Vativan / On récolte ce qu’on sème ?

 

par Abdelkrim Zerzouri

Inlassablement, le pape François prodigue depuis une décennie sa leçon «d’humanisme et de civilisation» envers les migrants. Ces derniers jours, il a fustigé à partir de Marseille «le fanatisme de l’indifférence» envers les migrants. Après un prêche de dix ans en faveur de la protection des réfugiés et des migrants, le constat est triste : la migration est devenue la bête noire des gouvernements européens. Une conclusion qui incite à croire à une non-assimilation de la longue leçon du pape ? La solidarité du pape avec les migrants est constante, sans faille et sans équivoque, mais qui a retenu sa leçon parmi les bons chrétiens ?
Les associations sont bien présentes sur le terrain de la solidarité avec les migrants et les réfugiés, mais leur travail est contrarié par l’intransigeance des politiciens, qui perdent leur sens d’humanisme et de civilisation, en refusant toute aide à ces populations en désarroi. Le mal est diagnostiqué, mais le pape ne s’attaque que très rarement d’une manière frontale aux hommes politiques et aux chefs d’Etats. Il l’a fait une fois, avec l’ex- président américain Donald Trump, sans le nommer, quand le concerné a lancé le projet de construction d’un mur le long de la frontière avec le Mexique, en soutenant qu’«?une personne qui veut construire des murs et non des ponts n’est pas chrétien?».
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Cela s’applique-t-il à tous les autres responsables politiques qui semblent avoir en horreur la migration, en bâtissant des murs virtuels à l’aide de législations dures en matière de lutte contre ce phénomène qui prend une ampleur aussi alarmante que le changement climatique ? On dira que les gouvernements n’ont pas de sentiment quand ils ont à faire le choix entre le travail pas facile pour s’assurer les voix des électeurs radicalement opposés à l’accueil des migrants, qui se rapprochent de la majorité, et ceux qui viennent de loin leur ajouter des soucis, mais le pape reste figé dans ses idées. Que resterait-il si on se défaisait de son humanisme ?
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Mais, avant d’aller chercher ce sens d’humanisme et de civilisation chez des responsables politiques européens plutôt préoccupés par les mandats électoraux, on doit entendre ce qu’en pensent des responsables politiques africains de cette vague migratoire qui submerge les côtes sud de l’Europe. A partir de la tribune onusienne, le président centrafricain Faustin Archange Touadéra a ouvertement dénoncé les « pillages » et l' »impérialisme occidental » en Afrique comme principale cause de l’afflux des migrants en Europe. « Cette escalade de la crise des migrants est l’une des conséquences effroyables des pillages des ressources naturelles des pays, rendus pauvres par l’esclavage, la colonisation et l’impérialisme occidental, le terrorisme et les conflits armés internes, souvent ouverts sur fond de visées hégémoniques, des tensions géopolitiques et géostratégiques entre les grandes puissances mondiales », a-t-il accusé. On récolte ce qu’on sème ?


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