Le professeur Chems Eddine Chitour a présidé une réunion interministérielle à cet effet : L’Algérie prépare son modèle énergétique

      Le pays a tous les atouts pour réussir cette transition et devenir un mastodonte du renouvelable. Il ne manquait que la volonté politique qui semble être là aujourd’hui…

Le ministre de la Transition énergétique et des Energies renouvelables, Chems Eddine Chitour, a présidé une réunion interministérielle pour mettre en place les bases du futur modèle énergétique du pays. Les départements les plus concernés pour ce grand défi énergétique étaient représentés lors de ce rendez-vous. Il s’agit des ministères chargés des Ressources en eau, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, de l’Énergie, des Mines, des Transports et de la Numérisation et les statistiques. D’autres secteurs importants ont manqué à l’appel! C’est pourtant une question qui concerne, en principe, tout le gouvernement sans exception.

Néanmoins, cette réunion interministérielle aura permis de mettre sur orbite la transition énergétique que doit enclencher le pays pour sa survie. Le fait d’avoir donné au professeur Chitour le privilège de présider cette rencontre montre l’importance que donnent les hautes autorités du pays à cette vitale transition. Une réelle volonté politique existe donc. Elle s’est exprimée par la création de ce ministère innovant qu’est la Transition énergétique, et qui a été confié à un professionnel en la matière en l’occurrence le professeur Chems Eddine Chitour. Si au début, on avait l’impression que le plan de bataille du professeur Chitour faisait face à quelques «résistances», il semble que les choses commencent à bouger.

Les choses bougent
Le meilleur exemple est le lancement, la semaine dernière, du 1er bus et du 1er camion hybrides roulant au diesel-GPLc. Une première qui a pour but de réduire la consommation énergétique et le niveau de pollution du secteur des transports. La rencontre de lundi dernier vient confirmer cette nouvelle approche énergétique que va désormais aborder l’Algérie. «La réunion a été l’occasion de faire un tour d’horizon des expériences notables dans le monde en matière de recours aux ressources durables», souligne un communiqué du ministère de la Transition énergétique et des Energies renouvelables.

«La stratégie énergétique du pays à mener d’ici 2030 s’appuiera sur un état des lieux de nos réserves énergétiques et l’évolution de la production et la consommation énergétiques nationales», a souligné également le ministère. Ce modèle prendra donc en compte les mutations du monde dans son ensemble afin que l’Algérie soit au diapason des innovations techniques et technologiques dans les différents secteurs de l’industrie (révolution électrique, neutralité carbone, etc.). C’est ce qu’a expliqué Chems Eddine Chitour à ses collègues du gouvernement.

«Un premier modèle énergétique -business as usual- perpétuant les pratiques actuelles (gaspillage, énergie fossile, etc.) révèle la problématique que devra affronter le pays d’ici une dizaine d’années», a souligné le ministre. «Il faudra alors choisir entre exporter et consommer d’où l’importance de mettre en place un nouveau modèle de transition énergétique flexible et ambitieuse», a-t-il rétorqué en mettant chaque membre de l’Exécutif devant ses responsabilités. Les arguments du professeur n’ont pas laissé ses «camarades» insensibles. Cette réunion aura été très fructueuse puisque des décisions importantes ont été prises.

Les premières grandes décisions
Ainsi, il a été convenu la mise en place de groupes de travail pour discuter des pistes de solutions et assurer la collecte de données fiables. Il a également été décidé d’organiser les États généraux de l’énergie au mois de mai prochain. «Cela afin d’approfondir la thématique de la sécurité énergétique, mais aussi de la sécurité alimentaire, sanitaire et hydrique en associant les différents secteurs concernés et des experts avérés dans le domaine», précise la même source. Il semblerait que nous soyons dans une période charnière pour l’avenir du pays en général et son futur énergétique en particulier. Le pays qui a tous les atouts pour réussir cette transition et devenir un mastodonte des énergies renouvelables a, jusque-là, continué à «gaspiller» ses énergies fossiles. Mais la nouvelle Algérie que veut construire le président Tebboune ne pourra se faire sans ce changement de dogme énergétique. Surtout qu’avec la crise du coronavirus, le «virus» de la révolution verte s’est propagé à travers le monde entier. C’est la bataille d’aujourd’hui, mais la force de demain.

Ce n’est pas pour rien que la Banque africaine de développement (BAD) a annoncé la mise sur pied de l’une des plus grandes zones de production mondiale d’énergie solaire dans la région du Sahel. Cette initiative vise à produire 10 gigawatts d’énergie afin de fournir de l’électricité à 250 millions de personnes d’ici à 2025. L’Algérie aurait pu fournir une grande partie de cette énergie puisqu’elle visait les 22000 MW d’ici 2030. Mais la politique et le lobbying sont passés par là! Aujourd’hui, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. La volonté politique y est tout comme les compétences. Rien n’empêche donc le professeur Chitour de réussir là où ses prédécesseurs ont échoué. L’avenir de nos petits-enfants est entre ses mains…

Walid AÏT SAÏD

         Économie algérienne : Ce que prédit la banque mondiale

          par A. Maktour

La Banque mondiale, à travers ses perspectives pour cette année, prédit un rebond de la croissance. L’économie mondiale devrait, en effet, enregistrer une hausse du PIB de 4% en 2021, contre un recul de 4,3% en 2020. Ceci à la condition que les campagnes de vaccination soient massives sur toute l’année. Dans le cas d’une hausse continue des contaminations et d’un retard dans le déploiement des vaccins, l’économie mondiale n’évoluera que de 1,6% en 2021. En revanche, si la pandémie est maîtrisée et les campagnes de la vaccination s’accélèrent, la croissance devrait atteindre 5%. Quid de l’Algérie ?
Au sortir de l’année terrible qui vient de s’achever, l’Algérie, selon les prédictions de la Banque mondiale, devrait avoir bouclé 2020 avec une chute de 6,5% de son PIB réel. Globalement, selon les tendances les plus récentes dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (Mena), la pandémie de COVID-19 a provoqué une contraction de la production estimée à 5% en 2020.
Le nombre de personnes ayant perdu leur travail a fait un bond dans de nombreux pays et les niveaux d’emploi demeurent faibles. Les chocs exercés par la pandémie sur les revenus devraient plonger des dizaines de millions d’habitants supplémentaires sous le seuil de pauvreté de 5,50 dollars par jour. Pour les pays producteurs de pétrole de la région Mena, l’Algérie incluse, la production économique a affiché une baisse estimée à 5,7% en 2020.
La croissance du secteur pétrolier continue d’être freinée par les engagements pris dans le cadre de l’accord de réduction de la production conclu par l’alliance Opep+, selon le rapport de la Banque mondiale qui met en relief les deux tendances observées : l’épidémie ayant ralenti vers la mi-2020 dans la plupart des pays du Golfe alors que le rythme des nouvelles infections a atteint des sommets dans des pays comme l’Algérie et l’Iran où de nouvelles mesures de restriction ont été imposées.
L’économie de la région Mena ne devrait se redresser en 2021 que «modestement», n’augmentant que pour atteindre 2,1%, soit plus faible que prévu, et s’accélérer en 2022, pour atteindre 3,1%. Du cas précis de l’Algérie, la croissance devrait être plus importante que celle de la région dans sa globalité. Les perspectives de la Banque mondiale donnent une évolution de 3,8% du PIB réel algérien cette année, alors que pour 2022, la croissance retombera à 2,1%.
La reprise attendue en 2021 devrait être le résultat de la «normalisation de la demande de pétrole, soutien politique et suppression progressive des restrictions liées à la pandémie». Toutefois, des risques pèsent sur les perspectives de croissance, souligne la Banque mondiale. Ces risques sont liés à la trajectoire que prendra la pandémie et ses impacts sociaux, et une nouvelle baisse des prix du pétrole.
Dans une note de conjoncture dédiée à l’Algérie, publiée presque simultanément avec le rapport sur les perspectives, la Banque mondiale dresse un aperçu des récentes évolutions macroéconomiques et des perspectives économiques à court terme du pays. Le document rappelle qu’en 2019, le rythme de la croissance de l’économie algérienne s’est ralenti pour une cinquième année consécutive dans un contexte de mobilisation sociale et de transition politique prolongées, qui a affaibli la confiance et les dépenses des consommateurs et des entreprises.

Du point de vue sectoriel, le recul structurel du secteur des hydrocarbures s’est poursuivi, marquant un recul de 4,9%, tandis que les secteurs hors hydrocarbures connaissaient une modeste augmentation de 2,4% en termes réels. Le taux de chômage est resté stable à 11,4 % en 2019, avec la création de 232 000 emplois entre avril 2018 et mai 2019. L’indice national des prix à la consommation est resté sous contrôle, passant de 3,5% en 2018 à 2,3% en 2019. Le déficit budgétaire global de l’Algérie s’est détérioré, passant de 6,8% du produit intérieur brut (PIB) en 2018 à 9,6% du PIB en 2019, sous l’effet de la baisse des revenus des hydrocarbures et de l’augmentation des investissements publics, faisant passer le ratio dette/PIB de 38,9% du PIB, fin 2018, à 44,9% du PIB, fin 2019. Le déficit du compte courant est resté important, mais relativement stable en 2019, la baisse des exportations d’hydrocarbures étant largement compensée par une baisse voulue des importations de biens (visant à préserver les réserves de devises) et une réduction du déficit du commerce des services.

En 2020, bien que les données sur les pertes économiques du secteur privé ne soient pas disponibles, plusieurs enquêtes révèlent néanmoins que les entreprises privées ont vu leurs activités gravement affectées par la pandémie de Covid-19 avec des répercussions notables sur le marché de l’emploi. Les secteurs les plus touchés par la pandémie ont été les transports, le tourisme, la restauration, l’hôtellerie, l’artisanat, l’énergie et le commerce de détail et de gros.
En outre, les petites et moyennes entreprises, et les travailleurs indépendants et occasionnels auraient le plus souffert de l’arrêt des activités. L’Agence nationale de l’emploi fait également état d’une baisse de l’offre de main-d’œuvre, relate également la Banque mondiale.

Sur l’état des entreprises du secteur public, l’institution internationale reprend les chiffres publiés par la presse nationale relatifs aux importantes pertes de revenus subies en raison de la pandémie de Covid-19, en particulier dans les secteurs des transports et de l’énergie. L’arrêt des déplacements internationaux, régionaux et intraurbains a entraîné des pertes importantes pour les entreprises publiques actives dans le secteur des transports.
Le déficit d’Air Algérie est estimé à 271 millions de dollars à la fin de 2020 (si on exclut les demandes potentielles de remboursement des billets non utilisés) et celui de Tassili Airlines à 800 millions de dinars par mois. Les prestataires de services de liaison par ferries (Groupe algérien de transport maritime, Gatma) et par le train (Société nationale des transports ferroviaires, SNTF) ont tous deux essuyé une perte de 50% de leur chiffre d’affaires, et le système de transport public urbain et suburbain (Entreprise de transport urbain et suburbain d’Alger, Etusa) a perdu 30% de ses revenus. Ceci entre autres entreprises du secteur public.

En conclusion, en raison du double choc causé par la pandémie de Covid-19, l’Algérie devrait enregistrer une contraction économique majeure en 2020, estimée donc à – 6,5%. La consommation privée et l’investissement auront chuté en raison du ralentissement de l’activité économique dû aux confinements, aux pertes d’emplois, et à l’augmentation attendue de l’épargne de précaution.

Selon la Banque mondiale, une reprise économique partielle en 2021 et 2022 est conditionnée par une réduction marquée des déséquilibres macroéconomiques et par une relance franche de la demande intérieure globale, de la production et des exportations d’hydrocarbures. Compte tenu des contraintes budgétaires, les principaux leviers de la croissance économique devraient être la consommation et l’investissement privé, ainsi que les exportations, est-il expliqué dans la note de conjoncture qui ajoute : «Dans un contexte hautement incertain, l’équilibre des risques affiche une tendance pessimiste, avec d’éventuelles autres vagues d’infections au coronavirus susceptibles de nuire à la reprise économique.

Une autre baisse du prix des hydrocarbures pourrait également accroître les besoins de financement budgétaire et extérieur, et imposer des ajustements supplémentaires sur les marchés des changes. En outre, une dépréciation du dollar EU face à l’euro et au yuan détériorerait les termes de l’échange de l’Algérie.» Donc, si un certain regain de l’économie nationale est très probable, il n’en demeure pas moins que des réserves, et pas des moindres, soient toujours de mise.

Azedine Maktour


 

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