SEM Peng Jingtao, l’Ambassadeur de Chine au Bénin : « La Chine a créé un miracle de développement économique »

Les relations sino-africaines, « l’initiative la ceinture et la route » et les 70 ans de la fondation de la république populaire de Chine, ce sont entre autres sujets que SEM Peng Jingtao, ambassadeur de la république populaire de Chine près la république du Bénin, a abordés dans un entretien exclusif accordé à Beninwebtv.

Voici l’intégralité de l’entretien avec SEM l’Ambassadeur Peng Jingtao :

L’état des relations entre la Chine et le Bénin

SEM l’Ambassadeur Peng Jingtao

« La Chine est un pays ami de longue date du Bénin. Les relations politiques sont très fermes durant les 47 ans d’amitié. Il n’y a aucun nuage politique dans les relations bilatérales. Les échanges entre les responsables des deux Etats sont fréquents. Sur le plan économique, nous avons connu une coopération riche, variée, fructueuse à impact  direct sur les populations. On peut même dire que nous sommes entrés dans la meilleure période de la  coopération bilatérale entre la Chine et le Bénin

Je dois citer d’abord la construction d’infrastructures. Nous sommes aussi un pays en développement donc nous connaissons parfaitement bien ce dont ont besoin les pays en développement. Sans infrastructures on ne peut rien faire ; donc c’est un des domaines prioritaires.

Dans le domaine de la formation, depuis l’établissement des relations diplomatiques, la Chine offre des bourses gouvernementales aux jeunes étudiants béninois. Chaque année, on invite au moins 300 Béninois en Chine pour suivre des formations et différents  séminaires dans tous les secteurs. Nous avons aussi au Bénin, deux centres de formation agricole, un pour l’élevage des poussins et la plantation de maïs et un autre  pour la culture du coton. La formation des élites est très importante pour le Bénin donc une priorité pour la Chine dans notre coopération.

Le troisième domaine est celui de la santé. Cela fait 41 ans que la Chine envoie des missions médicales au Bénin,  plus de 500. Actuellement dans trois villes béninoises, il y a encore trois missions médicales chinoises qui travaillent avec les médecins béninois. Outre l’envoi de missions, il y a la construction des hôpitaux et le don d’équipements médicaux.

Il faut dire qu’on a ajouté un nouveau domaine comme priorité: c’est l’investissement. Il y a actuellement la construction du pipeline entre le Niger et le Bénin, l’investissement va être fait par une société chinoise (China pétrole), et va être l’investissement le plus grand du Bénin depuis son indépendance. Aussi, pas mal de sociétés chinoises ont manifesté leur intérêt pour investir au Bénin et nous faisons beaucoup d’efforts pour les attirer.

Tourisme et sécurité

Il n’y a pas encore de projets très concrets dans la sécurité mais ce n’est pas un domaine négligé, avec le ministère de l’intérieur nous avons quelques discussions sur la possibilité de coopérer. Pareil pour le tourisme car il est considéré comme un pilier économique du Bénin, le gouvernement accorde une grande importance à ce domaine. Ce que nous pouvons faire, c’est d’adapter notre politique avec la stratégie du Bénin.

Technologie

Pour le transfert de technologie nous sommes pleinement ouvert avec nos frères africains dans tous les secteurs : pour la construction, pour la télécommunication etc. Il faut apprécier la politique béninoise dans le développement numérique. D’abord je pense que la formation des jeunes élites est très importante.  La société Huawei choisit chaque année des jeunes élites pour un stage en Chine dans leurs sociétés et certains sont même recrutés par la société ou par d’autres sociétés. Dans ce même domaine de formation, nous invitons aussi les Béninois à suivre des formations en Chine avec d’autres élites des autres pays, parce que le marché chinois est le plus dynamique dans ce secteur aujourd’hui.

Initiative Ceinture et route

La « ceinture et la route » a été lancée par le président chinois Xi Jin Ping en 2013. Elle comporte deux éléments : la ceinture économique de la route de la soie et la route de la soie maritime du 21ème siècle. Le premier, il s’agit d’une route terrestre, une ceinture des pays riverains de l’ancienne route de la soie ; la coopération entre la Chine et ces pays-là. Le deuxième c’est la coopération entre la Chine et les pays riverain de la route maritime de la soie. Ça c’est la base.

Pourquoi parle-t-on d’« initiative ceinture et route » (ICR) ? Parce qu’il s’agit en réalité, d’une réactualisation des aspirations laissées par l’ancienne route de la soie. La route de la soie ça fait déjà 2000 ans, c’est une route de paix, de commerce. Ce que nous espérons, c’est de s’inspirer de l’esprit de l’ancienne route pour résoudre les problèmes et les difficultés auxquelles fait face l’humanité. Il va sans dire que l’objectif de l’ICR, consiste à axer les efforts sur la connectivité, d’approfondir la coopération concrète pour répondre ensemble aux différents défis.

Pour mettre en œuvre l’ICR, les pays participants ont mis en accord 5 priorités. La première c’est la coordination des politiques, c’est-à-dire des stratégies de développement de chaque pays ; la deuxième c’est l’interconnexion des infrastructures (routes, chemins de fer, transports aériens, transports maritimes) ; la troisième, c’est la facilitation du commerce ; quatrième c’est la coopération financière et la  cinquième, le rapprochement des peuples.

ICR, un programme stratégique

Par ailleurs, il faut dire que ce n’est pas un projet concret ni un programme stratégique ; c’est pourquoi on parle d’initiative. Une initiative qui rassemble les pays participants qui partagent les mêmes visions. C’est une initiative pour promouvoir la coopération. Ce n’est pas un slogan car elle est toujours accompagnée d’actions concrètes. Actuellement c’est 130 pays participants et 30 organisations internationales. Ce n’est plus une initiative régionale, elle est internationale, c’est l’initiative internationale à la quelle participe le plus grand nombre de pays au monde.

En Afrique, la plateforme la plus importante de la coopération sino-africaine, c’est le Forum sur la coopération Chine-Afrique mis en place en 2000. Grâce à ce forum, la Chine a construit déjà 10.000 kilomètres de route, 6.000 kilomètres de chemins de fer, 200 écoles, 150 stades, palais de congrès etc. et plus de 80 aéroports, ports et centrales électriques. Il ne s’agit là que des chiffres concernant les infrastructures. En plus, des centaines de milliers d’africains sont invités en Chine pour des formations.

Relation entre le forum Chine-Afrique et l’ICR

Les idées sont les mêmes. Il s’agit plutôt de la concrétisation des idées (de l’ICR) en Afrique dans le cadre de la coopération Chine-Afrique. C’est pourquoi, 40 pays africains ont déjà participé à l’ICR et on en attend encore plus. Parmi ces pays participants, il y a aussi le Bénin. Récemment, on a signé un accord au mois de juin dans ce cadre. L’idée de l’ICR c’est de rassembler d’abord les pays qui partagent les mêmes idées puis on va ensemble vers le même objectif.

L’ICR, un outil de colonisation de l’Afrique?

Coloniser, ce mot ne vient certainement pas de nos amis africains. Si c’est un colon qui construit autant d’autoroutes, autant de chemin de fer autant de palais pour un partenaire, c’est un partenaire apprécié. Ça c’est un côté ; de l’autre côté, comme l’a dit le président Xi Jin Ping, lors du troisième sommet du forum Chine-Afrique, il a réitéré les principes de coopérations entre la Chine et l’Afrique.

Ils sont au nombre de cinq : ne pas s’immiscer dans la recherche de la voie de développement des pays africains, ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures, ne pas imposer notre volonté politique, ne pas associer les aides à des conditions politiques, ne pas rechercher des intérêts politiques égoïstes dans la coopération économique. Ce sont des principes et une promesse faite par le président chinois.

Il existe aussi d’autres principes de coopérations. Le premier c’est sincéritéamitié et égalité. Tous les pays africains doivent se sentir bien dans la coopération avec la Chine. Le deuxième principe, ce sont les intérêts communsun partenariat gagnant – gagnant. Une primauté à l’amitié. Le troisième principe c’est le pragmatisme et l’efficacité. En quatrième point il y a l’ouverture et l’inclusivité. C’est-à-dire qu’on est pleinement ouvert à la participation des autres. Donc si on le dit comme ça, « Coloniser », il faut peut-être changer le concept de colonisation.

Les 70 ans de la fondation de la république populaire de Chine

Les Chinois sont très fiers des succès obtenus par la Chine après 70 ans de travail. Il y a 70 ans la Chine était un pays sous-développé, semi-colonisé, semi- féodal, agricole. A cette époque-là, l’espérance de vie des Chinois était 35 ans, maintenant c’est à 77 ans. Le taux d’analphabétisme dépassait plus de 80% ; maintenant il est de 3%. Le PIB Chinois en Yuan RMB était en 1949 à 60 milliards, maintenant il est de 90 billions (90 mille milliards) de Yuan RMB. Cela fait de la Chine la deuxième puissance économique mondiale, le premier producteur mondial, le premier pays destinataire des investissements directs, le premier pays de commerce international de marchandises.

Maintenant en Chine, chaque second, il sort 9 voitures de la ligne de fabrication, chaque minutes 40 nouvelles sociétés s’inscrivent, chaque heure, 200 passagers voyagent par le TGV et 5 millions de paquets de marchandises en circulation ? Ce qui montre le dynamisme du marché chinois. La chine est le marché le plus grand avec 1,4 milliards d’habitants avec presque 400 millions de classes moyennes. Pendant les dernières années, plus de 800 millions de Chinois ont franchi le seuil de pauvreté. Cela fait plus de 70% du monde entier. Il faut dire que la Chine a créé un miracle de développement économique essentiel.

Ce que l’on peut redire du développement de la Chine, c’est que pour tous ces gains obtenus, tous ces succès et réalisations faites, aucun sous n’est venu d’une guerre à l’étranger, d’une zone colonisée. Tous sont venus par le travail des Chinois, par nos mains, notre sang et notre sueurIl faut dire aussi que sans le parti communiste chinois, pas de Chine nouvelle. Le système que nous sommes en train de construire est un système socialiste à la Chinoise. Donc nous sommes toujours en route.

Les perspectives de développement

Le rêve des Chinois est réparti en deux étapes. La première étape, c’est d’éradiquer la pauvreté de la Chine d’ici 2021, parce que cela existe et tant que ça existe on n’ose pas dire que nous sommes développés. Il faut faire vivre mieux  tous les Chinois, qu’ils ne se soucient plus au moins de leur nourriture et de leur habillement. Ça c’est la première étape. La deuxième étape, c’est qu’au centenaire de la fondation de la république populaire de Chine le  pays devienne  socialiste développé et moderne.

On sait que l’union fait la force. Un adage africain dit que « seul on va vite, ensemble on va loin ». Mais comment faire l’union ? Une union sur la base des intérêts, dès que l’intérêt est terminé, l’union est brisée. Ce que nous cherchons en Afrique, ce sont des partenaires de construction, pour construire ensemble une communauté de destin pour l’humanité ».


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