Règlement du conflit du Sahara occidental : Staffan de Mistura évoque une «nouvelle étape»

Staffan de Mistura promet de plaider la cause des Sahraouis devant les membres du Conseil de sécurité de l’ONU         – Photo : D. R.

Le représentant du Front Polisario auprès des Nations unies et coordinateur avec la Minurso, Sidi Mohamed Omar, estime que la visite de Staffan de Mistura, pour la première fois dans les territoires occupés du Sahara occidental, est «le résultat de la lutte du peuple sahraoui contre l’occupation marocaine (…)».

L’envoyé spécial des Nations unies pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, a rencontré cette semaine à Laâyoune, ville occupée illégalement par le Maroc, des représentants des associations et des organisations sahraouies qui militent pour le droit à l’autodétermination et à l’indépendance de leur pays. En visite pour la première fois dans les territoires occupés du Sahara occidental, l’émissaire de l’ONU a tenté de rassurer les Sahraouis sur le sérieux de ses efforts pour faire aboutir le processus politique visant à organiser un référendum d’autodétermination.

De Mistura a assuré qu’il s’agit d’«une nouvelle étape» en faveur du règlement du conflit du Sahara occidental qui perdure depuis près d’un demi-siècle. Les représentants des associations sahraouies ont fait part à l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies de «la perte de confiance» du peuple sahraoui en la Mission  des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) et en l’ONU qui n’arrivent pas à faire avancer le processus de la décolonisation.

Ils ont dans ce sillage soulevé le problème du pillage des richesses sahraouies par la puissance occupante au mépris du droit international. Les représentants sahraouis ont par ailleurs signalé à l’émissaire onusien la terrible répression qui s’est abattue sur la population de Laâyoune, qui a observé un sit-in pour réclamer le droit à l’indépendance.

De son côté, le représentant du Front Polisario en Suisse et auprès de l’ONU et des organisations internationales à Genève, Oubi Bouchraya Bachir a dénoncé cette répression commise par l’occupant marocain sous les yeux de l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental. Pour lui, ce qu’ont fait les forces d’occupation à Laâyoune contre la population sahraouie est «un message on ne peut plus clair que le conflit au Sahara occidental est toujours de mise».

Répression féroce

En effet, lors de la visite de Steffan de Mistura le 4 septembre dans la ville de Laâyoune occupée, les forces d’occupation marocaines ont réprimé une manifestation pacifique organisée par des associations sahraouies des droits de l’homme pour réclamer le droit à l’autodétermination et à l’indépendance.

Selon l’Agence de presse sahraouie, les manifestants ont été pourchassés dans les rues et artères de la ville, tabassés et insultés. Plusieurs d’entre eux ont été blessés, ont ajouté les mêmes sources.

Dans une interview à la chaîne BBC en arabe, M. Bouchraya a affirmé que «les manifestations du peuple sahraoui constituent une preuve tangible de l’attachement de ce peuple à son droit à la liberté et à l’indépendance et sa disposition à se sacrifier pour cette cause». Ce qu’a vu l’envoyé spécial de l’ONU à Laâyoune  est, selon lui, «un message aux Nations unies et à la communauté internationale que le conflit existe encore et que le peuple sahraoui est résolument déterminé à poursuivre sa lutte pour son droit à la liberté et à l’indépendance».

Pression internationale sur le Makhzen

Interrogé sur cette première visite de Staffan de Mistura dans les territoires occupés depuis sa nomination en novembre 2021, M. Bouchraya a estimé que «l’occupation marocaine est, aujourd’hui, contrainte de céder à la pression internationale, après avoir préalablement refusé la visite prévue en juillet 2022 en raison de certains points à l’ordre du jour du diplomate italo-suédois, notamment ceux liés à la rencontre avec des militants des droits de l’homme et des organisations sahraouies qui réclament et défendent l’indépendance du Sahara occidental».

Le représentant du Front Polisario auprès des Nations unies et coordinateur avec la Minurso, Sidi Mohamed Omar, a souligné pour sa part que  la première visite de Staffan de Mistura dans les territoires occupés du Sahara occidental est «le résultat de la position constante du Front Polisario et de la lutte du peuple sahraoui contre l’occupation marocaine, notamment dans les territoires occupés».

Dans une déclaration à l’Agence de presse espagnole EFE, le diplomate sahraoui espère que «ce premier contact entre De Mistura et les Sahraouis dans les territoires occupés l’aidera à connaître de près la situation dans laquelle vit le peuple sahraoui sous occupation, en particulier les militants des droits de l’homme et les prisonniers politiques, mais aussi l’oppression et l’intimidation dont il est victime».

La visite «ne doit pas être une fin en soi»

Le ministère de l’Information sahraoui estime que cette visite «devrait être un événement tout à fait naturel, en ce sens qu’elle s’inscrit en droite ligne avec la responsabilité des Nations unies envers le territoire et le peuple sahraouis, mais également avec les missions et le rôle du responsable onusien».

«Elle ne doit pas être une fin en soi, mais devra constituer une occasion pour lui de s’enquérir directement et sans réserves du bilan de la répression et du siège imposé notamment aux villes occupées de Laâyoune et Dakhla», a-t-il précisé dans une déclaration reprise par l’agence de presse sahraouie (SPS).

Par sa tournée régionale, Staffan de Mistura cherche à «approfondir davantage les consultations avec toutes les parties concernées sur les perspectives de faire progresser de manière constructive le processus politique au Sahara occidental au cours de ces engagements régionaux», a indiqué lundi un communiqué de l’ONU.

«Il prévoit de rendre compte de ses visites et engagements auprès du secrétaire général ainsi qu’au Conseil de sécurité en octobre prochain», a précisé la même source.  De Mistura bénéficie d’un fort soutien des Etats-Unis et du Conseil de sécurité, ce qui ne pourrait que le conforter dans sa position afin de faire avancer le processus politique de sorte à ce que le peuple sahraoui puisse exercer son droit inaliénable à l’autodétermination.


 

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