettre en place un Etat de droit, basé sur le principe fondamental qui est la séparation des pouvoirs. «On ne peut construire une démocratie, si nous n’avons pas un principe fondamental qui est la séparation des pouvoirs et la réalisation d’un équilibre entre eux», soutient-elle.

Elle est la première personnalité politique à s’engager dans la course. La présidente de l’Union pour le changement et le progrès (UCP), Zoubida Assoul, annonce officiellement sa candidature à la présidentielle de décembre 2024.

La déclaration d’engagement a été faite lors d’un point de presse, animé vendredi dernier à l’issue d’une réunion ordinaire du conseil national de sa formation politique. Ancienne magistrate et avocate, Zoubida Assoul se dit «consciente de la difficulté de la situation du moment», mais «confiante quant à la possibilité de changer le cours des évènements».

Contactée hier, elle explique ses motivations et son objectif à travers sa candidature à la prochaine présidentielle. «Notre parti n’a participé à aucune élection depuis sa création. Nous avons essayé le boycott de la présidentielle et des législatives notamment. Aujourd’hui, nous voulons mobiliser les millions d’Algériens qui aspirent à un Etat de droit et à la démocratie.

Ces millions qui se sont mobilisé durant le hirak, notamment les jeunes, ont perdu cinq ans de leur vie», nous déclare-t-elle. Et d’ajouter : «Mes motivations sont d’abord politiques et elles consistent à tenter, par le biais des élections, de changer les choses.

Il y a aussi la situation socioéconomique désastreuse du pays, mais aussi les risques géopolitiques.» Zoubida Assoul affirme, dans la foulée, vouloir «proposer une alternative» et «tenter de changer les paradigmes de la gouvernance en Algérie». «Je veux être une Présidente légitime», lance-t-elle, affichant son intention d’aller même à des alliances avec d’autres partis et acteurs politiques. «Je n’ai pas cessé d’appeler à un candidat de consensus. J’ai travaillé pour ça pendant de longues années.

Mais maintenant, il faut aller au charbon et essayer de mobiliser autour d’un projet politique», déclare-t-elle. En défendant sa candidature, la présidente de l’UCP soutient qu’elle n’a pas renié son engagement. «J’ai toujours défendu l’Etat de droit.

Je n’ai pas cessé un seul instant de réclamer la libération des détenus d’opinion, l’abrogation des lois répressives et la libération du champ d’expression. Je n’ai pas changé de position», soutient-elle.

Concernant les conditions politiques actuelles, notre interlocutrice estime «qu’il ne faut pas attendre que le pouvoir mette en place un climat idéal pour la tenue des élections». «C’est un combat qu’il faut mener. Notre rôle en tant qu’élite politique est de mobiliser les électeurs. Si nous attendons des conditions idoines pour faire de la politique, nous ne pourrons rien faire», indique-t-elle.

Lors de sa conférence de presse animée vendredi dernier, Zoubida Assoul a insisté «sur l’impératif de mettre en place un Etat de droit, basé sur le principe fondamental qui est la séparation des pouvoirs». «On ne peut construire une démocratie, si nous n’avons pas un principe fondamental qui est la séparation des pouvoirs et la réalisation d’un équilibre entre eux.

On ne peut pas continuer au XXIe siècle à avoir un pouvoir totalitaire qui concentre les pouvoirs absolus entre ses mains et qui ne laisse aucun pouvoir aux deux autres pouvoirs, qui sont le pouvoir judiciaire et législatif», précise-t-elle.


                Présidentielle de décembre 2024 : Ça commence à s’animer !

Le débat autour de la prochaine présidentielle s’animera, sans doute, davantage après le mois de Ramadhan.

Le rendez-vous présidentiel de décembre 2024 s’approche à grands pas. Il ne reste que moins de dix mois avant que les électeurs ne soient appelés aux urnes et seulement sept mois avant le lancement officiel du processus : convocation du corps électoral et révision exceptionnelle du fichier des électeurs ainsi que la constitution, le dépôt et la validation des dossiers de candidature.

Le délai est très court. Mais la fièvre électorale ne monte pas encore, ou très peu. Après quatre longues années d’un silence politique, pour le moins inhabituel dans une Algérie qui a toujours été animée par un riche et contradictoire débat, on assiste, enfin, à de premiers frémissements.

Il aura fallu, en effet, attendre le début de l’année 2024 pour voir les premières déclarations de chefs de parti concernant la prochaine présidentielle. Mais jusqu’à présent, seule une personnalité s’est jetée dans le bain.

Il s’agit de la présidente de l’Union pour le changement et le progrès (UCP), Zoubida Assoul. L’ancienne magistrate et avocate affirme vouloir «mobiliser et proposer une alternative» pour «sortir le pays de la situation désastreuse actuelle».

La cheffe de l’UCP, contrairement à de nombreux acteurs politiques qui préfèrent observer de loin avant de se mettre dans les starting-blocks, dit qu’il ne faut pas attendre la mise en place de conditions idéales pour s’engager. Hormis Zoubida Assoul, le reste des acteurs politiques est toujours dans l’expectative. Certains se contentent d’afficher leur intérêt pour la prochaine présidentielle, d’autres se disent prêts à participer, sans en définir la forme.

Premier à lancer le débat sur la présidentielle, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) avait estimé, en janvier dernier, que «la décision de prendre part ou non à cette compétition sera prise au moment opportun par l’instance nationale habilitée à cet effet». «Seulement, la participation du RCD est tributaire de certaines conditions», avait soutenu Atmane Mazouz, président du parti.

Qualifiant l’année 2024 de «charnière», la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, est montée, elle aussi, au créneau pour appeler «à la mise en place des conditions idéales pour réussir le prochain scrutin et immuniser, de ce fait, le pays». La responsable du PT avait appelé, plusieurs fois depuis le début de l’année, «à des mesures d’apaisement, avec la libération des détenus d’opinion et l’ouverture des champs politique et médiatique».

Le PT aussi n’a pas tranché sa position concernant la participation ou non à la prochaine présidentielle. Pour le MSP, en revanche, la question de la participation est tranchée. Il reste cependant la forme, selon le président du parti, Abdelali Hassani Cherif, qui sera «décidée par le conseil consultatif (majlis echoura)».

N’ayant pas présenté de candidat à une élection présidentielle depuis 1995, le MSP risque de connaître une bousculade cette fois-ci. L’ancien président de ce parti, en l’occurrence Abderrazak Makri, avait affiché son intention de se porter candidat. Il appelle, de ce fait, à une sorte de primaire.

Adelali Hassani Cherif lui a répondu indirectement lors de son récent passage au forum du quotidien El Moudjahid. «Personne ne peut décider seul de se porter candidat au nom du parti, y compris moi. La décision revient au conseil consultatif», avait-il lancé.

La question de la présidentielle s’est invitée également, vendredi dernier, au conseil national du FFS. Le premier secrétaire de cette formation, Youcef Aouchiche, avait laissé entendre que le parti prendra part à ce rendez-vous.

Ce qui sera une première depuis 1999. «Quelle que soit la forme que décideront en toute autonomie nos instances nationales, le FFS, fort de ses propositions, exprime sa pleine détermination à contribuer à faire de ce rendez-vous (présidentielle 2024, ndlr) avec la nation l’occasion d’un grand débat national qui posera les jalons d’une Algérie souveraine, libre et prospère», avait-il déclaré.

Evoquant, fin février dernier, la question de la présidentielle, le président du parti islamiste El Bina, Abdelkader Bengrina, s’était distingué par une étrange déclaration. Faisant le lien avec le Sénégal où l’élection a été reportée, l’homme n’a pas écarté la reproduction du même scénario en Algérie.

Mais il ne fournit aucun détail, précisant seulement que «cette échéance est encore loin et que tout peut se passer d’ici là». Il aura fallu une récente dépêche de l’APS pour lever le doute et préciser que «l’élection aura lieu dans les délais». Pour le reste de la classe politique, le «moment opportun» n’est pas encore venu pour se prononcer sur cette élection.

C’est le cas du FLN, du RND et du Front El Moustakbal. Mais leur position n’est pas difficile à deviner. En tout cas, la «mayonnaise» commence à prendre. Le débat autour de la prochaine présidentielle s’animera, sans doute, davantage après le mois de carême.   Madjid Makedhi


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