La voix de l’Algérie se fait entendre davantage à l’aune de la deuxième guerre froide qui s’annonce.
–
Le retour de l’Algérie comme acteur et protagoniste incontournable sur la scène diplomatique régionale et internationale ne plaît pas aux affidés du chaos et aux sbires de l’ingérence tous azimuts. Le déplacement du président de la République, Abdelmadjid Tebboune en Egypte, renseigne sur la dynamique diplomatique qui place le pays en position de puissance régionale de stabilité dans son giron naturel, à savoir l’Afrique et le Monde arabe.
Son rôle est déterminant au Sahel où certaines puissances cherchent à redessiner les contours de la région selon leurs intérêts étroits et qui servent une poignée de multinationales en faillite. Il est judicieux de rappeler que l’Algérie ne s’est jamais immiscée dans les affaires des pays du voisinage. Cette démarche qui ne plaisait pas à certains microcosmes, avait suscité des lectures étroites de la part des pays dont les rapports de bon voisinage et des relations historiques ne sont pas formels. Mais le temps lui a donné raison sur les questions relevant des affaires internes et souveraines des pays au niveau de l’Afrique et du Monde arabe, comme c’est le cas pour la Libye, la Tunisie, la Syrie et le Yémen.
Au jour d’aujourd’hui, les diplomates et les officiels des pays arabes et africains, sollicitent les services de l’Algérie dans la perspective de se proposer comme intermédiaire fiable pour juguler et régler les problèmes pendants dans lesdits pays en crise et en conflits permanents. Ce retour sur la scène internationale et régionale est attesté y compris par les puissances qui tirent les ficelles des enjeux de la géopolitique internationale. La crise malienne est un exemple type d’une approche algérienne du règlement du conflit dans le cadre d’une vision intrinsèque, dont le peuple malien est le maître de ses choix quant à la construction du Mali en accord avec ses attentes et ses voeux. L’Algérie a montré encore une fois sa souplesse et sa sagesse au plan diplomatique dans un environnement et un climat poreux et conflictuel qui caractérise les relations internationales et la situation au niveau de ses frontières et dans la région.
La sécurité nationale est un gage pour une stabilité durable de la région et du monde. C’est dire que le rôle de l’Algérie est double dans un contexte difficile qui frappe de plein fouet les pays de l’Afrique et du Monde arabe. Il s’agit d’une volonté qui s’est cristallisée durant son long parcours historique durant la guerre de Libération nationale et les acquis de la période de l’indépendance, dont les positions n’ont jamais démérité mais bien au contraire, elles ont été hissées au rang du respect par la communauté internationale.
La voix de l’Algérie est en train de se faire entendre davantage à l’aune de la deuxième guerre froide qui vient d’annoncer sa couleur. Cette démarche doit être bien lue et relue par les ennemis de l’Algérie et leurs mercenaires qui ne ménagent aucune opportunité pour jouer les troubles- fêtes contre le nouveau rôle du pays et ses institutions sur les questions stratégiques qui concernent la région et les relations internationales dans leur ensemble.
Cette nouvelle posture de l’État algérien a fait susciter des réactions de la part des ennemis déclarés et non déclarés du pays. Ils ont même actionné des campagnes de mensonge et de calomnies à l’égard de l’État national et son peuple.
Une manière de présenter l’Algérie comme un pays sans vocation régionale ni une force qui pourrait influer sur la géopolitique de la région et au niveau international. Mais ces stratagèmes n’ont fait que confirmer la place qui échoit à l’Algérie à même de déjouer sans coup férir les plans ourdis par des forces obscures et les ennemis avérés de l’État national et ses choix souverainistes qui concernent toutes les questions stratégiques au niveau interne, à l’image de sa sécurité nationale, ses constantes et son indépendance. C’est ce rôle qui taraude l’esprit des revanchards et la kyrielle de mercenaires qui travaille pour son compte.
Hocine NEFFAH
Un challenge au sommet de l’UA
La seconde visite officielle effectuée par le président Tebboune a concerné la République d’égypte où les entretiens avec le Raïs égyptien Abdel Fattah al-Sissi ont révélé la profondeur et la convergence de vues tant en ce qui concerne les enjeux continentaux que les défis auxquels fait face la nation arabe. D’où la détermination commune à asseoir une concertation permanente et approfondie sur les voies et moyens de conduire une politique commune afin d’apporter les solutions adéquates aux nombreux problèmes et une riposte aux agendas secrets qui menacent nos peuples. Si Alger et Le Caire songent, d’abord, au sommet des chefs d’état et de gouvernement de l’Union africaine (UA) qui aura lieu à Addis Abeba, dans quelques jours à peine, ainsi qu’à celui de la Ligue des états arabes, appelé à ressouder l’union sacrée autour de la question palestinienne, et à cimenter la communauté de destin des peuples concernés, d’autres problématiques figurent parmi la somme d’initiatives envisagées par les dirigeants algérien et égyptien. Et l’un comme l’autre ont souligné, dans la conférence de presse commune, l’importance centrale d’une telle démarche et leur volonté que les questions africaines et arabes seront au coeur de leurs préoccupations.
C’est ainsi que le lien séculaire entre les deux nations pourra se renforcer davantage et nourrir les relations avec les autres pays qui partagent ces aspirations et ces objectifs. A cet égard, l’Algérie n’avait pas hésité à engager, voici plusieurs mois, une médiation mûrement réfléchie autour du barrage de la Renaissance qui a mis à rude épreuve les missions de bons offices africaine et onusienne. L’impatience de l’Egypte et du Soudan est allée crescendo alors que d’autres crises sont venues compliquer la donne. Le Premier ministre égyptien, Moustafa Madbouli, a publié, hier, un communiqué sur la page Facebook du gouvernement pour dire l’intérêt de l’égypte à reprendre «dès que possible les négociations» pour résoudre le différend et «parvenir à un accord juste et équitable». Il rappelle que son pays «souffre de pénurie d’eau et dépend principalement du Nil Bleu (sur lequel l’éthiopie a construit le barrage de la Renaissance). L’égypte tient à parvenir à un «accord de remplissage et d’exploitation juridiquement contraignant qui établit un équilibre entre l’obtention par l’éthiopie du maximum d’avantages possibles dans le domaine de la production d’électricité et le développement durable, en échange de l’absence de préjudice pour les pays en aval (l’égypte et le Soudan)».
Lancé en 2011, le barrage de la Grande Renaissance éthiopienne (GERD), peut compromettre à 97% l’agriculture et l’approvisionnement en eau de l’égypte et du Soudan. Mi septembre 2021, le Conseil de sécurité de l’ONU a exhorté les trois pays à reprendre les négociations, sous l’égide de l’UA, pour l’adoption d’un accord mutuellement acceptable. Malgré la crise du Tigré et les manifestations au Soudan, l’heure est venue de raviver la médiation, à la faveur du sommet de l’UA et de soulager, par-là même, les trois peuples frères du poids d’un contentieux qui devrait être, en vérité, un atout commun.
Chaabane BENSACI