LIVRES / Origines et racines !

       par Belkacem Ahcene-Djaballah 

                                                  Livres

Les origines obscures des Arabes. Essai de Mokrane Chemim. Editions Boussekine (Lieux d’édition et d’impression non indiqués) 2023, 250 pages, 800 dinars

Un livre sur les possibles origines du peuplement de l’Arabie, c’est-à-dire des Arabes, ce n’est pas nouveau mais c’est tout de même intéressant… à parcourir sans pour autant adhérer à tout ce qui y est avancé… d’autant que l’auteur de l’essai -se disant ni pamphlétaire ni panégyriste- ne cache pas son engagement entier en faveur de l’Amazighité. «Je suis amazigh, je le veux et je l’appelle de tous mes vœux» écrit-il en avant-propos. Trois grandes questions :

Issus des vagues d’immigration des tribus araméennes quittant la ville d’Our (Ur) en Chaldée (Mésopotamie) et conduites par le patriarche Abraham vers l’Egypte et l’actuelle Palestine ?

Est-ce le retour des Hébreux quittant l’Egypte pour la «Terre promise» ?

Sont-ils partis d’Afrique, ce «berceau de l’humanité» ?

Pour apporter des éléments de réponse, il aborde, en son «livre I», les questions se rapportant notamment à la connaissance des Arabes et de l’Arabie ; puis au peuplement de cette région qu’est l’Arabie, par Abraham et sa descendance. Les possibles origines sont nombreuses : théologiques, historico-théologique et africaine.

-En son «livre II» il tente de montrer ce qui distingue les différentes parties qui composent la nation arabe et son évolution. Tout particulièrement, comment a eu lieu le passage des Arabes d’Arabie aux Arabes de l’arabisme et de la «nation arabe». Des questionnements multiples et des éléments d’information qui peuvent, évidemment, prêter à équivoque et même susciter de la controverse. Il ne le souhaite pas, espérant seulement un débat sérieux et serein, loin de toute polémique stérile. Pas si sûr !

L’Auteur : Mokrane Chemim est né à Tizi Ouzou en pleine guerre de libération. Exilé en Belgique après le Printemps berbère des années 80, il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la culture tamazight dont «Berbères d’Afrique du Nord», «Essai de grammaire berbère», «Dictionnaire bilingue français-tamazight-français»…

Table des matières : Avant-propos/Introduction/ Livre premier (8 chapitres) / Livre second (6 chapitres)

Extraits : «Les Arabes, le monde arabe, la nation arabe, la ligue arabe, la civilisation arabe : Nous parlons beaucoup des Arabes et pourtant nous savons peu de choses sur eux ; ou ce que nous en savons n’est pas exact car puisé à la source des confusionnismes, des stéréotypes, des clichés et des opinions toutes faites et toutes fausses» (p 9), «Le lieu de l’origine ethnique des Arabes se confond avec le lieu de leur implantation : l’Arabie du Nord» (p23), «Les origines du peuplement de l’Arabie sont mal connues. Cette méconnaissance ou cette ignorance de l’histoire des Arabes est due principalement au manque d’intérêts des dirigeants arabes pour certaines sciences telles l’histoire, l’archéologie, l’anthropologie…» (p34), «Contrairement à l’histoire du Croissant fertile et de l’Afrique du Nord, un silence pesant se fait sur celle de l’Arabie dont on ignore la dénomination avant l’ère chrétienne» (p35), «Contrairement aux Berbères qui ont inventé leur propre système d’écriture, inspiré il est vrai du phénicien, l’écriture arabe n’est pas une invention des Arabes eux-mêmes mais seulement une évolution et un aménagement des caractères araméens existants» (p87)

Avis : On sent le souci de bien faire et de tout dire. Mais, hélas, trop d’informations tuent l’Information et éloignent de l’essentiel. Il est vrai que tout essai (ou recherche) démarre d’une problématique et non pas seulement de sentiments personnels. A noter que le titre en lui-même est déjà significatif.

Citations : «La généalogie est érigée en procédé de légitimation islamique du pouvoir politique par de nombreux chefs de dynasties» (p17), «Les Arabes ont été les oubliés de l’histoire pendant un millénaire» (p43), «Depuis toujours, il y a eu une lute pour le pouvoir et le prestige en vue d’établir la prépondérance et la suprématie d’un individu, d’un groupe ou d’un peuple sur d’autres. Ils se jalousent et se disputent» (p 65), «La langue arabe n’est pas une mais elle existe dans la pluralité» (p93), «La culture est le bien commun indivis d’une nation dans toute sa diversité et dans la totalité de ses couches sociales et dont la langue permet son expression» (p103), «L’Arabie est le pays du bédouinisme et le bédouinisme, par la simplicité de son mode de vie ne peut pas être à l’origine d’une quelconque civilisation» (p115), «L’arabisme, telle une idéologie, n’appartient qu’à ceux qui s’en réclament quel que soit le pays d’origine» (p171), «La nation arabe n’existe qu’à l’état de projection et dans l’esprit de ceux qui y croient» (p187)

Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l’Afrique septentrionale. Livres I, II et III. De Ibn Khaldoun. Traduction de William Mac-Cuckin De Slane. Édition intégrale. Berti Editions, Alger 2013, 436+493+474=1404 pages et 54 pages d’introduction, 3 000 dinars (Fiche de lecture déjà publiée. Pour rappel. Extraits. Fiche complète in www. almanach-dz.com/histoire/bibliotheque dalmanach)

C’est (d’abord) l’histoire de tribus arabes, «dont les ancêtres fondèrent l’Empire de l’islamisme». Puis, l’histoire généalogique des Berbères ainsi que de leurs tribus et dynasties… en Afrique septentrionale (Maghreb), dont les Sanhadja «une des tribus berbères les plus considérables -et la plus turbulente- par leur nombre»… jusqu’à la «conquête de l’Ifriqiya par le musulmans». Il faut absolument ne pas rater la partie consacrée aux «talents que la race berbère a déployés…», chapitre, nous dit le traducteur, qui a été rajouté par l’auteur après avoir achevé son ouvrage… Que de noms d’hommes, de femmes, de guerriers, de savants et de tribus et de royaumes flamboyants !

Puis, l’histoire de la région sous les Émirs arabes.

C’est (ensuite) l’histoire des dynasties arabes régnantes et des «peuples étrangers».

C’est (enfin) l’histoire des tribus berbères et des royaumes que cette race a fondés (Empires Abdelwadide et Mérinide, entre autres) (…)

L’Auteur : L’auteur n’est pas à présenter… Le plus grand philosophe et historien que l’Islam ait jamais produit et l’un des plus grands de tous les temps. (…). Berbériste lui aussi ? Pas assez arabo-islamique ? Trop critique dans son analyse des pouvoirs ? Trop maghrébin ? Pas assez nationaliste. (…)

Avis : Un véritable pavé que cette «histoire universelle d’Ibn Khaldoun» ! (…). Au moins deux à trois kg. Mais, surtout, ne pas s’inquiéter car l’achat vaut grandement le détour (…).

Extraits : «Les Berbères ont toujours été un peuple puissant, redoutable, brave et nombreux ; un vrai peuple comme tant d’autres dans ce monde, tels les Arabes, les Persans, les Grecs et les Romains » (Livre 1, p 135), «On a vu chez les Berbères des choses tellement hors du commun, des faits tellement admirables, qu’il est impossible de méconnaître le grand soin que Dieu a eu de cette nation, l’extrême bonté qu’il lui a toujours témoignée, la combinaison de vertus dont il l’a dotée, les nombreux genres de perfection auxquels il l’a fait atteindre…» (Livre 1, p 138).

PS : – Ouvrage publié à l’étranger en français par un auteur Algérien : «L’Algérie aléatoire» (4 tomes). Ouvrage documentaire de Farid Daoudi. Editions Universitaires Européennes, 2013. Des maux-clés endogènes une matrice transversale du sous-développement.


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