Imane Khelif : la Vérité derrière les Accusations

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Imène Khelif, médaillée d’or olympique, est une figure emblématique de la boxe mondiale. Cependant, derrière cette victoire éclatante se cachent deux affaires qui ont secoué le monde du sport, soulevant des questions fondamentales sur l’éthique, la justice, et le respect des athlètes.

La première affaire remonte aux Championnats du monde de boxe amateur à New Delhi, où Imène, en lice pour la finale dans la catégorie des moins de 66 kg, a été brutalement exclue par la Fédération internationale de boxe pour “non-respect des critères d’éligibilité”. Un motif vague, révélant en réalité une confusion entre les notions de genre et de sexe. Cette exclusion a mis en lumière des questions cruciales sur la manière dont sont traités les athlètes dont l’identité de genre ne correspond pas aux normes traditionnelles, dévoilant ainsi une faille dans la compréhension et l’application des règles. La deuxième affaire, plus récente, s’est déroulée aux Jeux olympiques de Paris lors des huitièmes de finale entre Imane et Angela . L’Italienne Angela Carini, dans un acte de déni, a abandonné le combat après quelques secondes, lançant une accusation infondée et blessante : “Ce n’est pas possible, c’est un homme”. Ces mots ont déclenché une tempête médiatique et politique internationale, alimentée par des personnalités influentes, de la Première ministre italienne Giorgia Meloni à l’ancien président américain Donald Trump, en passant par Elon Musk. Tous ont contribué à faire de cette affaire un véritable champ de bataille idéologique.

Pour analyser ces deux affaires, nous avons l’honneur d’accueillir sur notre plateau : Mustapha Berraf, membre du Comité International Olympique, président des Comités nationaux olympiques d’Afrique, vice-président des Comités nationaux olympiques, président de la Fondation Olympafrica et titulaire de l’Ordre du Mérite olympique, qui a soutenu Imène Khelif tout au long de son parcours. Il partagera avec nous les coulisses de cette lutte pour la justice. Nous recevrons également Maître Nasreddine Lezzar, avocat et ancien vice-président du Tribunal algérien de règlement de litiges sportifs, qui nous éclairera sur les motivations profondes de cet acharnement. Enfin, Mourad Belguedj, ancien ministre algérien des Transports, apportera une perspective sur la place du sport algérien dans le monde.


       

       Affaire Imene Khelif ou Le débat sur le sexe des boxeur (e) s

                                           par Nasr Eddine Lezzar*

La boxeuse algérienne s’est qualifiée d’une façon spectaculaire en quarante-six secondes face à la boxeuse italienne qui a abandonné le ring. Cette qualification a tourné en une affaire politico sportive aux relents de scandale planétaire. Le monde sportif est secoué par ce qu’on appelle l’affaire de la boxeuse algérienne Imene Khelif .Devant l’ampleur du tumulte Le président du CIO a dû intervenir pour y mettre fin en déclarant déclarer que Imene Khelif est bien une femme que les examens nécessaires ont été faits et a même dénoncé les arrières pensées de ceux qui sont derrière cette polémique .Le président de la fédération de boxe vient quant à lui déclarer qu’il s’agit plutôt d’un ex homme et l’affaire prit les dimensions d’un scandale universel.

Une affaire américaine

L’ex président des États Unis, le tonitruant Donald trump candidat à la prochaine élection présidentielle, s’est mis de la partie dans la polémique dont fait l’objet la boxeuse algérienne. Dans une publication sur le réseau Truth Social, le candidat à la présidence américaine a promis : « Je maintiendrai les hommes hors des sports féminins ».Son colistier à la présidentielle, JD Vance, a utilisé la polémique contre Imene Khelif pour s’en prendre à la candidate démocrate Kamala Harris. « Voici à quoi mènent les idées de Kamala Harris sur les genres. Un homme adulte qui frappe une femme dans un combat de boxe. C’est répugnant, et tous nos dirigeants devraient le condamner », a-t-il tweeté.

L’auteure de la célèbre saga Harry Potter Johanne Rowling, a dénoncé ironiquement « Le sourire d’un homme qui se sait protégé par un établissement sportif misogyne profitant du désarroi d’une femme qu’il vient de frapper à la tête et dont il vient de briser l’ambition d’une vie ».

Pour sa part, le propriétaire du réseau social X, Elon Musk a adhéré à l’appel d’une nageuse américaine Riley Gaines. Il a répondu « Absolument » à son tweet » Les hommes n’ont pas leur place dans le sport féminin ».

Revenons maintenant à l’affaire proprement dite : En fait il y’a deux affaires Iman Khelif et non une seule ,celle de son exclusion championnat du monde 2023 et celle de cette année qui à mon avis est une non affaire. Commençons par la première qui ; à mon humble avis n’a pas révélé tous ses secrets.

Cette affaire a eu lieu en Mars 2023. Imene khelif qui était en lice pour la finale des championnats du monde de boxe amateur à New Delhi dans la catégorie des -66 kg la Fédération internationale de boxe (IBA) avait décidé son expulsion «pour non-respect de ses critères d’éligibilité» mais, a ajouté que le secret médical l’empêche de communiquer les raisons précises de cette décision. «L’IBA respecte ses règles et ses règlements ainsi que l’intimité personnelle et médicale de ses sportifs, la violation des critères d’éligibilité ne peut pas ,par conséquent , être communiquée par l’IBA», explique la Fédération.

-Une petite analyse de la terminologie permet de tirer les déductions suivantes. Le terme «non respect» suppose qu’il s’agit d’un acte volontaire de la part du sujet .On n’a pas dit «non atteinte de critères» formule qui signifierait qu’il s’agirait d’une incapacité ou d’une déficience physiques. Le comité s’est abstenu de communiquer pour des raisons médicales. Cela laisse supposer qu’il s’agit d’une situation pathologique et non morphologique . Une pathologie est probablement temporaire. Par ailleurs ; La notion de «non respect» impliquerait la responsabilité de l’intéressée et «le secret médical» pourrait orienter de prime abord vers une suspicion de dopage mais cette l’hypothèse est à exclure car le contrôle anti dopage est du ressort de structures spécifiques spécialisées .Outre cela le dopage ne serait pas gardé secret et aurait entrainé une sanction plus grave.

De son côté, le CIO avait expliqué dans une fiche sur la boxeuse qu’il a ,depuis, retiré de son site – que «des taux élevés de testostérone» avaient entraîné sa disqualification des Mondiaux 2023 par la Fédération internationale de boxe (IBA). Hypothèse peu crédible car ,au plan réglementaire les contrôles qui se font avant les compétitions de boxe se limitent au poids des boxeurs -pour déterminer les catégories de compétition- et non au taux de testostérone . Par ailleurs aucun règlement de la boxe (ou d’une autre discipline ) ne fixe un taux rédhibitoire de Testostérone ,c’est-à-dire , une limite au-delà de laquelle un(e) boxeur (e) ne peut pas se présenter dans une catégorie ou une autre et /ou dans un sexe ou dans l’autre.

Il faut aussi ajouter et c’est fondamental que L’IBA, a réfuté que son test consistait en une analyse du taux de testostérone mais n’en a pas précisé la nature. Interrogé sur le fait de savoir si Imene Khelif et Lin Yu-ting avaient été testées sur la testostérone avant la compétition des JO, Mark Adams a répondu «Non (…)

Il y a beaucoup de femmes avec des taux plus élevés de testostérone que des hommes», a-t-il ajouté.

La Taïwanaise Lin Yu-ting avait également été exclue. IL est paradoxal que le CIO ait décidé de révéler les raisons de la disqualification que la fédération internationale a couvert par le secret médical et pour le respect de l’intimité des personnes. La notion de secret n’est pas la même pour tous. Comme dans toutes les affaires de cette nature il y’ eut des révélations, des indiscrétions, des interprétations.

Imene Khalif ,de son coté , a déclaré dans une vidéo mise en ligne sur sa page Facebook. «J’ai malheureusement entendu hier (vendredi) que je ne pourrais pas participer à la finale. On m’a dit que je présentais des caractéristiques qui signifient que je ne peux pas boxer avec des femmes» a déclaré de son côté la boxeuse. Je pense qu’il s’agit là d’une mauvaise communication ou incompréhension.

Parmi ce que colporta la rumeur khelif serait une transsexuelle – ou un transexuell (e) -je ne sais plus comment dire- . Ca fait une des rumeurs qui ne repose sur aucun fondement. Tout d’abord ça n’a pas fait l’objet d’une déclaration officielle de la part de la fédération internationale de boxe qui l’a expulsé en 2023 ou du C I O en 2024 .Impliquée dans cette polémique sa famille exposa son acte de naissance en tant que fille .En outre il n’ y’a aucune loi ou un règlement de la boxe qui interdit aux transsexuels de se produire dans des compétitions avec leur nouveau sexe .il a été précisé que les athlètes sont inscrits dans les compétitions olympiques sur la base de leur passeport.

A l’époque de son exclusion en 2023 Dans un message diffusé sur Facebook, le Comité olympique algérien avait annoncé «qu’il prendra en charge l’accompagnement médical de la championne Imene Khelif et soutiendra ses préparatifs en vue du tournoi africain qualificatif pour les Jeux olympiques de Paris-2024, qui auront lieu à Dakar, capitale du Sénégal, en août 2023″. Il n’en a pas dit davantage sur la forme que prendra cet «accompagnement médical» ni sur la maladie ou ‘anormalité en question mais cela laisse supposer que l’exclusion d’Imene Khalif en 2023 tient à un problème curable .

La deuxième affaire des jeux olympique de 2024 qui , sur le plan factuel est séparée de la première ( 2023 ) a trouvé sa source dans celle-ci en ce sens que la seconde a exploité la première . Cet épisode 2024 aurait été réduit à sa plus simple expression ; un abandon du ring par un boxeuse incapable physiquement de mener la compétition s’il n’avait pas le précédent de 2023 qui a été fortement exploité par les fomentateurs et complotistes.

L’extrême droite européenne crée l’esclandre:

OOHHH CIARA GEORGIA – Ne soyez pas mauvaise perdante !

La première réaction enregistrée a été celle de Georgia Melonie , Première ministre italienne , d’extrême droite , qui a dénoncé « un combat qui n’était pas sur un pied d’égalité ». OOHHH CIARA GEORGIA Per favor Ne soyez pas mauvaise perdante !.Doit-on dénoncer ou interdire les compétitions où une partie est plus forte qu’une autre ? .La seule inégalité entre les parties qui est interdite dans la boxe est celle du poids .Les boxeurs sont repartis dans des catégories différentes en fonction de leur poids et pour cela ils sont pesés 24 heures avant chaque compétition. Aucune distinction n’est basée sur le taux de masculinité ou de féminité .Melonie déclara aussi «Je pense que les athlètes qui ont des caractéristiques génétiques masculines ne devraient pas être admis aux compétitions féminines», selon une vidéo postée sur X après le combat. OOOH Georgia GeorgiaGeorgia .Un premier ministre ne devrait pas dire ca! . Personnellement je ne vois pas comment Melonie dans un poste aussi important ait pu commettre une si lourde maladresse. Comment et sur quelle base a-t-elle pu affirmer que Imene Khalif a des caractéristiques génétiques masculines sans que cela soit révélé par une quelconque analyse .

Deuxièmement l’opinion selon laquelle « des personnes qui ont des caractéristiques génétiques masculines ne devraient pas être admises aux compétitions féminines» demeure un point de vue d’une personne qui ne connait rein aux règles du sport. Si on suit ce raisonnement on devrait aussi exclure des compétitions masculines les hommes qui ont des caractéristiques génétiques féminines.

L’extrême droit européenne entre dans la mêlée

La réaction de Georgia est ,somme toute pardonnable , un chauvinisme bafoué et une absence d’esprit sportif. Cependant l’extrême droite européenne affiche sa solidarité En Espagne, la présidence de la région autonome de Madrid a vu en la prestation d’Imene Khelif « une abolition perverse et injuste de la femme ». Le comité olympique hongrois compte s’expliquer avec le CIO sur les conditions de participation de la boxeuse algérienne « malgré le problème de genre «. Tout d’abord il y’a une nuance à apporter .La controverse fabriquée sur Imene Khlaif porte sur «le sexe» et non sur «le genre « et ce sont deux choses différentes. Nous sommes devant une absence de maitrise des nuances et des concepts qui ne devraient pas exister ce niveau.

La politique vient polluer le sport . Il me semble qu’il y’a ici un signe de désarroi chez les hongrois ( tiensca rime ) et aussi une solidarité des forces de l’extrême droite qui règne aussi bien en Italie qu’en Hongrie.

De l’autre côté de l’atlantique le président argentin connu pour ses positions d’extrême droite radicale y est allé de son commentaire. « Venez m’expliquez ça. Si elle avait continué, elle l’aurait tuée ».

IL semble que toute cette affaire , qui a gonflé ces dernières heures, trouverait son origine dans une déclaration du président russe de l’IBA, Umar Kremlev, à l’agence de presse Tass, en mars 2023. Selon lui, «des tests ADN ont révélé qu'[elles] tentaient de tromper leurs collègues en se faisant passer pour des femmes, comme l’attestent leurs chromosomes XY». Cette déclaration n’a pas été faite par l’IBA qui a déclaré respecter le secret médical et l’intimité des personnes . Il est difficile de croire qu’un membre de la FAB aille à l’encontre de la position de la structure à laquelle il appartient.

Après la qualification aux demies finales la fédération internationale de Boxe organise dans la précipitation une conférence de presse pour affirmer sa certitude qu’Imene khalif est un homme . Premièrement « De quoi je me mêle ? Pourquoi La Fédération internationale de boxe (IBA), exclue du mouvement olympique il y a un an, a organisé à une date cruciale une conférence de presse pour affirmer lundi que deux boxeuses présentes aux Jeux de Paris, au cœur d’une controverse sur le genre, étaient « des hommes ». Le président CIO avait pourtant déclaré avoir procédé à toutes le analyses et que la boxeuse est une femme.

IL faut rappeler que l’International Boxing Association (IBA) a été éxclue Ce conflit ne date pas d’hier. L’IBA avait été déchargée, en 2019, d’organiser la boxe olympique, en raison de multiples polémiques, en particulier des soupçons de corruption des juges et arbitres lors de plusieurs olympiades, jusqu’au retrait, en juin 2023, de la reconnaissance totale accordée à l’IBA. Tout de même resté au programme des Jeux parisiens, le tournoi a été organisé par une instance éphémère du CIO, prévue à cet effet.

La politique et l’européocentrisme polluent l’olympisme . Deux institutions sportives universelles de la boxe divergent sur le sexe d’une boxeuse IL est quand même paradoxal de constater qu’une pareille baliverne engendre une esclandre universelle . Le monde peut il diverger, à ce point sur le sexe d’une ou d’un boxeur (e). Pour s’en assurer il suffit de…

Dernière question : Si Khelif était européenne ou américaine. Aurait-on assisté un débat aussi puéril ?


*Avocat


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