Deux types de politique étrangère

La politique étrangère vise à prévenir les conflits avec les voisins et à développer leurs relations pacifiques. Cependant les Occidentaux ont abandonné cet objectif pour adopter la promotion de leurs intérêts collectifs au détriment des autres acteurs.

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Le philosophe Aristote forma l’empereur Alexandre le Grand en lui apprenant à respecter les cultures et les dirigeants des pays conquis. Son empire, si particulier, n’exploita jamais ses sujets.

Chaque siècle des relations internationales est marqué par les initiatives de quelques hommes d’exception. La manière dont ils envisagent les relations extérieures de leur pays repose sur des principes communs.

Prenons comme exemples récents les cas de l’Indien Jawaharlal Nehru, de l’Égyptien Gamal Abdel Nasser, de l’Indonésien Soekarno, du Chinois Zhou Enlai, du Français Charles De Gaulle, du Vénézuélien Hugo Chávez, et aujourd’hui du Russe Vladimir Poutine ou du Syrien Bachar el-Assad.

Identité ou Géopolitique

En tout premier lieu, ces hommes ont cherché à développer leur pays. Ils n’ont pas fondé leur politique extérieure sur une stratégie géopolitique, mais sur l’identité de leur pays. Au contraire, l’Occident actuel envisage les relations internationales comme un échiquier sur lequel on pourrait imposer un Ordre Mondial via une stratégie géopolitique.

Le terme « géopolitique » a été créé à la fin du XIXème siècle par l’Allemand Friedrich Ratzel. C’est lui qui a également inventé le concept d’« espace vital » cher aux nazis. Il était légitime selon lui de diviser le monde en grands empires, dont l’Europe et le Moyen-Orient sous domination allemande.

Par la suite l’États-unien Alfred Mahan rêva d’une géopolitique fondée sur le contrôle des mers. Il influença le président Theodore Roosevelt qui lança les États-Unis dans une politique de conquête des détroits et canaux transocéaniques.

Le Britannique Halford John Mackinder conçoit la planète comme une terre principale (l’Afrique, l’Europe et l’Asie) et deux grandes îles (les Amériques et l’Australie). Il pose que le contrôle de la terre principale n’est possible qu’en conquérant la grande plaine d’Europe centrale et de Sibérie occidentale.

Finalement un quatrième auteur, l’États-unien Nicolas Spykman tentera une synthèse des deux précédents. Il influencera Franklin Roosevelt et la politique d’endiguement de l’Union soviétique, c’est-à-dire la Guerre froide. Il fut repris par Zbigniew Brzezinski.

La géopolitique au sens strict du terme n’est donc pas une science, mais une stratégie de domination.

Smart power

Si nous revenons aux exemples des grands hommes des XX-XXIème siècles qui ont été acclamés non seulement chez eux, mais à l’étranger, pour leur politique étrangère, nous constatons qu’elle n’était pas liée à leurs capacités militaires. Ils n’ont pas tenté de conquérir ou d’annexer de nouveaux territoires, mais de diffuser l’image qu’ils avaient de leur propre pays et de sa culture. Bien sûr, s’ils disposaient aussi d’une armée puissante —donc de la bombe atomique— comme De Gaulle et Poutine, ils pouvaient se faire mieux entendre. Mais l’essentiel n’était pas là pour eux.

Chacun de ces grands hommes a aussi développé la culture de son pays. On pense à Charles De Gaulle avec André Malraux. Il était très important pour eux de magnifier les créations artistiques de leur pays et de souder leur peuple autour d’elles. Puis de projeter leur culture à l’étranger.

D’une certaine manière, c’est le « pouvoir intelligent » (Smart Power) dont parlait l’États-unien Joseph Nye. La culture vaut autant que les canons pourvu que l’on sache l’utiliser. Pourquoi personne n’envisage d’attaquer le Vatican qui n’a pas d’armée ? Parce que cela choquerait tout le monde.

Égalité

Les États sont comme les hommes qui les composent. Ils souhaitent la paix, mais se font facilement la guerre. Ils aspirent à l’application de certains principes, mais les négligent parfois chez eux et plus encore avec les autres.

Lorsqu’à la fin de la première Guerre mondiale fut créée la Société des Nations (SDN), tous les États-membres furent déclarés égaux, mais les Britanniques et les États-uniens refusèrent de considérer tous les Peuples comme égaux en Droit. C’est d’ailleurs leur refus qui suscita l’expansionnisme japonais.

Certes, l’Organisation des Nations unies, qui se substitua à la SDN à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, avalisa l’égalité des peuples, mais pas les Anglo-Saxons dans leur pratique. Aujourd’hui les Occidentaux créent des organisations intergouvernementales sur tous les sujets, par exemple la liberté de la presse ou la lutte contre la cyber-criminalité. Mais ils le font entre eux, en excluant les autres cultures, notamment russe et chinoise. Ils créent ces organisations pour les substituer aux forums des Nations unies où tous sont représentés.

Que l’on ne se méprenne pas : il est par exemple tout à fait légitime de réunir le G7 pour s’entendre avec ses amis, mais pas du tout acceptable de prétendre à 7 définir les règles de l’économie mondiale. Qui plus est en excluant de la réunion la première économie mondiale, la Chine.

Le Droit et les règles

L’idée d’un règlement juridique des relations internationales a été poussée par le tsar russe Nicolas II. C’est lui qui convoqua, à La Haye (Pays-Bas), la Conférence internationale pour la paix de 1899. Les républicains radicaux français, conduits par le futur prix Nobel de la paix Léon Bourgeois, y ont jeté les bases du Droit international.

L’idée en est simple : ne sont acceptables que les principes adoptés en commun, jamais ceux qui sont imposés par les plus forts. Ces principes doivent refléter la diversité de l’humanité. Ainsi, le Droit international commença-t-il avec des tsaristes et des républicains, des Russes et des Français.

Cependant cette idée a été dévoyée avec la création de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (autoproclamé « seul centre légitime de prise de décisions »), puis avec celle du Pacte de Varsovie. Ces deux alliances (l’Otan dès sa création, le Pacte à partir de la doctrine Brejnev) n’étaient que des « arrangements de défense collective destinés à servir les intérêts particuliers des grandes puissances ». En ce sens, elles contreviennent formellement à la Charte de l’Onu. D’où la Conférence de Bandung (1955) au cours de laquelle les non-alignés ont reprécisé les principes de La Haye.

Ce problème ressurgit aujourd’hui, non pas qu’il y ait un nouveau mouvement pour échapper à la Guerre froide, mais au contraire parce que les Occidentaux veulent retourner à une Guerre froide contre la Russie et la Chine cette fois.

Systématiquement dans tous leurs communiqués finaux, les sommets des puissances occidentales ne font plus référence au Droit international, mais à des « règles », jamais explicitées. Ces règles, contraires au Droit, sont édictées a posteriori autant que de besoin par les Occidentaux. Ils parlent alors de « multilatéralisme efficace », c’est-à-dire en pratique de violation des principes démocratiques de l’Onu.

Ainsi, alors que le Droit international reconnaît le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, les Occidentaux ont reconnu l’indépendance du Kosovo sans référendum et en violation d’une résolution du Conseil de sécurité, mais ils ont rejeté l’indépendance de la Crimée pourtant approuvée par référendum. Les règles occidentales, c’est le « Droit à la carte ».

Les Occidentaux prétendent que chaque pays doit respecter l’égalité en droit de ses habitants, mais ils s’opposent férocement à l’égalité entre les États.

L’impérialisme ou le patriotisme

Les Occidentaux, auto-proclamés « camp de la démocratie libérale » et « communauté internationale », accusent tous ceux qui leur résistent d’être des « nationalistes autoritaires ».

Il s’ensuit des distinctions artificielles et des amalgames grotesques dans le seul but de légitimer l’impérialisme. Ainsi, pourquoi opposer démocratie et nationalisme ? En effet, il ne peut exister de démocratie que dans un cadre national. Et pourquoi associer nationalisme et autoritarisme ? Sinon pour discréditer les nations.

Aucun des grands dirigeants que j’ai mentionnés n’était états-unien ou suiviste. C’est d’abord là qu’est la clé.


    Algérie /  L’URGENCE D’UNE POLITIQUE NATIONALE DE COOPÉRATION INTERNATIONALE :

                                POUR UNE VISION INTELLIGENTE ET D’AVENIR

Par : EL-HADI MAKBOUL, EXPERT INTERNATIONAL

    “ Un travail laborieux qui nécessite une stabilité politique et institutionnelle, une diplomatie active, libérée des réflexes de rentes et d’allégeance autour d’une vision cohérente, une démarche moderne et une volonté largement affirmée par toutes les parties prenantes autour de principes et d’actions innovantes portées par l’efficacité et scellées par des actions durables et diversifiées.”

L’absence d’une véritable politique nationale de coopération internationale intelligente et cohérente a empêché l’Algérie de se hisser au diapason des nations modernes ouvertes sur le monde, la diversité, le savoir et les valeurs universelles.
Comme elle n’a pas permis à l’Algérie de tisser un véritable réseau de solidarité, d’échanges et de partenariat notamment en matière de développement durable.

Aujourd’hui, la mondialisation des échanges a bouleversé le monde favorisant surtout des inégalités entre les États et les régions, les éloignant progressivement d’une solidarité internationale tant utile et tant espérée après la fin des périodes de guerre et de décolonisation et l’institution de grands ensembles régionaux.
L’urgence de définir aujourd’hui une véritable politique de coopération internationale durable dans la perspective d’assurer plus de visibilité et de cohérence à la politique nationale en adoptant une stratégie nationale de coopération durable et partagée autour d’objectifs et de programmes clairement définis, d’instruments d’intervention efficaces et d’une structure nationale de pilotage, d’orientation et de coordination à laquelle devra s’atteler le nouveau ministre des Affaires étrangers face aux enjeux de l’heure.
En effet, en cette étape d’ouverture, de mondialisation forcée et de crise, l’Algérie subit et continuera de subir les influences et pressions croissantes de différentes natures et de différents pays et blocs et ce de par sa position géostratégique, l’étendue et la spécificité et de diversité de ses espaces et la richesse de ses ressources et la spécificité de l’environnement mondial mais surtout en l’absence d’une vision stratégique en matière de coopération internationale.
Cependant, seule une vision intelligente et d’avenir en matière de coopération internationale, de partenariat et de bon voisinage pourra permettre à notre pays d’assurer en cela les équilibres nécessaires à sa stabilité, à son repositionnement stratégique et à son développement intégré et durable dans la région et dans le monde.
Cette stratégie pour être efficace devra se concrétiser au plan régional et international par des actions de coopération adaptées à chaque conjoncture et à chaque pays, et orientées vers la préservation des intérêts nationaux et basée sur des alliances stratégiques utiles et nécessaires
L’évaluation des besoins stratégiques en matière de coopération internationale et une meilleure connaissance des contraintes des différents secteurs au plan technologique, économique, social, sécuritaire, territorial, infrastructurel et autre, constituent en cette étape une action primordiale qui aura pour objectif d’identifier les actions urgentes à mener au plan international, de cibler les partenaires potentiels et complémentaires et d’évaluer les besoins prioritaires du pays, de ses territoires et institutions et enfin ainsi une politique de coopération réaliste libérée des enjeux politiques, historiques et idéologiques.
À cet effet, notre politique de coopération internationale, en panne aujourd’hui, devra épouser une démarche opérationnelle, prospective et évolutive, notamment rénovée et réaliste, en relation avec les mutations mondiales et régionales actuelles tout en mettant en avant nos principaux atouts, nos priorités et objectifs à atteindre dans les différents domaines pour la prochaine décennie.
Cette politique pour être efficace doit se baser sur des choix stratégiques à définir en harmonie avec notre politique étrangère, notamment les priorités à définir au plan économique, politique, social, environnemental, sécuritaire et autres avec l’ensemble des secteurs dans une perspective à moyen et long termes.
En cette étape de grand bouleversement mondial et de crises planétaires, de réforme globale du fonctionnement des institutions de l’État et de rénovation et de mise à niveau des politiques publiques en matière de bonne gouvernance, dix actions clés à entamer nous semblent primordiales. Elles nécessitent pour leur bonne mise en œuvre une volonté politique affirmée, des choix stratégiques clairement affichés et partagés par les parties prenantes, un programme rassembleur, des institutions pérennes, efficaces et modernes et aussi qu’un système de suivi et d’évaluation permanent basé sur des objectifs réalisables à atteindre.
Autant d’éléments qui permettront à l’Algérie de reprendre voix dans le concert des nations, de retrouver sa position stratégique et de disposer d’une feuille de route cohérente dans ce domaine qui semble être prisonnier de visions sclérosées et inadaptées au contexte mondial et régional.

Un travail laborieux qui nécessite une stabilité politique et institutionnelle, une diplomatie active, libérée des réflexes de rentes et d’allégeance autour d’une vision cohérente, une démarche moderne et une volonté largement affirmée par toutes les parties prenantes autour de principes et d’actions innovantes portées par l’efficacité et scellées par des actions durables et diversifiées.
• L’élaboration d’un bilan exhaustif de la coopération internationale
Dans ce contexte il s’agira de dresser un bilan exhaustif de la politique de coopération internationale afin de déterminer les forces et faiblesses de l’action engagée par l’État et des institutions et sa diplomatie en vue de réajuster la politique de coopération et de développement.
Cette action a pour objectif d’évaluer les actions de coopération déjà engagées et de tirer les enseignements à même de conforter et de réajuster le nouveau programme à différents niveaux et avec l’ensemble des parties ciblées, notamment :
• Au plan bilatéral et multilatéral
• au plan de l’impact stratégique de cette coopération ;
• au plan du financement et des programmes engagés ;
• au plan du transfert des technologies et du savoir-faire ;
• au plan du renforcement des capacités nationales ;
• au plan de la sécurité et de la stabilité ;
• au plan économique, social et politique ;
• au plan du fonctionnement des structures de coopération ;
• au plan de l’efficacité de la politique de coopération engagée par l’Algérie et l’évaluation de ses limités.
•  La définition d’une politique nationale en matière de coopération internationale et de partenariat
Cette action vise à assurer plus de visibilité, de cohérence et d’efficacité à la nouvelle politique de coopération internationale et ce avec le concours et l’appui de l’ensemble des parties prenantes.
Cette politique devra permettre à moyen et long termes à l’Algérie de se repositionner au plan régional et international et de disposer d’une feuille de route cohérente avec comme axe fondamental :
• La définition des objectifs et fondements de cette politique de partenariat, de dialogue et d’échanges ;
• les orientations et axes stratégiques de la politique ;
• les partenaires potentiels et stratégiques à cibler ;
• le positionnement de l’Algérie et les alliances stratégiques à développer avec les différentes parties prenantes autour des questions de l’heure et les dialogues à engager ;
• la position de l’Algérie face aux grandes questions et crise de l’heure afin d’éviter des réactions et positions tardives, peu inspirées et surtout incohérentes ;
• le ciblage des filières, branches, programmes, questions et secteurs à développer en priorité selon un planning ;
• l’identification des besoins prioritaires et stratégiques du pays ;
• la définition de mesures de renforcement et d’accompagnement de la politique de coopération à mettre en place pour la réussite de cette politique avec l’appui de véritables experts ;
• la mise en œuvre d’une nouvelle stratégie nationale et d’un programme de coopération diversifié et innovant.
L’objectif visé permettra de doter la politique de coopération internationale d’un outil national de programmation et d’un plan d’action efficace, durable et innovant
Cette action a pour objectif de doter l’Algérie d’un outil de programmation et performant et d’une véritable stratégie durable intégrant notamment :
• Les principaux axes de la stratégie nationale • le contenu du programme de coopération et ses spécificités au plan du:
• programme bilatéral ;
• programme multilatéral ;
• programme en direction d’institutions spécialisées ;
• programme stratégique avec les partenaires potentiels ;
• l’orientation du contenu du programme vers les projets intégrateurs et stratégiques et surtout créateurs de richesses et de complémentarité ;
• la définition et la classification des différents programmes de coopération internationale. L’objectif étant de spécialiser cette politique et de définir une stratégie nationale par rubrique et thème porteur ciblant notamment les domaines clés :
• La coopération stratégique et sécuritaire ;
• la coopération liée au transfert technologique et de savoir-faire et de la recherche opérationnelle stratégique, en développant une véritable économie du savoir ;
• la coopération liée au développement économique et social et d’intégration nationale ;
• la coopération culturelle, scientifique, de recherche et le développement des nouvelles technologies ;
• la coopération spécialisée et renforcée ;
• le codéveloppement et partenariat spécifique avec les pays émergents et alliés et à intérêt commun ;
la définition des objectifs à atteindre pour chaque programme de coopération et pour chaque filière ou axe à développer ;
• la mise en cohérence de la politique de coopération internationale avec les autres politiques publiques et le renforcement du rôle des institutions nationales et des capacités humaines ;

• L’intégration et le soutien de l’expertise nationale dans les institutions internationales et la création d’un véritable réseau.

• La redéfinition des missions des ambassades et la création de structures propres chargées de cette mission avec un programme et des objectifs clairs.
• La mise en œuvre d’un système de financement adapté.
Recentrer cette coopération dans le but de consolider, de diversifier et de renforcer les modalités de financement de la coopération internationale. Cette action a pour objectif de définir et de renforcer la coordination avec les bailleurs de fonds et les institutions internationales, notamment :
• La révision de la procédure de mobilisation des fonds.
• La définition des conditions de participation de l’Algérie dans les fonds des institutions internationales et régionales.
• La mise en œuvre de conditions et de procédures de financement des programmes et projets engagés.
• La gestion transparente des fonds de la coopération internationale.
• La mise en œuvre de conditions de mobilisation et d’affectation des fonds;
• La définition des relations avec les institutions financières internationales, régionales et nationales;
• La révision de la politique d’aide et des financements destinés à la coopération décentralisée.
• La définition d’une politique de gestion, d’orientation et de contrôle des dons et des fonds de la coopération.
• L’intégration de nouvelles procédures et modalités de financement des projets d’intérêt commun.
• La stratégie de mise en œuvre de suivi et d’évaluation du programme de coopération.
Dans ce contexte, il s’agira de disposer d’instruments modernes d’encadrement, de suivi et d’évaluation de la politique de coopération internationale.
Cette action importante a pour objectif de renforcer :
• Les mesures d’encadrement du programme de coopération internationale.
• Le renforcement de la structure de pilotage de suivi et de coordination aux niveaux sectoriel, national et international.
• La mise en place d’instruments de soutien, d’appui et de contrôle.
• La mise en place d’un système de suivi, d’évaluation et d’orientation des actions de coopération internationale.
• Le renforcement des capacités humaines d’encadrement et de gestion de la politique de coopération internationale.
• Se positionner sur les grandes questions et les défis mondiaux et régionaux de l’heure.
L’objectif principal consiste à clarifier la position de l’Algérie sur les grandes questions mondiales et régionales de l’heure et à faire ajuster la politique de coopération internationale aux défis et enjeux de l’heure.
La nouvelle politique de coopération internationale implique une réforme globale dans ses objectifs, sa vision, son contenu, ses méthodes d’approche, sa mise en œuvre, son pilotage et sa coordination et ce, dans la perspective de l’adapter aux mutations mondiales et régionales et aux grandes questions et défis mondiaux de l’heure, notamment celles liées aux questions se rapportant à :
• La santé et le bien-être des populations.
• La sécurité, le terrorisme et les conflits internationaux et régionaux.
• La mise à niveau et la modernisation de l’économie nationale et son intégration dans les chaînes économiques mondiales et régionales.
• Le développement des ensembles régionaux et les échanges économiques régionaux.
• La coopération Sud/Sud et avec les pays émergents.
• La coopération Nord/Sud et l’intégration économique.
• La coopération militaire et sécuritaire régionale.
• La politique énergétique et environnementale.
• La gestion des ressources naturelles et leur préservation.
• La politique alimentaire et agricole.
• La politique environnementale et le développement durable.
•  La politique de l’eau et des ressources hydrauliques.
• La politique de population et la démographie.
• Le développement humain et le développement de politiques migratoires utiles.
• L’accès aux savoirs et aux nouvelles technologies et la promotion de la recherche.
• La promotion de la politique frontalière et de bon voisinage et espaces régionaux et frontaliers.
• Se doter d’une structure nationale de coopération internationale efficace.
Cette politique implique que l’Algérie devra disposer d’un outil de coopération et de coordination intersectorielle dynamique, efficace et performant.
Cette action a pour objectif de doter la coopération d’une structure de décision, d’orientation et de pilotage indépendante et performante et surtout efficace et consensuelle libérée de toute tutelle administrative et des injonctions opérationnelles, à travers :
• La définition des missions et compétence et champ d’intervention de cette structure stratégique.
• L’accompagnement et l’appui à la politique de coopération.
• La consolidation des actions d’orientation, d’exécution et de suivi en sa qualité de structure nationale de coordination.
• Le renforcement de la coordination et du pilotage de l’ensemble des dispositifs de coopération.
• La définition des relations et prérogatives avec le secteur et la classification.
• La mise en place d’un réseau d’experts spécialisés sur les questions de coopération afin d’éviter la mainmise de fonctionnaires ou d’institutions sur le programme de coopération.
• La définition et l’élaboration d’un véritable programme de partenariat avec les différentes agences de coopération fonctionnelles à travers le monde.
• La mise en œuvre d’une coopération privilégiée et renforcée avec certains pays émergents et les institutions stratégiques.
Cette action vise à privilégier et à renforcer la coopération internationale et le partenariat avec certains pays liés à l’Algérie par des enjeux stratégiques, économiques, historiques ou frontaliers.
Cette action importante et prioritaire a pour objectif de renforcer la coopération stratégique avec certains partenaires privilégiés à travers :
• La définition du contenu de la politique de coopération privilégiée, renforcée et complémentaire par régions, par pays et par types d’institution.
• La mise en place de dispositifs particuliers et des modalités de coopération particulière et avantageuse dans tous les domaines.
• La mise en place d’un programme d’action et de coopération renforcée avec les pays frontaliers situés au sud et au nord de l’Algérie : Maghreb, Sahel, Arabe, Afrique.
• La définition de programmes de solidarité internationale et régionale.
• La révision du cadre d’intervention en matière de coopération internationale.
Le but recherché vise à adapter les programmes de coopération internationale à l’intérêt exclusif de l’Algérie.
Cette action vise à orienter et à conforter la démarche de l’Algérie exclusivement vers ses intérêts stratégiques, notamment par :
• La révision du cadre juridique et institutionnel d’intervention.
• L’évaluation des participations et contributions de l’Algérie dans les institutions internationales et leur impact.
• L’évaluation avec les différents secteurs de l’impact et des programmes engagés et de l’intérêt des actions de coopération menées et des résultats atteints :
• Meda (UE) Nations unies-PNUD- FNUAP- Unicef- Banque mondiale- Ligue arabe-Union   africaine/CEA BAD.
• L’évaluation du rôle de chaque bailleur de fonds et de l’intérêt des programmes proposés.
• La définition d’un cadre d’intervention cohérent des fondations et organismes privés et des ONG internationales.
• L’introduction dans chaque programme de coopération d’un volet relatif à la formation, à la mise à niveau et au renforcement des capacités humaines locales.
• La mise en place d’un cadre de concertation, de dialogue et d’arbitrage avec les partenaires de la coopération internationale.
• Le réajustement régulier des projets de coopération sur la base d’un système d’évaluation des actions engagées et des objectifs à atteindre.
• La modernisation du système de suivi et d’évaluation du programme de coopération internationale.
Cette mesure vise à doter l’Algérie d’un outil moderne de suivi, d’évaluation et d’analyse de la coopération internationale en fonction des objectifs fixés.
L’objectif de cette action consiste à introduire dans la gestion et le suivi du programme de coopération nationale des outils modernes d’évaluation et des paramètres et objectifs à atteindre et ce, par :
• La mise en place d’un système d’information institutionnel dédié exclusivement à la coopération internationale.
• La mise en réseau de l’ensemble des partenaires publics autour des programmes de coopération internationale et la définition d’objectifs précis à atteindre et la désignation d’équipes de projets qualifiés.
• La mise en place d’un système de suivi et d’évaluation informatisé des programmes de coopération à travers un fichier national, une information actualisée et fiable et une expertise nationale qualifiée avec une évaluation périodique du programme engagé.
• Le renforcement des capacités des acteurs locaux chargés de la mise en œuvre et du suivi de ce programme et la désignation d’un chef de projet pour chaque programme en rupture avec les démarches administratives.
• L’élaboration d’études spécifiques et stratégiques liées aux thèmes porteurs de coopération avec les grands instituts et experts internationaux.
• La mobilisation d’une expertise nationale et internationale dans les différents domaines de coopération.
Autant d’éléments de stratégie qui visent à redonner une nouvelle impulsion au programme national de coopération international pour rattraper les retards enregistrés, en vue de l’inscrire dans des objectifs clairs avec, comme souci majeur, l’ouverture de notre pays vers le monde et ses découvertes, les nouvelles technologies et le développement durable.
Cette ambition planétaire devrait réhabiliter l’Algérie avec son histoire et les valeurs universelles, assurer des dialogues constructifs et lui permettre ainsi de s’inscrire véritablement dans l’ère de la modernisation, de la fraternité et des défis mondiaux à valeur commune, universelle et intelligente plus adaptée aux enjeux mondiaux et aux réalités de l’heure.


               Résurrection de la diplomatie algérienne

                                               par Rabah Toubal *

  Après un état des lieux approfondi de l’appareil diplomatique algérien, établi sans complaisance par les services concernés de la présidence de la République et du ministère des Affaires étrangères, le Président Abdelmadjid Tebboune a pris des mesures et décisions urgentes visant à réanimer, réhabiliter et redynamiser la diplomatie algérienne, souffrant d’un grand nombre de tares et de carences structurelles (moyens humains, techniques et matériels confondus), dans sa gestion, essentiellement caractérisée par une absence remarquée sur les scènes régionale et internationale, particulièrement due au profil bas et au repli sur soi suicidaire adoptés par le président Abdelaziz Bouteflika, depuis avril 2013 notamment, à cause de l’AVC qui l’avait terrassé à cette époque.

Nouvelle politique étrangèreCette démarche a abouti à la mise en place d’une feuille de route contenant les objectifs suivants :

1° Assurer une présence diplomatique et économique significative de notre pays sur les cinq continents, à travers l’ouverture de nouveaux postes diplomatiques et consulaires et de représentations économiques, commerciales, financières et de services, avec une priorité pour l’Afrique, longtemps négligée par le défunt président Bouteflika.

2° Accorder un plus grand intérêt aux questions sous-régionales, régionales et internationales, qui auraient un impact direct et indirect sur notre pays et à la conclusion d’accords stratégiques avec des partenaires ayant les mêmes préoccupations géostratégiques et géoéconomiques.

3° Dénoncer et renégocier les accords conclus dans des conditions jugées contraignantes, à l’instar de l’accord d’association avec l’Union européenne, qui profite essentiellement aux pays membres de cette dernière, en raison des clauses léonines qu’il contient.

Les résultats de cette nouvelle politique étrangère sont de plus en plus diversifiés et tangibles, sur de nombreux dossiers bilatéraux, ou au sein de foras régionaux et internationaux, où l’Algérie est une source de propositions constructives et positives, écoutée et respectée pour sa longue expérience et son savoir-faire, comme l’Union africaine, l’ONU et leurs diverses institutions spécialisées.

Apport des compétences nationales à l’étranger

Cette renaissance est aussi due aux efforts généreusement déployés par les diplomates algériens et les compétences nationales installées à l’étranger, réputées pour leur compétence avérée et qui sont sollicitées et utilisées de plus en plus rationnellement pour défendre les intérêts stratégiques de notre pays, longtemps négligés au profit de pays étrangers, pour des considérations subjectives.

Cet éveil de la diplomatie algérienne est accompagné et renforcé par la gestion administrative, économique et commerciale saine et efficace d’un pays, qui a été longtemps victime d’une impéritie économique et sociale suicidaire, grosse de tous les risques pour sa cohésion, sa stabilité, sa sécurité et son unité.

Ces initiatives courageuses commencent à insuffler une bonne dose de vigueur et de rigueur à notre pays exsangue, en général, et à notre diplomatie, en particulier, qui était atteinte de rachitisme et de désordres structurels. Elles lui ont également donné les couleurs et la hauteur d’esprit nécessaires à son épanouissement et qui lui manquaient cruellement lorsqu’il était pris dans le tourbillon d’événements internes, régionaux et internationaux, auxquels sa diplomatie se contentait de réagir passivement, mollement ou timidement, à cause d’une volonté stérile ou bridée par des calculs étroits, qui obèrent considérablement ses capacités opérationnelles, ainsi que son potentiel d’initiative et d’anticipation, qu’il retrouve aujourd’hui à plusieurs niveaux et plans.

En raison de cette inertie, l’Algérie, dont 70% de la population est âgée de moins de 30 ans, était, il y a quelques années à peine, perçue comme la Veuve Bettencourt, l’héritière de l’empire de produits de beauté «l’Oréal», que nos collègues femmes connaissent bien.

Ses voisins et partenaires, en crise, qui convoitaient ses bijoux, lui faisaient la cour et faisaient la queue pour venir la flatter, dans l’espoir de profiter d’une partie des sa fortune, essentiellement due à la manne pétrolière, dans le cas d’espèce, évaluée à des centaines de milliards de dollars et d’euros, qu’elle semait à tous vents.

En tout état de cause, par notre action complaisante ou par notre silence intéressé et coupable sur les abus et lacunes des uns et des autres, nous étions tous responsables de l’état général peu reluisant de notre pays et de sa diplomatie.

De garagouzes à derviches tourneurs

C’est, je crois, le défunt M’hamed Yazid, ancien ministre de l’Information du GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne), brillant diplomate et grand communicateur, qui a dit, au début des années 1970, au sujet des pays arabes, qu’ils avaient «une diplomatie des garagouzs (marionnettes), qui brille par son silence et son inertie.

Quand elle parle, elle bégaie et quand elle bouge elle titube». Cinquante ans après, la plupart des monarchies arabes ont adapté leur diplomatie nationale et sous-régionale aux nouvelles réalités, nécessités ou exigences des acteurs dominant la scène internationale, tandis que les «républiques» arabes continuent de ballotter entre principes désuets et intérêts antagoniques.

Les uns et les autres se bousculent aujourd’hui au portillon de Tel-Aviv pour normaliser, dans la précipitation, leurs relations avec Israël, sous la bénédiction de l’Oncle Sam, dans le cadre des accords Abraham…

Je comprends parfaitement la tristesse et la colère de la majorité de nos compatriotes qui relèvent, impuissants, que malgré les ressources importantes dont ses dirigeants disposaient, au cours du long et désastreux règne du président Bouteflika, notre diplomatie restait timorée et se portait pâle au sein des principaux foras régionaux et internationaux et face au Maroc, concernant le Sahara Occidental notamment.

*Diplomate à la retraite et écrivain



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