Les bons dits d’un terroriste du Sahel

 

    Par Hacene Kacimi
Les services de sécurité algériens ont arrêté un terroriste de l’État islamique qui est passé aux aveux, retransmis à la Télévision algérienne.
Les confessions de ce dernier sont troublantes. Elles nous indiquent tout l’itinéraire du recrutement qui commence, avant tout, par la radicalisation du candidat au djihad, qui a le profil d’un jeune, influençable, fragile, sans attache sociale, à la recherche d’une identité, mais prêt à mourir pour la cause de Dieu.
Les réseaux sociaux, Facebook, Telegram et autres, derrière lesquels se cachent de puissants réseaux terroristes, sont là pour le conduire vers l’enfer des filières opaques, une multitude d’intermédiaires, sans jamais connaître les véritables commanditaires au bout de la chaîne de commandement douteuse de ces réseaux subversifs.
Des localités ont été citées par ce terroriste, connues pour avoir été, dans le passé, des zones de repli des djihadistes d’El Qaïda revenus d’Afghanistan, après avoir baroudé et guerroyé dans les maquis et montagnes d’Afghanistan.
Ces derniers sont bien pris en charge dans les camps d’entraînement étrangers, à Peshawar, en compagnie des Talibans, et de plusieurs autres nationalités, venant du monde arabe et musulman, grâce à de puissantes filières de recrutement.
Ils ont constitué les bataillons de l’Internationale terroriste d’El Qaïda, qui sont connus pour être la filiale et les supplétifs de services étrangers.
Ce sont ces bataillons de l’Internationale terroriste qui ont allumé le feu du djihad et détruit plusieurs pays du monde arabe.
La décennie noire des années 1990 de l’Algérie en est un parfait exemple.
Ce terroriste de l’État islamique, activant à l’étranger, est passé dans la phase de recrutement par El-Oued, Guemmar, Biskra, Debdeb, Tunis, Tripoli, pour arriver en Turquie, avant d’être acheminé vers le nord de la Syrie, dans le camp d’entraînement des «Djounoud Echam» de l’État islamique.
Arrivé dans le camp d’entraînement djihadiste, le terroriste avait découvert qu’on ne parlait pas de religion et que la seule préoccupation des chefs de ce camp était le commerce, le gain et le profit.
Ce terroriste récidiviste devait, selon une feuille de route de ses commanditaires, rejoindre l’organisation de l’État islamique de l’ouest de l’Afrique.
Sur son parcours, le plan du terroriste arrêté était de constituer des cellules de l’État islamique à Djanet et Tamanrasset.
Il faut souligner que ces deux localités frontalières, stratégiques du sud du pays, sont dans l’œil du cyclone de cette organisation terroriste.
La chronologie de la feuille de route des confessions du terroriste arrêté se décline en deux étapes importantes.
Organiser, dans la première phase, des attaques terroristes contre des infrastructures pétrolières, et dans une seconde phase, constituer de petites cellules terroristes, pour passer aux assassinats de personnalités nationales.
Un scénario classique de la subversion terroriste, déjà mis en œuvre dans plusieurs pays arabes et dans le Sahel.
Le feu de la discorde a été violemment allumé entre le Congo et le Rwanda, et il a été déjà étendu à d’autres zones, en Afrique et au Maghreb.
Les conflits religieux et interethniques sont le terrain de prédilection de ces nouvelles techniques de manipulation des masses et de déstabilisation des États. Un tel phénomène subversif doit être surveillé de très près, pour éviter qu’il soit manipulé et instrumentalisé.
Le plus troublant dans ces révélations est que ce terroriste devait rejoindre le réseau de l’État islamique de Diffa et d’une deuxième ville, dont il n’a pas cité le nom, mais indiquant qu’elle était au sud du Niger, probablement la région de Zender, limitrophe de Diffa.
Sur ce point, il faut relever que Diffa et Zender sont frontalières du nord du Nigeria où Boko Haram domine toute la zone du lac Tchad où il fait la loi.
C’est à partir de ces révélations que nous pouvons mettre en relation d’autres phénomènes sournois qui se développent sur le territoire national.
Il faut absolument noter que 90% des migrants nigériens qui pratiquent la mendicité en Algérie viennent du sud du Niger, de Zender et de Diffa, sous domination militaire et culturelle de Boko Haram.
Ceci explique l’accoutrement «Boko Haram» des migrants nigériens, principalement des femmes et des enfants, notamment des hommes, qui arrivent en Algérie.
De fil en aiguille, et suite à des confessions d’un terroriste, nous reconstituons à partir de faits probants, nous facilitant la mise en liaison de toutes ces informations, le puzzle de l’interconnexion entre les réseaux de l’État islamique, de Boko Haram et des réseaux de trafic de migrants.
Suite à ces révélations, il est maintenant possible de confirmer que ces organisations terroristes et criminelles encadrent et organisent le marché juteux du trafic de migrants et de traite des personnes, à destination de l’Algérie.
La traite des personnes et le trafic des migrants en Algérie constituent une source de revenus importante, recyclés dans le Sahel par les organisations terroristes dans la contrebande, l’achat des armes et le trafic de drogue, acheminée du Maroc vers l’Afrique subsaharienne.
Dans cet écheveau invisible, mais dont la lisibilité a été reconstituée, il y a un plan devant faire de l’Algérie une plateforme de débarquement migratoire.
Les routes migratoires de la Méditerranée sont progressivement fermées, et l’étau se resserre, de plus en plus, sur les réseaux de passeurs.
Les routes migratoires du sud de la Libye sont aussi fermées, grâce à des fonds informels, qui ont été alloués à des groupes armés, au sud de la Libye, pour redéployer ces routes vers l’Algérie.
C’est ainsi qu’Agades-Niger a été transformée, par des acteurs étrangers, en hub migratoire régional, servant d’externalisation de la gestion des frontières de l’Union européenne.
Pour le redéploiement de ces routes migratoires, à partir d’Agades, vers le nord de l’Afrique, de grands moyens financiers sont mobilisés, pour faire de ces pays une zone de destination migratoire et non de transit.
L’objectif de ce scénario est de renverser les courbes migratoires vers le Maghreb et déstabiliser l’Algérie, en l’inondant d’une migration massive.
Ceci nous permet de penser, avec beaucoup de force, que les réseaux de trafic des migrants du sud du Niger réalisent, depuis plusieurs années, une feuille de route de l’État islamique et de Boko Haram, avec le concours d’autres acteurs importants, pour inonder l’Algérie de migrants.
Comme nous connaissons la matrice de l’État islamique et de Boko Haram, nous devons absolument nous attendre à une instrumentalisation de cette migration, dont les origines ne sont pas dues uniquement à la détresse de populations vivant dans le Sahel.
Le redéploiement de cellules terroristes, sur le territoire national, empruntant des routes migratoires à partir du Sahel, a été clairement abordé dans les confessions de ce terroriste.
Cela ne nous surprend pas, puisque nous avons déjà vécu ce phénomène en 2018. L’Algérie a déjà été confrontée à un scénario identique, neutralisé, où des djihadistes syriens ont utilisé des routes migratoires, passant par avion par Istanbul, Tunis, Khartoum et Nouakchott, pour être acheminés, par route, vers le Mali, le Niger, pour entrer sur le territoire national par les localités du sud du pays, Adrar, Tamanrasset et Ghardaïa.
Le terroriste arrêté par les services algériens a fait un appel dans lequel il met en garde les jeunes et explique comment il a été manipulé et recruté par des réseaux terroristes, par le biais de réseaux sociaux, dont l’identité des commanditaires est inconnue.
Cela n’est qu’un exemple, et d’autres menaces rampantes pointent le nez.
Elles sont inodores et incolores et se déroulent sous plusieurs formes, en direction de l’Algérie, dans un climat régional et international délétère, où tous les coups bas et illicites sont légion, frappant de plein fouet les États les plus vulnérables, les plus affaiblis, mais les plus riches en matières premières, en pétrole et en gaz.
Le MAK, Rachad, le Congrès mondial amazigh et d’autres tempêtes subversives qui se préparent veulent mener notre pays vers des solutions extraconstitutionnelles, pour installer une période de transition, menant vers le chaos et le désordre, travaillant d’arrache-pied pour descendre en flammes l’Algérie, au nom de la démocratie et des libertés d’un Occident qui nous a réduits à l’esclavage.
C’est au nom de la démocratie et de la liberté que plusieurs pays arabes ont été détruits par l’Occident et renvoyés à l’âge de pierre.
Quand l’Occident vous parle de démocratie et de liberté, méfiez-vous, vous risquez d’être enchaîné à vie.
Le président du Nigeria vient de déclarer, publiquement, que les armes de l’Ukraine sont arrivées en Afrique et qu’elles circulent, maintenant, au niveau du lac Tchad, en quantités importantes parmi les groupes armés de Boko Haram.
Les autorités des pays du lac Tchad savent, aussi, que les armes saisies auprès des groupes terroristes de Boko Haram sont de fabrication occidentale.
Les analystes les plus avertis ne vont pas mettre l’arrivée de ces armes en Afrique sur le compte uniquement des réseaux de criminalité transfrontalière, de trafic des armes.
Les ramifications de ces réseaux remontent bien plus haut, vers des acteurs plus importants et plus puissants, nourrissant des objectifs de domination et de conquête des territoires.
Avec le transfert des armes d’Ukraine vers l’Afrique, on s’attend, pour 2023, à une recrudescence des conflits armés et à l’extension de l’instabilité.
C’est dans ces conditions obscures que l’Occident ouvre les portes de l’Afrique, pour installer des bases militaires, et vous propose une assistance pour lutter contre le terrorisme.
Un scénario, bien ficelé, de conquête des territoires, au nom de la défense des libertés et de la démocratie.
Dans ces moments difficiles, où les vagues de fond sont invisibles à l’œil nu, pouvant nous renverser à tout moment, l’État doit être puissant et doit frapper très fort, en ne tolérant aucune atteinte à notre sécurité nationale.
H. K. 

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