Algérie / PRESSE : FILS DE PUB’ ?!

   

par Belkacem Ahcene-Djaballah

Depuis quelques années, après avoir connu une progression à nulle autre pareille, ayant fait pas mal de jaloux, ici et là, au Sud comme au Nord, à l’Est comme à l’Ouest de la planète, à partir d’avril 1990, la presse écrite nationale – en français comme en arabe – connaît une «descente aux enfers» . Beaucoup de titres ont disparu , après avoir connu d’énormes difficultés financières dues à une contraction du marché publicitaire et surtout à sa mauvaise régulation, ainsi qu’à une diminution du lectorat francophone et à une très lente progression du lectorat arabophone, bien plus branchés sur le «Iphone» et les réseaux sociaux, envoyant au chômage un gros lot de journalistes….. certains, parmi les plus anciens préférant la retraite dite anticipée, d’autres guettant une pige par-ci, une pige par-là, surtout pour ne pas laisser leurs méninges s’ankyloser….et les plus jeunes rêvant d’on ne sait quelle «harga», les postes de «gardiens de parking» et de serveurs de fast-foods étant tous déjà occupés.

Il y a, aussi, ce phénomène, visible seulement chez nous : celui de l’existence «cannibale» de chaînes de télévision de statut privé, «algéro-étrangères ou étrangement algériennes» qui en sont arrivées à «ramasser» le paquet de la pub’, à des tarifs si ridicules qu’ils défient toute concurrence…. imités en cela par pas mal de sites d’infos’ électroniques. Après des années d’un «dumping» qui n’ose même pas se cacher, les années 2000, avec le «laisser-faire, laisser-aller» , leur ont donné des ailes de liberté de commerce, en usant de plusieurs stratagèmes, au vu et au su de tout le monde. Elles ont donc fleuri sans gêne, occupant, parfois même, le haut du pavé politique. Seul obstacle, l’Arav qui fait «ce qu’elle peut» avec les moyens humains et dérisoires mis à sa disposition.

Il est absolument évident qu’un organe de presse (en dehors des subventions et des aides de l’Etat, en échange de cahiers de charges précis, pour ce qui concerne le secteur public, ou des financements, la plupart du temps occultes ou déguisés, de «patrons» ou de groupes de pression , quand ce n’est pas , hélas, un financement étrange, pour ce qui concerne le secteur privé ), quel qu’il soit, ne peut vivre ou survivre que grâce à ses lecteurs payants ou auditeurs ou téléspectateurs nombreux et au bon pouvoir d’achat , mais aussi et surtout grâce au financement publicitaire. En attendant une régulation réglementée et rationnelle, c’est donc un financement publicitaire régulier et stable, et non en changeant selon les humeurs et les odeurs de décideurs en entreprises et/ou autres, afin de permettre une gestion dynamique et non une gestion, au jour le jour, laissant les employés – surtout les plus jeunes – vivre avec la «peur du chômage au ventre».

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Il est vrai que le marché de la publicité commerciale s’est brutalement rétréci avec la contraction de l’économie et du commerce causée, entre autres, d’abord par l’épidémie de la Covid puis par le conflit russo-ukrainien, laissant place à mille et une manœuvres. Mais la reprise est bel et bien là, bien visible avec même une certaine augmentation du pouvoir d’achat. Hélas, cette reprise n’est pas «boostée» comme elle devrait l’être par le développement de l’information commerciale et publicitaire….Une info’ en principe absolument nécessaire soit pour accompagner la croissance là où elle existe, soit pour sortir de la déprime.

Ne demeure plus que la publicité institutionnelle à se disputer et à se partager (prenant «tous les coups» et subissant toutes les critiques)… ce qui n’est ni suffisant ni souhaitable sur les moyen et long termes. Très dommageable : Pour tout le paysage médiatique qui, avec la disparition de la presse écrite… et un jour proche du livre, ne consommera plus que de l’IA (Intelligence artificielle) fabriquée ailleurs et «téléphonée» ou téléchargée ! Pour l’image de l’Etat, toujours placé au rang des «accusés» ! Pour l’image extérieure du pays, toujours imaginé socio-économiquement austère et «fermé» !

 

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