Algérie / Les grandes possibilités d’une vision des transports verts pour 2030

     

 

Par le Professeur Chems Eddine Chitour – École polytechnique, Alger

«La vitesse, quelle bêtise que la vitesse ! Savoir qu’un autre que moi a accompli un temps plus court que le mien peut m’aider à progresser. Qu’il ait pulvérisé un record, en revanche, ne m’apporte rien. J’accepterais de traverser le désert à toute vitesse pour sauver un enfant, pas pour être le plus rapide.»»
(Albert Jacquard, conférence, juillet 2004)

Résumé
L’Algérie se trouve à la croisée des chemins en ce qui concerne la stratégie énergétique pour l’avenir du transport sous- ensemble d’une stratégie énergétique d’ensemble, à savoir un modèle énergétique flexible, véritable boussole du Haut-Conseil de l’énergie pour le futur. Nous devons passer graduellement d’une addiction à la locomotion hydrocarbonée, source de gaspillage de pétrole et de nuisances, à une locomotion vertueuse basée sur les transports verts allant des biocarburants au sirghaz, au GNC, à la locomotion utilisant l’électricité verte provenant du solaire et de l’éolien, à la locomotion avec l’hydrogène vert.
Pour ce faire, une task force mise en place prenant appui sur le modèle énergétique aura à évaluer à partir d’un état des lieux la démarche pour une introduction progressive de la locomotion électrique. Un partenariat avec la Chine concernant le lithium des batteries est le maillon fort du développement en développant notre potentiel lithium. Chaque voiture électrique consommera environ 3 000 kWh d’électricité renouvelable par an contre la consommation de 1 tonne de pétrole épargnée et laissée pour les générations futures. Un plein d’électricité coûtera 5 fois moins cher qu’un plein d’essence. Il y a nécessité d’une mobilisation nouvelle comme celle de la nationalisation des hydrocarbures en 1971. C’est une nouvelle révolution verte de création de richesses à notre portée.

Les carburants pour les moteurs thermiques et leur déclin annoncé
En 2021, la consommation mondiale de carburants avoisinait les 52 millions de barils sur 97 millions de barils, soit près de 53 pour cent ou encore 2,5 milliards de tep équivalent à 7 milliards de tonnes de CO2. En 50 ans, de 1970 à 2020, ce sont 190 milliards de tep qui ont été consommés et qui ont généré une première approximation. Si on considère la période 1920-1970, on peut considérer que la consommation moyenne était de 2 milliards de tonnes équivalent pétrole par an, soit 100 milliards par an. Au total, pour le siècle 1920-2020, ce sont près de 300 milliards de tonnes de carburant, 1 000 milliards de tonnes qui sont stockés dans l’atmosphère et dans les océans provoquant les convulsions climatiques.
Cette consommation a permis le développement des moteurs thermiques. En 2007, le milliard de voitures était dépassé. De 1955 à 2005, l’augmentation de leur nombre a été environ trois fois plus rapide que la croissance de la population ! En 2023, 1,5 milliard de voitures sillonnent les routes toutes tailles confondues. Les États-Unis disposent de 240 millions environ en 2007. En Chine, il y a eu 43,2 millions en 2011. Cependant, de manière logique, les ventes de voitures à essence et diesel continuent de baisser, le diesel qui est cancérigène sera abandonné. À titre d’exemple, Volkswagen ne fabriquera plus de voitures diesel à partir de 2025. À cette date, elles devraient être inférieures de 19 % à ce qu’elles étaient en 2017.

Le monde du futur sera vert électrique
«Mirage, illusion, fausse solution sont les termes utilisés pour décrire la locomotion électrique. Les qualificatifs ne manquent pas pour critiquer, voire discréditer le virage vers les véhicules électriques. Qu’en est-il
réellement ? C’est notamment le cas des batteries lithium-fer-phosphate (LFP). En 2022, environ 50 % des Tesla vendues étaient équipées de batteries LFP⁠ avec un nombre de cycles charge-décharge supérieur à 10 000, ce qui se traduit par plusieurs millions de kilomètres parcourus au cours de la vie de la batterie, qui dépasse 20 ans. Le recyclage des batteries lithium-ion est mené par des procédés hydrométallurgiques dont le rendement de récupération s’élève à 95% et bientôt 99%. Fait à noter, le pétrole brûlé par les véhicules à essence ou diesel est recyclable à 0%. L’intérêt pour ces batteries est multiple : diminution significative de l’impact écologique et humanitaire de l’extraction minière, 500 à
1 000 fois moins de quantités extraites. Si l’impact de la fabrication de la batterie est réel, celui-ci baisse d’année en année. Les émissions de GES de sa fabrication ont déjà baissé d’environ 60% par kilowattheure entre 2013 et 2019⁠. Selon McKinsey, ‘’les acteurs ambitieux ont la capacité de réduire l’empreinte carbone de la production de piles jusqu’à 75% en moyenne au cours des cinq à sept prochaines années’’. Du côté des véhicules à essence, de telles améliorations écologiques ne sont tout simplement pas envisageables.»(1)
L’avenir de la consommation d’énergie du secteur du transport constitue un défi majeur. La solution passera par le développement de sources d’énergies alternatives : biocarburants, gaz, électricité, etc. La mobilité électrique apporte une disruption totale sur le marché de l’énergie mondiale. Elle redistribue les cartes au niveau de la géopolitique pétrolière 1 litre d’essence/diesel avalé et qui produit 15 kilos de CO2 au 100 km. La voiture électrique est une véritable révolution, un siècle après celle de la voiture à carburant fossile, à la fois pour des raisons climatiques (pas de pollution), mais aussi pour l’électricité renouvelable de plus en plus disponible à des coûts inférieurs à ceux du kWh thermique. L’impact des voitures électriques sur la demande de pétrole sera de plus en plus important. A terme, c’est au moins 20% de pétrole en moins.
L’Inde et la Chine travaillent sur des véhicules de 3 000 à 7 000 $. Pour démocratiser ce véhicule, le prix de la batterie devra descendre sous la barre des 100 $ le kWh. Même les batteries pourraient bien avoir une deuxième vie afin de stocker la production d’électricité renouvelable dans les maisons dans un véritable smart grids voitures maisons, même voisins.

La percée des voitures électriques dans le monde
D’après le rapport Global Electric Vehicle Outlook de l’AIE, plus de 14 millions de véhicules électriques seront vendus en 2023, plus que les 10 millions en 2022, soit environ 20% de l’ensemble des ventes de voitures neuves dans le monde. Cette croissance est due à la Chine, qui représentait 60% des ventes de VE en 2022. L’Europe et les États-Unis viennent après. D’ici 2030, les véhicules électriques représenteront en moyenne 60% des ventes de véhicules en Chine, en Europe et aux États-Unis. Si la tendance se poursuit, il faudra au moins 5 millions de barils de pétrole en moins par jour dans le monde d’ici à 2030.(2)
Avec la décision de l’Europe de mettre un terme aux moteurs thermiques en 2035, la course est lancée. Aujourd’hui, le marché chinois compte plus de 94 marques qui proposent plus de 300 modèles différents. Les constructeurs chinois lorgnent désormais les marchés étrangers, à l’image de BYD, l’un des plus gros vendeurs du pays, et qui commercialise déjà des voitures particulières dans une cinquantaine de territoires, dont l’Europe, le président Joe Biden a déjà signé un décret visant à convertir le parc fédéral d’environ 645 000 véhicules à l’électricité. Le constructeur de voitures électriques Tesla bat des records de ventes et de production : en 2022, il a écoulé plus d’un million de véhicules. Le nombre de véhicules électriques et hybrides rechargeables en circulation à travers le monde serait de 14 millions en 2023 et pourrait atteindre 145 millions d’unités d’ici à 2030. Dans un scénario plus volontariste, 230 millions d’unités en 2030, soit 12 % du marché. Bloomberg prévoit 450 millions de voitures en 2035. On estime que le prix des batteries devrait tomber en dessous de 100 $/kWh, ce qui rendra compétitif l’achat des VE. La voiture la plus vendue en 2020 est la Wuling Mini EV (groupe GM), une petite citadine, vendue moins de 4 000 euros. La Chine a comme objectif un taux de pénétration des NEV de 50 % des ventes en 2035, une conversion totale des véhicules thermiques en hybrides avec 4,0 l/100 km.
La Chine est en tête du monde en matière d’infrastructures de recharge publiques pour véhicules électriques. Le vaste réseau de recharge du Guangdong a encouragé la possession de voitures électriques. La région côtière, qui borde Hong Kong, a construit des centaines de milliers de points de recharge publics – l’équivalent des pompes à essence – au cours des dernières années. Avec 345 126 chargeurs publics et 19 116 stations de recharge à la fin du mois de septembre, c’est environ trois fois plus de chargeurs publics dans l’ensemble des États-Unis. Une analyse de BloombergNEF a dénombré 112 900 chargeurs publics déployés aux États-Unis et 442 000 en Europe à la fin de 2021, contre 1,15 million en Chine.(3)

La fabrication de batteries
Le lithium est le constituant majeur de la batterie qui permet la production d’électricité pour le véhicule électrique. L’Algérie a l’opportunité de s’allier avec le leader mondial. Comme le rapporte Louise Rozès Moscovenko, «Pékin a plusieurs longueurs d’avance en termes d’investissement dans le lithium. En décembre 2022, l’entreprise chinoise Huayou a acquis la mine de lithium Arcadia, au Zimbabwe, pour 422 millions de dollars. En 2035, les ventes de véhicules thermiques ne seront plus autorisées sur le continent, au profit des véhicules électriques. Les besoins en lithium dans le monde devraient être multipliés par 57 d’ici à 2050. Entre 2005 et 2017, la Chine a investi 58 milliards de dollars dans les secteurs minier et énergétique en Afrique subsaharienne, selon l’Institut sud-africain des affaires internationales (SAIIA). L’intérêt pour le lithium africain est donc dans la continuité logique de la stratégie de Pékin. Les derniers projets de lithium se situent autour de la localité d’Uis, dans la région d’Erongo, en Namibie… Au Mali, l’australien Firefinch et Jiangxi Ganfeng Lithium avaient annoncé en mars 2022 la création d’une coentreprise pour extraire du lithium sur le site de Goulamina. Le groupe chinois a ainsi engagé un financement de 194 millions de dollars. Dans le raffinage de ces matières premières : la Chine détient environ 35% des capacités pour le nickel, de 50 à 70% pour le lithium et le cobalt, et près de 90% pour les terres rares, selon l’Agence internationale de l’énergie (IEA)».(4)

Situation du transport en Algérie et les perspectives possibles à 2030
Le transport terrestre est l’un des plus importants du Maghreb et d’Afrique, d’une longueur de 108 302 km, répartie sur 76 028 km de routes nationales/départementales et 32 274 km de routes secondaires, la réalisation de l’autoroute Est-Ouest (1 216 km), l’autoroute des Hauts-Plateaux (1 330 km), et la réalisation de 19 000 km de route, ainsi que la finition de la route transsaharienne (nord-sud). Le réseau ferroviaire est estimé à 4 200 km en 2011. 200 gares couvrent surtout le nord du pays. L’Algérie compte 35 aéroports, dont 13 internationaux. La Compagnie nationale algérienne de navigation (Cnan) et Algérie Ferries sont des acteurs du transport maritime en Algérie.
En 20 ans, le parc automobile a été multiplié par 2,5 en allant de 2001 à 2020 passant de 2,9 millions de véhicules en 2001 jusqu’à 6,2 millions en fin de l’année 2015, 6,5 en 2020 et 7 millions en 2023. On compte à Alger près de 2 millions de voitures, ce qui représente plus d’un quart du nombre de voitures totales circulant dans le pays. La consommation de carburant en Algérie a doublé en 10 ans passant de 6,3 Mt en 2002 à 15,7 Mt en 2015, 17 millions en 2019, le gasoil représente 63% de la consommation de carburant.

Consommation de carburant en Algérie : les contraintes
Trois problèmes importants sont à signaler : les subventions, les hémorragies aux frontières, et le coût des embouteillages.
1. Les subventions tous azimuts aux carburants
Selon une étude du Pnud, l’Algérie figure parmi les pays arabes qui subventionnent le plus les produits énergétiques avec près de 11 milliards de dollars (quelque 800 milliards de DA) consacrés à la subvention des prix de l’énergie. Cette étude précise que l’électricité a profité de 2,1 milliards de dollars (quelque 150 milliards DA) de subventions, tandis que les carburants ont coûté 8,5 milliards de dollars (environ 650 milliards de DA). Ces subventions représentaient, selon l’organisme onusien, 6,6% du PIB algérien en 2010.
Pour éviter les abus et à l’instar de beaucoup de pays, la mise en place de la carte carburant serait une solution. Une carte carburant ou carte essence est un moyen de paiement, c’est en tout cas une des façons les plus efficaces de réduire la consommation sachant que ce sont ceux qui ont des véhicules qui profitent d’une rente proportionnelle à la consommation.
Plus vous exagérez, plus l’État vous ravitaille à un prix qui va de 4 à 6 fois moins cher que les carburants achetés. Il est possible pour l’État de garantir un prix administré pour une consommation limitée à 20 000 km soit une tonne de carburant pour 1 400 litres/an, et ce, en dehors de catégories spécifiques comme les chauffeurs de taxi. Si le particulier consomme plus, le prix réel autour de 1 dollar le litre lui sera appliqué.
Les recettes générées contribueront à une politique de transport pour tous les citoyens à travers la disponibilité de bus, de tramway, de métro. Cette stratégie nous permettra d’éviter les hémorragies aux frontières d’au moins 5%.
2. Les déperditions aux frontières
La consommation de carburant n’est pas seulement nationale, avec 7 000 km de frontières qu’il est impossible de contrôler en permanence. Cela est dû au grand écart des prix des carburants, le litre de gasoil est vendu à la pompe 0,17 euro et le litre d’essence autour de 0,30 euro en Algérie, contre 0,87 et 0,82 euro au Maroc (le gasoil est 6 fois plus cher, l’essence l’est 3 fois plus). En 2020, même sous Covid, les importations ont avoisiné 1,4 milliard de dollars. La problématique des subventions aux carburants demeure entière.
3. Le coût des embouteillages
Un autre paramètre à signaler, celui du coût des embouteillages ; en clair, combien d’énergie nous perdons dans des embouteillages, où, non seulement, le véhicule consomme sans rouler, il se fatigue, le conducteur aussi, et la productivité du pays aussi s’en ressent quand on arrive en retard au travail dans un état de stress peu propice à l’efficacité. En faisant l’hypothèse de calcul que la consommation de 1/2 l/h de carburant durant un embouteillage, un tiers des véhicules sont coincés dans les embouteillages. Pour le cas de la capitale seulement, on a plus de 500 000 voitures (1/3 du total) qui sont prises en moyenne dans deux heures d’embouteillage, elles perdent l’équivalent de 500 000 litres d’essence ou, encore plus grave, en terme de pollution de diesel soit une perte au prix international de 500 000 dollars/jour. C’est près de 100 millions de dollars avec en plus en terme de pollution 500 000 x 0,75 x 3 x 200 /1000 = 200 000 tonnes de CO2. Avec 100 millions de dollars, il est possible d’améliorer d’une façon significative le réseau des transports en commun.

La nécessité de prendre le train de la locomotion électrique
Il est toujours difficile de changer d’habitude, la locomotion thermique a accompagné la civilisation humaine depuis plus d’un siècle. Les contraintes climatiques nous commandent de sortir des énergies fossiles en sachant que le secteur des transports c’est 40% dans le bilan énergie. L’irruption de la révolution de la locomotion électrique depuis une dizaine d’années est une opportunité unique qui nous permet de démarrer en même temps que tout le monde avec un avantage : nous pouvons produire l’électricité solaire à un coût bas et de plus nous permet de ne pas utiliser le pétrole. C’est un gain pour le futur et une pollution en moins.
De plus, le plan solaire qui devrait démarrer fera que le Sahara sera une véritable pile électrique qui fournira de l’électricité pour le transport multimodal : voitures, camions, rail. On peut imaginer des villes nouvelles au Sahara avec la disponibilité de l’eau et de l’énergie permettant les activités agricoles et même une transsaharienne du rail et des camions électriques. Il est donc important de réfléchir s’il faut investir dans le thermique ; les pays fabricants envisagent de sortir des voitures thermiques en 2035. Ce qui devrait interpeller sur la nécessité de ne pas se disperser et de donner toute ses chances à la transition vers la locomotion électrique.

Calcul des économies avec un véhicule électrique en Algérie
Un des principaux avantages des véhicules électriques est leur coût d’utilisation, car l’électricité coûte beaucoup moins cher que l’essence. Faisons le calcul. Pour un kilométrage annuel moyen de 20 000 km, la consommation d’électricité aux 100 km du véhicule est en moyenne de 15 kWh, soit 3000 kWh annuels avec un tarif de l’électricité de 4 Da/kWh. Pour parcourir 100 km, il faut dépenser 60 Da, le coût annuel de l’électricité sera de 12 000 Da pour 20 000/ km.
Pour le véhicule à essence, avec une consommation d’essence de 7 litres aux 100 km pour le même trajet de 20 000 km , soit 1 400 litres par an à 45 DA le litre. Pour parcourir 100 km, il faut dépenser 315 DA. Le coût annuel serait de 63 000 DA. Les économies potentielles annuelles sont de 51 000 DA pour une distance annuelle de 20 000 km. En termes d’économies sur l’entretien, un véhicule entièrement électrique ne pollue pas. Il est silencieux, il ne nécessite pas de changement d’huile. Pour ralentir, le véhicule électrique ou hybride rechargeable utilise un système de freinage par récupération d’énergie. Ainsi, les freins peuvent durer de deux à trois fois plus longtemps. L’entretien d’un véhicule à essence exige aussi le remplacement périodique de plusieurs pièces et liquides qui n’existent tout simplement pas dans un véhicule électrique : courroie de distribution, liquide de refroidissement, pot d’échappement, filtres à huile, bougies. De plus, pour chaque véhicule électrique qui remplace un véhicule thermique, c’est un gain de 1 400 litres d’essence qui seront épargnés soit pour être vendus à environ 1 000 dollars soit laissés aux générations futures.
Le modèle énergétique à 50 % renouvelable en 2035, réalisé lors des Journées de l’énergie de l’École polytechnique, montre qu’avec un rythme d’achat de 1 million de véhicules, cela nous permettra en moyenne d’épargner 1 million de tonnes de pétrole soit, sur la période de 12 ans, environ 4 millions de tonnes de pétrole dont on fera un meilleur usage soit en pétrochimie soit comme viatique pour les générations futures outre le fait que l’Algérie respectera mieux ses engagements climatiques car chaque tonne d’essence épargnée ce sont 3 tonnes de CO2 en moins, soit pour 1 million de tonnes en 2035, ce sont 3 millions de tonnes de CO2 en moins.

L’atout lithium au cœur du partenariat d’exception avec la Chine
L’Algérie dispose d’un potentiel dans le lithium qui gagnerait à être mis en valeur. Le professeur Kazi Tani en parle : «Dans l’énumération des ressources qui existent au Hoggar, le Sahara central, dans les Eglab, le Tamlelt (secteur du Bou Kaïs) ou en Algérie du Nord, il ne s’agit pas de mythes, mais de réalités tangibles, souvent évaluées (Wolfram, étain, cuivre, etc.), mais restées inexploitées. Depuis des siècles et millénaires, l’exploitation minière a été une des activités essentielles dans ce pays et inscrite dans la toponymie : les djebel Hadid, Koudiat Ressas, Oued Nhass, Chabet el Kebrit, Garat el Djebs, etc. sont légion pour nous rappeler l’Algérie minière. Dans la longue liste des opportunités minières qu’offre le sous-sol algérien, la plupart d’entre elles n’exigent pas de technologies particulières pour l’extraction du minerai, puisque les techniques d’abattage en carrière sont maîtrisées en Algérie.»(5)
La publication suivante donne quelques indices sur le lithium en Algérie et qui seraient utiles dans le partenariat avec la Chine : «L’atome du lithium est le combustible de demain. Il se trouve dans les saumures des chotts sud-algériens pris en compte avec des concentrations de 29 ppm pour la cuvette de Ouargla, de 20 à 40 ppm dans les différents sites du chott Melghir et culmine à 66 ppm au niveau du site Hamraya du chott Merouane. Le lithium reste dans les solutions jusqu’aux stades ultimes de l’évaporation solaire en raison de la grande solubilité des sels de lithium. Pour le cas du chott Bagdad, ses concentrations sont passées de 29 ppm à 60 ppm entre les densités 1,22 à 1,30 seulement. Dans les applications industrielles, les densités arrivent à 1.36 et plus. Pour la saumure de Hamraya, ses teneurs sont passées de 66 ppm à 610 ppm, soit 10 fois, entre les densités 1,22 et 1,36. Ces résultats sont encouragés pour la continuité de l’exploration du lithium dans les saumures algériennes, et celles de l’Algérie du Nord, à l’image des chotts Hodna et Echergui.»(6)
«La Chine a donné son accord pour construire, en Algérie, une usine d’assemblage de véhicules électriques.» «La Chine est prête à travailler avec l’Algérie pour renforcer les communications stratégiques, approfondir les échanges et la coopération et assurer le développement constant et à long terme du partenariat stratégique global Chine-Algérie. La Chine renforce ses liens économiques avec l’Algérie en projetant d’investir 36 milliards de dollars. Dans ce sillage, une série de 19 accords de coopération et mémorandums d’entente ont été signés dernièrement. La Chine a affiché la volonté d’une implantation d’une des plus grandes usines de batteries au lithium en Algérie. Les batteries lithium-ion sont considérées comme la technologie de référence dans le secteur de l’automobile électrique. La Chine privilégie de plus en plus les colocalisations : L’Algérie, plateforme vers l’Afrique, veut tirer profit de sa position stratégique et de ses atouts économiques. Elle représentent pour les grandes puissances économiques la porte d’entrée vers la zone arabe, africaine et même européenne.»(7)

Recommandations
Sortir graduellement des énergies fossiles est un impératif à la fois pour des raisons environnementales que nous imposent nos engagements climatiques mais aussi pour laisser un viatique pour les générations futures. Elle se fera par la mise en place d’un modèle de consommation flexible qui sera adossé au Haut-Conseil de l’énergie.
Ce modèle permettra le développement du solaire, de l’éolien, de la géothermie, mais aussi de l’hydrogène qui sera un vecteur pour une nouvelle rente à partir de 2030. La locomotion électrique devrait être engagée par une politique de remplacement graduelle des véhicules thermiques par des véhicules électriques sans oublier aussi le développement de sirghaz et du dual fuel
En engageant une stratégie de maîtrise de la consommation dans les transports, des incitations seront mises en place pour promouvoir les acquisitions de véhicules hybrides (GPL), que ce soit pour les entreprises de transport ou pour les particuliers. Il s’agit de la conversion de 200 000 véhicules en GPL. L’État financera 50% du montant du kit GPL, le reste est à la charge du bénéficiaire. Encouragement des chauffeurs de taxi par des incitations pour enclencher l’achat des voitures électriques. L’État est gagnant par les carburants coûteux et polluants qui ne seront pas utilisés et qui seront laissés aux générations futures. La coopération concernant la fabrication de voitures électriques doit tenir compte de la nécessité de développer un réseau de bornes de recharge. La Sonelgaz envisage d’implanter 1 000 bornes dont 300 en 2023, le partenariat permettra un transfert rapide pour que le pays fabrique ses propres bornes Ceci en expliquant que le particulier peut procéder à la recharge avec une prise domestique dans un garage. Le lancement du réseau de bornes de recharge joint aux centrales solaires sera un déclencheur de cette nouvelle révolution avec la réhabilitation du rail et le développement de transports ferroviaires de haute qualité (160 km/heure). Le projet structurant de la Transsaharienne électrique voulu par le Président permettra de développer le Sud et la création de villes nouvelles autour des gares tous les 200 km sur le trajet Alger-Tamanrasset en 12h. C’est un vecteur de développement et de tourisme. C’est ainsi qu’ont procédé les États-Unis pour combattre la crise de 1929 avec une politique de grands travaux.

Conclusion
2030 se prépare maintenant, l’Algérie représente un partenaire incontournable pour mener son grand projet de nouvelles visions du futur qui doit être aussi une rupture comportementale, car on ne rentre pas dans le développement par effraction. Personne ne nous fera de cadeau, nous devons suer sang et eau pour mériter notre place au sein des Brics, pays pivot en Afrique et dans le Bassin méditerranéen, fort de ses nombreux avantages comparatifs, de son potentiel énergétique, de sa position géostratégique, de sa logistique et de ses infrastructures déjà en place. Le partenariat winn winn pourvoyeur d’investissements directs qui pourraient donner un véritable coup d’accélérateur aux objectifs de diversification économique vers lesquels tend le pays. Un partenariat gagnant-gagnant déjà palpable à travers divers projets structurants en cours de réalisation en Algérie et dont la Chine est entièrement partie prenante.
Enfin, rien ne peut se faire sans la participation du système éducatif. Nous devons former pour les métiers du futur, former d’abord à l’école l’écocitoyen de demain puis en mettant en place un bac du développement durable ; ce sont des dizaines de milliers d’emplois qui seront générés par cette vision du développement durable dans le développement. C’est, en définitive, le citoyen convaincu qui aura à mettre en œuvre les attentes de cette transition. De plus, et de mon point de vue, c’est l’un des rares domaines où il est possible d’avoir un consensus national tant il est vrai qu’il s’agit de ne pas hypothéquer l’avenir des générations futures.
C. E. C.


1.https://www.lapresse.ca/debats/opinions/2023-07-27/la-realite-des-vehicules-electriques.php
2.https://www.phonandroid.com/les-ventes-de-voitures-electriques-devraient-augmenter-de-35-en-2023.html
3.https://www.bloomberg.com/news/articles/2022-10-22/this-chinese-province-has-three-times-more-ev-chargers-than-all-of-the-us
4.Louise Rozès Moscovenko https://www.jeuneafrique.com/1435783/economie-entreprises/face-a-la-chine-la-course-au-lithium-africain-semble-perdue-davance/13 juin 2023
5.Nacereddine Kazi Tani https ://www. reporters. dz/nacereddine-kazi-tani-a-propos-du-potentiel-minier-algerien-lalgerie-miniere-nest-pas-un-mythe/ 11 May 2021
6.Hacini, Messaoud Zatout, Merzouk Géochimie et potentiel minier du Lithium dans les chotts Sud Algériens Ouargla, Melghir et Merouane https://dspace.univouargla.dz /jspui/handle/123456789/163357.https://www.operanewsapp.com/dz/fr/main/coop%C3%A9ration-la-chine-va-investir-36-milliards-de-dollars-en-alg%C3%A9rie? Le Quotidien d’Oran3d


 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *