DE L’INSURRECTION POPULAIRE À LA RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE (5/5)

CHAPITRE 5 : LES CONDITIONS DE LA RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE

Par Robert Bibeau et Khider Mesloub.

 

La partie 1 de ce volume est ici :
DE L’INSURRECTION POPULAIRE À LA RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE (1/5) – les 7 du quebec
La partie 2 de ce volume est ici :
DE L’INSURRECTION POPULAIRE À LA RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE (2/5) – les 7 du quebec
La partie 3 de ce volume est ici :
DE L’INSURRECTION POPULAIRE À LA RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE (3/5) – les 7 du quebec
La partie 4 de ce volume est ici :
DE L’INSURRECTION POPULAIRE À LA RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE (4/5) – les 7 du quebec


Sans théorie révolutionnaire pas de révolution prolétarienne…
sans révolution prolétarienne pas de théorie révolutionnaire

 

  1. Sous n’importe quel mode de production quand les rapports sociaux de production entravent le développement des moyens sociaux de production, notamment des forces productives vivantes (la force de travail prolétarienne), c’est que ce mode de production en crise systémique a fait son temps et qu’une révolution sociale et économique se prépare.
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  2. La théorie révolutionnaire ne précède pas la pratique révolutionnaire. C’est dans le creuset quotidien de la lutte révolutionnaire de classe que se forgent, s’expérimentent, se trempent et se vérifient les principes et les règles de la théorie révolutionnaire internationaliste prolétarienne. La pratique précède la théorie et la valide.
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  3. Toute révolution sociale est un processus par lequel la classe porteuse des nouveaux rapports sociaux de production – qui libéreront les moyens de production et les forces productives – établit sa domination économique, politique, sociale et idéologique sur l’ensemble de la société. La révolution prolétarienne n’échappera pas à ce principe, mais ses facteurs de réalisation et son contenu différeront des révolutions sociales antérieures. Les révolutions sociales précédentes (de l’esclavagisme au féodalisme et du féodalisme au capitalisme) se trouvaient à la charnière de deux modes de production dominée par la pénurie et ces révolutions (féodales puis bourgeoises) avaient pour fonction de substituer la domination d’une classe exploiteuse – la noblesse – par la domination d’une autre classe exploiteuse – la bourgeoisie – chargée de résoudre la contradiction fondamentale du système antérieur et d’établir un nouveau mode de production performant fondé sur deux nouvelles classes antagonistes et interdépendantes (bourgeoisie et prolétariat).
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  4. Cependant, la révolution prolétarienne aura pour but de remplacer des rapports de production basée sur la pénurie (relative) par des rapports de production basée sur l’abondance. C’est en cela qu’elle apportera la fin de toute forme de propriété, de privilèges et d’exploitation de classe parce que devenue inutile pour assurer la reproduction de l’humanité (1).
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  5. Ces différences confèrent à la révolution prolétarienne les caractéristiques suivantes :
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A) Elle sera une révolution sociale de dimension mondiale qui ne pourra atteindre ses objectifs qu’en se produisant au moment où l’ancien mode de production décadent aura atteint son plein épanouissement économique, au moment où il ne lui sera plus possible de contenir davantage de capital valorisable et de forces productives exploitables avec profit (production de plus-value). Marx soulignait qu’un mode de production – une formation sociale – ne disparaît… « jamais avant que soient développées toutes les forces productives qu’il est assez large pour contenir» (2). Lénine a repris cet axiome marxiste dans cet écrit:  «Le socialisme est impossible sans la technique de la grosse industrie  capitaliste, technique organisée selon le dernier mot de la science moderne ; il est impossible sans une organisation méthodique réglée par l’État et qui impose à des dizaines de millions d’hommes la stricte observation d’une  norme unique dans la production et la répartition des produits. Nous, marxistes, l’avons toujours dit ; quant aux gens qui n’ont pas compris même cette vérité (tels que les anarchistes et une bonne moitié des socialistes révolutionnaires de gauche) (…) » (3).  La révolution prolétarienne ne peut donc survenir que lorsque le mode de production capitaliste a atteint le stade impérialiste décadent, c’est-à-dire, le stade où il ne peut plus valoriser, ni reproduire, ni accumuler davantage de capitaux. Le capitalisme a aujourd’hui atteint cette limite systémique et il appelle la révolution prolétarienne à libérer l’humanité.

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B) Elle sera la première révolution qui ne puisse atteindre ses buts qu’en se généralisant à tous les pays – à plus ou moins long terme – puisqu’en abolissant la propriété, la révolution prolétarienne devra abolir l’ensemble des législations, des frontières et des cadres juridiques et administratifs sectoriels, régionaux, nationaux et international bourgeois qui structurent et imposent le pouvoir du capital international.
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C) Pour la première fois dans l’histoire, la classe révolutionnaire sera l’ancienne classe exploitée dans le mode de production antérieure. La classe révolutionnaire prolétarienne ne pourra s’appuyer sur ses richesses accumulées ou sur le pouvoir économique dans sa conquête du pouvoir politique. La classe prolétarienne n’aura aucun intérêt économique spécifique à défendre si ce n’est l’intérêt de l’humanité à de perpétuer. Ce sera la première révolution dans l’histoire où la prise de pouvoir politique précédera la prise en charge de l’économie sociale, d’où son nom d’économie prolétarienne internationaliste.

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D) Pour la première fois, la classe révolutionnaire dominante et dirigeante sera la classe exploitée. Ceci implique que la lutte comme classe aliénée bataillant pour son émancipation ne peut en aucun cas être dissociée de la lutte comme classe révolutionnaire. Comme le marxisme l’a toujours affirmé contre les théories socialistes utopistes et petites-bourgeoises réformistes, le développement de la lutte révolutionnaire est conditionné par l’approfondissement et la généralisation de la lutte de classe du prolétariat international.
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L’insurrection sera prolétarienne, la révolution prolétarienne sera internationaliste

  1. Au cours de ce mouvement qui va des soulèvements populaires spontanés, en de nombreux pays et régions à la fois, jusqu’à l’insurrection mondialisée, à la révolution prolétarienne internationaliste, puis à la consolidation de la dictature mondiale du prolétariat (non pas la dictature d’un appareil bureaucratique de parti), s’imposera peu à peu le rôle moteur et dirigeant de la classe prolétarienne – l’éloignant de tous contaminants petits bourgeois, paysans, populistes, citoyens, communautaires et communalistes, et autres appellations derrières lesquelles la gauche bourgeoise dissimule les classes et fragments de classe pseudorévolutionnaires cherchant à dévoyer la révolution pour qu’elle serve leurs intérêts et non pas ceux de la classe prolétarienne révolutionnaire. Lénine a écrit des textes importants à propos de l’absolue nécessité de ne jamais arrimer la Révolution bolchevique au char de la paysannerie russe ou de la petite bourgeoisie menchevik.

« Dans une perspective révolutionnaire, le prolétariat dans son ensemble, et au premier rang ses grandes concentrations, reste la seule force sociale capable, par son rôle central dans les rapports de production, d’unifier les revendications sectorielles ou catégorielles d’autres couches sociales, de les empêcher de dégénérer en révoltes corporatives, de les diriger dans la voie de la lutte pour le pouvoir et de la prise en main de la production par les producteurs eux-mêmes […]. Les explosions ouvrières existent, se répètent, et le capitalisme n’a pas pu les éviter depuis plus d’un siècle. C’est un fait têtu, dont le retour est inscrit dans la structure même des rapports de production capitalistes. À partir de là, la question n’est pas de se désespérer parce que la classe ouvrière n’est pas quotidiennement révolutionnaire, mais de chercher dans quelles circonstances exceptionnelles elle peut le devenir, comment s’y préparer et y contribuer.» (4)

  1. Afin d’identifier les conditions de la révolution prolétarienne, il faut préciser les conditions d’évolution du mode de production capitaliste (MPC) et ne jamais oublier qu’en temps normal l’instance économique de la lutte de classe est dominante, alors qu’en contexte de crise insurrectionnelle les instances idéologique et politique peuvent être déterminantes. Elles ne le deviennent pas mécaniquement ni spontanément. C’est du niveau de conscience révolutionnaire de la classe prolétarienne « pour soi« , combinée à l’existence d’organisations révolutionnaires – éventuellement regroupées en Parti politique de classe internationaliste – que dépend cette évolution de l’insurrection inorganisée via la lutte de résistance dans l’instance économique spontanée vers la lutte révolutionnaire de classe consciente visant la conquête du pouvoir politique d’abord, économique ensuite et idéologique enfin.
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  2.  C’est par un contre-exemple – tiré de l’œuvre d’un intellectuel de gauche que nous poursuivons cette étude des conditions requises pour une insurrection prolétarienne spontanée, et pour une révolution prolétarienne consciente réussie pour l’édification d’un nouveau mode de productionNous réfutons l’argumentaire révisionniste qui prétend que : « Le mode de production « pur », tel que Marx l’a construit à partir de la formation sociale anglaise du XIXe siècle n’existe pas dans la réalité. Il constitue un objet abstrait formel, un archétype avec lequel aucune formation sociale concrète ne coïncide. » Et pour cause, Nicos Poulantzas considère dans son ouvrage Pouvoir politique et classes sociales une formation sociale comme « le chevauchement spécifique de plusieurs modes de production “purs” ». Nicos Poulantzas  ajoute : « La formation sociale constitue elle-même une unité complexe à dominante d’un certain mode de production sur les autres qui la composent. » (…) « La crise révolutionnaire que nous étudions n’est donc pas la crise d’un mode de production, parce qu’entre modes de production il y a transformation et non crise (sic). La seule crise dont il peut être question est celle d’une formation sociale déterminée ou les contradictions du mode de production prennent vie et s’actualisent au travers des forces sociales réelles qui y sont impliquées. L’histoire tout entière est formée d’actions de personnalités qui sont des forces agissantes (sic) » (5).

Quand une formation sociale – le produit d’un mode de production dominant – constitue,  comme l’écrit cet auteur « le chevauchement spécifique de plusieurs modes de production – une unité complexe à dominante (…) » c’est que ce mode de production capitaliste (MPC), dans cette formation sociale bourgeoise spécifique, n’a pas encore atteint son stade suprême – impérialiste « pur » et décadent – ce moment où plus aucune solution n’émerge de cette gangue économique, sociale, politique et idéologique (culture, morale, etc.) putride qui ne trouve son « salut » que dans son autodestruction meurtrière. En d’autres termes, cela signifie que la première et la seconde condition fondamentale pour une révolution prolétarienne réussie ne sont pas réunies.

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  1. Pour ce qui concerne le rôle des « personnalités révolutionnaires, forces agissantes (…) », nous prolétaires révolutionnaires affirmons que les personnalités sont forgées et placées à l’avant-scène du mouvement social dans la mesure où elles correspondent aux nécessités des tâches historiques de l’époque. Ce ne sont ni les partis politiques ni les chefs charismatiques et populistes qui forgent l’histoire des classes sociales, ce sont les classes sociales qui façonnent leurs chefs selon les besoins et les contingences du moment historique…sinon les masses les répudient.

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La contradiction fondamentale mène à la crise économique qui mène à l’insurrection populaire

 

  1. Le développement systémique et systématique du mode de production capitaliste « pur » implique le développement total de la contradiction principale du MPC, à savoir la contradiction entre le capital et le travail, la contradiction entre la classe bourgeoise et la classe prolétarienne, la contradiction entre la propriété privée des moyens de production et d’échanges et les forces productives sociales. Cette contradiction pousse le système capitaliste en avant et lui donne sa vie et son mouvement jusqu’au jour où le capital ne remplit plus les conditions de sa valorisation – de sa reproduction élargie – d’où l’impossibilité pour lui de se réaliser en tant que profit capitaliste. Du capital non valorisé – non enrichie de plus-value – c’est du capital mort et c’est du capitalisme moribond, une formation sociale « pur » en putréfaction dégénérative. C’est ce que l’on appelle la crise économique systémique du capitalisme en phase impérialiste.

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  1. L’incapacité du mode de production capitaliste d’accomplir son cycle de reproduction amène les forces du capital à imaginer des solutions bidon comme de propager le crédit à profusion (voir le Tableau 2); à émettre quantité de monnaie de polichinelle sans valeur (voir L’effondrement du système d’économie mondiale – les 7 du quebec), et à imposer (ou à faire imposer via des gouvernements inféodés) des mesures, des programmes, des politiques d’austérité afin de modifier la répartition du capital entre l’acquisition de la force de travail vivante nécessaire (le salaire) et la « rémunération » du capital (le profit). Sachant que les dépenses de l’État bourgeois sont essentiellement des dépenses visant à assurer les conditions de la valorisation du capital, c’est l’ensemble du budget de l’État qui est mobilisé par ces mesures d’austérité généralisées qu’il est nécessaire de contester. Le temps très bref de l’État providence a fait son temps – voici le temps de l’État policier et de l’austérité qui créera les conditions de l’insurrection prolétarienne spontanée.

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  1. Ici une explication s’impose. Tous auront observé les mouvements de protestation et les manifestations populaires qui se multiplient et prennent de l’ampleur telle les mouvements d’étudiants, de salariés paupérisés, de chômeurs délaissés, de pauvres et d’assistés sociaux abandonnés, de migrants, de la faim et de la misère, d’expatriés et de réfugiés des guerres impériales génocidaires, d’agriculteurs paupérisés, de paysans sans terres, de travailleurs de la fonction publique saqués, d’écologistes utopistes, de féministes et de petits bourgeois en voie de prolétarisation accélérée, de moyens bourgeois en faillite, et nous en passons. Ces mouvements de protestation sont nécessaires, mais insuffisants. Tant que la classe prolétarienne en tant que classe consciente « pour soi » ne se sera pas mise en marche pour la défense de ses conditions de vie et de travail; tant que la classe prolétarienne ne se sera mise de la partie dans de vastes mouvements de grève générale rien ne sortira de toute cette agitation que les communistes ne devraient pas tenter de diriger. La classe prolétarienne révolutionnaire n’est intéressée que par les activités révolutionnaires de sa propre classe et non pas de fédérer et « d’unifier les revendications sectorielles ou catégorielles d’autres couches sociales (pour) les empêcher de dégénérer en révoltes corporatives (…)« , ce qu’elles sont ces revendications (corporatistes) dès l’origine et il ne peut en être autrement. Tous ces mouvements de protestation à l’échelle locale, nationale et même internationale (Occupied, les Indignés, Carrés rouges, Gilets jaunes, etc.) sont utiles en ce qu’ils créent certaines conditions de l’insurrection prolétarienne à venir que nous allons maintenant examiner.

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  1. Contrairement à ce que prétendent les économistes de la gauche universitaire, syndicale et populiste, il n’est pas important pour le bon fonctionnement du régime capitaliste monopoliste que le pouvoir d’achat des salariés soit fauché par les coupures des salaires directs versés aux employés, et par les restrictions imposées par l’État bourgeois aux versements de transfert social, et par la diminution des dépenses gouvernementales en achat de biens et d’équipements. L’État pourrait tout aussi bien expédier un chèque de plusieurs milliards de dollars directement aux banquiers et le capital réaliserait ainsi son profit. Il suffit de penser que lors de la crise des « subprimes » et des produits boursiers dérivés aux États-Unis en 2008 et 2009 le gouvernement américain n’a pas versé ses crédits et subventions aux petits propriétaires résidentiels afin qu’ils maintiennent leur pouvoir d’achat et paient leurs arriérés d’hypothèques. Le gouvernement américain a versé des milliards de dollars directement aux banques, aux trusts et aux grandes corporations multinationales industrielles et il a ainsi réussi à colmater temporairement l’hémorragie des profits. Il en est de même de la crise de la dette souveraine et de la crise des dettes privées qui plombent l’ensemble de l’économie impérialiste globalisée et mondialisée. N’eût été que le capital international ne parvient plus à se valoriser, toutes ces dettes combinées pourraient bien continuer à s’empiler sans que le système économique et social capitaliste ne s’effondre. C’est quand un mode de production ne parvient plus à se reproduire – quand par son fonctionnement naturel il se dirige vers sa paralysie dégénérative que la situation de crise endémique prend des proportions pandémiques. C’est alors qu’un mode de production ne remplit plus sa mission de reproduction de l’espèce et qu’il doit disparaître.

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  1. Toutes ces dettes accumulées, ce crédit gigantesque et insolvable n’ont aucune importance du point de vue de la reproduction élargie du mode de production capitaliste. Aucune importance dans le sens qu’il n’est pas déterminant, il ne constitue pas l’essence du système. Ce crédit – ce néant de valeur d’usage – n’est qu’un indicateur du niveau de paralysie qu’a atteint le système financier censé réguler le fonctionnement de l’ensemble du système de reproduction élargie et d’accumulation du capital. Personne n’a identifié un seuil numérique d’endettement au-delà duquel un système financier s’enraye. Le jour venu, le capital international effacera cette dette surfaite d’un trait de plume comme le fit l’Allemagne, en 1923-1924, quand l’empire germanique a dévalué le mark (6). Même chose pour le Franc français en 1945-1948 et en 1949 (7).

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  1. C’est dire que la première et la plus importante des conditions nécessaires de l’insurrection prolétarienne sont acquises…l’existence d’un prolétariat pléthorique et mondial et une crise économique désastreuse. Que les gauchistes excités cessent de s’agiter telle la mouche du coche autour de l’attelage prolétarien – la tempête est au large et le rafiot bourgeois s’y dirige tout droit. Il faut abandonner cette agitation puérile – ces manifestations souvent futiles pour dénoncer ceci et pour s’indigner de cela, pour signer des pétitions contre la pauvreté et pour s’offusquer de l’injustice des riches, pour dénoncer l’évasion fiscale et la concentration de la richesse entre les mains de ploutocrates condescendent. Laissons la petite bourgeoisie s’éreinter à mener ces protestations réformistes quémandant la justice à l’État des riches. Pendant qu’elle s’agiote de la sorte, la petite bourgeoisie se donne de l’importance et elle se croit en position avantageuse pour la prochaine curée des paumés. Si la petite bourgeoisie est une sous-classe numériquement importante sous le mode de production capitaliste à son stade impérialiste c’est aussi une sous-classe appelée à s’étioler au fur et à mesure de l’approfondissement de la crise systémique ce que le petit bourgeois perçoit confusément, et il s’indigne, lui qui a une si grande estime de sa personne. Il ne comprend pas que les politiciens et leurs milices ne se rendent pas compte de son mérite et de son pouvoir de nuisance qu’il a déjà manifestés lors des événements de Mai-68 en Europe (8). (Voir Résultats de recherche pour « mai 68 » – les 7 du quebec et aussi Mai 68, mouvement prolétarien international ou révolte petite-bourgeoise? – les 7 du quebec et Comment l’historiographie officielle de Mai-68 occulte sciemment le Mai ouvrier (Dossier) – les 7 du quebec).

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  1. Ainsi, le mode de production capitaliste, à son stade impérialiste, poursuit sa descente aux enfers entraînés par la baisse tendancielle du taux de profit moyen, et contrairement à la mystique véhiculée par les petits bourgeois de gauche comme de droite aucun État-nation ne peut inverser cette tendance inscrite dans les gènes du mode de production capitaliste. (Voir : QUESTION NATIONALE ET RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE SOUS L’IMPÉRIALISME – les 7 du quebec ). L’État bourgeois ne peut être le moyen d’une solution à la crise systémique du capitalisme et de ses politiques d’austérité pour la raison que l’État bourgeois ne peut pas être autre chose que l’organisateur et l’administrateur de la reproduction du capital, d’abord en assurant la reproduction de la force de travail. Un organisateur de plus en plus essentiel au fur et à mesure du développement chaotique du système. Pire, tout renforcement du rôle de l’État-nation bourgeois ne peut être qu’un renforcement de la dépossession des travailleurs des moyens de leur existence, un renforcement de la dictature bourgeoise et de la domination sur eux du capital étatisé et privé et de ses représentants, larbins politiciens que Marx appelait « les fonctionnaires du capital » parce qu’ils ne font que voter et appliquer les lois rendant l’exploitation et la spoliation plus aisée. Cette mystique utopiste se fait sous les cris de la « démocratie participative, citoyenne, laïc et républicaine dans et par l’État sacré à travers nos valeurs nationales collectives » (sic) et autres sottises démagogiques du même acabit. Cet étatisme fasciste survolant les luttes de classes n’est pas le fruit du hasard, il manifeste une tendance au totalitarisme inhérente à l’essence même de l’État bourgeois sur lequel repose le sort de la petite bourgeoisie désemparée et le sort de la grande bourgeoisie désespérée en cette époque où l’impérialisme a atteint sa complète maturité et se sent menacé (9).
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La troisième condition de la révolution prolétarienne

  1. La contradiction fondamentale du mode de production capitaliste étant pleinement développée comme nous l’avons examiné précédemment, la classe capitaliste mondiale ne trouvera pas d’autres moyens pour survivre que de se lancer dans des guerres pour le partage des zones d’influence, pour le partage des secteurs de ressources, des zones d’exploitation de la main-d’œuvre et pour le partage des marchés, afin, espère chacune des alliances impérialistes concurrentes, de relancer le processus de reproduction élargie de son capital. Ces guerres de rapines se mèneront d’abord aux marges des zones d’influence de chacune des alliances, dans les Balkans, dans le Caucase, en Ukraine, en Asie centrale, au Moyen-Orient et en Afrique pour une des alliances; au Nicaragua, au Venezuela, en Colombie, en Équateur, en Bolivie, au Brésil, en Afrique, au Népal, au Vietnam, au Myanmar, en Corée et en mer de Chine pour l’autre alliance. Le monde vit sous cette conjoncture de guerres locales plus ou moins larvées, plus ou moins contrôlées depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale (nous avons observé pas moins de cent guerres locales entre 1945 et 2023). Puis, les conditions de reproduction et d’accumulation du capital se détériorant encore davantage, puisque ces guerres génocidaires ne feront rien pour relancer la valorisation du capital, les différentes alliances impérialistes en viendront à s’affronter directement, ce sera la Troisième Guerre mondiale qui forgera la troisième condition objective pour le déclenchement de l’insurrection prolétarienne.
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La révolution empêchera la guerre ou la guerre entraînera la révolution

  1. Au cours du siècle passé, les communistes ont espéré que la révolution prolétarienne pourrait empêcher le déclenchement d’une guerre mondiale et ils ont été déçus à deux reprises. C’est difficile à admettre, mais seule la détresse provoquée par une guerre mondiale meurtrière – génocidaire – apocalyptique –; l’appauvrissement de la classe ouvrière et des masses paysannes en pays sous-développés – la destruction des moyens de production – la dislocation des rapports sociaux de production bourgeois, convaincront le prolétariat, si souvent trompé et trahi, si souvent bafoué, si profondément aliéné à se présenter sur la scène de l’histoire pour imposer son alternative révolutionnaire à la déprédation capitaliste.

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  1. Les organisations de la gauche et de la droite bourgeoise n’ont aucune prise sur le processus insurrectionnel prolétarien spontané. La responsabilité des prolétaires révolutionnaires, refusant la bolchevisation de leurs organisations, le sectarisme et le dogmatisme qui l’accompagne, et respectant le droit de fraction au sein des organisations ; sera de bien comprendre le processus insurrectionnel spontané et désordonné, d’en apprécié correctement le développement, et au moment opportun, de proposer une direction révolutionnaire via des mots d’ordre appropriés. Surtout, aucun mot d’ordre réformiste comme le feront des dizaines d’organisations de la gauche bourgeoise opportuniste excitées à l’idée de se partager l’assiette au beurre du pouvoir bourgeois « réformé ».

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  1. Lénine a dû se résigner au compromis des mots d’ordre réformistes comme le slogan « Pain, paix et terre« , car le gros des forces révolutionnaires bolcheviques était composé de moujiks, de petits bourgeois, d’officiers de l’armée et de salariés de l’État. En 1917, le prolétariat russe, minoritaire, manquait d’expérience et de maturité révolutionnaire. Un tel compromis serait inapproprié dans les conditions de la prochaine insurrection prolétarienne. Il serait un crime et une trahison de la révolution.

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  1. La prochaine insurrection prolétarienne mondiale ne se fera pas dans les conditions d’un mode de production en transition entre le féodalisme paysan et le capitalisme. La prochaine insurrection prolétarienne spontanée se fera dans les conditions extrêmes de l’impérialisme décadent, agonisant et désespéré.
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Guerre mondiale, puis insurrection prolétarienne internationale

  1. La guerre mondiale impérialiste est donc une condition de la crise qui provoquera les soulèvements sociaux, qui enclencheront à leur tour l’insurrection populaire, qui, nous l’espérons, provoquera l’avènement de la révolution prolétarienne internationaliste. Voilà l’ordre de mise en place de la révolution mondiale et voilà la troisième condition d’une insurrection prolétarienne réussie se transformant de révoltes localisées en révolution prolétarienne planétaire.
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  2. La société de transition entre le mode de production capitaliste et le mode de production communiste ne peut pas se construire dans un seul ou dans quelques pays isolés comme l’a démontré l’échec du « camp socialiste« . Cette édification devra se faire sous la dictature du prolétariat dans un très grand nombre de pays simultanément sinon les capitalistes mèneront des guerres d’agression contre le ou les jeunes entités prolétariennes encore instables et désorganisées. Mais comment une insurrection prolétarienne spontanée et mondialisée peut-elle se transformer en révolution prolétarienne internationale ?
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  3. Nous avons vu précédemment que ce scénario révolutionnaire a effectivement été réalisé en 1917 dans le cadre de la Révolution bolchevique qui frappa toutes les Russies. Pourtant, cette Révolution ne fut pas une Révolution prolétarienne communiste, car l’insurrection populaire qui là précédé s’appuyait sur la classe paysanne en révolte. La Première condition fondamentale d’une Révolution prolétarienne mondiale c’est qu’elle provient d’une insurrection qui si elle n’est pas prolétarienne au départ – le devient par la suite – sans quoi – l’insurrection populaire est récupérée par d’autres classes ou segments de classes sociales non révolutionnaires, seulement intéressées par la défense de leurs intérêts particuliers. Le Parti bolchevique s’est substitué à la classe prolétarienne et il a imposé sa dictature de parti afin de mener à bien le renversement de l’État féodal tsariste. Il prouvait ainsi l’impossibilité d’imposer la révolution anticapitaliste à une société pas encore solidement engagée sur la voie du capitalisme monopoliste en phase impérialiste.
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  4. Qui dit classe prolétarienne pense mode de production capitaliste monopoliste d’État largement développé, productiviste, moderne, mécanisé, numérisé, informatisé, à très haute productivité, globalisé, et interdépendant mondialement en un procès de développement inégal (d’un pays à un autre) et combiné (d’un secteur économique à l’autre, d’une zone industrielle à une autre). Bref, la classe prolétarienne est la classe sociale qui exprime par son développement international le niveau de développement du capitalisme à son stade impérialiste décadent. Marx a expliqué que sous le capitalisme les deux classes sociales antagonistes – prolétariat et bourgeoisie – étaient intimement liées l’une à l’autre dans la phase ascendante – durant la phase d’apogée – et dans la phase déclinante – impérialiste – du mode de production capitaliste. Les idéologues marxistes ont ajouté que seule la classe prolétarienne développée, moderne, éduquée et formée, consciente et combative serait la classe sociale totalement et pleinement révolutionnaire jusqu’au bout. Les moujiks russes analphabètes, les paysans illettrés des rizières de Chine, du Vietnam, du Cambodge, les paysans affamés des hauts plateaux du Népal, les fellahs égyptiens paupérisés, les éleveurs touareg du Sahel, les agriculteurs indiens paupérisés, les paysans sans-terre de Cuba ou d’Amazonie, etc., ne peuvent en aucun cas enclencher une insurrection prolétarienne mondiale.
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La quatrième condition pour une révolution prolétarienne communiste

  1. Crise économique systémique, guerres génocidaires et guerre nucléaire généralisée, insurrection populaire spontanée, entraîneront comme l’écrivait Lénine « L’impossibilité pour les classes dominantes de maintenir leur domination sous une forme inchangée […] impliquant que la base (sociale) ne veuille plus vivre comme auparavant et que le sommet [bourgeoisie] ne le puisse plus». De plus « L’aggravation, plus qu’à l’ordinaire, de la misère et de la détresse des classes opprimées  entraîneront plus qu’à l’habitude des soulèvements populaires en série. D’où l’accentuation de l’activité populaire des masses » et éventuellement la révolution prolétarienne consciente pour l’édification du mode de production communiste (10). Chacun aura noté que Lénine indique « les classes dominantes » et « des classes opprimées », au pluriel, justement parce que le parti bolchevique tentait de mener une révolution prolétarienne dans une société en transition entre l’ancien mode de production féodal (noblesse contre serfs) et le nouveau mode de production capitaliste (bourgeoisie contre prolétariat). Les prochaines grandes vagues d’insurrections populaires se transformant progressivement en révolutions prolétariennes ne se feront pas sous ces conditions économiques et sociales alambiquées.
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  2. L’expérience lamentable des collusions sous forme de « fronts unis » interclasses entre des segments de la bourgeoisie dite « démocratique – libérale » (sic) et la classe prolétarienne (du Front populaire à la Seconde Guerre impérialiste, en passant par la guerre d’Espagne républicaine bourgeoise et la Guerre populaire (paysanne) en Chine ) nous a enseigné à rejeter ce type de compromis opportuniste où la classe prolétarienne se met au service d’une section de la bourgeoise – totalitaire « libérale » – afin de l’aider à imposer son hégémonie aux autres fragments de la bourgeoisie totalitaire « non libérale » (sic) et à imposer sa domination sur la classe ouvrière tout entière, cette dernière ne servant que de chair à canon dans ce marché de dupes frontiste. Aucune union « interclasses antagonistes » ne tient la route. Tous les segments de la bourgeoisie sont pareils, pendant les élections « démocratiques » bourgeoises; devant leurs banquiers repentis; devant leurs officiers pour écraser le prolétariat révolté.
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  3. La réciprocité de ces prémisses est évidente : plus le prolétariat agira résolument et avec assurance, guidé par des mots d’ordre pertinents et révolutionnaires (sans compromis) et plus il aura la possibilité d’entraîner sous sa direction les couches intermédiaires de la classe dominante isolée et démoralisée. Par contre, la désintégration des appareils de la gouvernance capitaliste (dont l’État bourgeois est la pièce maîtresse) est obligatoire, d’où la nécessité pour les prolétaires révolutionnaires de rejeter tout recours, tout appel au renforcement des lois et de la gouvernance de l’État bourgeois, ou en faveur de la dissolution de telle ou telle alliance. Nous ne luttons pas pour sortir tel ou tel pays de telle ou telle alliance impérialiste. Nous luttons pour écraser toutes les alliances impérialistes (Atlantique, occidentale, Pacifique ou orientale). (Voir : De l’OTAN aux BRICS, en passant par l’OCS, l’Empire se refait une image (dossier) – les 7 du quebec et Voici l’OTAN…son histoire…sa raison d’être…son avenir – les 7 du quebec). C’est la raison pour laquelle les prolétaires révolutionnaires ne participent pas aux ralliements pour demander à l’État bourgeois de sortir de l’OTAN, de renforcer l’État national bourgeois, de sortir de l’Euro ou de l’ALENA, et nous ne signons pas de pétitions pour réclamer la clémence de l’État et le renforcement des mesures de soi-disant « sécurité » en réalité des mesures de terrorisme étatique. L’État bourgeois est la source de toutes les insécurités contre le peuple et de toutes les formes de terrorismes à petite et à grande échelle.
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Sans parti prolétarien révolutionnaire pas de révolution prolétarienne
Sans révolution prolétarienne pas de parti prolétarien révolutionnaire

  1. Certains marxistes « bolcheviser » considèrent « le parti révolutionnaire » comme la principale condition pour la conquête du pouvoir par la classe prolétarienne… « le parti révolutionnaire en tant qu’avant-garde unie et trempée de la classe prolétarienne», ou alors un groupement d’organisations prolétariennes révolutionnaires, aura la tâche de faire en sorte que la classe prolétarienne prenne pleinement conscience de sa mission historique qui n’est pas de corriger les injustices du capitalisme, ni d’enrayer la destruction écologique de la planète, mais de créer un nouveau mode de production – communiste – qui stoppera la destruction de la planète. Quant à Lénine, il fait de cette condition le point de différenciation entre la révolution prolétarienne communiste et la crise révolutionnaire insurrectionnelle sans lendemain: « La révolution ne surgit pas de toute situation révolutionnaire, mais seulement dans le cas où, à tous les changements objectifs énumérés, vient s’ajouter un changement subjectif, à savoir : la capacité, en ce qui concerne la classe révolutionnaire, de mener des actions de masse assez vigoureuses pour briser complètement l’ancien gouvernement, qui ne tombera jamais, même à l’époque des crises, si on ne le fait choir. » (10).

NOTES

FIN

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