Karim Zéribi, initiateur du Conseil mondial de la diaspora algérienne : «Nous voulons être force de proposition»

       Né en France dans un foyer d’émigrés algériens, un certain 25 septembre 1966, et devenu député européen après une carrière politique authentiquement de terrain, Karim Zéribi, disons-le, un Franco-Algérien de référence est un vieux routier de la politique de l’Hexagone.

Conseiller technique de l’ex-ministre de l’Intérieur, Jean-Pierre Chevènement, il était chargé de diversifier le recrutement au sein de la police et d’initier une réflexion sur la création d’une police urbaine de proximité. Il a créé les Comités départementaux d’accès à la citoyenneté, dont la mission principale consistait à favoriser l’intégration citoyenne et lutter concrètement contre les discriminations sociales et raciales. Parallèlement, il occupait les fonctions de secrétaire national du Mouvement des citoyens, parti politique fondé en 1993 par Jean-Pierre Chevènement. Un compagnonnage de gauche fortement ancré dans le respect de l’Algérie et de la communauté algérienne établie en France. Il est entendu donc que Karim Zéribi a fait ses armes dans la meilleure des écoles pour garantir le succès du Conseil mondial de la diaspora algérienne. Baroudeur des scènes politique et médiatique française, il enchaîne de véritables réussites sur les deux tableaux. Dans son parcours politico-médiatique, Karim est resté très attaché à son ancrage de gauche et l’essentiel de ses actions auront été suscitées par une détermination antiraciste et franchement pro-émigration. Il serait fastidieux d’énumérer tous ses combats, mais cela peut se résumer en quelques mots. Le sang algérien qui coule dans ses veines en a fait un éternel révolté contre la Hogra. Jusqu’à sa position très courageuse sur la question palestinienne. Il fut l’un des acteurs du paysage audiovisuel français à prendre le risque sérieux d’être blacklisté en condamnant les crimes de l’entité sioniste. Son actuel combat qui consiste en la création du Conseil mondial de la diaspora algérienne est un retour aux sources. Karim Zéribi réalise un voeu cher de millions d’Algériens…

L’Expression: Le Conseil mondial de la diaspora algérienne est quelque part un rêve algérien que vous espérez concrétiser. Une première rencontre à Paris fut un succès certain. Dites-nous, Monsieur Zéribi, comment vous est venue l’idée?
Karim Zéribi: Je vous remercie pour votre question. Cette idée qui voit la création d’un Conseil mondial de la diaspora algérienne, je crois que nous sommes nombreux à l’avoir imaginé depuis longtemps…réunir la diaspora algérienne était un rêve qui devient, aujourd’hui, réalité Inchallah. Nous, les Algériens d’Algérie ou de l’étranger (binationaux), nous aimons l’Algérie et sommes fiers d’être algériens. Nous sommes attachés à nos racines et à l’histoire de ce grand pays qui a vu des hommes défendre intellectuellement un idéal et se battre militairement pour gagner leurs libertés et l’indépendance de l’Algérie. Nous avons grandi avec le courage et la dignité de nos aînés. Aujourd’hui le fait de se retrouver, de se rencontrer et d’envisager des synergies entre nous, membres de la diaspora, cela doit nous rendre plus fort collectivement mais également individuellement là où nous nous trouvons.

Vous préparez le congrès du Conseil mondial de la diaspora algérienne qui se tiendra à Alger en avril prochain. Pouvez-vous nous dire où vous en êtes avec les préparatifs?
Nous sommes en train de préparer cet évènement historique pour la diaspora à l’échelle internationale. Nous officialiserons à Alger les 27 et 28 avril prochain la création du Cmda au cours du 1er Congrès mondial de la diaspora. Nous attendons environ 1 000 congressistes du monde entier et des 5 continents avec une représentation importante de la diaspora installée en France, car sur les 7 millions d’Algériens de l’étranger, plus de 65% vivent en France. Organiser un tel évènement n’est pas facile. Nous nous tournons vers des prestataires privés et publics, afin de réussir cet évènement que nous vivons comme un évènement historique pour la diaspora. Notre démarche répond aux appels déterminés lancés par le président de la République Abdelmadjid Tebboune qui a mis la diaspora au coeur de son projet pour la nouvelle Algérie.

Avez-vous ciblé des profils particuliers pour vos adhérents? Si oui, lesquels, et si non, pourquoi?
Lors du premier dîner de gala qui s’est tenu à Paris le 8 mars dernier, nous avions une assistance composée de chefs d’entreprise, de cadres supérieurs et d‘universitaires, sans oublier des sportifs de haut niveau et des artistes venus du cinéma ou de la musique. C’est un panel large qui témoigne des talents et des compétences réelles qui existent parmi les femmes et les hommes de la diaspora algérienne. Au sein du Cmda nous ne faisons aucune discrimination par le diplôme ou le statut social. Nous sommes ouverts à tous les profils à partir du moment où les personnes sont positives, motivées et habitées par l’amour de l’Algérie. Nous voulons être force de proposition et pas force de critiques, j’ai été très clair à ce sujet lors de la présentation à Paris le 8 mars dernier.

Le Cmda se propose-t-il comme une instance «paradiplomatique» facilitant les missions de l’Algérie à l’étranger ou a-t-il d’autres objectifs précis?
Nous assumons totalement les grands objectifs que nous nous sommes fixés et qui sont au nombre de 3:
– le 1er consiste a créer un réseau mondial de la diaspora afin de repérer les compétences et le potentiel de talents qui existent au sein de la communauté algérienne installée à l’étranger. Les membres de ce réseau international doivent se connaître, se rencontrer, travailler ensemble et être solidaires à tous points de vue.
– Le 2e objectif participe dune volonté de répondre aux appels lancés par le président Tebboune qui évoque très souvent la diaspora afin que celle-ci contribue au développement économique du pays. Nous allons identifier et accompagner les projets qui nous paraîtront utiles à l’Algérie. C’est important de créer ce comptoir ou guichet unique qui permettra à la diaspora de mener à terme des projets dans le secteur de la santé, de l’agriculture, des nouvelles technologies, du tourisme, du transport, des métiers de service etc. etc.
– Le 3e objectif totalement assumé du Cmda consistera à faire la promotion de l’Algérie là où nous sommes installés et notamment auprès des sphères de décisions et du monde médiatique. L’Algérie communique peu et dans le monde ouvert et interdépendant dans lequel nous vivons, il est nécessaire d’avoir aux côtés des couloirs diplomatiques traditionnels, des couloirs de soft power afin de lutter contre les fake news et les contre-vérités. L’Algérie est parfois victime de fausses informations, la diaspora doit jouer un rôle qui consiste à rétablir des vérités et à évoquer l’Algérie d’aujourd’hui, une Algérie qui bouge dans le bon sens et qui avance…

Vous êtes un homme de communication. À ce titre, comment percevez-vous le potentiel algérien en matière de soft power et de smart power. Dans quelle mesure le Cmda peut-il constituer l’un des éléments de ces deux pouvoirs qui semblent assez peu représentés dans l’action de l’Algérie à l’international?
Cette question nous ramène au 3e point développé parmi les objectifs du Cmda. Je crois que nous devons assumer d’être une instance de soft power qui se veut être force de proposition auprès des autorités algériennes et en ambassadeurs démultipliés de l’Algérie à l’extérieur avec la force de frappe de nos membres qui, par milliers, vont pouvoir parler des ambitions, des projets et de la place que l’Algérie doit occuper sur la scène internationale. Désormais, la diaspora s’organise à l’échelle mondiale au service de l’Algérie et des Algériens.

Saïd BOUCETTA


Karim Zeribi : les potentialités et la volonté de l’Algérie d’aujourd’hui dépassent le niveau régional

16/05/2023 – 11:26

« Je suis toujours très surpris, en tant que Français d’origine algérienne, et fier de mes deux appartenances, de constater que quelques élites gardent encore comme référence le modèle occidental (…) Un modèle qui, dans le contexte géopolitique actuel, se trouve en perdition, voire en décadence ».

Ce sont là, les propos de Karim Zeribi, consultant presse, personnalité politique et médiatique en France, qui s’exprimait ce matin à l’émission L’invité de la rédaction de la chaine 3 de la Radio Algérienne.

Dans son analyse « lucide », dit-il, de l’évolution des contextes politico-économiques, un nouveau monde est en train de prendre forme sous nos yeux dans lequel, l’Algérie en même temps que le contient africain, est appelée à innover et inventer un nouveau modèle.

Dans la création de ce nouveau modèle, l’ex-député européen souligne que l’Algérie doit s’appuyer sur l’ensemble de ses potentialités dont sa diaspora partout dans le monde. Celle-ci, qui paradoxalement se trouve souvent la moins médiatisée dans les pays d’accueil, recèle des capacités extraordinaires et offre des modèles de réussite fabuleux toujours prêts à apporter un plus à l’Algérie.

Il souligne plus loin qu’au regard « des réformes engagées par le président de République (…) la diaspora a pris note des signes positifs envoyés par l’Algérie et est disposée à participer à son rayonnement ».

« Nous avons des femmes et des hommes qui ont acquis de l’expérience dans différents domaines. Dans le secteur de la santé par exemple, 30% des effectifs en France sont d’origine étrangère dont la majorité est algérienne », précise-t-il en citant des noms tels que le docteur Hakim Benamer, chef de service de cardiologie à l’hôpital Foch à Suresnes, et président des cardiologues en France (…) D’autres sont des chefs d’entreprises fabuleuses qui créent des emplois et des richesses, qui innovent, ils sont des centaines prêts à venir, à entreprendre et à investir dans une approche gagnant-gagnant », ajoute l’ex-conseiller municipal d’Avignon, puis à Marseille.

Allant plus dans le détail, l’ex-président du Conseil d’administration de la Régie des transports de la Métropole (RTM), précise que « l’Algérie est belle dans sa diversité (…) Sur le plan touristique, elle est juste exceptionnelle ». Cependant, « il ne faut pas y pratiquer un tourisme de masse, mais plutôt un écotourisme de haut niveau », suggère-t-il.


 

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