Vingt ans sont déjà passés depuis que nous a quittés à jamais un homme de culture et cinéaste exceptionnel et unique…
C’était un triste 16 mai 2000. La nouvelle du décès de Azeddine Meddour avait plongé dans l’émoi non seulement le monde culturel de manière générale, mais aussi le milieu militant amazigh car, faut-il le rappeler, Azeddine Meddour a été le réalisateur du deuxième long métrage professionnel en langue amazighe. Pour évoquer Azeddine Meddour, qui demeurera, malgré l’absence physique, l’un de nos meilleurs cinéastes, la Cinémathèque algérienne a pris l’initiative de mettre en ligne un programme virtuel dédié à Azeddine Meddour, qualifié par cette institution de l’une des plus grandes figures du cinéma algérien. La commémoration du vingtième anniversaire du décès de Azeddine Meddour ne passera donc pas inaperçue et la Cinémathèque algérienne propose au public la diffusion, sur son site Internet, d’une panoplie variée et riche d’images, de reportages et d’extraits de films de ce cinéaste hors pair. Azeddine Meddour restera dans les mémoires non seulement pour avoir marqué avec des lettres d’or le cinéma algérien, mais aussi pour avoir «donné» au cinéma amazigh l’un de se premiers et non moins l’un des meilleurs films.
Un vrai combattant pour le cinéma
Malgré les effets de la maladie grave qu’il avait contractée à la fin de sa vie, Azeddine Meddour s’est battu jusqu’à son dernier souffle pour mener à terme son projet de réaliser son film en kabyle intitulé «La montagne de Baya» adapté de son roman éponyme. Né dans la wilaya de Béjaïa en 1947, Azeddine Meddour a effectué des études de lettres françaises à l’université d’Alger, puis des études de cinéma à Moscou. À partir de 1978, il réalise pour la télévision algérienne, puis pour l’Enpa (Entreprise nationale de production audiovisuelle) de nombreux courts métrages couronnés de plusieurs prix nationaux et internationaux. Au début des années 90, et malgré le contexte de l’époque, Azeddine Meddour lance la boîte de production cinématographique Imago Production. Il a été aussi membre fondateur du Rais (Rassemblement des artistes, intellectuels et scientifiques).
Un rêve exaucé
Parmi les films réalisés par Azeddine Meddour, on peut citer «Les nouvelles croisades», une série de 8 heures sortie en 1980 et primée en Egypte et au Burkina Faso, «Entre nous» (1983), «Combien je vous aime» primé à New York en 1985, «Polisario, année 15» (1986), «La légende de Tiklat» (1991), et «Douleur muette» (1998), son dernier film, distingué plusieurs fois dans des compétitions internationales. Azeddine Meddour, malgré son état de santé dégradé, a tenu à être présent à la grande salle de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou où avait eu lieu, en 1997, l’avant-première de son long métrage «La montagne de Baya». Il était là entouré d’une bonne partie des comédiens ayant pris part au film. La salle était archicomble. à la fin de la projection, comblé de joie malgré la douleur de sa maladie et celle engendrée par l’explosion de Bouzeguène ayant provoqué la mort de sept membres de l’équipe de ce film en plein tournage, Azeddine Meddour a animé un débat et répondu aux questions des personnes présentes. Ce jour-là, il était un homme comblé car il venait de réaliser son rêve: faire un film en langue amazighe.