Neutralité et paix

   

 

par Nicole Duprat, France

A l‘heure actuelle, on a de plus en plus tendance à affaiblir voire à dénigrer la neutralité par des interprétations erronées, en la qualifiant de passéiste voire d’obsolète. La neutralité est vidée de son contenu essentiel.
La paix quant à elle devient bizarrement le but affiché de ceux qui déclenchent les guerres. La paix ne saurait être acquise qu’en faisant la guerre, ce qui est un raisonnement complètement absurde et l’idée de guerre juste n’est pas acceptable. Il n’y a pas de guerre juste.
On ne construit pas une maison en commençant par le toit mais par les fondations. La paix comme la neutralité sont des fondements d’un modus vivendi, aussi bien de la conduite humaine individuelle que celle collective des Etats et des nations.
De même qu’il n’y a pas de trame sans tissu ni de tissu sans trame. Il n’y a pas de paix sans neutralité et de neutralité sans paix. S’engager pour la paix c’est s’engager pour la neutralité et inversement. Ce sont les deux facettes d’une même médaille.
La neutralité est une réalité inhérente à toute personne cultivant la paix et dont la compréhension du monde dans lequel nous vivons est dépourvue de toute vue partiale ou partisane. La neutralité agit et fonctionne comme un révélateur d’une autre façon d’être, de penser et d’agir parce qu’elle s’inscrit dans une relation de paix entre les individus, les Etats et les nations.
La neutralité n’est pas une notion à géométrie variable ni un principe soumis aux opinions et idéologies des uns et des autres. Un principe n’a pas force de loi. C’est pour cela qu’elle doit être inscrite dans une Constitution parce qu’une loi peut et doit être appliquée strictement. Refuser de l’inscrire dans la Constitution c’est laisser une fissure dangereuse dans le système de la démocratie directe.
Confrontée à la médisance de ses détracteurs, la neutralité ne doit pas être assimilée à de l’égoïsme, de la lâcheté ou de l’indifférence.
Abandonner la neutralité, c’est abandonner un précieux instrument de paix qui peut désamorcer les conflits.
Être juste c’est être neutre, c’est refuser le climat de division, ne pas privilégier un camp plutôt qu’un autre. Traiter chacun de la même façon. Il s’agit d’une attitude intérieure qui nous fait prendre une hauteur de vue et aide à contrecarrer l’esprit de division.
Elle a sa raison d’être tant au niveau individuel que collectif. Elle place la personne au-delà des intérêts immédiats. Sans la neutralité, la Croix Rouge ne pourrait fonctionner.
Chacun de nous est responsable de tisser les fils indestructibles de la neutralité et de la paix pour générer un tissu collectif solide de relations justes et équilibrées, libres et solidaires dans un esprit d’unité. •


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *