Pékin prend l’initiative dans le conflit ukrainien

    par Ralph Bosshard* 

A l’occasion de l’anniversaire de l’attaque russe contre l’Ukraine, le Ministère des Affaires étrangères de la République populaire de Chine a rendue publique son initiative pour une solution politique du conflit.1 En révélant son projet élaboré pour la paix, Pékin se positionne en tant que partie prenante aux décisions concertées touchant aux questions importantes de la politique mondial, tout en continuant la promotion de ses conceptions d’un monde multipolaire dans lequel la Russie aurait également sa place. Sans se laisser impliquer dans le conflit par son partenaire russe à un moment inopportun, la Chine n’est pas non plus prête à s’en distancer.

Dans les deux premiers paragraphes, Pékin donne son évaluation du conflit, soulignant les contradictions présumées des parties en conflit. Depuis des années, l’Ukraine proteste contre la violation de son intégrité territoriale consécutive à l’annexion par la Fédération de Russie, de la Crimée et depuis peu, des quatre oblasts de Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson. Cependant l’intégrité territoriale évoquée à ce sujet par la Chine recouvre plus généralement la sienne propre, en clair, ses revendications concernant Taïwan et les eaux territoriales en mer de Chine orientale et méridionale.
Pour ne pas avoir l’air de trop polariser sur l’Occident, le Ministère chinois des Affaires étrangères a également inclus dans le premier paragraphe une référence à l’é galité souveraine des Etats, ainsi que sa critique du double standard. La violation du premier principe est notamment critiquée par les Etats qui voient dans le soutien occidental aux «révolutions colorées» une ingérence dans leurs affaires intérieures. Traditionnellement, la Russie et la Chine reprochent à l’Occident de leur appliquer le régime «deux poids-deux mesures», se plaignant que lui-même se permette d’agir d’une façon qu’il n’accepterait jamais chez ses adversaires, selon la devise quod licet Iovi, non licet bovi2. Attaque frontale classique contre les groupes qui, en Occident et notamment aux Etats-Unis, s’attribuent un rôle de leadership dans la politique mondiale, en revendiquant la primauté des Etats démocratiques sur tous les autres.3
Par ailleurs la Chine en profite pour cautionner les revendications russes qui reviennent depuis des années sur la violation des principes d’indivisibilité territoriale de sécurité, y insistant de concert avec Moscou qui estime que les diverses étapes de l’é largissement de l’OTAN à l’est ont enfreint ce principe et conduit les anciens pays membres de l’Organisation du traité de Varsovie et les nouveaux membres de l’OTAN à assurer leur sécurité aux dépens de la Russie.

Les propositions chinoises font preuve de réalisme

A l’é vidence, le Ministère chinois des Affaires étrangères admet que l’é tendue de la complexité des causes de l’actuelle guerre d’Ukraine est trop vaste pour qu’elle parvienne à une résolution rapide par le biais d’un accord de paix. Au cours des neuf dernières années, cette longue guerre a en outre engendré d’autres problèmes. Par conséquent, demander un accord de cessez-le-feu général est nettement plus réaliste. On a bien sûr aussitôt reproché à la Russie d’utiliser le cessez-le-feu dans le seul but d’un rétablissement de sa position militaire. Les Ukrainiens et leurs alliés européens sont toutefois eux aussi rompus à ces procédés: jusqu’à  présent aucun argument convaincant n’est venu infirmer l’idée que la France, l’Allemagne et l’Ukraine n’auraient conclu les Accords de Minsk dans un objectif de gagner du temps pour préparer une résolution militaire au conflit.4 A Pékin aussi, on est bien conscient du problème posé par les Accords de Minsk de 2014 et 2015, mélange de simples dispositions de cessez-le-feu avec des mesures politiques. Il faut toutefois s’attendre à ce qu’un cessez-le-feu stable, sur une ligne bien démarquée, quelle qu’elle soit, conduise à la consolidation de la situation de facto, ce qui n’est pas dans l’intérêt de l’Ukraine en particulier. L’appel à la reprise des pourparlers politiques (point 4 de la proposition chinoise) marque le réalisme dont fait preuve Pékin.

L’Occident se trouve hors du jeu

Jusqu’à  présent, concernant un dialogue direct Ukraine-Russie, proposé par Pékin, c’est l’Ukraine qui renâcle. Le point 3 de la proposition chinoise, qui le souligne, montre la volonté de Pékin de n’accorder aucun rôle dans le processus de paix à l’Occident dans son entier. Le Président ukrainien Zelensky a visiblement vite compris cette issue se déclarant immédiatement prêt à discuter avec l’homme fort de la Chine, le Président Xi Jinping.5
Autre problème urgent lié à la longueur et la brutalité de cette guerre, les conditions humanitaires. L’Ukraine et ses alliés européens tenteront bien entendu de s’appuyer sur ce point du plan de paix chinois pour dénoncer la Russie, mais la Chine ne devrait pas se laisser instrumentaliser. Pékin sait bien que la Russie va utiliser ce point pour tout reprocher à l’Ukraine. En associant, dans le point 8 de sa proposition, son refus de toute menace d’utilisation d’armes nucléaires à son opposition de principe à tout développement d’armes biologiques et chimiques, la Chine montre sa détermination à couper court à toute tentative d’instrumentalisation de l’une ou l’autre des parties.

Des voies ouvertes à tous

La référence à l’Initiative Black Sea Grains, visant au maintien des livraisons de céréales en provenance d’Ukraine, indique probablement que Pékin s’est concerté avec Ankara avant d’initier son plan de paix. Il est clair que les dirigeants chinois vont en profiter pour tenter d’en tirer un profit additionnel pour marquer des points auprès des Etats d’Afrique et d’Asie.
Point 10, le refus de sanctions unilatérales doit être interprété comme une critique ouverte de l’Occident et constitue en même temps une pilule amère pour l’Ukraine qui, faute d’autres options d’action, opterait pour le maintien prolongé de sanctions aussi sévères que possible contre la Russie.6 L’Ukraine n’a pourtant pas, ni actuellement, ni dans un avenir prévisible, le poids politique et économique nécessaire pour motiver d’autres Etats à agir dans ce sens, et encore moins pour les y contraindre. A Kiev, il faut s’attendre de manière réaliste à ce que les intérêts économiques de nombreux Etats les conduisent, un jour ou l’autre, à un maintien purement formel, quoique progressivement vidé de leur contenu, des sanctions économiques contre la Russie. Enfin, Pékin promeut ses propres intérêts économiques, notamment son Initiative Belt and Road, tout en sachant pertinemment qu’elle sert également les intérêts russes, car la Russie accorde une grande importance à son corridor de transport international nord-sud et n’a aucun intérêt à des blocages de quelque nature que ce soit.

La détermination de Pékin

Le rejet automatique du plan de paix chinois, présumé douteux, devra sans doute rapidement faire place à une évaluation plus réaliste.7 Le secrétaire d’Etat américain Blinken se prépare apparemment déjà à une série laborieuse de visites qui le conduira dans plusieurs Etats d’Asie où il devra solliciter un soutien à ses propres plans.8 On fera sans doute payer cher aux Américains et aux Européens le prix d’un soutien politique.9 Il sera exclu que les responsables de la politique étrangère occidentale s’y présentent sous l’aspect riant du pap-gâteau au chéquier bien garni: le vent a décidément tourné. Ils endosseront désormais plutôt le rôle du quémandeur importun. D’un autre côté, Pékin est manifestement prêt à exercer une pression militaire pour faire aboutir son plan de paix, comme le montrent les diverses spéculations sur la livraison de drones et de munitions à la Russie.10 Discutable ou non, Pékin fera aboutir son plan de paix qui sert d’abord ses propres intérêts, et ce ne sont pas les sensibilités ukrainiennes qui l’arrêteront.
Kiev, Bruxelles et Washington ne pourront échapper à un examen approfondi des propositions chinoises, d’autant plus que celles-ci ont déjà reçu le soutien d’acteurs importants sur l’é chiquier politique mondial et qu’elles avaient peut-être été convenues avec un autre acteur important, la Turquie. Avec l’initiative chinoise, l’Occident qui a fourni des armes à l’Ukraine en tant que moteur convaincu de l’é volution, se voit tout à coup rélégué au rôle d’acteur parmi d’autres, car Pékin ne tolèrera manifestement pas que ses propositions soient balayées d’un revers de main. Avec la proposition de paix chinoise, une porte est désormais également ouverte pour sauver la face en cas de changement de cap de la politique occidentale qui s’orienterait vers l’ouverture de discussions avec le mal-aimé du Kremlin, Vladimir Poutine. •


1v. «China’s Position on the Political Settlement of the Ukraine Crisis», 24/02/23, site du Ministère des Affaires extérieures chinois sous https://www.fmprc.gov.cn/eng/zxxx_662805/202302/t20230224_11030713.html?spm=C98846262907.PT3RXyzGyJv6.0.0  (en anglais). Commentaire à consulter sur: «China calls for resuming peace talks to resolve Ukraine crisis», consulter p.e. The New Times du 25/02/23, online sous https://www.newtimes.co.rw/article/5333/news/international/china-calls-for-resuming-peace-talks-to-resolve-ukraine-crisis .
2traduit: «Ce qui est permis à Jupiter n’est pas permis au boeuf.»
3Une «Ligue des democrats» fut proposée, pour la première fois, par Ivo Daalder und James Lindsay dans «Washington Post». V.: «Democracies of the World, Unite», ds.: The American Interest Online, janvier/février 2007, online sous https://web.archive.org/web/20110521230314/http://www.the-american-interest.com/article.cfm?piece=220 . C’est dans ce contexte qu’il faut concevoir le «Sommet sur la démocratie» de l’administration Biden. V. «The Summit for Democracy» sur le site du United States Department of State, online sous https://www.state.gov/summit-for-democracy/ . Pour une position critique v.: The Heritage Foundation. «The Summit for Democracy – American Leadership or Photo Op?», online sous https://www.heritage.org/global-politics/event/the-summit-democracy-american-leadership-or-photo-op
4V. Bosshard, Ralph, «Ein schlechter Friede ist besser als ein guter Krieg» ds.: Global Bridge du 21/12/22, online sous https://globalbridge.ch/ein-schlechter-friede-ist-besser-als-ein-guter-krieg/ 
5V. Hirwani, Peony, «Zelensky wants to meet Xi Jinping after Beijing’s peace plan», ds.: The Independent du 25/02/23, online soushttps://www.independent.co.uk/news/world/europe/zelensky-xi-jinping-beijing-peace-plan-b2289365.html Ghazanchyan Siranush, «Zelensky wants Xi Jinping meeting to discuss China’s peace plan», ds. Public Radio of Armenia du 25/02/23, online sous https://en.armradio.am/2023/02/25/zelensky-wants-xi-jinping-meeting-to-discuss-chinas-peace-plan/ 
6V. «Kuleba on China’s peace plan: We disagree with at least one point» in: Interfax Ukraine, Ukraine News Agency du 25/02/2023, online sous https://en.interfax.com.ua/news/general/893977.html 
7V. Hlushchenko, Olha, «China’s peace plan beneficial only for Russia – Biden,» ds. Ukrainska Pravda du 23/02/23, online sous https://www.pravda.com.ua/eng/news/2023/02/25/7390952/  et Ash, Timothy, «China PR Peace Plan – Pros and Cons In a Nutshell», ds: Kyiv Post du 25/02/23, online sur https://www.kyivpost.com/post/13524 
8V. Lee, Matthew, «Anthony Blinken heads to Asia for key G20 talks as tensions mount with Russia and China», in: Independent.ie du 25/02/23, online sur https://www.independent.ie/world-news/north-america/anthony-blinken-heads-to-asia-for-key-g20-talks-as-tensions-mount-with-russia-and-china-42358841.html 
9L’Inde ainsi que le Kazakhstan ont déjà notifié leur soutien au plan politique chinois, v. «Willing to join ‹any peace process› to solve Ukraine war: PM Modi», in: The Hindu du 25/02/2023, online sur https://www.thehindu.com/news/national/willing-to-join-any-peace-process-to-solve-ukraine-war-pm-modi/article66552455.ece , de même «Kazakhstan supports China’s peace plan for Ukraine crisis», ds: AKIpress du 25/02/2023, online sur https://akipress.com/news:695791:Kazakhstan_supports_China_s_peace_plan_for_Ukraine_crisis/ 
10V. Bertrand, Natasha, Cohen, Zachary, «Intelligence suggests China is considering sending drones and ammunition to Russia, sources familiar say», ds: CNN Politics du 24/02/23, online sur https://edition.cnn.com/2023/02/24/politics/us-intelligence-china-drones-russia-ukraine/index.html#:~:text=CNN%20Store-,Intelligence%20suggests%20China%20is%20considering%20sending%20drones,to%20Russia%2C%20sources%20familiar%20say&text=The%20US%20has%20intelligence%20that,with%20the%20intelligence%20told%20CNN , de même «Chinese company discusses selling drones to Russia, Der Spiegel reports», ds: Reuters du 24/02/23, online sur https://www.reuters.com/business/aerospace-defense/chinese-company-discusses-sending-russia-drones-der-spiegel-2023-02-23/ 

Première parution: https://globalbridge.ch/peking-ergreift-die-initiative-im-ukraine-konflikt/  du 27/02/23; texte publié avec l’aimable autorisation de l’auteur.
(Traduction Horizons et débats)


Ralph Bosshard a étudié l’histoire générale, l’histoire de l’Europe de l’Est et l’histoire militaire. Il a suivi l’é cole de commandement militaire de l’EPFZ ainsi que la formation d’é tat-major général de l’armée suisse. Il a prolongé sa formation universitaire et militaire par des études linguistiques en russe à l’Université d’Etat de Moscou, ainsi qu’à  l’Académie militaire de l’Etat-major général de l’armée russe. C’est un expert reconnu de la situation en Europe de l’Est suite à aux fonctions qu’il a occupées pendant six ans à l’OSCE comme Conseiller spécial du représentant permanent de la Suisse.


Le ministre chinois des Affaires étrangères Qin Gang à Pékin le 21 février 2023 ( AFP / GREG BAKER )

Position de la Chine sur le règlement politique de la crise ukrainienne

  1. Respecter la souveraineté de tous les pays. Le droit international universellement reconnu, y compris les buts et principes de la Charte des Nations Unies, doit être strictement observé. La souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de tous les pays doivent être effectivement garanties. Les pays, qu’ils soient grands ou petits, puissants ou faibles, riches ou pauvres, sont membres égaux de la communauté internationale. Les différentes parties doivent préserver ensemble les normes fondamentales régissant les relations internationales et défendre l’é quité et la justice internationales. Il faut promouvoir une application égale et uniforme du droit international et rejeter le deux poids deux mesures.
  2. Renoncer à la mentalité de la guerre froide. Il ne faut pas rechercher la sécurité d’un pays au détriment de celle des autres, ni garantir la sécurité d’une région par le renforcement voire l’expansion des blocs militaires. Les intérêts et préoccupations sécuritaires légitimes des différents pays doivent être pris au sérieux et traités de manière appropriée. Il n’y a pas de solution simple aux problèmes complexes. Toutes les parties doivent poursuivre la vision de sécurité commune, intégrée, coopérative et durable, garder à l’esprit la paix et la stabilité de long terme dans le monde, et promouvoir la construction d’une architecture de sécurité européenne équilibrée, effective et durable. Il faut s’opposer à ce qu’un pays recherche sa propre sécurité au prix de celle d’autrui, prévenir la confrontation des blocs, et œuvrer ensemble à la paix et à la stabilité sur le continent eurasiatique.
  3. Cesser les hostilités. Les conflits et guerres ne font de bien à personne. Les parties doivent toutes garder la raison et la retenue, s’abstenir de mettre de l’huile sur le feu et d’aggraver les tensions, et prévenir une nouvelle détérioration ou même un dérapage de la crise ukrainienne. Il faut soutenir la Russie et l’Ukraine de sorte qu’elles travaillent dans la même direction pour reprendre au plus tôt un dialogue direct, promouvoir progressivement la désescalade de la situation et parvenir finalement à un cessez-le-feu complet.
  4. Lancer les pourparlers de paix. Le dialogue et les négociations sont la seule solution viable à la crise ukrainienne. Tout effort en faveur du règlement pacifique de la crise doit être encouragé et soutenu. La communauté internationale doit poursuivre la bonne direction qui est de promouvoir les pourparlers de paix, aider les parties au conflit à ouvrir rapidement la porte qui mène au règlement politique de la crise, et créer des conditions et plateformes pour la reprise des négociations. La Chine continuera de jouer un rôle constructif dans ce sens.
  5. Régler la crise humanitaire. Toute mesure en faveur de l’apaisement de la crise humanitaire doit être encouragée et soutenue. Les opérations humanitaires doivent se conformer aux principes de neutralité et d’impartialité et les questions humanitaires ne doivent pas être politisées. Il faut protéger effectivement la sécurité des civils et mettre en place des corridors humanitaires pour évacuer des civils des zones de conflit. Il convient d’accroître les aides humanitaires aux zones concernées, d’améliorer les conditions humanitaires, et de fournir un accès humanitaire rapide, sûr et sans entrave, en vue de prévenir une crise humanitaire de plus grande ampleur. Il faut soutenir l’ONU dans ses efforts pour jouer un rôle coordinateur dans l’acheminement des aides humanitaires dans les zones de conflit.
  6. Protéger les civils et les prisonniers de guerre. Les parties au conflit doivent observer scrupuleusement le droit humanitaire international, éviter d’attaquer les civils et les installations civiles, protéger les femmes, les enfants et les autres victimes du conflit et respecter les droits fondamentaux des prisonniers de guerre. La Chine soutient l’é change de prisonniers de guerre entre la Russie et l’Ukraine et appelle les différentes parties à créer plus de conditions favorables à cette fin.
  7. Préserver la sécurité des centrales nucléaires. La Chine s’oppose aux attaques armées contre les centrales nucléaires et les autres installations nucléaires pacifiques, et appelle les différentes parties à observer le droit international, y compris la Convention sur la sûreté nucléaire, et à prévenir résolument les accidents nucléaires d’origine humaine. La Chine soutient l’Agence internationale de l’é nergie atomique dans ses efforts pour jouer un rôle constructif dans la promotion de la sûreté et de la sécurité des installations nucléaires pacifiques.
  8. Réduire les risques stratégiques. Les armes nucléaires ne doivent pas être utilisées et la guerre nucléaire ne doit pas être menée. Il faut s’opposer à la menace ou l’emploi d’armes nucléaires. Il est impératif de prévenir la prolifération nucléaire et d’é viter les crises nucléaires. La Chine s’oppose à la recherche et développement et à l’utilisation des armes chimiques et biologiques par quelque pays que ce soit dans quelques circonstances que ce soient.
  9. Faciliter l’exportation des céréales. Toutes les parties doivent appliquer de manière équilibrée, intégrale et effective l’Initiative céréalière de la mer Noire signée par la Russie, la Türkiye, l’Ukraine et l’ONU, et soutenir l’ONU dans ses efforts pour jouer un rôle important à cet égard. L’initiative de coopération sur la sécurité alimentaire mondiale lancée par la Chine offre une solution viable à la crise alimentaire mondiale.
  10. Mettre fin aux sanctions unilatérales. Les sanctions unilatérales et la pression maximale n’aident pas à régler les problèmes et ne font que créer de nouveaux problèmes. La Chine s’oppose à toute sanction unilatérale non autorisée par le Conseil de Sécurité des Nations Unies. Les pays concernés doivent cesser de recourir de manière abusive aux sanctions unilatérales et aux juridictions extraterritoriales contre les autres pays, jouer un rôle en faveur de la désescalade de la crise ukrainienne et créer des conditions favorables au développement économique et à l’amélioration du bien-être de la population des pays en développement.
  11. Assurer la stabilité des chaînes industrielles et d’approvisionnement. Toutes les parties doivent préserver effectivement le système économique mondial existant, et s’opposer à ce que l’é conomie mondiale soit politisée ou utilisée comme un outil ou une arme. Il faut œuvrer ensemble à atténuer les effets de débordement de la crise pour qu’elle ne perturbe la coopération internationale en matière d’é nergie, de finance, de commerce alimentaire et de transport ni ne compromette la reprise économique mondiale.
  12. Promouvoir la reconstruction post-conflit. La communauté internationale doit prendre des mesures pour soutenir la reconstruction post-conflit dans les zones de conflit. La Chine est prête à accorder son assistance et à jouer un rôle constructif à cet égard.

Source: Le Ministère des Affaires Etrangères de la République populaire de Chine, 24 février 2023, 09.00


          Accord Arabie saoudite – Iran : Israël et le Maroc, les grands perdants

L’onde de choc de l’accord conclu entre l’Arabie saoudite et l’Iran a bouleversé le voisin israélien et atteint même le lointain Maroc, pris de court par la tournure des événements.

Sous l’égide de la Chine, la monarchie sunnite du Golfe et la République islamique ont annoncé vendredi 10 mars la conclusion d’un accord pour le rétablissement de leurs relations diplomatiques rompues depuis 7 ans, résultats de quatre jours de négociations secrètes à Pékin.

Qu’ils en soient informés ou pas de l’initiative, comme le soutiennent des avis contradictoires, les États-Unis auront perdu des points face à la Chine que personne n’attendait sur ce dossier et qui signe ainsi un succès diplomatique retentissant en réussissant à réconcilier les deux grandes puissances ennemies du monde musulman.

Des sources médiatiques américaines ont fait état de négociations parallèles entre l’Arabie saoudite et Israël pour normaliser leurs relations, chapeautées par les États-Unis, mais aucune source officielle ne les a confirmées.

Pour de nombreux observateurs, de tels pourparlers, s’ils ont réellement lieu, ont très peu de chances d’aboutir à des accords de normalisation à cause de la situation en Israël et dans les territoires occupés, de surcroît maintenant que l’équation de la géopolitique régionale est complètement chamboulée par la réconciliation entre Riyad et Téhéran.

Clairement, un éventuel rapprochement entre l’Arabie saoudite et Israël était destiné à contrer l’ennemi commun iranien et a donc désormais moins de raisons pour se concrétiser. Sous cet angle, Israël est le premier perdant de l’accord conclu à Pékin entre l’Arabie saoudite et l’Iran.

Après la normalisation de ses relations en 2020 avec quatre pays arabes (Emirats, Bahreïn, Maroc et Soudan), la prochaine cible pour Israël était l’Arabie saoudite, le véritable verrou qui lui ouvrira les portes des autres pays arabes.

Benyamin Netanyahou l’a dit sans ambages dès son retour au pouvoir en novembre dernier. Le Premier ministre israélien a indiqué que la priorité de son gouvernement est d’arriver à une normalisation avec l’Arabie saoudite, ce qui, selon lui, ouvrirait la voie au règlement de la question palestinienne.

 

Dans une interview à un journal italien parue au moment même où Saoudiens et Iraniens discutaient à Pékin, Netanyahou a réitéré le même objectif. C’est dire si la nouvelle est complètement inattendue pour lui.

En Israël, on tente de dédramatiser en rappelant que ce qui compte face à la « menace iranienne » c’est la fermeté de l’Occident.

Arabie saoudite – Iran : le Maroc pris à contre-pied

Mais le poids de l’Arabie saoudite dans le monde arabe et musulman est indéniable. Sa réconciliation avec  l’Iran rebat les cartes dans la région et constitue un coup d’arrêt au moins momentané à la vague de normalisation entamée en 2020.

Un observateur algérien contacté par TSA estime que, désormais, « l’Arabie saoudite sera l’interlocuteur privilégié de l’Iran ».

Cette réconciliation « réduit les Accords d’Abraham à néant » et aura comme conséquence la remise sur la table du plan de paix saoudien de 2002, « la terre contre la paix », analyse-t-il.

L’autre pays que prend à contre-pied le rapprochement irano-saoudien, c’est le Maroc. Contrairement à l’Algérie qui a adopté une position de neutralité, le pays maghrébin a clairement choisi son camp ces dernières années en normalisant avec Israël en 2020, deux ans après avoir rompu ses relations avec l’Iran.

Dans sa stratégie pour imposer sa colonisation du Sahara occidental, le Maroc a joué sur les tensions des pays du Golfe, Israël et les Occidentaux d’un côté, et l’Iran de l’autre.

Il a tout fait pour impliquer l’Iran dans le conflit en l’accusant d’armer et d’entraîner les combattants du Front Polisario avec l’aide de l’Algérie et en lui prêtant des velléités d’hégémonie en Afrique du Nord.

Avec son nouvel allié israélien, le Maroc a bâti sa stratégie sur cette contre-vérité. En visite au Maroc en août 2021, Yair Lapid, alors chef de la diplomatie d’Israël, avait proféré des menaces à peine voilées à l’égard de l’Algérie en exprimant des inquiétudes partagées avec le Maroc devant ce qu’il a qualifié de « rapprochement » entre Alger et Téhéran.

« Le lien Polisario-Iran est farfelu mais il a été utilisé par le Maroc pour les diaboliser et isoler l’Algérie », indique le même observateur algérien. « Le Maroc a toujours bénéficié de la diabolisation de l’Iran par les pays du Golfe qui se sont mis sous le parapluie d’Israël », poursuit-il.

Avec la réconciliation de l’Arabie saoudite et de l’Iran, c’est toute la stratégie du Maroc et sa propagande sur le Polisario et l’Algérie qui tombe à l’eau. Surtout, elle révèle toutes les limites de son influence auprès de ses prétendus alliés du Golfe.


 

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