Doomsday ou l’adieu aux larmes

           par Yasmina KHADRA

Désormais, n’importe quel pays inattentif à son sort est à la merci des grandes puissances.

Maintenant que l’ONU s’avère être une grossière erreur de casting et ses résolutions d’irrecevables voeux pieux, maintenant que les Cours internationales évoquent des coquilles vides, maintenant que les masques sont tombés – bien qu’ils aient été transparents depuis toujours -, maintenant que les consciences n’ont plus voix au chapitre et les marches pacifiques se muent en traversées de désert à l’heure où l’on assassine la Palestine en toute impunité, qui empêchera la Chine d’annexer Taïwan, et la Corée du Nord de spolier la Corée du Sud, et l’Azerbaïdjan de squatter l’Arménie en entier?
Maintenant que le droit international compte pour des prunes et que seul le rapport de forces prime, à quoi ressemblera le monde de demain? Qu’adviendra-t-il des pays riches en sous-sol qui ne disposent pas de moyens de défense adéquats? Tout porte à croire qu’une nation qui ne fabrique pas elle-même son arsenal de guerre, notamment ses avions de combat, ses missiles balistiques, ses navires et ses propres armes de destruction massive, est d’ores et déjà une nation en danger de mort. Désormais, n’importe quel pays inattentif à son sort est à la merci des grandes puissances. Il suffirait d’un prétexte, du moindre intérêt ou bien d’une simple convoitise pour qu’une patrie aux antipodes devienne un espace vital potentiel et son peuple de la chair à canon sinon esclave à jamais.
Qu’allons-nous léguer à nos enfants? Quel avenir pour les prochaines générations quand toutes les valeurs humaines auront disparu, et les lois justes, garantes d’un semblant d’harmonie, seront déclarées nulles et non avenues?
Lorsque l’indignation légitime est muselée et l’inquiétude la plus évidente interdite, lorsqu’on assiste à la dérive apocalyptique des idéologies sans oser la dénoncer, cela signifie que le compte à rebours s’est déclenché et que l’ordre, socle de toute stabilité, est menacé.
L’humanité devra se ressaisir tout de suite si elle ne tient pas à sombrer définitivement dans un cauchemar grandeur nature qui l’anéantira à coup sûr, car personne ne sera à l’abri une fois le malheur et l’horreur banalisés.

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