Meyssan : « l’extension du conflit peut arriver à tout moment »

Interview de Thierry Meyssan sur la situation du conflit à Gaza et sur les risques d’extension au Sud-Liban et au Yémen.



    Gaza : «Si les États-Unis arrêtaient de poser leur veto à l’ONU, la guerre prendrait fin», estime Abbas

© SAUDI PRESS AGENCY / AFP Mahmoud Abbas lors du sommet arabo-musulman à Riyad le 11 novembre dernier (image d’illustration).

 

Au cours d’une interview, le chef de l’Autorité palestinienne a accusé Benjamin Netanyahou de vouloir «se débarrasser des Palestiniens» et rester à Gaza. Mahmoud Abbas s’en est également pris à Washington, qui à l’ONU s’oppose aux projets de résolution réclamant un cessez-le-feu.

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Dans une interview fleuve à la chaîne égyptienne ON le 26 décembre, le leader de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a passé en revue les défis et enjeux des Palestiniens à l’heure du conflit à Gaza entre le Hamas et l’État hébreu. «Le plan de Netanyahou est de se débarrasser des Palestiniens et de l’Autorité palestinienne», a-t-il accusé, avant de marteler que la situation actuelle dans l’enclave gazaouie allait «au-delà d’une catastrophe et d’un génocide». «Notre peuple n’a pas connu une telle guerre, même lors de la « Nakba » de 1948», a-t-il souligné, en référence à la «catastrophe» que les Palestiniens associent à la création de l’État d’Israël en 1948, qui selon l’ONU a entraîné l’exil de plus de 700 000 Palestiniens après la guerre israélo-arabe. Il a par ailleurs assuré qu’Israël n’avait pas l’intention de quitter Gaza après l’opération terrestre.

Pour Abbas, les États-Unis peuvent arrêter le conflit à Gaza Concernant la solution politique au conflit, pour Mahmoud Abbas, il n’y a aucun doute : «Si les États-Unis arrêtaient de poser leur veto à l’ONU, la guerre prendrait fin.» Aux Nations unies, Washington, fidèle à sa position d’allié traditionnel et historique de l’État hébreu, s’est jusqu’à présent opposé à tous les projets de résolution appelant à un cessez-le-feu. Le dirigeant palestinien, aujourd’hui âgé de 88 ans, espère tirer profit de ce conflit pour intégrer l’aile politique du Hamas au sein de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Il est d’ailleurs attendu prochainement en Égypte pour proposer une initiative de cessez-le-feu, a rapporté le média israélien I24.

L’autorité de Mahmoud Abbas est de plus en plus décriée par la rue palestinienne qui le juge passif face à la situation à Gaza. À ce propos, même en Cisjordanie où l’Autorité palestinienne est censée avoir le pouvoir, les sympathisants du Hamas et du Jihad islamique ont de plus en plus leurs entrées.

Les colons israéliens violents dans le viseur des Occidentaux Indépendamment de Gaza, depuis le 7 octobre, plus de 300 Palestiniens ont déjà été tués en Cisjordanie, selon un décompte du ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne.

Le 15 décembre, dans un communiqué conjoint, la France, l’Australie, la Belgique, le Canada, le Danemark, l’Espagne, la Finlande, l’Irlande, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse avaient appelé Israël à prendre des «mesures concrètes» pour faire cesser la violence sans précédent de colons israéliens en Cisjordanie occupée. Le texte fait état de «plus de 343 attaques violentes» depuis le début du mois d’octobre.  La France avait déjà haussé le ton sur la question des «colons extrémistes». «Ces violences doivent cesser et il est de la responsabilité des autorités israéliennes de s’en assurer et de poursuivre leurs auteurs», avait déclaré le 7 décembre, lors d’une conférence de presse, la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Anne-Claire Legendre. «Nous envisageons des mesures d’interdiction du territoire français et le gel des avoirs au niveau national mais également européen», avait-elle précisé.

Face à la recrudescence de ces violences, Washington, premier allié de l’État hébreu, a pour sa part sanctionné des colons israéliens. Le 5 décembre, le porte-parole du gouvernement américain Antony Blinken a publié un message sur X (ex-Twitter) annonçant «une nouvelle politique de restrictions de visa ciblant les individus et les membres de leur famille impliqués ou contribuant de manière significative à des actions qui compromettent la paix, la sécurité et la stabilité en Cisjordanie». Depuis le début du conflit opposant le Hamas et Israël, déclenché par la sanglante attaque du groupe palestinien sur le sol de l’État hébreu le 7 octobre et ayant couté la vie à près de 1 200 israéliens, plus de 21 100 personnes ont été tuées à Gaza, d’après le dernier bilan du Hamas. Selon les chiffres de l’ONU, 1,9 million de personnes, soit 85% de la population de l’enclave palestinienne, ont fui leur foyer.


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