Un acteur majeur de notre roman national s’en va : adieu Si Salim !

Le moudjahid Salim Saâdi au maquis. D.R.

A la veille de la fête de l’Aïd El-Kebir et de la Fête de l’indépendance, l’un des derniers compagnons de Houari Boumediene, Salim Saâdi, nous a quittés en silence. Je le savais malade depuis des années et son départ m’attriste. Peu de personnes se souviennent de ce grand patriote. Si Salim était un moudjahid et un haut officier de l’ANP qui a marqué l’histoire de l’Algérie. Cet homme hors du commun a servi la patrie tout au long de sa vie. Il appartenait à cette époque où les meilleurs d’entre nous accomplissaient des exploits extraordinaires pour servir leur pays sans demander quoi que ce soit en retour. Si Salim a toujours montré un dévouement sans faille à la patrie et à la nation, et une grande disponibilité pour aider les gens du peuple.

Salim Saâdi et ses compagnons ont combattu le colonialisme et ont repris les armes pour briser les reins du terrorisme islamiste, ces hordes sauvages qui voulaient faire de l’Algérie un vulgaire califat dirigé par des enturbannés à partir d’Afghanistan, sous les ordres des sionistes. J’ai eu la chance et l’honneur de connaître cet homme valeureux et je n’oublierai jamais que lorsque je l’ai questionné un jour sur sa santé – cela se passait pendant la décennie noire –, il m’avait répondu que les éclats de métal dans son corps le faisaient souffrir en hiver. En effet, il avait marché sur une mine pendant la Guerre de libération nationale en voulant traverser la Ligne Morice et les médecins n’avaient pas pu lui enlever tous les morceaux métalliques qui s’étaient fichés dans sa chair. Au maquis, il a aussi sauvé la vie du photographe attitré de Tito, Labodovitch, qui avait rejoint la Révolution pour la filmer.

Je n’ai pas l’habitude d’écrire des condoléances mais ma plume sera toujours là pour honorer les grands hommes, les vrais, les patriotes authentiques. Salim Saâdi a commandé la 3e Région militaire à Béchar, dont l’importance stratégique n’est plus à démontrer sachant les visées perpétuelles de l’entité voyou du Maroc sur notre territoire. Nos ennemis de l’Ouest, contrairement à de nombreux Algériens, connaissent bien le nom de Salim Saâdi, car il leur a infligé une défaite mémorable lors de la bataille d’Amgala II. Si Salim était l’un des rares dont feu le président Boumediene demandait l’avis concernant le Sahara Occidental.

Son compagnon d’armes, Si Khaled Nezzar, a parlé de lui dans ses mémoires ainsi que lors de ses différents témoignages, mais je constate avec amertume et dégoût que peu parmi la presse nationale et dans l’espace public ont rendu hommage à ce grand moudjahid. C’est honteux. Seuls Algeriepatriotique et deux autres organes de presse en ont parlé, dont l’un très succinctement. Hélas, chez nous, on oublie vite ceux qui ne sont plus au pouvoir. On a vu aussi comment les renégats ont traité son compagnon Réda Malek, que j’ai connu aussi, lors de ses funérailles au cimetière d’El-Alia. Même morts, ces hommes braves et dévoués à la cause nationale dérangent les traîtres.

L’histoire retiendra que le défunt moudjahid Si Salim Saâdi a été un des bâtisseurs de l’ANP et un acteur majeur de notre roman national, il faisait partie de ces grands hommes qui ont construit notre nation avec courage et abnégation. Leurs faits d’armes témoignent de leur patriotisme malgré les injustices qu’ils subissent et malgré l’amnésie volontaire de certains que nous combattrons sans relâche.

Ce fut un grand honneur pour moi de l’avoir connu, et je salue chaleureusement et fraternellement sa mémoire. Repose en paix, Si Salim, la patrie pour laquelle tu t’es battu avec dévouement et courage restera toujours une citadelle imprenable.

Mohsen Abdelmoumen

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *