L’Algérie et la Sierra Leone : Deux pays africains élus au Conseil de sécurité de l’Onu pour 2024-2025

  Deux pays africains seront membres non permanents du Conseil de sécurité des Nations unies en 2024 et 2025. La Biélorussie n’a pas réussi à obtenir un siège au Conseil, Moscou et Minsk dénoncent une campagne occidentale contre la Biélorussie menant une politique extérieure indépendante.
L’Algérie et la Sierra Leone seront comptées parmi les pays membres non permanents du Conseil de sécurité des Nations unies pour le mandat de 2024-2025. Elles rejoignent la République de Corée et la Guyane qui ont aussi été élues sans vote, puisque leur nombre correspondant à la quantité de sièges pour lesquels ils étaient nommés, a rapporté le 6 juin un correspondant de Sputnik.

La Biélorussie non admise au Conseil, un vote suspect

Minsk, qui avait présenté sa candidature en 2007, n’a pas pu devenir membre du Conseil de sécurité de l’Onu pour 2024-2025, perdant face à la Slovénie par 38 voix contre 153.
« Nous sommes déçus par le résultat du vote. Notre campagne électorale s’est déroulée […] sous la pression de l’Occident. Nous savons au juste que certains pays ont été forcés à voter pour la Slovénie. On disait à un tel pays: si vous votez pour la Biélorussie, nous vous priverons de financement », a annoncé l’ambassadeur de Biélorussie à l’Onu, Valentin Rybakov.
Selon l’ambassadeur de Russie en Biélorussie, Boris Gryzlov, il s’agit d’une campagne organisée par l’Occident contre cet État qui mène une politique étrangère indépendante.
La Biélorussie était restée l’unique candidat de l’Europe de l’est jusqu’en décembre 2021, alors que la Slovénie avait initialement souhaité être représentée au Conseil en 2042-2043. Le 9 décembre 2021, Ljubljana a décidé de présenter subitement sa candidature contre Minsk, devenant ainsi son unique rival.
Selon M.Rybakov, la Slovénie a pris cette décision sous la pression de l’Union européenne et des États-Unis.
« J’ai parlé avec plusieurs ambassadeurs de pays de l’Europe de l’est qui ont déclaré que leurs pays avaient reçu des demandes insistantes de présenter leur candidature contre la Biélorussie. Ces pays ont su refuser ces demandes. La Slovénie n’a pas pu le faire. Pourtant nous n’avons jamais mené de campagne anti-slovène. Nous ne considérons pas qu’il s’agit d’une décision souveraine de la Slovénie », a indiqué l’ambassadeur biélorusse.

Conseil de sécurité: membres permanents et non permanents

Le Conseil de sécurité des Nations unies est composé de 15 membres, dont cinq membres permanents que sont la Russie, la Chine, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni) et dix membres non permanents.
Les membres non permanents sont élus pour un mandat provisoire et n’ont pas de droit de veto au Conseil de sécurité, contrairement aux membres permanents, mais ils participent aux travaux du Conseil pendant deux ans. Chaque année, l’Assemblée élit cinq nouveaux membres non permanents.
Lors de la réunion des chefs de diplomatie des BRICS les 1er et 2 juin au Cap, la ministre sud-africaine des Affaires étrangères Naledi Pandor avait déclaré à Sputnik Afrique que le continent devait être mieux représentées au Conseil de sécurité de l’Onu.

           Grandiose victoire

Avec un score sans appel de 184 voix sur 193, l’Algérie a décroché, hier, haut la main, sa place de membre non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU pour la période 2024-2025. Ce succès diplomatique traduit d’une manière éclatante l’objectif prioritaire que s’est fixé le président Abdelmadjid Tebboune: celui de donner du tonus à une diplomatie algérienne sclérosée par une décennie d’immobilisme. Dès son élection à la tête de la République en décembre 2019, le chef de l’État a placé la barre très haut et exprimé sa volonté claire d’aller de l’avant sur tous les dossiers avec les grands partenaires de l’Algérie, comme il s’est également impliqué dans les crises du voisinage immédiat, en Libye et au Mali, notamment. Les évènements survenant à l’échelle régionale et internationale ont permis aux observateurs d’apprécier le pragmatisme d’une diplomatie algérienne volontariste et visionnaire. C’est à ce titre que le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, Antonio Guterres, a exprimé son admiration pour la vision globale du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, pour les affaires du monde, saluant son engagement constant et son rôle dans la promotion de la paix et de la stabilité régionale et internationale. Le vote d’hier vient confirmer cette estime dont bénéficie le chef de l’État de la part de la communauté internationale et sa reconnaissance pour sa contribution en faveur de la paix et de la sécurité dans le monde. Il convient également de saluer l’extraordinaire travail de proximité mené durant dix jours à New York, par le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf. Une semaine avant son départ à New York, les estimations donnaient 99 voix favorables à l’Algérie. En l’espace d’une semaine Attaf a raflé 84 voix! L’action du ministre des AE a porté ses fruits et c’est à l’honneur de l’Algérie qui en tirera les bénéfices de cette consécration. Les dividendes politiques et diplomatiques sont nombreux. L’Algérie siègera aux côtés des membres les plus influents du Conseil de sécurité, ceux-là mêmes qui régentent le monde. En occupant ce poste, durant un mois en tant que présidente, l’Algérie jouira d’une position privilégiée sur de nombreux dossiers cruciaux. La question palestinienne, le Sahara occidental, la Libye, le Mali, le Sahel, le Soudan etc. Le poste donnera de la visibilité pour l’Algérie, lui permettra de mieux expliquer ses positions, de pratiquer son lobbying. C’est un levier qui n’est pas des moindres pour l’Algérie qui aura ainsi l’opportunité de peser dans le système international et de se poser en phare pour le reste des pays africains.

Brahim TAKHEROUBT


                       Substituer le vote au véto

                                           par Abdelkrim Zerzouri

Que représente le statut de membre non permanent au Conseil de sécurité des Nations unies durant un mandat de deux ans (2024 et 2025) auquel a accédé l’Algérie, suite à son élection à ce poste, le 6 juin dernier ?

De toute évidence, on n’intègre pas ce Conseil de sécurité de l’ONU par hasard, cela exige un travail diplomatique profond, des actions de lobbying et le bénéfice de l’estime d’autres pays votants pour arriver à cette fin.

En matière de bilan, il est vrai que les pays qui sont passés par là n’ont pas influé sur les grandes décisions du Conseil de sécurité. Pas parce qu’ils manquent de volonté pour laisser des traces quant à leur contribution dans les décisions du Conseil de sécurité de l’ONU, mais à cause des règlements. D’où l’importance, pour ces nouveaux pays élus au sein du Conseil de sécurité, l’Algérie, la Sierra Leone, aux côtés de huit autres pays membres non permanents d’axer leurs efforts sur la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies. En l’état actuel des choses, rien ne peut se faire au Conseil de sécurité des Nations unies, qui comprend 15 pays, tant que ses 5 membres permanents (la Chine, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Russie) détiennent le droit de veto sur toute résolution ou décision, avec des prérogatives de bloquer le mécanisme décisionnel de l’organe. Peut-on espérer substituer le vote au véto et casser cette dictature qui ne dit pas son nom, au sein des Nations unies ? Les nouveaux membres non permanents qui prendront leurs postes en janvier 2024 peuvent contribuer au changement de cet état de fait, en associant leurs efforts à d’autres membres non permanents, et même permanents.

A fortiori, la Sierra Leone préside le Comité des Dix de l’Union africaine, chargé d’harmoniser la position de l’Afrique sur la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies, et devrait, dans ce contexte, agir avec efficacité pour faire entendre la voix de l’Afrique. Une voix qui peut se faire entendre également dans d’autres dossiers, notamment celui de la Palestine, en sus d’autres questions de sécurité régionale et internationale. Donc, quoi qu’on puisse dire, il n’est pas du tout anodin de siéger au sein du Conseil de sécurité des Nations unies.


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