LIVRES / LÉGENDE… ENCORE ET TOUJOURS VIVANTE

       par Belkacem Ahcene-Djaballah 

                                                                     Livres

Le bouclier de Massinissa. Roman de Ahmed Gasmia. Editions Frantz Fanon, Boumerdès 2023, 253 pages, 1.000 dinars

Tout part d’un «testament» précieux, mais anonyme, qui alors fait rage parmi la population numide dont le territoire était alors sous occupation romaine. Il existe (rait) un bouclier magique, aux origines mystérieuses derrière lequel se réuniront tous les fils de la Numidie. Et, l’armée romaine sera réduite en poussière grâce à sa protection.

Nous sommes donc à Caesarea (actuelle Cherchell), la plus romaine des cités d ‘Afrique, dirigée par le roi savant Juba II (Youba II).

On a un jeune numide, Ayrad, villageois de son état qui cherche à délivrer son père, potier de son état, de dettes qui l’accablent. Il se retrouve donc incorporé dans un groupe de Numides partant à la recherche du fameux bouclier… tout ceci pour délivrer, par la suite, la Numidie du colonialisme romain. C’est toute cette aventure qui nous est contée, sur fond, bien sûr, d’une histoire d’amour avec une jeune et belle romaine (dont le père est assez libéral… heureusement). Le bouclier ne sera pas retrouvé… mais notre héros et ses compagnons vont découvrir quelque chose d’encore plus grand… Au final la vérité apparaîtra, les méchants seront vaincus et l’amour triomphera… tout cela sur fond de petites leçons d’histoire… une histoire qui remonte à si loin, une histoire si bousculée mais si formatrice, une histoire qui, bien connue, ne peut que nous rendre encore plus fiers d’être ce que nous sommes.

L’Auteur : Journaliste. Auteur de roman d’aventures… et d’un roman de science-fiction (Prix Orange de littérature en Afrique en 2020)

Extraits : «Tu es Ayrad, fils d’Hiempsal, fils d’Ahras. Gagne ton argent honnêtement et ne touche jamais à ce qui ne t’appartient pas car tous tes ancêtres te regardent. Si tu les respectes, ils te guideront, si tu les déshonores, tu seras égaré à jamais» (p81), «Loin des grandes cités du littoral et des villes de garnison, on était un peu plus numide, un peu plus pauvre et un peu plus libre» (p100), «Un souverain aimé de son peuple devient invincible parce qu’il a le meilleur bouclier qui puisse exister (…). Le peuple est… le bouclier des rois» (p 195), «Les Romains pensent que la terre appartient aux hommes. Nous (Note: les Numides), nous pensons que ce sont les hommes qui appartiennent à la terre. Nous sommes les enfants de ce pays, c’est pour cela que nous n’abandonnerons jamais, c’est pour cela que nous ne trahirons jamais» (p201), Ils (Note: Les monstres) n’aiment pas non plus que les hommes changent. Ils veulent que nous continuions à croire qu’ils ont des pouvoirs. Car le jour où nous cesserons d’y croire, ils disparaîtront… Si nous changeons aujourd’hui, si nous nous débarrassons de nos peurs, personne n’aura plus aucun pouvoir sur nous… Ni les monstres, ni les hommes» (p 209).

Avis – Une plongée profonde dans les eaux continuellement perturbées de l’Histoire du pays. La résistance numide à la colonisation romaine revisitée par un écrit fictionnel. De quoi vous rendre fiers d’être Algérien et d’avoir eu des souverains plus que nationalistes.

Citations : «Ce qui compte, c’est de ne pas avoir honte un jour des décisions que nous prenons aujourd’hui» (p 40), «Lorsque tu es à cheval (…), ce n’est plus l‘animal qui te porte mais la liberté» (p106), «Lorsque tu sais, tu n’as plus peur» (p 208).

Massinissa.La légende berbère. Roman (historique) de Auguste Ngomo. Editions La Pensée, Tizi Ouzou, 2020, 302 pages, 850 dinars (Fiche de lecture déjà publiée. Extraits, pour rappel. Fiche complète in www.almanach-dz.com/histoire)

Au commencement, il y a le demi-dieu Hercule mort quelque part en Espagne. Sa puissante armée, composée de divers peuples, désormais sans chef charismatique se dispersa… et un groupe de soldats constitué de Mèdes, de Perses et d’Arméniens, recherchant une terre d’accueil accostèrent sur les côtes nord de l’Afrique. Ils s’y installèrent. Les Perses vers l’Ouest et rencontrant les Gétules, peuple local, firent alliance… et se donnèrent le nom de Numides (les Nomades). Les Mèdes et les Arméniens firent alliance avec les Libyens… ils devinrent les «Maures»… Plus tard, cela a donné deux grands royaumes concurrents : à l’ouest le royaume des Massaesyles gouverné par le roi Syphax et à l’est, le royaume des Massyles gouverné par le roi Gaïa, fils du roi Zelalsan, fils d’Iles… et père du prince Massinissa, fils de la reine Telli. Celui qui allait changer l’histoire de l’Empire romain. Une légende berbère venait de naître, laissant bel et bien vivant aujourd’hui encore et pour longtemps, un grand nom de l’Histoire du pays (son tombeau est toujours dressé à El Khroub, près de Constantine, l’ancienne Cirta).

Massinissa, un roi guerrier berbère intrépide, brave et courageux ayant passé la majeure partie de sa jeunesse sur les champs de bataille (…). C’était sans compter sur le génie de Massinissa, aidé en cela par un ami fidèle, Efès… et par les Romains (dont Scipion… l’Africain) auquel il s’était allié… pour un temps, le temps de récupérer son royaume et de gouverner… jusqu’à l’âge de 90 ans… et ce après avoir réunifié le territoire amazigh (jusqu’à la destruction complète de Carthage… les Carthaginois toujours considérés comme des envahisseurs occupant des terres amazighes), créé sa propre monnaie, instauré la paix, installé de nombreuses ambassades à travers le monde connu, développé le commerce dans plusieurs cités, organisé une armée imposante et aguerrie, ouvert des ports commerciaux tournant à plein régime. L’agriculture était florissante, exportant vers l’Europe d’alors, et le royaume connaissait une certaine activité culturelle et philosophique. Avec lui, «l’Afrique était enfin totalement revenue aux Africains» ! (…)

L’Auteur : Né en 1970 à Bitam (Gabon). Maîtrise de gestion (Angers), D.e.s.s en gestion et management des organisations (Nantes), longue carrière professionnelle en France et au Gabon… et à l’Union africaine (fonctionnaire international).

Extraits : «L’oubli est la seconde mort de l’Homme» (Gaïa, roi des Massyles, p 5), «Si tu veux créer un royaume qui ne soit pas un vassal d’un autre royaume, tu dois, certes, développer ton armée et ton administration, mais tu dois aussi développer ton commerce, ta culture et l’éducation des plus jeunes» (Sophonisbe à Massinissa, p 185).

Avis : Enfin, de l’histoire «vivante»…

Citations : «Les légendes servent à unir les peuples mais pas à gouverner des royaumes» (p15), «Ce qui est important, ce n’est pas ce qui t’arrive, mais ce que tu fais de ce qui t’arrive» (p 80).

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