Washington responsable du sabotage de Nord Stream, selon un célèbre journaliste américain

Selon une publication du blog du journaliste Seymour Hersh, les Etats-Unis seraient à l’origine du spectaculaire sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2 en septembre. La Maison Blanche conteste ces affirmations.

Dans un article publié sur un blog présenté comme le sien, Seymour Hersh – célèbre journaliste d’investigation américain spécialisé dans les questions de défense et ayant obtenu le prix Pulitzer pour sa couverture du massacre de My Lai durant la guerre du Vietnam – écrit que des plongeurs de l’US Navy, aidés par la Norvège, ont posé des explosifs sur ces gazoducs reliant la Russie à l’Allemagne sous la mer Baltique en juin, les déclenchant trois mois plus tard.

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Les pays occidentaux avaient accusé la Russie d’être responsable de ces impressionnantes fuites précédées d’explosions sous-marines. Mais les enquêtes menées par les autorités suédoises, danoises et allemandes n’ont pas encore permis de déterminer de responsabilités. Selon le journaliste Seymour Hersh, qui s’appuie sur une seule source anonyme, le président américain Joe Biden avait lui-même décidé de faire exploser ces gazoducs afin de priver Moscou des revenus faramineux de ses ventes de gaz à l’Europe. Washington considérait aussi que Nord Stream 1 et 2 donnaient à la Russie un important moyen de pression sur l’Allemagne et les pays d’Europe de l’Ouest, avance Seymour Hersh. Le journaliste assure que l’idée avait été évoquée en décembre 2021, avant que le plan ne soit conçu par la CIA. Les autorités américaines ont de leur côté fermement démenti les affirmations de Seymour Hersh. Ces informations sont «totalement fausses» et relèvent de la «pure fiction», a rétorqué Adrienne Watson, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche. Même écho à la CIA, où un porte-parole a assuré que l’article était «absolument faux».

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Un grand reporter US accuse : « C’est Washington qui a saboté le Nord Stream ! »

Seymour Hersh, grand reporter américain et ancien lauréat du prestigieux prix Pulitzer, vient de balancer un grand pavé dans la mare en révélant par les menus détails comment la CIA, de concert avec la Maison Blanche, ont discrètement mené l’opération de sabotage terroriste contre le Nord Stream, afin d’empêcher les Européens de continuer à recevoir du gaz russe à bat coût, et de rendre irréversible le suicidaire engagement militaire de Bruxelles contre Moscou. Le journaliste américain parle d’une opération commando menée par des forces d’élite, et des plongeurs en eau profonde très expérimentés, le tout avec l’aide de la marine et de l’armée norvégiennes. De puissants explosifs de type C4 ont été utilisés par ces plongeurs formés dans une base spéciale de Floride. Ce sont des submersibles norvégiens qui ont laissé trainer par hasard des balises guidant tout droit les plongeurs vers le gazoduc ciblé. Ce modus operandi n’est d’ailleurs pas sans rappeler les attentats du 11 septembre, où il était absolument impossible pour des avions de ligne d’atteindre les tours visées avec autant de précision. Les préparatifs et entrainements de base ont été menés sous couvert d’entrainements de routine des forces de l’OTAN. Washington s’en est souvent servi au profit de ses propres intérêts et à l’insu de ses propres membres. Cela avait du reste poussé De Gaulle à quitter l’OTAN pendant bon nombre d’années. Le nom de code de cette opération est BALTOPS. « La décision de Biden de saboter les pipelines est intervenue après plus de neuf mois de débats hautement secrets au sein de la communauté de la sécurité nationale de Washington sur la meilleure façon d’atteindre cet objectif. Pendant une grande partie de ce temps, la question n’était pas de savoir s’il fallait faire la mission, mais comment la faire sans aucun indice manifeste quant à qui était responsable », écrit notamment ce journaliste. Il était primordial pour les Américains de ne pas laisser d’indices compromettant pouvant susciter les soupçons des dirigeants européens, concernant le fait qu’ils sont en train d’être sacrifiés sut l’autel des ambitions américaines, dont l’impérialisme l’en finit plus d’aller crescendo. Le président Biden et son équipe de politique étrangère – le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan, le secrétaire d’État Tony Blinken et Victoria Nuland, la sous-secrétaire d’État à la politique – avaient été virulents et constants dans leur hostilité envers les deux pipelines, qui couraient côte à côte sur 750 miles sous la mer Baltique depuis deux ports différents du nord-est de la Russie près de la frontière estonienne, passant près de l’île danoise de Bornholm avant de se terminer dans le nord de l’Allemagne. La route directe, qui contournait tout besoin de transiter par l’Ukraine, avait été une aubaine pour l’économie allemande, qui bénéficiait d’une abondance de gaz naturel russe bon marché – suffisamment pour faire fonctionner ses usines et chauffer ses maisons tout en permettant aux distributeurs allemands de vendre le gaz excédentaire, à des prix raisonnables concurrentiels. Dès ses débuts, Nord Stream 1 a été considéré par Washington et ses partenaires anti-russes de l’OTAN comme une menace pour la domination occidentale. La société holding derrière elle, Nord Stream AG, a été constituée en Suisse en 2005 en partenariat avec Gazprom, une société russe cotée en bourse produisant d’énormes profits pour les actionnaires et dominée par des oligarques connus pour être sous l’emprise de Poutine. Gazprom contrôlait 51 % de la société, avec quatre sociétés énergétiques européennes – une en France, une aux Pays-Bas et deux en Allemagne – se partageant les 49 % restants du stock et ayant le droit de contrôler les ventes en aval du gaz naturel bon marché aux entreprises locales. distributeurs en Allemagne et en Europe occidentale. Les bénéfices de Gazprom ont été partagés avec le gouvernement russe, et les revenus du gaz et du pétrole de l’État ont été estimés certaines années à 45 % du budget annuel de la Russie. Les craintes politiques de l’Amérique étaient réelles : Poutine aurait désormais une source de revenus supplémentaire et indispensable, et l’Allemagne et le reste de l’Europe occidentale deviendraient dépendants du gaz naturel à bas prix fourni par la Russie, tout en diminuant la dépendance européenne vis-à-vis de l’Amérique.

En fait, c’est exactement ce qui s’est passé. De nombreux Allemands ont vu Nord Stream 1 dans le cadre de la délivrance de la célèbre théorie de l’Ostpolitik de l’ancien chancelier Willy Brandt, qui permettrait à l’Allemagne d’après-guerre de se réhabiliter et d’autres nations européennes détruites pendant la Seconde Guerre mondiale, entre autres initiatives, en utilisant du gaz russe bon marché pour alimenter un prospère marché et économie commerciale d’Europe occidentale. Nord Stream 1 était suffisamment dangereux, de l’avis de l’OTAN et de Washington, mais Nord Stream 2, dont la construction s’est achevée en septembre 2021, doublerait, s’il était approuvé par les régulateurs allemands, la quantité de gaz bon marché qui serait disponible pour l’Allemagne et l’Europe de l’Ouest. Le deuxième gazoduc fournirait également suffisamment de gaz pour plus de 50 % de la consommation annuelle de l’Allemagne. Les tensions montaient constamment entre la Russie et l’OTAN, soutenues par la politique étrangère agressive de l’administration Biden. L’opposition à Nord Stream 2 a éclaté à la veille de l’inauguration par Biden de son mandat présidentiel en janvier 2021, lorsque les républicains du Sénat, dirigés par Ted Cruz du Texas, ont soulevé à plusieurs reprises la menace politique du gaz naturel russe bon marché lors de l’audition de confirmation de Blinken au poste de secrétaire d’État. À ce moment-là, un Sénat unifié avait adopté avec succès une loi qui, comme Cruz l’a dit à Blinken, “a stoppé [le pipeline] dans son élan”. Il y aurait une énorme pression politique et économique de la part du gouvernement allemand, alors dirigé par Angela Merkel, pour mettre en ligne le deuxième pipeline. Parmi les « outils de persuasion » dont disposent les Américains il y a aussi et surtout les actions terroristes et clandestines de sabotage. A quoi bon de laborieuses et longues négociations diplomatiques quand on peut d’un seul coup d’un seul rendre inutile ce gazoduc. Vraisemblablement les équipes de sabotage ont fait en sorte que toutes les tentatives de réparation s’avèrent inutiles, voire carrément impossibles. La position d’Olaf Scholz, le nouveau chancelier allemand, n’était pas claire pour Washington. Des mois plus tôt, après la chute de l’Afghanistan, Scholtz avait publiquement soutenu l’appel du président français Emmanuel Macron à une politique étrangère européenne plus autonome dans un discours à Prague, suggérant clairement moins de dépendance à l’égard de Washington et de ses actions résolument tournées vers la propagande et la désinformation. Les États-Unis diffusent sciemment des rumeurs sur une prétendue origine extraterrestre de plusieurs objets volants abattus par le Pentagone, a ainsi déclaré ce mardi l’ex-employé de la CIA, Edward Snowden. Selon lui, cette stratégie a pour objectif de faire oublier la récente enquête sur l’implication US dans les explosions des Nord Stream. La boucle est ainsi bouclée, et l’étau tend à se refermer sur Washington et ses nombreux exécutants de par le monde.

El Ghayeb Lamine

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