Hommage au soldat américain qui s’est immolé pour la Palestine : repose en paix, mon fils !

Aaron Bushnell, le jeune militaire américain qui s’est immolé le 25 février 2024. D.R.

Dans les pas qui te menaient vers la mort que tu as choisie par immolation, dans ce petit trajet qui te menait vers l’ambassade de l’entité sioniste d’Israël à Washington, nous avons vu des grands pas vers un humanisme perdu par la plupart de ceux qui peuplent ce maudit caillou qu’est devenue la Terre. Par ton acte, mon fils, et je dis «mon fils» car tu aurais pu l’être, tu as montré que le feu ne fait pas que brûler ; il éclaire aussi la route, le chemin des hommes justes. Et c’est ton chemin, celui de la justice, de la droiture, de l’honneur et de la dignité. Tu as refusé de suivre et de cautionner la guerre infâme que livrent ton pays, les Etats-Unis d’Amérique, et son bras armé, l’entité sioniste d’Israël criminelle, au peuple palestinien. Tu as voulu leur dire ce que tu penses en sacrifiant ta vie. Tu as fait un tel boucan, mon fils, que tous les titres de la presse du monde entier parlent de toi. Mais tu n’en as cure. Les marécages des combinards politiques et les politiciens de tous bords ne t’intéressent pas. Tu as tout compris. Tu sais que tout se vend et qu’ils sont enchaînés, enferrés, dans le Talon de fer et mangent les Raisins de la colère, et tu leur as dit qu’en chacun de nous figurent un Vieil homme et la mer. Et dans ma tête résonnent les airs de Woody Guthrie.

C’est l’histoire d’un jeune homme de 25 ans venu du Massachussetts, un militaire actif dans la cybersécurité de l’USAF (US Air Force) qui ne soufflera jamais sa 26e bougie, parce qu’il a pensé à un peuple opprimé, brimé, affamé, massacré ; un peuple éloigné géographiquement mais proche de son cœur, et qui s’est comporté en vrai humaniste en brûlant la bannière étoilée présente sur son épaule. J’ai rencontré des gens de sa trempe, j’ai croisé le colonel Andrew Bacevich qui a perdu son fils en Irak, et qui m’a dit qu’il désobéirait à un ordre immoral des chefs de l’armée. Oui, Aaron, mon fils, tu as tout compris : leurs sales guerres continuent contre les peuples opprimés, en s’en prenant toujours aux plus faibles. Dans cette loi du plus fort, la loi de la jungle, tout le monde a perdu son humanité. Il ne reste que quelques Justes comme toi qui n’ont pas bu leur dignité dans un verre de whisky. Tu as voulu rester intact et partir propre de ce monde infect, pourri, gangrené par Wall Street, par la fange des politiciens, par les magouilles des élections américaines, par le prétendu «droit international». Qu’est-ce que cela signifie encore, droit international, ONU, démocratie, droits de l’Homme, liberté d’expression ? Balivernes ! Aujourd’hui, les vieux comme Joe Biden ne se meurent pas et les jeunes meurent avant de naître et avant d’être. Et, entre les deux, les monstres prospèrent.

Ta mère et ton père te pleurent, mais l’humanité te doit beaucoup. A 25 ans, tu as accompli l’acte de rébellion ultime, tu t’es soulevé au-dessus de la mêlée. Tu as posé un acte révolutionnaire par excellence en offrant ta vie. On parlera de toi, on dira tout de toi, on essaiera de te traîner dans la boue pour minimiser autant que possible l’impact de ton sacrifice, cette gifle cinglante à la face des puissants. D’ailleurs, la NSA a certainement épluché tes données en cherchant tes liens avec Bradley-Chelsea Manning ou avec celui qu’ils ont enterré vivant, Julian Assange, ou encore avec Edward Snowden, ou bien Georges Ibrahim Abdallah et tant d’autres braves. Pourquoi pas avec les Rosenberg, tant qu’on y est ? Ou avec les dockers de San Francisco massacrés ? On ne trouvera rien qu’un immense dégoût pour ceux qui dirigent ton pays et l’entité sioniste d’Israël, et du mépris pour les traîtres arabes qui laissent faire.

Tu as montré aux planqués dans les salons feutrés du grand capital criminel dépourvu d’humanisme, à l’impérialisme infâme, massacreur des peuples et égorgeur d’enfants, et à tous ceux qui se vautrent dans un système de consommation, de mensonges et de perfidie, qu’ils ne peuvent pas tout régenter. Il existe des esprits libres qui échapperont toujours à toutes leurs manipulations trompeuses. Je me rends compte à quel point ta souffrance était immense parce que, en effet, il n’y a pas de quoi être fier d’être américain, d’être né dans un pays qui s’est construit sur le génocide des Amérindiens et d’être dans la même armée qu’un général Custer, comme il n’y a pas de quoi être fier d’être israélien et de participer au vol des terres et des maisons, aux massacres des Palestiniens. Par cet acte, tu as montré que tu as été déçu et dégoûté de ton pays au-delà du supportable. Autant je comprends ton geste, autant j’éprouve de la fierté à l’égard de mon pays et de l’armée algérienne. Je suis fier de l’Algérie, cette étoile qui brille dans le ciel et qui rend hommage aux Justes comme toi. Les pères fondateurs des Etats-Unis connaissaient bien mon pays et son histoire fabuleuse, au point où l’un de vos premiers présidents a déclaré : «We have to unite our States, otherwise, the Algerians will invade us» (il faut unir nos Etats sinon les Algériens vont nous envahir). Pourtant, malgré le fait qu’elle avait une grande et puissante marine, l’Algérie n’a jamais été impérialiste.

Tu es le continuateur des militants des droits civiques, l’héritier de ces braves, allant de Malcolm X à Mohamed Ali et à Martin Luther King, Angela Davis et tous les autres qui ont refusé de se soumettre. Tu t’es présenté en tenue militaire devant l’ambassade infâme de cet Israël criminel et assassin, et devant leur porte, tu as été le porte-parole du peuple palestinien par ton sang. Et, comble de la brutalité imbécile, pendant que tu agonisais, gisant dans les flammes sur le sol, un policier te visait avec son revolver au lieu de brandir un extincteur. Image surréaliste d’un pays en perdition qui montre qu’il est temps de renverser la bannière étoilée en signe de détresse.

Les Justes comme toi resteront à jamais dans nos mémoires. Bien après que les médias pourris à la solde de l’empire sioniste t’auront oublié, nous nous remémorerons ton acte de bravoure, au même titre que celui de ta compatriote, la jeune Rachel Corrie, qui s’est sacrifiée le 16 mars 2003 à l’âge de 23 ans pour protéger la maison d’une famille palestinienne et qui a été écrasée par un bulldozer aux mains d’un criminel sioniste. Nous ne t’oublierons pas, nous, les patriotes qui défendons nos pays et les causes justes des peuples palestinien et sahraoui, brimés, opprimés, déracinés de leur terre, comme nous l’avons été, nous, les Algériens, qui avons connu la colonisation abjecte. Tes compatriotes qui ont servi dans l’armée ne t’oublient pas non plus, puisqu’ils font des actions en ta mémoire, comme à Portland, ce 29 février, où les Vétérans brûlent leurs uniformes en appelant les soldats de l’active à se rappeler Aaron Bushnell et à protester contre l’effroyable massacre, un véritable génocide du peuple palestinien par l’entité criminelle sioniste d’Israël.

Le feu qui t’a consumé est sacré et aujourd’hui, partout aux Etats-Unis, les Vétérans brûlent leurs uniformes contre les guerres impérialistes menées par ton pays. Tu leur as montré que les puissants n’arriveront jamais à nous enlever notre humanité car elle est profonde. Ils ne pourront jamais éteindre notre lumière qui vient de très loin. Désormais, tu brilles comme un astre. Tes cris «Free Palestine !» ont été entendus par beaucoup d’entre nous. Tu es devenu un symbole. De tes cendres naîtra un phénix. Repose en paix, brave soldat, mon fils !

Mohsen Abdelmoumen


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           Ce que le jeune soldat américain Aaron Bushnell a découvert avant de s’immoler

Hommage au soldat américain Aaron Bushnell. D. R.

 

Par Kamel M. – Des proches du soldat américain qui s’est immolé par le feu en soutien aux victimes du génocide commis par Israël à Gaza avec le soutien de l’administration Biden ont révélé ses dernières confessions avant de recourir à cet acte extrême. La mission de l’informaticien Aaron Bushnell au sein de l’armée de l’air américaine consistait en la collecte et l’analyse d’informations au profit des services de renseignement militaires américains. Parmi ces informations, certaines concernaient l’agression israélienne contre les populations civiles dans l’enclave palestinienne.

Selon les révélations de collègues de ce soldat, ce dernier avait accès à des renseignements ultraconfidentiels, dont il a fait part à un de ses amis avant de se donner la mort. Ces renseignements prouvent l’implication directe de l’armée américaine dans les crimes contre l’humanité perpétrés en Palestine et la présence de soldats américains dans les tunnels utilisés par la résistance palestinienne dans l’enclave soumise à des bombardements aveugles depuis plusieurs mois, faisant 30 000 morts, selon un décompte que les organisations humanitaires estiment bien en deçà des chiffres réels.

Le soldat américain qui s’était immolé dimanche dernier devant l’ambassade d’Israël à Washington est décédé le lendemain. Il avait crié «Libérez la Palestine !» avant de s’asperger d’essence et de craquer une allumette.

Aaron Bushnell, 25 ans, membre de l’US Air Force, avait expliqué son geste par ces mots, enregistrés quelques secondes avant de faire le sacrifice de sa vie : «Aujourd’hui, j’ai l’intention de m’engager dans un acte extrême de protestation contre le génocide du peuple palestinien». «Mais comparé à ce que les gens ont vécu en Palestine aux mains de leurs colonisateurs, ce n’est pas extrême du tout, c’est ce que notre classe dirigeante a jugé normal», avait-il regretté.

Un des policiers arrivés sur les lieux, quelques minutes après l’immolation sur fond de cris horrifiés, n’avait pas trouvé mieux que de braquer son arme sur la victime dévorée par les flammes, pendant que ses collègues tentaient d’éteindre le feu à l’aide d’extincteurs manuels.

Aaron Bushnell, qui s’est tué d’une manière effroyable pour ne pas être complice d’un génocide encouragé par l’administration Biden, secouera-t-il enfin l’opinion publique américaine, en ayant donné sa vie pour les enfants martyrs de Gaza ?

Cette tragédie est intervenue quelques jours à peine après le veto américain contre le projet de résolution algérien exigeant un cessez-le-feu immédiat à Gaza et l’entrée des aides humanitaires dans l’enclave assiégée, et rejetant le plan israélien de déplacement des populations palestiniennes.

K. M.


         Quand les médias crachent sur Aaron Bushnell

Visant à médiatiser son refus d'être « complice d'un génocide » et son soutien 
à une « Palestine libre », l'immolation d'Aaron Bushnell a été traitée par les médias du monde
  entier. Exceptés la majorité des français et belges francophones ! Fidèles à leur ligne « isr
aélo-embarquée », en contradiction avec leur soif d'images spectaculaires et réflexes à répercu
ter toute info venant des Etats-Unis, ces médias ont censuré le sujet Bushnell. En empêchant le
urs publics de réfléchir à cet acte désespéré et politique, ils ont craché sur le cadavre du so
ldat américain comme sur ce qu'il leur reste de « déontologie ».   

 

L’info est tombée dimanche 25 février. Celle-ci revêtait 4 caractéristiques sur lesquelles tout média, digne de ce nom, ne pouvait qu’embrayer : insolite, spectaculaire, meurtrière et politique. Le citoyen américain Aaron Bushnell, informaticien dans l’aviation militaire, s’est filmé en train de s’immoler par le feu, jusqu’à ce que mort s’en suive, devant l’ambassade d’Israël à Washington…

Quelques minutes avant de commettre son geste fatal, le jeune homme de 25 ans prononce ces mots :
« Je m’appelle Aaron Bushnell, je suis un membre en service actif de l’armée de l’air des États-Unis et je ne serai plus complice d’un génocide […] Je suis sur le point de m’engager dans un acte de protestation extrême, mais comparé à ce que les gens ont vécu en Palestine aux mains de leurs colonisateurs, ce n’est pas extrême du tout. C’est ce que notre classe dirigeante a décidé de considérer comme normal ».

Peu avant, Bushnell avait aussi diffusé ce message sur Facebook : « Beaucoup d’entre nous aiment se demander : ‘Que ferais-je si j’étais en vie durant l’esclavage ? Ou sous les lois Jim Crow [nom des anciennes lois de ségrégation raciale dans le sud des Etats-Unis] ? Ou sous l’apartheid ? Que ferais-je si mon pays commettait un génocide ? La réponse est ce que vous en train de faire là. Tout de suite. »

Aaron Bushnell (1999-2024)

Un acte « dévastateur »

Comme d’autres webmédias sérieux et indépendants, Investig’Action diffusera, dès le 26 février, un article traitant de l’acte définitif de Bushnell, faisant notamment le parallèle historique avec d’autres protestations auto-sacrificielles commises par plusieurs citoyens américains durant la guerre du Vietnam. Sans surprise, il en sera radicalement tout autre pour TF1-LCI, France Télévisions, Arte, RTL-TVI, LN24, Le Monde, Le Figaro, Le Soir, La Libre, Sudinfo, etc.

Récapitulons. Un jeune soldat nord-américain décide de se suicider en public, de l’une des manières les plus horribles et douloureuses qui soit, afin d’attirer l’attention sur les crimes, la torture et le génocide programmés contre les Palestiniens de Gaza (plus de 30 .000 tués et 70.000 blessés en 4 mois, famine, maladies, destructions) et… cela n’interroge aucun journaliste des médias belges et français ? En réalité, pour être précis, les dirigeants de ces médias ont visiblement décidé d’interdire à leurs employés de traiter cette information « très dérangeante ».

Pour preuve, à l’heure d’écrire ces lignes, soit 3 jours après la diffusion internationale du sacrifice d’Aaron Bushnell, cette info a été relayée et (mal)traitée par… 4 médias européens d’expression française (RFILibérationLa Croix et la RTBF).

Une censure grossière et d’autant plus grotesque que la vidéo de Bushnell a été si virale que les mainstream US (CNNNew-York Times ou Newsweek) et britanniques (BBCThe Guardian ou The Independant) ont dû la traiter en temps et en heure. Ensuite, depuis 72h, le net, les réseaux sociaux comme une partie de la société américaine échange et débat tous azimuts sur « le sujet ». Comme le résume la journaliste australienne Caitlin Johnstone : «  Un membre de l’armée américaine qui s’enflamme en criant « Palestine libre » est absolument dévastateur pour les intérêts informationnels d’Israël et des États-Unis, car cela réveille les gens comme rien d’autre ne pourrait jamais le faire. »

Médias anglophones plus sournois

Bref, il n’y a pas à chercher très loin les motivations de censure des sergent-chefs « éclairés » des médias traditionnels francophones. Hors de question, pour ces « dirigeants libres », d’ouvrir un cadre médiatique, une réflexion, un éventuel débat portant sur le geste sacrificiel d’Aaron Bushnell ! Trop susceptible de mettre en doute, sinon en péril, leur ligne « israélo-embarquée » ; leur ignoble soumission anti-journalistique envers le tandem étatique et génocidaire USA-Israël…

Si la majorité des mainstream anglophones ont traité l’immolation du jeune soldat, ce n’est pas, selon le journaliste Ben Norton, sans invisibiliser son message politique. « Les médias occidentaux ont montré leur partialité en dissimulant le fond de la protestation meurtrière de l’aviateur américain », estime Norton dans un article diffusé sur ce site. « Des études scientifiques ont montré qu’environ 60% des Américains ne lisent pas au-delà des gros titres », poursuit-il. Or, « dans leurs titres, la plupart des grands médias américains, notamment le New York Times, le Washington Post et CNN, ont omis de mentionner pourquoi Bushnell s’est immolé devant l’ambassade d’Israël. »

Le journaliste compare ensuite ce traitement douteux avec celui que les mêmes médias ont réservé au suicide politique d’Irina Slavina à Moscou : « Lorsque la journaliste russe, Irina Slavina, s’est immolée par le feu en 2020, le New York Times a bien médiatisé qu’il s’agissait d’un ‘acte de protestation contre le gouvernement de Vladimir Poutine‘. »

Idem pour la « prestigieuse » BBC, soucieuse de « dépolitiser la protestation fatale de Bushnell contre le génocide à Gaza parrainé par les États-Unis » après avoir, en 2020, « héroïser le suicide par immolation de Slavina en Russie telle une ‘protestation finale‘ contre Poutine. »

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