Les valeurs comme cadre explicatif des attitudes sur l’immigration

Thomas Bergeron, École de politique appliquée, Université de Sherbrooke (Quebec) – Perspective monde, Note de recherche, juillet 2018 –

L’immigration est devenue dans les dernières années un enjeu central des élections dans les pays européens. Dans ce contexte, les citoyens se construisent une opinion sur le sujet. Dans cette recherche, nous étudions le lien entre les attitudes sur l’accueil d’immigrants et les valeurs. Ces dernières, au coeur du modèle développé par Shalom H. Schwartz, constituent un cadre explicatif par lequel il est possible de comprendre les attitudes, qu’elles soient positives ou non. Les données fournies par l’European Social Survey de 2016 dans 18 pays de l’Union européenne forment la base empirique de cette recherche.


PROBLÉMATIQUE
Les récentes élections nationales en Europe nous ont démontré que l’un des enjeux les plus importants, tant pour la population que pour les politiciens, est l’immigration. Plusieurs personnalités politiques se disent méfiantes, voire opposées à l’accueil d’immigrants, et ce, pour plusieurs motifs, dont l’économie et la sécurité nationale. C’est le cas dans ce qu’on considère comme la droite dure européenne, présente notamment en Autriche (Sebastian Kurz au pouvoir depuis 2017 – Parti populaire autrichien), en Hongrie (Viktor Orbán – au pouvoir depuis 2014 – Fidesz-Union civique hongroise), en Pologne (Droit et justice au pouvoir par coalition de-puis 2017) et en Allemagne (Alternative pour l’Allemagne). De plus, l’intégration des partis anti-immigrants dans les institutions politiques européennes, dans les 20 dernières années, et la résurgence de ces enjeux auraient eu pour effet de rapprocher les idées du centre droit, de la droite et de l’extrême droite sur le sujet de l’immigration (Akkerman, 2012, 2015). Pour ainsi dire, il est possible de constater, chez les Européens, une montée des sentiments anti-immigration dans la population (Rustenbach, 2010).
Pour Davidov et Meuleman (2012) ainsi que Davidov et al. (2014), il existe plusieurs perspectives afin d’étudier les perceptions sur l’immigration. La première soutient que les attitudes discriminatoires sont le produit des caractéristiques socio-démographiques et socio-économiques (individuel et contextuel). En ce sens, les personnes vulnérables économiquement et socialement se sentiraient plus menacées par l’arrivée des immigrants, car ces derniers auraient un profil similaire économiquement et socialement; ils entreraient dès lors en compétition sur, notamment, le marché du travail (Raijman et al., 2003; Ramos et Vala, 2009; Semyonov et al., 2006). Une deuxième perspective avance que, pour comprendre les attitudes négatives, il faut analyser le phénomène d’immigration au niveau plurinational, c’est-à-dire les variations entre les États. Ainsi, la population migrante (ses conditions, son nombre, son pays de départ) serait un facteur déterminant de la perception de menace, principalement économique, dans la société d’accueil (Quillian, 1995). Une troisième perspective propose l’idéologie comme cadre normatif sur les attitudes par rapport à l’immigration (hostilité, préjugé, etc.) (Raijman, et al., 2003; Semyonov et al., 2006). Enfin, une quatrième, moins étudiée que les autres, tente de lier les attitudes à l’immigration aux valeurs (Davidov, et al., 2008a, 2014; Davidov et Meuleman, 2012; Savig et Schwartz, 1995; Vecchione et al., 2012).
Ce sera sur cette dernière perspective que se fondera l’analyse pour étudier les attitudes sur l’immigration dans le contexte des dernières années. Fondamentalement, la question est celle-ci : près de 25 ans après son apparition, la théorie de Schwartz est-elle encore valide pour expliquer les attitudes quant à l’immigration?


CONSIDÉRATIONS THÉORIQUES
Théorie des valeurs de base
Le modèle développé par Schwartz, celui des « valeurs de base » (1992; 1994; 2006a), identifie six caractéristiques sur la nature des valeurs :
 « Les valeurs sont des croyances » ; elles sont des structures cognitives qui sont activées au même moment que les sentiments.
 « Les valeurs ont trait à des objectifs désirables » ; elles motivent l’action des individus.
 « Les valeurs transcendent les actions et les situations spécifiques » selon l’environnement et le contexte.
 « Les valeurs servent d’étalon ou de critères » ; en ce sens qu’elles guident la sélection et l’évaluation des actions, des personnes et des événements selon la conséquence sur les valeurs qu’une personne pense importante. Souvent ce processus est fait inconsciemment.
 « Les valeurs sont classées par ordre d’importance » ; elles sont ordonnées, hiérarchisées dans un système. Ce dernier permettant de prioriser une valeur ou une autre selon la culture, l’environnement, etc.
 « L’importance relative de multiples valeurs guide l’action » ; elles sont impliquées dans les attitudes et les comportements (Schwartz et Bilsky, 1987, 1990; Schwartz, 1992, 2003). Feather (1995) ajoute que les valeurs seraient un cadre motivationnel et normatif pour les individus. En ce sens, les valeurs auraient des conséquences différentes dans leur réalisation (Schwartz et Boehnke, 2004).
Ces caractéristiques, qui concernent toutes les valeurs, amènent Schwartz à développer un modèle qui permet de comprendre ce qui les distingue les unes des autres. Sa conclusion est la suivante : le type d’objectif, ou de motivation, exprimé par la valeur est ce qui les fait différer les unes des autres. Ainsi, le modèle « définit dix grands groupes de valeurs selon la motivation qui sous-tend chacune d’entre elles » (Schwartz, 2006a, p.932). Ces groupes de valeurs, reconnus pour toutes les cultures (Fontaine et al, 2008; Schwartz et al., 2001), seraient les concepts utilisés par les individus afin de représenter leurs objectifs au niveau mental et dans les interactions sociales (Schwartz, 2006a, p.932). Ce modèle des valeurs de base, comme moteur motivationnel, dérivé des besoins universels (Caprara et Vecchione, 2017; Schwartz 1992, 1994, 2006a; Schwartz et Bilsky, 1990), contient dix valeurs distinctes détaillées dans le Tableau 1.

Schwartz avance que les valeurs seraient structurées en cercle, représenté par l’Illustration 1, où les valeurs sont interdépendantes, parfois complémentaires, par-fois opposées. Par exemple, si un individu base une action selon la valeur de la sécurité, il entrerait en conflit avec la valeur de l’autonomie. Ou encore, une per-sonne ayant comme motivation principale la réussite entrerait en conflit avec la bienveillance et serait complémentaire à la puissance (Caprara et Vecchione, 2017; Schwartz, 1994, 2003, 2006a). Outre cet aspect de compatibilité entre les valeurs, trois autres éléments sont ajoutés à la structuration.
Premièrement, le cercle est divisé en deux parties. Une concentration person-nelle (« personal focus »), à droite, regroupe les dimensions (et les valeurs y étant associées) de l’ouverture au changement et de l’affirmation de soi. La seconde par-tie, à gauche, la concentration sociale (« social focus »), rassemble les dimensions de la continuité et du dépassement de soi (Caprara et Vecchionne, 2017; Schwartz et al 2014).
Deuxièmement, Schwartz ajoute la dimension de l’anxiété et de son rapport aux valeurs personnelles de base, conjointement aux valeurs politiques de base (Schwartz et al., 2014). Ainsi, les valeurs associées au bas du cercle mèneraient les individus à éviter ou à contrôler l’anxiété et la menace afin de se protéger (« self-protection ; anxiety-avoidance »). En ce sens, la dimension continuité mènerait à l’évitement des conflits, à la soumission et au statu quo. Celle de l’affirmation de soi à dépasser les sources d’anxiété en gagnant la domination ou l’admiration. Au contraire, la partie du haut ne serait pas anxieuse (« growth anxiety-free »). Ainsi, le dépassement de soi amènerait à promouvoir le bien-être pour les autres et l’ou-verture au changement à l’autonomie et à « l’expérience auto-expressive » (Schwartz, 2006a, 2010; Schwartz et al, 2014).
Enfin, les dix valeurs sont divisées en quatre grandes dimensions formulées sous forme de relations antagonistes où s’opposent d’abord l’ouverture au change-ment (« openness to change ») et la continuité (« conservation »). Où l’autonomie et la stimulation, se référant à l’indépendance de pensée et d’action, s’oppose à la tradition, à la conformité et à la sécurité renvoyant à l’ordre et à l’autolimitation. L’autre dimension oppose l’affirmation de soi (« self-enhancement ») et le dépasse-ment de soi (« self-transcendence »). Cette relation montre une conflictualité entre la bienveillance et l’universalisme, des valeurs se rapportant au bien-être et aux in-térêts des autres, et la puissance, la réussite et l’hédonisme, mettant de l’avant les intérêts, la réussite et la domination personnels (Schwartz, 1994, 2003, 2006a; Schwartz et al, 2014).

Les dix valeurs de base déterminées par Schwartz ont été au centre de plu-sieurs recherches et se sont montrées capables de prédire les comportements hu-mains dans plusieurs domaines comme la religion (Schwartz et Huismans, 1995) et le bien-être (Savig et Schwartz, 2000). La science politique a aussi été étudiée à travers le modèle des valeurs de base. En ce sens, l’identification nationale a été analysée à plusieurs reprises (Roccas, Schwartz et Amit, 2010; Schwartz, 1992). Les choix politiques ont eux aussi été au centre de plusieurs recherches (Caprara et al., 2006; Barnea et Schwartz, 1998; Schwartz et al, 2010; Vecchione et Barbara-nelli, 2008). L’idéologie (conceptualisée par l’axe gauche-droite) a particulièrement été étudiée par le modèle de Schwartz (Caprara et Vecchione, 2017, 2018; Piurko, Schwartz et Davidov, 2011). Notamment, Caprara et al. (2006) montrent que les valeurs de puissance et de sécurité sont liées à la droite et que celles de l’universalisme et de la bienveillance seraient plus propres à la gauche.
Relation entre les valeurs et attitudes
Qu’en est-il des attitudes et de leurs liens avec les valeurs ? Les attitudes sont des dispositions permettant aux individus de réagir, favorablement ou défavorablement, à un objet, à un comportement, à une personne, à une institution, à un événement, ou à tout autre aspect perçu par l’individu (Ajzen, 1993). Les valeurs s’appliquent dès lors dans les situations plus générales alors que les attitudes sont impli-quées dans des domaines plus spécifiques (Davidov et Meuleman, 2012).

Les valeurs « can be seen as abstract principles that guide concrete attitudes toward partic-ular objects » (Davidov, et al., 2008a, p.585). Donc, les valeurs déterminent le poids des croyances dans l’évaluation d’une attitude (Davidov, et al., 2008a).
Les attitudes politiques sont formées par le contexte social, ce qui donne aux valeurs un avantage, comme outil explicatif, car elles sont flexibles et mettent de l’avant les motivations derrière les décisions de l’électorat (Schwartz, 2007). Ainsi, les individus utilisent les valeurs pour organiser et prioriser les croyances et les sen-timents en lien avec un contexte politique donné : une prise de décision, une justifi-cation, une communication, etc. (Caprara, et al., 2006; Feldman, 2003; Schwartz, 2007; Schwartz, Caprara, & Vecchione, 2010). Or, les valeurs, comme structure intégrée, par l’organisation générée, fournissent une structure générale aux attitudes politiques (Feldman, 2003; Schwartz, 2007).
Le modèle de Schwartz a été validé, dans plusieurs études récentes (Davidov, et al., 2008a, 2014; Davidov et Meuleman, 2012; Ramos et Vala, 2009; Savig et Schwartz, 1995; Schwartz et al., 2010; Vecchione et al., 2012) , comme étant lié aux attitudes quant à l’immigration, comme modulateur. D’abord au niveau strictement national, notamment aux États-Unis (Pantoja, 2006), en Belgique (Duriez et al., 2002) ou en Israël (Sagiv et Schwartz, 1995), mais aussi au niveau plurinational. Ainsi, des études à grande échelle pour plusieurs États ont aussi été effectuées. No-tons-en quelques-unes : Schwartz (2007) avance que les valeurs de sécurité et de conformité, opposées à celles de l’universalisme, prédisent l’opposition à la récep-tion d’immigrants provenant de pays européens plus pauvres ou de pays à l’extérieur du continent européen. De leur côté, Davidov, et al. (2008a) démontrent que la di-mension du dépassement de soi (universalisme et bienveillance) prédit un appui à la réception d’immigrants dans le pays, sans condition particulière (attitudes posi-tives). Tandis que la dimension de continuité (conformité, tradition et sécurité) pré-dit des attitudes plus négatives, c’est-à-dire d’accueillir moins d’immigrants avec des conditions. En ce sens, les auteurs font un choix méthodologique, celui de lier les valeurs ensemble, afin d’étudier leur impact sur l’immigration. Davidov et Meu-leman (2012) démontrent que la dimension de dépassement de soi est moins forte-ment reliée aux attitudes négatives que les valeurs de continuité en lien avec l’im-migration. Vecchione et al. (2012) illustrent quant à eux que les perceptions face à l’immigration sont corrélées aux valeurs de sécurité et d’universalisme et aux traits personnels. Finalement, Davidov et al. (2014) révèlent que l’universalisme (effet positif) et le duo conformité-tradition (effet négatif) ont un effet plus grand sur les attitudes en lien avec l’immigration dans les pays.
Or, ces études convergent fondamentalement : le modèle des valeurs de Schwartz explique les attitudes sur l’immigration; principalement les valeurs so-ciales. Cela dit, les recherches ne pointent pas toutes vers les mêmes valeurs. Cer-tains, comme Savig et Schwartz (1995) ou Vecchione et al. (2012), optent pour l’étude de toutes les valeurs dans le même modèle. D’autres, comme Davidov et al.(2014), discriminent le continuum

et se concentrent sur certaines valeurs, plus spécifiquement. Enfin, des résultats sont aussi générés à partir de l’étude des dimensions sociales, soit le dépassement de soi et la continuité (Davidov et al., 2008a; Davidov et Meuleman, 2012). La présente recherche s’inscrira dans ce contexte afin d’étudier l’apport des valeurs aux attitudes sur l’immigration.
Plus précisément, nous posons trois hypothèses :
 H1 : Les valeurs sociales du modèle de Schwartz expliquent les attitudes sur l’immigration dans l’ensemble des pays de l’Union européenne.
 H2 : Le modèle est également valable pour chacun des pays, considérés dis-tinctement.
 H3 : Les valeurs sociales de Schwartz sont plus explicatives que le genre, la scolarité, la religiosité et l’idéologie politique.
MÉTHODE
Échantillonnage
Les données utilisées sont tirées du huitième tour (2016) des sondages so-ciaux européens (European Social Survey, Round 8). Ces sondages, reconnus pour leur rigueur, ont tous un échantillonnage sélectionné de manière probabiliste. Aussi, les répondants sont tous âgés de plus de 15 ans. Le nombre de répondants, en lien avec les variables des valeurs et de l’immigration pour chaque pays, est le suivant : Autriche (AT; 1 728), Belgique (BE; 1 664), Suisse (CH; 1 319), République Tchèque (CZ; 1 950), Allemagne (DE; 2 649), Estonie (EE; 1 717), Finlande (FI; 1 788), France (FR; 1 824), Grande-Bretagne (GB; 1 652), Irlande (IE; 2 187), Israël (IL; 1 915), Islande (IS; 744), Pays-Bas (NL; 1 494), Norvège (NO; 1 450), Pologne ( PL; 1 282), Russie (RU; 1 283), Suède (SE; 1 372) et Slovénie (SI; 1 016). L’échantillon total est de 29 034 personnes. Les questionnaires soumis ont tous été traduits dans la langue d’origine du pays où les répondants se trouvaient en suivant le processus développé par Harkness et al. (2003).
En ce qui concerne les variables des valeurs, l’ESS utilise un modèle, le Por-trait Values Questionnaire (PVQ), développé et proposé par Schwartz (Schwartz, 2003; Schwartz, Melech, Lehmann, Burgess, & Harris, 2001) afin de mesurer les valeurs dans les questionnaires de l’ESS. Le PVQ étant destiné à mesurer les dix valeurs de base développées dans son modèle. En ce sens, 21 questions sont posées verbalement aux répondants qui portent implicitement sur une des valeurs (Schwartz, 2003). Les énoncés, qui sont genrés, sont de courts portraits où l’on de-mande aux individus de déterminer si la personne décrite est proche d’eux ou non. Les énoncés liés aux valeurs utilisés dans cette recherche se retrouvent dans le Ta-bleau 2 où il est possible de remarquer que deux portraits sont utilisés pour chaque valeur, sauf dans le cas de l’universalisme où il y en a trois. Nous avons recodé les résultats afin que l’échelle affiche le plus haut résultat comme positif, menant aux réponses de à 1(« pas du tout comme moi ») à 6 (« tout à fait comme moi »). Les valeurs sont formées selon les différentes questions du sondage PVQ de Schwartz, et ce, conformément à la méthode indiquée par Schwartz (Schwartz, 2003; Davidov et al., 2008b). Par exemple, la variable de l’universalisme est formée des questions C, H et S; les distributions sont ensuite centrées statistiquement. En ce qui a trait aux dimensions, la procédure est la même : les questions sont toutes réunies sous une même variable, puis elles sont centrées. Donc, celle de la continuité réunit les questions I, T, G, P, E et N.

Pour ce qui est des variables en lien avec les attitudes sur l’immigration, les individus sondés ont répondu à trois questions : « to what extent do you think [coun-try] should » (1) « allow people of the same race or ethnic group as most [country] people to come and live here ? », (2) « people of a different race or ethnic group from most [country] people ? » et (3) « people from the poorer countries outside Europe? ». Les degrés de réponses ont été recodés pour que la plus haute réponse soit positive. De cette manière, les réponses vont de 1 (« Allow none ») à 4 (« Allow many to come and live here »; European Social Survey, 2016b, p.15).
De plus, des variables de contrôle ont été utilisées afin de s’assurer de la validité des résultats. La première, le genre, est codée 1 pour les hommes et 2 pour les femmes. Dans la seconde, le niveau d’éducation 1 (selon la classification internationale; ES-ISCED) représente un niveau inférieur au secondaire et 7 un niveau supérieur ou égal à un deuxième cycle universitaire. La troisième, la religiosité, est mesurée grâce à la question suivante : « How religious are you » et est mesurée de 0 (« Not at all religious ») à 10 (« Very religious »). La dernière variable est celle de l’idéologie où l’on demande aux répondants : « [I]n politics people sometimes talk of « left » and « right » […] where would you place yourself on this scale » où 0 représente la gauche et 10 la droite (European Social Survey, 2016b).
Stratégie analytique
D’abord, la recherche basera son analyse sur les résultats de Davidov (2008), Davidov et al. (2008a, 2014, 2015) et de Davidov et Meuleman (2012) qui ont dé-montré à plusieurs reprises l’équivalence plurinationale des résultats entre les valeurs et les attitudes sur l’immigration. De plus, de nombreuses recherches (Davidov et al., 2008b, 2014, 2015) illustrent que le modèle de Schwartz, et son continuum motivationnel circulaire, est statistiquement validé par les données de l’ESS.
Ensuite, nous mesurerons la cohésion entre les valeurs, comme ensemble, à partir du coefficient de Cronbach qui nous permettra de mesurer la cohérence in-terne de la construction que sont les valeurs à partir des sondages PVQ. Cette partie nous permet de connaitre la meilleure démarche à utiliser pour étudier le modèle de Schwartz. Comme pour Davidov et al. (2008a), Davidov et Meuleman (2012) ainsi que Ramos et Vala (2009), nos résultats indiquent qu’il est préférable de les étudier à partir des dimensions. Donc, les résultats ont été générés à partir des trois va-riables, soit : universalisme-bienveillance (dépassement de soi), conformité-tradition-sécurité (continuité) et attitudes sur l’immigration. Les variables sont toutes centrées. Un modèle de régression linéaire spécifique à chaque pays a été utilisé afin de compiler les résultats. La variable dépendante renvoie aux attitudes sur l’immigration, alors que les variables indépendantes renvoient aux valeurs du modèle, puis aux variables contrôle.

RÉSULTATS
Cohésion entre les valeurs
Le coefficient de Cronbach varie de 0 à 1 et mesure l’inter-corrélation entre les items. Pour être acceptable, il doit être supérieur à 0,70 (Laveault, 2012). Ainsi, les résultats illustrés dans le Tableau 3 nous démontrent que les valeurs, comme construction singulière, ne sont pas assez cohérentes selon le coefficient de Cronbach : la cohérence interne la plus haute est celle de la bienveillance avec 0,6344 et la plus basse celle de la tradition à 0,3109. Ce manquement au niveau de la validité interne nous amène alors à les unir en groupe, selon les dimensions, comme plu-sieurs recherches l’ont fait (Davidov et al., 2008a; Davidov et Meuleman, 2012; Ramos et Vala, 2009). Après avoir assemblé l’universalisme et la bienveillance sous le dépassement de soi et la conformité, puis la tradition et la sécurité sous la conti-nuité, les résultats sont devenus acceptables avec un alpha de Cronbach de 0,7198 pour le premier regroupement et de 0,7039 pour le second. En ce qui a trait à la variable sur l’immigration, conformément aux résultats de Davidov et al. (2015), la validité interne des trois questions utilisées est très forte une fois qu’elles sont rassemblées comme le témoigne l’alpha de 0,8651.

Le Tableau 4 fait état des réponses moyennes de l’échantillon dans les différents pays. Il est possible de constater que, pour l’ouverture à l’immigration, le pays où le résultat est le plus positif est l’Islande (IS), suivi de la Suède (SE), de la Norvège (NO) et du Danemark (DE). Tous ces pays ont une moyenne égale ou supérieure à 3, c’est-à-dire qu’ils sont plus ouverts à accueillir plus d’immigrants. A contrario, la République tchèque est l’État où les individus semblent être les plus réticents à l’accueil d’immigrants.

Pour la dimension du dépassement de soi, nous observons que la Suisse, la Slovénie, l’Islande et la Finlande sont les pays qui se sentent le plus près des valeurs de dépassement de soi telles que présentées par le modèle de Schwartz. La République tchèque et la Russie, pour leur part, affichent les résultats les moins forts quant au dépassement de soi. La dimension de continuité, pour sa part, est plus forte en Slovénie, en Pologne et en Israël. D’autres pays, comme l’Islande et la Suède, ont des résultats beaucoup plus faibles.

Régressions entre les valeurs de base et les attitudes face à l’immigration.
Les résultats des régressions sont illustrés dans le Tableau 5. D’abord, notre analyse démontre que les individus s’identifiant à la dimension du dépassement de soi (l’universalisme et la bienveillance) sont plus enclins à avoir des attitudes positives par rapport à l’immigration. Les individus se rapprochant de la dimension de continuité (conformité, tradition et sécurité) seraient davantage sujets aux attitudes négatives sur l’immigration.

Ces résultats significatifs globalement (p<0,01) et pour chacun des 18 pays (p<0,05) nous démontrent que les valeurs influencent les attitudes négatives comme positives sur l’immigration. Aussi, ils concordent avec les données recueillies par des recherches effectuées précédemment (Schwartz, 2007; Vecchione et al., 2012) et plus précisément sur les données de l’ESS en 2002-2003 (Davidov et al., 2008a,), 2004-2005 (Davidov et Meuleman, 2012) 2006-2007 (Davidov et Meuleman, 2012), 2008-2009 (Davidov et al., 2014; Davidov et Meuleman, 2012). En ce sens, les oppositions, impliquées dans le continuum de Schwartz, sont respectées car les données en lien avec le dépassement de soi sont toutes positives et celles en lien avec la continuité sont au contraire négatives.
Les résultats sont d’autant plus intéressants qu’ils sont contrôlés par des variables socio-démographiques habituellement utilisées pour comprendre les attitudes à l’endroit de l’immigration. Le genre semble être très peu lié aux attitudes sur l’immigration. En fait, il n’a été significatif qu’à quatre reprises. La religiosité affiche de meilleurs résultats : elle est significative dix fois. Les deux autres variables de contrôle, l’auto-placement idéologique (selon l’axe gauche-droite) et l’éducation, génèrent des résultats plus convaincants. Le premier est concluant dans tous les pays à l’exception de l’Estonie (EE). Pour sa part, l’éducation est explicative des attitudes sur l’immigration dans tous les pays.
Ainsi, le modèle des valeurs de base, même s’il est contrôlé par d’autres variables, qui elles aussi expliquent les attitudes sur l’immigration, demeure haute-ment significatif. Au final, seule l’éducation semble aussi stable et robuste que les valeurs. L’examen des estimés montre clairement que l’effet de l’éducation est moindre que l’effet de la variable dépassement de soi et de la variable continuité(2). Les hypothèses H1, H2 et H3 sont donc confirmées.
DISCUSSION ET CONCLUSION
Nos résultats confirment que les valeurs sociales du modèle de Schwartz sont valables empiriquement avec les données fournies par l’ESS. Plus précisément, nos résultats avancent que (1) les attitudes positives sur l’immigration sont liées aux valeurs du dépassement de soi et que les attitudes négatives aux valeurs de continuité. (2) Que le modèle de Schwartz tient toujours à la suite des tests empiriques, même s’il nécessite parfois d’être rassemblé pour être cohérent statistiquement (voir Schwartz et al., 2012). Et que, (3) par extension, le modèle de Schwartz est toujours valable empiriquement pour étudier le monde social et politique.


(2) Bien que l’éducation soit codée sur sept catégories (1 à 7) et les valeurs sur six, les estimés montrent des écarts plus importants.


La présente recherche a cependant des limites. Premièrement, le modèle de Schwartz est présentement en transformation (Schwartz et al., 2012). Ainsi, la nouvelle formule de la théorie de Schwartz n’a pas été prise en compte, notamment parce que les techniques de sondage de l’ESS ont conservé le modèle développé au milieu des années 90. La nouvelle proposition ne change pas le socle théorique de notre recherche, car les valeurs utilisées dans le cadre de notre enquête sont toujours présentes. Par ailleurs, cette innovation de Schwartz et al. (2012) doit encore être confirmée empiriquement (Vecchione et al., 2012) à plusieurs niveaux, contraire-ment au modèle des années 90 qui s’est montré assez valide. Cela dit, il est intéressant de noter que ce renouveau théorique a notamment pour fondement la nécessité d’une discrimination de la structure pour atteindre une cohérence interne, ce que nous avons fait.
Deuxièmement, on peut penser qu’il serait opportun de reprendre une à une les huit enquêtes de l’ESS en vue de voir la progression des estimés entre 2002 et 2016. Cela permettrait de mieux voir si le modèle est plus ou moins explicatif qu’il pouvait l’être au moment de sa création au début des années 1990.

Enfin, notre analyse se base sur des recherches qui avancent que les valeurs peuvent être mesurées, de la même manière, dans tous les 18 pays sondés (dont Davidov, 2008; Davidov et al., 2008a, 2008b, 2014; Davidov et Meuleman, 2012; Schwartz, 1994, 2003, 2007). Cependant, les singularités culturelles ne sont pas prises en compte dans cette étude. Par exemple, il est pertinent de se demander si les valeurs varient en fonction de l’arrivée d’immigrants dans un pays. Le Tableau 6, constitué de données agrégées, nous aidera à éclaircir cette problématique.
Après avoir croisé le pourcentage de la population née à l’extérieur du pays et les dimensions du modèle de Schwartz (selon les moyennes du Tableau 4), nous observons, entre la dimension de dépassement de soi et celle de continuité, des résultats très différents. La première nous indique que plus il y a d’immigrants dans une société, plus le niveau de dépassement de soi est haut. La continuité, pour sa part, n’affiche aucun changement : les valeurs ne sont pas plus fortes ou faibles selon le pourcentage de personnes nées à l’extérieur du pays. La corrélation entre les ensembles démontre cette relation : celle du dépassement de soi est de 0.3969 et celle de la continuité de 0.0032.
Ces résultats nous amènent à nous demander si les valeurs influencent directement, voire indépendamment les attitudes, ou si elles sont en amont le résultat d’un apprentissage sociétal, le fruit d’une construction selon l’environnement dans lequel évolue l’individu. Ainsi, appliqués à notre cas, les résultats liés à la dimension du dépassement de soi nous démontrent qu’une société plus ouverte est une société où il y a plus d’immigrants. Cela dit, un État fermé aux immigrants ne semble pas avoir comme cause essentielle des attitudes les valeurs liées à la continuité (conformité, tradition et sécurité). Celles-ci, même si elles sont sans aucun doute liées aux attitudes elles-mêmes, ne seraient pas liées à la présence d’immigrants présents sur le territoire.
Autrement dit, est-ce que les valeurs affectent les attitudes sur l’immigration indépendamment du pourcentage d’immigrants dans une société, ou, au contraire, est-ce parce qu’il y a plus de personnes nées à l’extérieur d’un pays, que les valeurs deviennent saillantes dans le processus de formation des attitudes?
De plus, d’autres recherches pourraient se pencher sur l’apport des valeurs aux attitudes politiques plus généralement. Aussi, il nous semble pertinent de tester la nouvelle proposition de Schwartz et al. (2012) afin d’en comprendre la portée et la validité en comparaison aux résultats compilés jusqu’ici. Autrement dit, la résurgence des attitudes négatives sur l’immigration montre une évolution dans la société européenne. Le rôle des chercheurs en sciences sociales est d’expliquer cette dynamique sociétale. Or, le modèle de Schwartz doit lui aussi s’adapter à la mutation des attitudes, notamment sur l’immigration, s’il veut être en mesure de l’expliquer.
Il n’en demeure pas moins que notre étude démontre, conjointement à l’idéologie et à l’éducation, un lien valide entre les valeurs et les attitudes, tant positives que négatives, sur l’immigration. Les valeurs sont dès lors un élément important pour expliquer les attitudes politiques et les comportements qui en résultent. Elles ne sont évidemment pas la seule explication possible, mais elles jouent un rôle particulièrement important dans la formation des attitudes politiques.

BIBLIOGRAPHIE
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